« Un couple a grandement intérêt à investir dans un rdv conjugal de qualité, en présence d’une tierce personne compétente et de confiance. Idéalement, une telle complicité à trois se met en place en temps de paix. Quel trésor que de disposer d’un espace-temps de qualité, posé dans l’agenda, indépendamment des yoyos de crise. Du coup, c’est pendant ce temps privilégié, régulier et sécurisé, qu’on aborde les points délicats, les points-gâchette, les points qui bloquent ou qui fâchent… Et on s’en occupe convenablement !
La tradition d’un tel rdv régulier avec une personne thérapeute complice délivre le couple des mauvaises gestions de crise dans le quotidien : STOP, ce n’est pas le bon moment/endroit/devant d’autres personnes => « on en reparle dans ce temps à 3 ». Disposer de ce rdv solidement posé permet de s’abstenir d’aborder les sujets qui fâchent en dehors de ce rdv ! Quels bienfaits pour le couple comme pour la famille ! »
« La violence commence « là où cède le langage ». En corollaire, elle peut donc finir là où il s’installe. Bruno Bettelheim souligne la fonction thérapeutique des contes de fées chez l’enfant angoissé et blessé par ses parents : le Roi et la Reine du récit incarnent leur part bonne, la marâtre, la sorcière et l’ogre, leur part méchante et frustrante. L’enfant est ainsi davantage capable de mettre des mots sur ses maux et faire la part entre le réel et le fantasme. Plusieurs études ont mis en évidence que la violence physique est inversement proportionnelle à la capacité de développer un discours intérieur. « Un jeune de banlieue qui dispose de 500 mots de vocabulaire au lieu des 3000 mots utilisés par un bachelier moyen, compense par du bruit et de la violence », explique un éducateur de jeunes. Paul Claudel avait dit : « Tout ce bruit en train de devenir une parole, c’est peut-être intéressant après tout ».
Les liens entre violence et déficit de langage ont été étudiés par le linguiste franco-algérien Alain Bentolila : la manipulation idéologique des groupes extrémistes qui prêchent la violence fonctionne chez des jeunes que ‘l’impuissance linguistique’ marginalise culturellement et socialement. L’alphabétisation est l’antidote de base incontournable : « Seuls les mots organisés apaisent une pensée sans cela chaotique et tumultueuse, qui se cogne aux parois d’un crâne jusqu’à l’insupportable et qui finit par exploser dans un acte incontrôlé de violence ». L’initiation au langage fait une brèche dans la violence grâce à des mots pour laisser une trace de soi-même sur l’intelligence des autres » (Chomé Étienne, Le nouveau paradigme de non-violence, p. 77).
« La poésie n’est pas que belle, elle est rebelle » (Julos Beaucarne).
« On distingue un sourire sincère d’un sourire forcé en se concentrant sur la peau entre le sourcil et la paupière : elle ne bouge pas dans un faux sourire » (Paul Ekman, les 6 émotions de base et les 42 expressions faciales du visage ; https://sites.uclouvain.be/facetales/ExpressionsFaciales.pdf).
« Jette les armes et aime ton ombre ! Plutôt que d’être en conflit avec ton ombre, connais-toi toi-même : les Anciens nous ont ouvert la voie en nous invitant à aimer l’ennemi qui est en nous sans nous acharner à le combattre. Ils nous suggèrent d’examiner en vérité nos défauts, nos peurs, nos répugnances, nos antipathies, dans une véritable et profonde acceptation de nous-mêmes, dans une démarche d’humble courage.
Faisons le pari de la croissance personnelle (et de celle de notre couple), en allant puiser dans notre obscur trésor intérieur qui se compose d’éléments infantiles de notre être, d’attachements, de talents et de dons non développés… Reprenons contact avec la vie, avec notre vitalité, notre créativité. Collaborons avec notre ombre, en apprenant à l’aimer, et nous parviendrons à une authentique estime de nous-mêmes. Faute de nous y atteler, nous encourons le risque de la projeter sur l’autre. Chacun.e n’accepte ni ses défauts ni ses faiblesses et les projette sur son conjoint. Comment nous aimer alors ?
Reconnaître nos tendances désordonnées, en assumer la responsabilité, les réintégrer dans une vie cohérente, apporte un monde de possibilités pour nous et pour le couple. Regarder en vérité qui je suis, respecter mes aspirations profondes, revient à exploiter un potentiel enfoui. C’est le gage d’un épanouissement plus complet de nous-mêmes et donc d’une réelle croissance » (Maud Chabert d’Hières, 2018).
Fin de mon bain aux pays des mille collines et au printemps éternel. Ce climat agréable provient d’une combinaison unique de montagnes (nous sommes dans la fraîcheur de l’altitude) et de l’équateur (la fraîcheur est habitée chaleureusement par une forte présence du soleil, dont l’inclinaison est verticale). En outre, la Région des Grands Lacs est une terre volcanique d’une grande fécondité…
J’ai donné des sessions au Rwanda, au Burundi et à l’Est-Congo, principalement une de 7 jours plein, à l’ISPR, Institut Supérieur pour la Paix et la Réconciliation, avec 18 participants venant de ces 3 pays. Nous avons pu célébrer dans nos corps + cœurs et nos esprits l’unité de destin que vivent tous les peuples de cette région du monde.
« « Un bon négociateur est capable d’être à la fois flexible comme le saule et dur comme le roc. » Dans cette fameuse formule de François de Callières, le défi est de situer sur quoi être flexible comme le saule et sur quoi être dur comme le roc. Fisher et Ury, professeurs à Harvard, ont trouvé la clé : il faut séparer soigneusement les questions de fond et les questions de personnes, les divergences d’intérêts et les enjeux de relation. C’est la confusion des deux registres qui empoisonne les débats sur « une main de fer dans un gant de velours ». Au lieu d’être tantôt dur, tantôt doux, ou un peu l’un et un peu l’autre dans un subtil mélange, il s’agit d’être constamment doux avec les personnes (souplesse relationnelle) et dur dans la recherche de l’accord le plus profitable. Le mouvement n’est pas dans l’horizontal mais bien dans une double verticale qui barre tout abus de pouvoir des uns et des autres.
Il n’y a pas à sacrifier les intérêts pour la relation ou la relation pour les intérêts, il y a à gagner sur les deux tableaux : faire grandir les gains ET la relation, garder le double cap d’optimiser les résultats par la prise en compte des intérêts en présence ET de respecter les personnes. Négociation efficace et communication vraie sont des plans qu’il faut apprendre à distinguer d’abord, à associer ensuite. Plus je manifeste du respect pour les personnes, plus je peux me battre résolument sur le fond, en me donnant les moyens efficaces d’atteindre mes objectifs. L’accord sera d’autant meilleur et vite conclu que la communication est bonne. Et inversement, le fait de prendre au sérieux les intérêts de l’autre contribue à renforcer la relation » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain, 2009, p. 106-107) + étape 3 du parcours de formation.
« Les différentes réponses qu’il convient d’apporter aux conduites agressives sont à la base d’une typologie au cœur de la méthode C-R-I-T-E-R-E : les « violences-manière de dire quelque chose » ne se traitent pas de la même manière que les « violences-manières d’obtenir quelque chose », au sein desquelles je distingue les violences-délit et les violences-pouvoir. Ce n’est pas la forme qu’elles prennent qui permet de les distinguer. Qu’elles soient finement psychologiques, verbales ou brutalement physiques, on les déjoue en diagnostiquant correctement leur cause et leur finalité. Les « violences-manière de dire » sont provoquées par une tension émotionnelle et sont désamorcées par l’empathie. Sont à classer dans la catégorie des violences délictuelles toutes celles que l’amélioration du cadre de droit réussit à éliminer. Restent les jeux de pouvoir que la morale ne peut pas contrecarrer par le droit contraignant et dont on se joue par l’art diplomatique du recadrage et, à la racine, par la force tranquille qui garde sereinement le cap de ses objectifs » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain, 2009, p. 108) + étape 3 du parcours de formation.
« Les « violences-manière de dire » viennent de notre impuissance à nommer ce qui se passe en nous et à en prendre soin. Une émotion forte qui ne trouve pas de mot produit des maux. Faute de pouvoir dire une frustration, nous nous mettons à aboyer et, si cela ne suffit pas, à mordre. Le passage de l’agressivité verbale à la violence physique est ici affaire de degré, la tension émotionnelle augmentant à mesure que l’incompréhension se prolonge. Ces brutalités sont le prix que nous payons à ne pas écouter notre vécu. Ce n’est pas la frustration qui entraîne la violence mais plutôt l’incapacité à accueillir et à faire quelque chose d’utile de cette frustration. Le frère qui mord sa sœur alors même qu’elle est fêtée et félicitée par tous est en train de dire tragiquement sa jalousie et son propre besoin d’attention. Cela se soigne autrement que s’il était en train de tricher en vue de tirer profit (« violence-manière d’obtenir »). C’est en lui offrant de l’attention et en l’aidant à s’écouter, lui, au bon endroit que disparaîtra son animosité. De même, le sentiment de colère ne devient violent que s’il n’est pas entendu. Le mari qui en vient à « parler avec ses poings » a d’abord accumulé des frustrations, puis il a vu rouge car il n’a pas pu nommer son besoin ni trouver les moyens concrets de l’honorer et de le faire respecter. C’est en prenant au sérieux ce qui n’est pas respecté en lui qu’il arrêtera de siffler comme une cocotte-minute sous pression. La communication vraie constitue le remède à toutes les paroles blessantes ou emmurées » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain, 2009, p. 109) : étape 3 duparcours de formation.
Aux funérailles de mon papa, Robert Chomé, un Rwandais m’a révélé une chose que je n’avais jamais réfléchie : « par les outils de communication vraie que nous donnent tes sessions, tu prolonges le travail de ton père qui nous a donné les postes de radio MERA permettant dans les années 60 tant de belles émissions, notamment celles animées par ta marraine, Vénéranda Hategekimana, apportant par exemple de si bonnes pratiques d’hygiène à toutes les femmes en train de travailler aux champs ».
Dans tout projet auquel je participe en Afrique, je suis très attaché à l’autofinancement. En 30 ans de carrière, je n’ai sollicité qu’une fois quelques personnes amies pour un soutien financier de mes partenaires africains. Je le refais ici, après que nous ayons activé toutes les possibilités locales de solidarité.
Nous avons besoin d’un coup de pouce sous la forme du parrainage de Burundais pour qu’ils puissent participer à une session de 7 jours que je vais animer à Bukavu, du 1 au 7 septembre 2021. Elle rassemblera des acteurs-clé dans la gestion des conflits, venant du Rwanda, du Burundi et de l’est du Congo (Butembo-Béni, Goma et Bukavu). C’est une formation de formateurs qui, pour la plupart, ont déjà suivi une session avec moi les années passées et qui y ont donné une suite, d’abord par une transformation personnelle concrète, ensuite en montrant une compétence et une disponibilité à diffuser autour d’eux ces ressources en communication, négociation et structuration d’un cadre de droit. Plus de précisions sur le contexte en Post-Scriptum et ici :
Nous limitons le groupe à 18 personnes, avec une répartition équilibrée entre Rwanda, Burundi et Est-Congo. La session est entièrement autofinancée par la contribution de chacun de nous. Chaque participant a à trouver les ressources pour payer ses frais de voyage et de participation (repas et logements : 150 $ + matériel pédagogique : 40 $). Tous (sauf 1) rencontrent de grosses difficultés à rassembler cet argent, qui représente pour eux une grosse somme. Les candidats burundais sont les plus en difficulté (le Franc burundais connaît une très forte dévaluation).
Nous cherchons donc quelques parrains prêts à faire un don (déjà 10 € ou 20 € sera très précieux pour nous), vis-à-vis desquels je m’engage à la transparence, par un compte-rendu de l’utilisation des dons. Si le donateur le souhaite, il est aussi possible de vivre un parrainage personnalisé : je le mettrai alors en contact avec son parrainé qui lui donnera directement des nouvelles des fruits portés en lui.
Voici le n° de compte sur lequel verser les dons en euros : BE52 9799 3168 5409 (Banque Argenta de Wavre ; titulaires du compte : CHOMÉ – FOUARGE : mon épouse et moi). Ce compte est spécialement et uniquement consacré à ce projet. (Pour un don en Roupies mauriciennes, compte MCB : 000448517876 ; préciser en communication Nord-Kivu solidarité.)
Bienvenue et merci à qui sentira l’appel à nous soutenir dans cette magnifique mission de renforcer les tissus sociaux de nos sociétés, ici et là-bas.
Et nous sommes à l’écoute de toute question, remarque, suggestion…
Passionnément engagés dans l’amélioration des relations par une communication toujours plus vraie et authentique, Sincèrement, Étienne avec Christine Chomé-Fouarge CommunicActions ASBL www.etiennechome.site www.communicactions.eu et www.communicactions.org chome@communicactions.org Tél. : +32 10 39 13 23 Mobile : +32 472 366 912 Cour du Cramignon 21 1348 Louvain-la-Neuve Belgique
PS : Pour qui est prêt à lire davantage, voici plus de précisions sur le contexte : je pars le 12/8 à Kigali puis le 23/8 à Bujumbura. Je donnerai dans ces deux capitales des sessions pour large public, avant d’arriver à Bukavu. La session du 1 au 7/9 est une amorce qui prépare une session élargie à +/- 60 participants qui seront répartis en sous-groupes de +/- 8 personnes, pour les partages de vie (relier les outils de la méthode à ses réalités personnelles) et les mises en pratique des outils transmis. Les groupes de +/- 8 seront constitués dans la perspective qu’ils puissent prolonger la session par des dynamiques autogérées de mise en pratique, en se stimulant les uns les autres. L’étape suivante est que j’accompagne les formateurs dans l’organisation, sur ce modèle éprouvé, d’autres sessions décentralisées, dans les divers endroits-clé de la Région des Grands Lacs.
Ci-dessous les annonces des sessions au Rwanda et Burundi. L’invitation est adressée à toute personne sur place intéressée. Merci de la transmettre largement à vos contacts liés à ces deux pays aux mille collines.
La fausse vie est épuisante, la vraie vie est inépuisable.
Dans The Open Society and ItsEnemies, publié en 1945, Karl Popper pense que « la tolérance illimitée mène à la disparition de la tolérance. Si nous étendons la tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas disposés à défendre une société tolérante contre l’impact de l’intolérant, alors le tolérant sera détruit, et la tolérance avec lui. »D’où son paradoxe : au nom de la tolérance, nous devons revendiquer le droit de ne pas tolérer l’intolérant !
Ce dernier mot « l’intolérant » désigne-t-il l’acte intolérant ou l’individu intolérant ? C’est là une dangereuse ambiguïté à lever : nous avons le double devoir de 1) ne pas tolérer l’acte intolérant et 2) comprendre en profondeur la personne intolérante. C’est par cette distinction que le modèle que j’ai mis au point clarifie comment une société en bonne santé surmonte le paradoxe de Popper.
Voici le commentaire de ce schéma.
On est enfermé dans ce paradoxe tant que le débat porte sur un seul axe (mettre plus ou moins de limite à la tolérance, avec une confusion entre acte et individu intolérant ; à l’extrême gauche du schéma : tolérance zéro ; à l’extrême droite du schéma : tolérance illimitée).
On quitte ce paradoxe en distinguant nettement le registre des personnes et des actes : profonde compréhension des personnes intolérantes dans leurs fondements (motivations, intentions positives, besoins frustrés…) articulée à un cadre de droit réussissant toujours mieux à faire reculer les comportements intolérants par de performantes législation et sanction des actes délictueux.