Le sens premier de « vierge »

Dans la tête de beaucoup, virginité rime avec chasteté. Et si la virginité nous parlait bien plus de l’affranchissement des femmes envers les divers assujettissements et formes de domination qu’elles subissent depuis la nuit des temps ?

Au départ, « vierge » ne parle pas de sexualité : le terme désigne une femme non mariée, qui ‘n’appartient’ pas à un homme : une femme qui EST en tant que telle. Ce qu’ont explicitement revendiqué les amazones (/ âmes à zone libérée ?). Tout comme le vir / homme viril, ‘vierge’ dérive d’une racine latine signifiant force et  compétence.

Plusieurs auteurs défendent cette approche, dont le livre d’Élise Thiébaut illustré par Elléa Bird : ‘Vierges : la folle histoire de la virginité’. Son dernier chapitre fait un parallèle qui montre comment les projets de conquête des hommes peuvent pervertir l’authentique virginité : les premières îles découvertes par Christophe Colomb ont été appelées les îles « vierges ». Les conquistadores ont conquis ces terres à la manière du macho qui voit la femme vierge comme devant être conquise et possédée.

Consulter quelques pages ici : https://www.lelombard.com/bd/vierges/vierges-la-folle-histoire-de-la-virginite.

Jean et Hildegard Goss

Extrait de mon article sur Jean et Hildegard Goss : « Dans le concret d’une campagne non-violente, Jean et Hildegard étaient très attentifs à intervenir sur le terrain non pas en réaction à une violence en cours mais dans un contexte qui précède le moment où le conflit bascule en violences : ils avaient l’intelligence stratégique du bon moment et du bon endroit et d’avec qui agir avant que le conflit ne dégénère. Plus une foule peut être éloignée de la planche-à-savon de la violence, plus grandes sont les marges de manœuvre par lesquelles on parvient à échapper à la fatalité des engrenages menant à l’affrontement armé ».
Je vous encourage à lire l’article tout entier ici : https://etiennechome.site/la-force-de-la-verite/
(de nombreuses personnes me disent qu’il est particulièrement nourrissant et inspirant, dans ce contexte de conflits qui dégénèrent ; il est aussi en anglais et en allemand ; merci si vous le faites connaître).


Qui a des oreilles,
qu’il entende Victor Hugo,
dans ‘Liberté – Égalité – Fraternité’ :
Depuis six mille ans la guerre
Plaît aux peuples querelleurs,
Et Dieu perd son temps à faire
Les étoiles et les fleurs.
Les conseils du ciel immense,
Du lys pur, du nid doré
N’ôtent aucune démence
Du cœur de l’homme effaré
Les carnages, les victoires,
Voilà notre grand amour ;
Et les multitudes noires
Ont pour grelot le tambour.
La gloire, sous ses chimères
Et sous ses chars triomphants,
Met toutes les pauvres mères
Et tous les petits enfants.
Notre bonheur est farouche ;
C’est de dire : Allons ! mourons !
Et c’est d’avoir à la bouche
La salive des clairons.
L’acier luit, les bivouacs fument ;
Pâles, nous nous déchaînons ;
Les sombres âmes s’allument
Aux lumières des canons.
Et cela pour des altesses
Qui, vous à peine enterrés,
Se feront des politesses
Pendant que vous pourrirez,
Et que, dans le champ funeste,
Les chacals et les oiseaux,
Hideux, iront voir s’il reste
De la chair après vos os!
Aucun peuple ne tolère,
Qu’un autre vive à côté
Et l’on souffle la colère
Dans notre imbécilité.
C’est un Russe ! Égorge, assomme.
Un Croate! Feu roulant.
C’est juste. Pourquoi cet homme
Avait-il un habit blanc ?
Celui-ci, je le supprime
Et m’en vais, le coeur serein,
Puisqu’il a commis le crime
De naître à droite du Rhin.
Rosbach ! Waterloo ! Vengeance !
L’homme, ivre d’un affreux bruit,
N’a plus d’autre intelligence
Que le massacre et la nuit.
On pourrait boire aux fontaines,
Prier dans l’ombre à genoux,
Aimer, songer sous les chênes ;
Tuer son frère est plus doux.
On se hache, on se harponne,
On court par monts et par vaux ;
L’épouvante se cramponne
Du poing aux crins des chevaux.
Et l’aube est là sur la plaine !
Oh ! j’admire, en vérité,
Qu’on puisse avoir de la haine
Quand l’alouette a chanté.

‘Progrès’ pro-guerre

« La guerre n’est qu’une échappatoire lâche aux problèmes de la paix » (Thomas Mann).

« Il est plus facile de faire la guerre que la paix. La guerre est une chose trop grave pour la confier à des militaires » (Georges Clemenceau).

Interrogé au sujet de la bombe atomique, Albert Einstein a dit : « Il est manifeste que notre technologie a surpassé notre humanité ».

Quand les ‘progrès’ technologiques aveuglent
les hommes en quête de conquêtes,
la paix commence par une conversion
concernant cette quête quêtes de con ? ? ?

John Brown’s Body

« John Brown’s body lies mouldering in the grave.
But his soul goes marching on »
(= le corps de John Brown pourrit dans la tombe
mais son âme va toujours de l’avant),
Tel est le refrain du chant ‘John Brown’s Body’,
qui touche dès ses premières notes
le coeur et l’âme des Américains.
Il les renvoie à leur lourd passé esclavagiste.
John Brown est cet homme qui s’est avancé seul,
à pas forcé, pour que soient libérés les esclaves.
Résultat : on le pendit juste avant la Guerre de Sécession !
Il eut tort d’avoir raison trop tôt…

105 ans après son exécution expéditive,
Martin Luther King le reprit dans son discours
du 25 mars 1965, à la fin de la marche de Selma
à Montgomery : « Our God is marching on » =
« Notre Dieu  poursuit sa route et va de l’avant » !

Des si déments, décidément

« Mais il n’y aura pas pour toujours des ténèbres sur ce pays envahi par l’angoisse… Le peuple qui vivait dans les ténèbres verra briller une grande lumière… » (Isaïe 8,23 ; 9,1).

« La Parole est faite chair et la lumière de Dieu vient briller dans les ténèbres de notre humanité » (Isaïe 9,5-6 ; Jean 1,1-5).

Passages bibliques cités par Augustin Nkundabashaka dans le Bulletin de Noël 2023 du M.I.R.-France (branche française du Mouvement International de la Réconciliation), qui présente le travail de plusieurs des personnes avec qui je collabore étroitement :

cf. le bulletin de Noël du M.I.R.

La vulnérabilité de Dieu

« Noël c’est le moment où nous embrassons la vulnérabilité de Dieu »
(Soeur Mary Leddy).

Voici une phrase pour le moins énigmatique et une injonction insolite : embrasser la vulnérabilité de Dieu ? Le besoin de protection et la vulnérabilité se manifestent le plus souvent dans des situations extrêmement brutales. Les images d’Ukraine, d’Israël/Palestine et de nombreux autres endroits du monde ne cessent de nous en faire prendre conscience. Le message que transportent ces images est que les victimes ont besoin de protection, de sécurité, ce qui se traduit au quotidien par des bombes, des chars, des obus, des murs et des frontières. Mais sommes-nous capables de voir autre chose, quand nous sommes confrontés à ces images ? Sommes-nous capables de percevoir cet autre message : cessez enfin de vouloir nous protéger par les armes qui provoquent tant de souffrance et de destruction et qui suscitent invariablement la riposte, violente elle aussi.

Des parents israéliens qui ont perdu un enfant dans des attentats terroristes du Hamas palestinien et des parents palestiniens dont les enfants ont été tués par des soldats israéliens expriment ensemble leur blessure morale, leur deuil. Ils ont fondé l’organisation Parents Circle. Leur message : mettez fin à la haine ! Elle ne fera pas revivre nos enfants. Notre responsabilité commune est de rompre ce cycle infernal de la violence et de la contre-violence !

Ce message-là, l’enfant dans la crèche nous le fait entendre. Regardez : voici un être humain, un petit enfant qui a besoin des autres. Protégez cet enfant, protégez chaque être humain et tout particulièrement ceux qui sont les plus faibles et les plus vulnérables.

La vulnérabilité de Dieu est l’antithèse des systèmes de sécurité militaires et de la course mondiale aux armements qui engloutit chaque année des sommes colossales et fait grimper toujours plus haut la spirale de la haine, des menaces, des attaques et de la vengeance. « En Jésus-Christ, Dieu s’est désarmé », dit la théologienne évangélique Dorothee Sölle.

C’est le grand défi que nous lance son existence marquée par la vulnérabilité : celui de prendre le risque de notre propre vulnérabilité. Celle-ci nous accompagnera tout au long de notre vie, malgré tous les systèmes de sécurité. Si nous acceptons de reconnaître notre commune vulnérabilité et notre besoin de protection, nous deviendrons de plus en plus responsables, non seulement envers nous-mêmes, mais aussi envers l’autre, l’étranger, et nous nous encouragerons mutuellement à coopérer plutôt qu’à nous affronter, à aller les uns vers les autres plutôt qu’à ériger des murs entre nous.

Je vous adresse toutes mes salutations, en ces temps si sombres, avec les paroles d’un choral de l’Oratorio de Noël de Jean-Sébastien Bach :
Apparais, ô lumière du matin,
Et laisse poindre le ciel !
Vous, les bergers, n’ayez pas peur,
Car l’ange vous dit
Que ce faible petit garçon
Sera notre réconfort et notre joie,
En plus il contraindra Satan
Et apportera la paix – enfin !
Au nom du Conseil d’administration,
Antje Heider-Rottwilm, présidente de Church and Peace
https://www.church-and-peace.org/fr/2023/12/embrasser-la-vulnerabilite-de-dieu-a-noel/

Nous entraider à repérer les idéologies va-t’en-guerre…

« 90 % de l’argent que les Américains ont soi-disant donné à l’Ukraine, a été dépensé aux États-Unis, en allant dans les poches de leur propre complexe militaro-industriel. C’est ça, le secret de la guerre »  (Alexandre Orlov, ancien ambassadeur russe en France, interviewé sur Europe 1 ce 10 décembre 2023). 

« La crise en Ukraine n’a été qu’un prétexte pour imposer des sanctions à la Russie. Même sans la Crimée et l’Ukraine, les États-Unis et leurs alliés auraient inventé autre chose pour freiner les opportunités croissantes de la Russie » (Poutine lors d’un discours devant l’aréopage des chambres réunies du Parlement à Moscou, 3 décembre 2014).

Idéologies va-t’en-guerre respectives, déversées
au sein de vos augustes aréopages respectifs,
quand vous nous tenez sous votre emprise,
comme il est difficile de faire arrêt sur image ?!…

La non-violence, du faible au fort

Dans mon livre Le nouveau paradigme de non-violence, je consacre 80 pages à la stratégie non-violente du faible au fort pour mettre fin à une injustice et à la stratégie non-violente du fort au faible pour mettre fin à une agression.

J’y soutiens que plus le rapport de forces est inégal, plus il est dans l’intérêt du faible de recourir à des moyens non-violents pour obtenir justice, en impliquant l’ensemble de la Communauté internationale. Et plus on regarde à long terme tous les effets de l’option armée, plus apparaît la pertinence d’un tel choix politique, tenant compte de tous les pièges de la violence qui engendre encore davantage de violences… Plus l’injustice est nette et la domination est abjecte, plus la pertinence d’une telle stratégie se comprend facilement à court terme.

Une telle pertinence peut se montrer même dans les cas ukrainiens et palestiniens. Les peuples ukrainien et palestinien ont besoin de leaders formés aux techniques non-violentes et de soutiens de la part d’acteurs aguerris dans ce domaine.

J’ai pris part à une journée de rencontre et de réflexion sur ces questions avec des Mennonites et des membres du réseau Church and Peace, ce 18 novembre 2023, en Alsace (https://www.church-and-peace.org/fr/2023/10/le-pacifisme-chretien-face-a-la-guerre/).