Défusionner pour communier

Quand bien des blessures encombrent le corridor de notre relation,
il m’est précieux alors de porter toute mon attention sur ce qui
compte prioritairement entre nous deux. C’est ceci :
établir la connexion, nourrir le lien,
sentir ce qui est vivant ici et maintenant,
accueillir nos complicités spontanées,
apprécier ce qui vibre en moi, entre nous, en toi,
goûter à la joie d’être côte-à-côte, simplement,
savourer ce que je reçois, ce que je donne,
me régaler de notre profonde connivence,
me délecter de ce qui fait chanter nos cœurs et nos âmes,
jouir de nos parfums qui jouent comme des exaltateurs d’arôme,
en présence l’un de l’autre,
déguster les saveurs, exhausteurs de goût qui se dégagent alors,
rendre grâce pour ce qu’Il nous donne par cette présence l’un à l’autre,
cette joie de la communion qui me parle d’éternité.
 
Tout cela suppose de pouvoir rester dans l’ici et maintenant, pour profiter pleinement de ce qui est là : ne pas t’enfermer ni dans mes blessures du passé ni dans mes projets, dans mes attentes, ni dans ce que nous avons fait de mal ni dans tes propres projections. Accueillir ce qui vient et aussi accepter ce qui ne vient pas. Être présent avec suffisamment d’espace intérieur et de gratuité que je me réjouis de ce qui est donné + reçu ET que je suis aussi OK avec ce qui n’est pas donné + reçu

La femme n’est pas sortie de la côte d’Adam

En Genèse 2, il n’est pas question de « femme sortie de la côte d’Adam », comme nous fourvoie cette mauvaise traduction. Il y est révélé que l’homme et la femme sont les deux CÔTÉS que Dieu créent pour générer l’humanité. Dieu bâtit là du grandiose et du solide : l’un est inachevé et devient pleinement lui-même dans la rencontre de l’autre, et vice-versa ; différents pour s’accomplir à travers une relation qui les dépasse tous deux.

Quand on lit ce récit délivré de nos a priori anti-misogynes,
on peut apprécier que la femme y est davantage actrice
que l’homme engourdi et qu’elle joue un rôle capital
dans cet appel à parachever la création…

Cf. Hélène de Saint Aubert, Sexuation, parité et nuptialité dans le second récit de la Création (Gn 2), Collection Lectio Divina, février 2023.

D’Yeux de Dieu ?

Vous avez un regard singulier et charmant.
Comme la lune au fond du lac qui la reflète,
Votre prunelle, où brille une humide paillette,
Au coin de vos doux yeux roule languissamment.
Ils semblent avoir pris ses feux au diamant.
Ils sont de plus belle eau qu’une perle parfaite.
Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète,
Ne voilent qu’à demi leur vif rayonnement.
Mille petits amours, à leur miroir de flamme,
Se viennent regarder et s’y trouvent plus beaux.
Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.
Ils sont si transparents, qu’ils laissent voir votre âme,
Comme une fleur céleste au calice idéal
Que l’on apercevrait à travers un cristal
(Théophile Gautier, À deux beaux yeux).

Être bien conscient des fleurs du mal esclavagiste

Parmi les fleurs du mal esclavagiste, il y a notre impossibilité de retracer l’origine et le nom de Jeanne dite Duval, cette Créole des îles qui fut le grand amour de Baudelaire. Le racisme est tel que toute leur correspondance est détruite, tandis qu’on met en lumière ses billets avec Mme Sabatier, une femme comme il lui faut, selon les critères de son entourage. La mère du poète et toute la famille refusant le couple interracial, lui rend la vie impossible, notamment en lui coupant les vivres.

Pourtant, malgré tout, c’est Jeanne qui illumine le cœur de Baudelaire. C’est pour elle qu’il écrit cette chanson d’après-midi :

Quoique tes sourcils méchants
Te donnent un air étrange
Qui n’est pas celui d’un ange,
Sorcière aux yeux alléchants,

Je t’adore, ô ma frivole,
Ma terrible passion !
Avec la dévotion
Du prêtre pour son idole.

Le désert et la forêt
Embaument tes tresses rudes,
Ta tête a les attitudes
De l’énigme et du secret.

Sur ta chair le parfum rôde
Comme autour d’un encensoir ;
Tu charmes comme le soir,
Nymphe ténébreuse et chaude.

Ah ! les philtres les plus forts
Ne valent pas ta paresse,
Et tu connais la caresse
Qui fait revivre les morts !

Tes hanches sont amoureuses
De ton dos et de tes seins,
Et tu ravis les coussins
Par tes poses langoureuses.

Quelquefois, pour apaiser
Ta rage mystérieuse,
Tu prodigues, sérieuse,
La morsure et le baiser ;

Tu me déchires, ma brune,
Avec un rire moqueur,
Et puis tu mets sur mon cœur
Ton œil doux comme la lune.

Sous tes souliers de satin,
Sous tes charmants pieds de soie,
Moi, je mets ma grande joie,
Mon génie et mon destin,

Mon âme par toi guérie,
Par toi, lumière et couleur !
Explosion de chaleur
Dans ma noire Sibérie !

Charles Baudelaire et Jeanne Duval

Connaissez-vous l’histoire du fol amour entre Charles Baudelaire et la métisse des îles, Jeanne dite Duval ? L’entourage du poète fit tout pour la nier et mettre des bâtons dans les roues d’une telle union. Les Fleurs du mal n’auraient pas existé sans Jeanne, Pourtant, le procès intenté contre sa publication exige dans sa sentence qu’on en retire les poèmes les plus fous d’amour pour Jeanne, la ‘tite Créole : les bijoux, les balcons, le Léthé…

En retenant l’accusation d’outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs, sans retenir l’accusation d’outrage à la religion, c’est la métisse qu’on met au ban de la société. La France d’alors (1857) sort très difficilement de l’esclavage. Aujourd’hui, sereinement, nous pouvons voir et dénoncer le racisme qui est au cœur de ce refus de couple mixte, refus qui a rendu la vie impossible à Charles et Jeanne. Cf. la conférence d’Emmanuel Richon en 2007, lors du 150ème  anniversaire de la publication des Fleurs du mal.

Les bijoux

La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur
Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Maures.

Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j’aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.

Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d’aise
A mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D’un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,

S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s’était assise.

Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe !

Et la lampe s’étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre !

Bien-être délicieux en sa présence

« Quand je l’ai rencontrée pour la première fois, j’ai ressenti, en la voyant, une étrange sensation. Ce ne fut point de l’étonnement, ni de l’admiration, ce ne fut point ce qu’on appelle le coup de foudre, mais un sentiment de bien-être délicieux, comme si on m’eût plongé dans un bain tiède. Ses gestes me séduisaient, sa voix me ravissait, toute sa personne me faisait un plaisir infini à regarder.
Il me semblait aussi que je la connaissais depuis longtemps, que je l’avais vue déjà. Elle portait en elle quelque chose de mon esprit. Elle m’apparaissait comme une réponse à un appel jeté par mon âme, à cet appel vague et continu que nous poussons vers l’Espérance durant tout le cours de notre vie »
(Guy de Maupassant).

Your true colors

I see your true colors.
And that’s why I love you.
So don’t be afraid to let them show.
True colors are beautiful,
Like a rainbow…

You with the sad eyes
Don’t be discouraged
Oh I realize
It’s hard to take courage
In a world full of people
You can lose sight of it all
And the darkness inside you
Can make you feel so small

But I see your true color
Shining through
I see your true colors
And that’s why I love you
So don’t be afraid to let them show
Your true colors
True colors are beautiful
Like a rainbow

(Cyndi Lauper, True Colors).

Ton petit cœur à la traîne

« Si tu savais comme je l’aime
Ton petit cœur à la traîne
Et si tu as de la peine
Tu trouveras dans mes bras des milliers de « je t’aime ».
Plus besoin de chercher, plus besoin, je t’ai trouvée
Ce n’est rien, tout le mal qu’on m’a fait, je t’ai trouvée
Je pensais tout savoir de l’amour, mais ce n’est pas vrai
Si je les aimais fort, toi, c’est beaucoup plus fort
Regarde comme on est beaux sur le même bateau, mmh-mmh
Oh, non, y a pas plus beau, l’amour c’est jamais trop, mmh-mmh »
(Chanson de Slimane, Des milliers de je t’aime : https://www.youtube.com/watch?v=zjCNV0_ycSI).