« Si vous êtes capable de le rêver, vous êtes capable de le faire » (Walt Disney).
« Oser, c’est passer de l’idée à la réalisation. Oser, c’est rendre réel ce qui n’était que possible » (Sabine Doumayrou).
« Le seul fait de rêver est déjà très important. Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns » (Jacques Brel).
Je rends hommage ici à Bruno Latour qui est décédé ce dimanche 9/10, Il a dit : « Agir signifie faire venir son existence du futur vers le présent » (Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique). Et j’ajoute :
À chaque tournant de l’évolution, le vivant semble s’adapter non pas tant à partir de conditionnements passés qu’à partir d’une intelligence du futur. C’est parce qu’il représente un atout dans le futur qu’est retenu un comportement qui a réussi dans le passé. Ainsi, la logique de l’Évolution semble être de préparer l’avenir sur base des leçons du passé ; un changement advient parce qu’il est utile à préparer l’avenir.
Ces deux derniers siècles, les scientifiques avaient recherché la cause des adaptations successives des espèces dans l’origine, dans le passé. De nos jours, on la cherche aussi dans cette sorte de logique téléologique du vivant. L’exemple le plus frappant d’une telle vision m’a été donné par le Dr Jean Lerminiaux, à qui j’exprime ma profonde gratitude : un poisson échoué sur la berge développe un cancer des reins en vue de sa survie. Le cancer des reins augmente ses chances de survie, en lui donnant plus de temps pour attendre la vague salvatrice qui le ramènera dans l’eau.
Le nouveau paradigme, dont Teilhard de Chardin n’est pas loin, est apparu dans le champ des idées en même temps que la préoccupation nouvelle qu’a entraîné le pouvoir d’annihiler l’humanité et la planète. Ce pouvoir conduit à la lourde responsabilité d’organiser un futur viable à notre descendance, selon le slogan en vogue : « nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants ». Les choses ne sont plus seulement pensées en tant que résultats du passé mais bien en tant que « réalisées en vue de quelque chose », en fonction d’un futur.
Le défi contemporain est nouveau quant aux périls nucléaire et écologique mais, en fait, il n’a rien de nouveau dans le principe : survivre a été, est et sera le moteur de l’Évolution. Le vivant développe depuis toujours une série de processus lui permettant de survivre, en surmontant les difficultés rencontrées à chaque étape. Le vivant s’adapte perpétuellement aux situations nouvelles en instaurant des mécanismes d’autocorrection.
La préoccupation de l’avenir peut être vue à la base même de l’Évolution. La recherche scientifique ne consiste plus seulement à expliquer le présent à partir du passé, elle est de mettre en lumière « en vue de », « pour quoi » les évolutions se font. Ce nouveau paradigme qui considère le futur des choses et donne de l’importance au temps à venir peut profondément modifier divers champs, dont notre façon de concevoir la persistance et le changement à travers le temps, le fonctionnement biologique, la neurologie, l’épigénétique, la pathologie (la maladie vue comme un moindre mal, cadeau de l’Évolution), le rôle de l’émotion(qui permet une économie de temps en préparant au futur possible), les sciences de l’éducation…
Il y avait, dans un village, un homme modeste qui avait un très beau cheval. Le cheval était si beau que les seigneurs du château voulaient le lui acheter, mais il refusait toujours : « Ce cheval est mon ami. Un ami ne peut être vendu ».
Un matin, il se rend à l’étable et le cheval n’est plus là. Ses voisins lui disent : « On te l’avait bien dit ! Tu aurais mieux fait de le vendre. Maintenant, on te l’a volé… Quelle malchance ! » « Chance, malchance, qui peut le dire ? », se demanda le vieil homme. Et tout le village se moqua de lui.
Le cheval revient 15 jours plus tard, avec toute une horde de chevaux sauvages. Il s’était échappé pour séduire une belle jument et rentrait avec le reste de la horde. « Quelle chance ! », s’exclament les villageois.
Le vieil homme et son fils se mettent au dressage des chevaux sauvages. Mais une semaine plus tard, son fils se casse une jambe à l’entraînement. « Quelle malchance ! », disent ses amis. « Comment vas-tu faire, toi qui es déjà si pauvre, si ton fils, ton seul support, ne peut plus t’aider ? » Le vieil homme répond : « Chance, malchance, qui peut le dire ? »
Quelques temps plus tard, l’armée du seigneur du pays arrive dans le village, et enrôle de force tous les jeunes gens disponibles. Tous, sauf le fils du vieil homme, qui a sa jambe cassée. « Quelle chance tu as. Tous nos enfants sont partis à la guerre et toi, tu es le seul à garder avec toi ton fils. Les nôtres vont peut-être se faire tuer… »
Le vieil homme répond : « Chance, malchance, qui peut le dire ? »
Chance ou malchance, qui peut le dire ? Créativité et proactivité, tout le monde peut les vivre !
« J’ai été condamné à une peine de trente ans de prison, dont vingt ans de sûreté. Les dix premières années que j’ai passées derrière les barreaux ont été terribles. J’étais un enragé. Dans ce désert, j’ai trouvé l’écriture et la poésie. Elles m’ont servi de boussoles, m’embarquant pour de longs voyages, jetant des passerelles vers l’autre. Lire, écrire et créer en prison, c’est survivre. Je me suis découvert un cerveau à 52 ans. J’ai réussi à sortir de tout cela grâce aux mots, qui m’ont permis d’EXTRAIRE LES BLEUS SOUS MA PEAU. J’ai déclamé un poème que j’avais rédigé lorsque j’étais à l’isolement et cela m’a révélé. En 2016, j’ai reçu un premier prix de poésie à la Sorbonne. Quand j’ai vu mon nom à côté de ceux de grands auteurs, les Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, je ne l’ai pas cru. Mais j’ai compris que j’avais une sensibilité qui touchait les gens. EN ÉCRIVANT DES POÈMES, JE CRÉAIS DU LIEN EN PRISON » (Khaled Miloudi). Vient de sortir son livre Les couleurs de l’ombre.
Rire tris-mal : qui est très aigu, qui a la caractéristique d’un grincement de dent, d’un trisme (mot construit par Arthur Rimbaud dans son poème Comédie en trois baisers).
Je baisai ses fines chevilles. Elle eut un long rire tris-mal Qui s’égrenait en claires trilles, Une risure de cristal… (Arthur Rimbaud, 1895).
« Personne ne peut vous rendre inférieur sans votre consentement » (Eleanor ROOSEVELT).
« La soumission est très peu différente dans ses effets de la domination, dont elle n’est que le reflet » (Marc MOUSLI, Négocier, l’art et la manière, p. 22).
« Neuf fois sur dix, le pouvoir que les autres prennent sur nous, c’est nous qui le leur avons donné » (François DELIVRÉ, Le pouvoir de négocier. S’affronter sans violence : l’espace gagnant-gagnant en négociation).
« Si l’autre vous attaque avec efficacité, il y a de grandes chances pour que vous ayez creusé vous-même le piège dans lequel vous tombez » (CollectifIRÉNÉ, Négociation : Théories versus « pratiques », p. 65).
4 citations extraites de mon livre La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, p. 136.
« Être pleinement humain, c’est être sauvage. La sauvagerie, c’est l’étrange attraction et le murmure de la sagesse. C’est le doux coup de pouce et la douleur intense. C’est ta vérité, transmise par tes anciens, et le courant de vie dans ton sang. Sauvage est l’âme où résident passion et créativité, sauvage est le battement de ton cœur. Sauvage est ce qui est réel. La sauvagerie est ta maison » (Victoria Erickson).
Extraits de ‘La fiancée des corbeaux’ de René Frégni :
« L’écriture ? Un immense territoire de liberté, une école buissonnière ! […] C’est le contraire d’un programme, d’une technique, c’est un vagabondage dans une contrée sauvage.
Si j’écris depuis tant d’années, c’est que j’ai la sensation d’aller beaucoup plus loin dès que je fais rouler un stylo entre mes doigts, vers les petites lumières de ma mémoire et la pénombre de tout ce qui m’échappe dans le brouhaha de la vie, comme on déchire et soulève la couche de feuilles mortes au pied des arbres, avec un bâton, pour découvrir la bosse rouge et or d’un champignon.
Voilà le secret, savoir secouer les mots. Les faire sortir du dictionnaire et courir partout comme du feu ou des rats.
La trace que je laisse n’a pas plus d’importance que la bave argentée d’un escargot. J’aime la blancheur de mon cahier, l’odeur du café dans un bol rouge et la lumière des saisons qui glisse derrière mes vitres, comme si l’homme n’avait rien dérangé. »
« Une personne vivant sur Mars, du type négociateur dur, se reconnaît au fait qu’il est sûr de lui, il a confiance en ses capacités, est franc, direct, capable de dire quand il vit un problème, de défendre son point de vue, d’obtenir le respect de ses intérêts. Il ne se laisse pas marcher sur les pieds, il dit ses envies, désirs, attentes, il ne met pas sur les épaules des autres le fardeau de deviner et d’y répondre implicitement. Il est autonome, responsable de sa vie, de ses choix. Son oui est oui et son non est non !
Une personne vivant sur Vénus, du type négociateur doux, se reconnaît au fait qu’il met la relation au premier plan, il est capable d’entretenir de bonnes relations, est délicat, attentionné, dévoué, sensible aux problèmes de l’autre, à l’écoute de ses besoins, devine ses attentes, sert l’autre en premier, est capable de faire passer les intérêts de l’autre avant les siens, trouve son bonheur dans la satisfaction de l’autre. Il parle doucement, sa force est de pouvoir se maîtriser. Il évite d’étaler ses titres de gloire et d’induire un sentiment d’infériorité chez son interlocuteur…
Les Martiens = des francs ; les Vénusiens = des attentionnés.
Les avantages d’une famille où les deux parents sont des Martiens : on sait ce que chacun pense et veut. Chacun a appris à défendre son point de vue et ses intérêts. La franchise et la clarté sont les qualités des martiens.
Les limites et dangers d’une famille martienne : quand leurs besoins divergent, ils sont capables de crier, de se rentrer dedans. Généralement, les martiens vivent à distance. Ils ont besoin d’espace entre eux ! Si trop de conflits ne sont pas résolus, ils se séparent…
Les avantages d’une famille où les deux parents sont des Vénusiens : chacun est programmé pour satisfaire les besoins de l’autre avant les siens. Personne n’a besoin de se pousser en avant. On sent facilement l’importance qu’on a pour l’autre. Il n’y a pas de cris. On se parle doucement, avec respect.
Les limites et dangers d’une famille vénusienne : ils ont peur des désaccords, ne disent pas franchement et sont frustrés quand l’autre ne les comprend pas, ils se sacrifient puis regrettent de s’être fait avoir, ils ont des difficultés à fixer des limites, à dire non » (Chomé Étienne, Apprendre à mieux gérer nos conflits. Une communication vraie et une négociation efficace, édité à l’île Maurice, 2005, p. 311).
« Illustrons les 6 logiques de fonctionnement dans un conflit d’intérêts divergents avecle cas d’école classique de l’orange. Nous voulons tous les deux cette orange : quelles stratégies puis-je déployer ? Voir le schéma ci-dessous.
Davantage pour les deux signifie par exemple : si nous prenons le temps d’identifier la raison pour laquelle nous voulons tous les deux cette orange, il apparaîtra peut-être des complémentarités. Il serait dommage de la partager en deux (chacun fait une concession) s’il apparaît que tu as besoin du zeste de la pelure pour faire un gâteau, alors que moi, je veux manger le contenu de l’orange ou que tu aimes la pulpe et moi le jus. Même dans le cas où nous voulons tous les deux manger l’orange, coopérer aboutira probablement à une solution profitable pour les deux et meilleure que le moitié-moitié. Par exemple, ne pas se borner à cette orange-là, ici et maintenant… Élargir le problème dans l’espace et le temps » (Chomé Étienne, Apprendre à mieux gérer nos conflits. Une communication vraie et une négociation efficace, édité à l’île Maurice, 2005, p. 305).
Voici ce qu’un ami a écrit sur sa page FB : « Tant qu’on est en situation de pouvoir se défendre et de se faire comprendre par la parole ou la non-violence, autant les utiliser le plus possible. Il n’en demeure pas moins que, dans un certain nombre de cas, la légitime défense se justifie. L’usage de la force s’avère nécessaire dans certains cas. Si ma patrie et/ou ma famille, étaient violemment attaquées, je n’hésiterais pas à les défendre. Ce serait même mon devoir. »
Une telle réflexion comporte, selon moi, plusieurs schémas implicites à déconstruire, ce que je m’attache à faire depuis une dizaine de posts à ce propos (pour les lire, rassemblés : https://etiennechome.site/category/politique/nv/).
Devoir de défendre ma famille, bien sûr ; la bonne question est : comment le fait-on au mieux ? On n’arrête pas d’apprendre cet art… Usage de la force, en légitime défense ? Bien sûr ; la difficulté est de discerner où passe la ligne séparant force de légitime défense et violence. Et surtout le défi est d’apprendre à déployer cette force véritable, qui n’est pas violence. La première se justifie, la deuxième non.
Il y a tellement mieux à faire que de justifier nos exceptions à la non-violence (démarche des doctrines étudiant les licéités de la guerre juste) : apprendre à déjouer les pièges diaboliques de la violence (démarche des doctrines de la paix juste). Or, la dynamique conflictuelle est aussi glissante qu’une planche-à-savon très penchée, sur laquelle la violence nous entraîne irrésistiblement vers les enfers, en nous réduisant à une riposte toujours plus aveugle.
Dans une grave crise, nous perdons vite les pédales, en faisant exactement le contraire des bons gestes qui sauvent, comme quand nous nous noyons et coulons la personne qui vient nous aider. Pris à la gorge, nous oublions bien vite les beaux principes dégoulinant de bonté. Voilà pourquoi des personnes engagées dans la non-violence active comme Jean Goss considèrent décisif de décider explicitement et en amont des combats d’exclure tout moyen violent. Le fait de poser ainsi ce choix en conscience contribue à débloquer son potentiel de créativité pour une gestion du conflit la plus constructive possible. C’est en ouvrant les possibles qu’on échappe à l’enfer, c’est en créant des possibles, à côté de la planche-à-savon, qu’on optimise la fécondité de la légitime défense !