Conscience sens ; danse dense

« Quand la personne qui danse met la conscience dans son geste, alors, le geste devient juste et parlant. Quand elle met tout son être dans le mouvement, alors ce mouvement va raconter quelque chose, dégager plein de sens, propager de la vie » (Marie-Claude Pietragalla).

« N’est-ce pas la sincérité de l’intention qui fait la grâce d’un corps en mouvement ? » (Bartabas, D’un cheval l’autre, 2021).

Quand ta grâce m’a effleuré…

J’ai rêvé tellement fort de toi,
J’ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu’il ne me reste plus rien de toi.
Il me reste d’être l’ombre parmi les ombres,
D’être cent fois plus ombre que l’ombre,
D’être l’ombre qui viendra et reviendra
Dans ta vie ensoleillée.           
(Robert Desnos, Domaine public,
poète français mort en déportation).

Le serpent : symbole de renouveau et de transformation

« Dans la mythologie, le serpent apparaît sans doute comme l’image la plus forte du renouveau et de la transformation. Il est le gardien de la sagesse des Enfers et de la prédiction. La capacité du serpent à se dépouiller régulièrement de son ancienne peau et la reconstituer est reflétée chaque mois dans le renouveau de la lune et dans le cycle menstruel féminin. Comme la lune, le serpent est considéré comme un symbole de la lumière et de l’obscurité : il vit à la fois à la surface du sol et sous terre dans des terriers et des caves. Il représente les pouvoirs de la nouvelle lune, l’énergie dynamique qui émane de la conscience intérieure ou monde des Enfers, et qui met en lumière les pouvoirs de la prédiction, de la sagesse, de l’inspiration et de la fécondité. Les mouvements sinueux et ondoyants du serpent renforcent son association avec l’eau. Il est ainsi devenu le symbole des eaux du Paradis, sous la forme de la pluie fertilisante, des eaux de la terre donnant la vie, et de celles des Enfers se présentant comme l’utérus qui apporte renaissance et vie nouvelle. Dans certaines mythologies, le serpent représente la source créatrice qui donne naissance à l’univers. Il est considéré comme l’énergie dynamique de la déesse, qui est à la fois la terre mère et l’énergie de la terre qui fait croître les plantes » (Miranda Gray, Lune Rouge. Les forces du cycle féminin, p. 82-83).

Au bout de mon nez, exaltabo te exhale ta beauté !

Ce qui sort à la fois de tant de douces choses,

ce qui de ta beauté s’exhale nuit et jour,

comme un parfum formé du souffle de cent roses,

c’est bien plus que la terre et le ciel, c’est l’amour !

                                                               (Victor Hugo).

Être spirituel = spir rituel = pro rituel du spir

Pour me connecter au souffle vital, mon diaphragme se contracte environ 25.000 fois par jour. J’apprends à être avec lui afin de savourer une respiration continue et libre, en passant consciemment de l’inspire à l’expire et de l’expire à l’inspire. Par la respiration intentionnelle, je peux vivre une respiration profonde et complète, apaiser mon rythme cardiaque et ma vie intérieure.

Respirer peut être l’occasion de sentir ce souffle de vie qui m’oxygène de bout en bout. Respirer me donne mille chances de m’éveiller à mon intérieur, à la joie de m’habiter. Je peux prier à travers ma respiration, ouvrir mes entrailles aux mouvements du Souffle en moi.

Le Souffle, ce point commun à toutes les religions et à toutes les spiritualités, cette sagesse des Orientaux de toute obédience… À chaque don d’oxygène et à chaque souffle offert en retour, la respiration peut pour un chrétien devenir louange à l’Esprit Saint… Depuis des siècles, des chrétiens d’Orient ont l’habitude de synchroniser leur prière à Jésus sur la respiration (première partie de la philocalie à l’inspire et deuxième à l’expire). Dans ses Exercices spirituels, Ignace de Loyola propose de le vivre avec le Notre Père et l’Ave Maria.

25.000 fois par jour : tant d’opportunités de reprendre souffle +  d’apporter un souffle nouveau : respirer jusqu’à être inspiré et expirer sans rendre son dernier souffle !

Les fleurs, cartes de visite du Ciel

Je vous le dis avec des fleurs.  
Merci à vous, Paul Ricœur :

« Abstraitement séparées de l’expérience spirituelle qui les fonde, les valeurs sont comme des fleurs coupées dans un vase » : belles mais non durables.

« Je n’aurais pas dû entrer dans ce champs pour cueillir des coquelicots. Je le savais, pourtant : les coquelicots, il faut les aimer avec les yeux, pas avec les mains. Dans les yeux, ils flambent. Au bout des doigts, ils fanent » (Christian Bobin, Geai).

Sagesse de l’écopsychologie suite

Gratitude pour Joanna Macy, fondatrice de l’écopsychologie, pour sa manière constructive de nous montrer concrètement comment servir la vie, déployer un « espoir en mouvement », au lieu d’une « fuite en avant ». Voici la suite de ma compilation de quelques passages de son livre ‘Écopsychologie pratique et rituels pour la terre : Revenir à la Vie’ (‘Coming Back to Life: Practices to Reconnect Our Lives, Our World’) :

« Le lieu de la prise de décision reste à l’intérieur de l’individu, soumis à tous les caprices que cet individu considère comme étant son propre intérêt. Et nos modes de décisions actuels semblent trop lents et trop corruptibles pour répondre adéquatement à la crise de survie créée par notre société de croissance industrielle et ses technologies. […] Au-delà de tous les dangers encourus, des changements climatiques aux guerres nucléaires, aucun n’est aussi grave que notre paralysie. […] Certains des aspects les plus laids du comportement humain aujourd’hui viennent de la peur des changements radicaux que nous devons maintenant faire. 

Le travail sur la réappropriation de son pouvoir permet de jouer son rôle dans la création d’une civilisation soutenable. Ce travail nous relie ensemble et nous relie à la toile de Vie. Nos pratiques interactives nous aident à retrouver le courage, l’implication et la solidarité nécessaire pour changer nos vies et passer à l’action pour prendre soin de la planète. » 

L’action créative part de la conscience individuelle et se prolonge dans l’engagement collectif, de manière responsable et durable. Plût au ciel (mauvais jeu de mot, vu les déluges de pluie) l’éveil des consciences pour accepter des mesures terre-à-terre écoresponsables qui secouent nos habitudes plus encore que les mesures sanitaires COVID…  Lucidité et courage pour passer de la masse qui critique la fin de ses conforts à la masse critique qui fait face aux contreforts : mettre fin, avec courage, à la fuite en avant.

Écopsychologie constructive devant les perspectives de la collapsologie

Gratitude pour Joanna Macy, fondatrice de l’écopsychologie, pour sa manière constructive de nous montrer concrètement comment ne pas être traumatisé par les perspectives collapsologiques qui annoncent l’effondrement de notre société. Voici une compilation de quelques passages de son livre ‘Écopsychologie pratique et rituels pour la terre : Revenir à la Vie’ : « Pour faire tourner le moteur du progrès, la Terre sert à la fois de magasin et de tout-à-l’égout. […] Les rigueurs économiques générées par la Société de croissance industrielle mettent en pièces le tissu social et engendrent la violence. Nous avons peur de nos banlieues, nous nous barricadons derrière des portes closes, nous nous réfugions dans des enclaves protégées. Certains politiciens et démagogues dirigent nos frustrations contre les autres, surtout contre les plus victimisés par la mondialisation de l’économie. Les échecs du capitalisme nous conduisent à chercher des bouc émissaires. […] Le changement de cap est un passage radical d’une société de croissance industrielle autodestructrice à une société compatible avec la vie. Chacun est invité à prendre part à ce changement de cap et à la guérison du monde. […] Le courage de changer de cap, tout en apportant de la joie, apprend beaucoup. Si le monde doit être guéri par des efforts humains, je suis convaincue que ce sera par des gens ordinaires, des gens dont l’amour pour cette vie est encore plus grand que leur peur. […] La grâce arrive quand nous agissons avec d’autres au nom de notre planète. […] Être vivant dans ce bel univers autoorganisé, participer à la danse de la vie avec nos sens pour le percevoir, nos poumons pour la respirer, et notre chair pour s’en nourrir, tout cela est une merveille au-delà des mots. »

Au clair de la lune, mon âme mit pierres hautes

« Tout ce que tu traverses, d’autres en ont aussi fait l’expérience. La perte, les ruptures, les déceptions, la maladie, la mort – ces choses ne sont pas les tiennes, mais d’anciens rites de passage, des rituels cosmiques que tous les humains, s’ils sont honnêtes, ont traversé et doivent continuer à traverser s’ils doivent être véritablement humains.
Dans les temps passés, les anciens, les sages, les guérisseurs, ceux qui avaient traversé ces épreuves universelles de la vie, qui étaient parvenus de l’autre côté, et en étaient revenus pour nous guider à travers nos propres épreuves, en nous rappelant : « Peu importe que cela puisse devenir intense, sache que tu n’es pas seul, que cela devait arriver, et que de nombreux autres sont passés par là avant… »
Aujourd’hui, nous sommes « connectés » mais peut-être sommes nous désespérés de ne pas avoir de profondes relations humaines.
Rien dans notre histoire de vie n’est un petit événement, rien n’est insignifiant ni indigne d’une attention aimante. Tout est religieux, tout est sacré, tout a davantage de signification, bien plus que tu aurais pu espérer l’imaginer.
Et cette manière de voir au-delà du « moi » peut aider à nous sortir de notre auto-apitoiement et de notre obsession des problèmes, et nous amener vers un lieu de relation universelle et de profonde compassion pour tous ces frères et sœurs, qui, à leur propre et unique manière, sont exactement sur le même voyage que nous le sommes. Nous pouvons vivre séparés, mais nous ne traversons pas la vie seuls » (Jeff Foster).

Bon dimanche, bons temps en famille ; bons repas partagés et bonne fraction du pain…

Jean Pic de la Mirandole

Pic de La Mirandole, Oratio de hominis dignitate :

« Je ne t’ai donné ni visage, ni place qui te soit propre, ni aucun don qui te soit particulier, ô Adam, afin que ton visage, ta place, et tes dons, tu les veuilles, les conquières et les possèdes par toi-même. Nature enferme d’autres espèces en des lois par moi établies. Mais toi, que ne limite aucune borne, par ton propre arbitre, entre les mains duquel je t’ai placé, tu te définis toi-même. Je t’ai placé au milieu du monde, afin que tu pusses mieux contempler ce que contient le monde. Je ne t’ai fait ni céleste ni terrestre, mortel ou immortel, afin que de toi-même, librement, à la façon d’un bon peintre ou d’un sculpteur habile, tu achèves ta propre forme. »

« Nec certam sedem, nec propriam faciem, nec munus ullum peculiare tibi dedimus, o Adam, ut quam sedem, quam faciem, quae munera tute optaveris, ea, pro voto, pro tua sententia, habeas et possideas. Definita ceteris natura intra praescriptas a nobis leges coercetur. Tu, nullis angustiis coercitus, pro tuo arbitrio, in cuius manu te posui, tibi illam praefinies. Medium te mundi posui, ut circumspiceres inde commodius quicquid est in mundo. Nec te caelestem neque terrenum, neque mortalem neque immortalem fecimus, ut tui ipsius quasi arbitrarius honorariusque plastes et fictor, in quam malueris tute formam effingas. »

(repris par Marguerite Yourcenar, dans l’Épigraphe de L’Œuvre au noir).