L’imagination au pouvoir

« L’imagination peut faire voir aux enfants des choses qui n’existent pas, par exemple des monstres sous leur lit. Mais cette même imagination les aide aussi à affronter certaines peurs. Lorsque votre enfant s’imagine être un superhéros capable de combattre tous les méchants de la Terre, il développe sa confiance. Vous pouvez aider votre enfant à développer son imagination et sa créativité. Voici quelques pistes :

Laissez-le jouer librement, sans imposer de règles. S’il veut dessiner des nuages jaunes ou construire un bateau avec ses blocs sans suivre de plan, c’est parfait! Évitez aussi de lui dire des phrases comme: « Ça ne se peut pas! » ou « Ce n’est pas comme ça que ça marche! »

Racontez-lui des histoires à partir de livres, de vos souvenirs ou de votre propre imagination.

Laissez votre tout-petit s’amuser avec des boîtes, des bouts de corde, des contenants vides et des morceaux de tissu. Ils offrent souvent plus de possibilités de création que les jouets à usage unique.

Donnez la chance à votre enfant de s’ennuyer à l’occasion pour activer son imagination. Lorsque vous ne répondez pas immédiatement à tous ses désirs (ex.: un jouet, votre présence pour le divertir, etc.), vous lui donnez l’occasion d’inventer un jeu pour s’occuper. Vous finirez par le trouver en train de rêvasser dans son lit ou de parler avec ses figurines.

Limitez l’utilisation de la télévision et des écrans. Cela peut empêcher votre enfant d’avoir du temps pour s’ennuyer et créer » (Solène Bourque, psychoéducatrice et l’équipe Naître et grandir).

Cultivons notre jardin

« Je sais aussi, dit Candide, qu’il faut cultiver notre jardin. Vous avez raison, dit Pangloss ; car, quand l’homme fut mis dans le jardin d’Éden, il y fut mis ut operaretur eum, pour qu’il travaillât. Toute la petite société entra dans ce louable dessein. Chacun se mit à exercer ses talents. Cultivons notre jardin » (finale de Voltaire, Candide, 1759). Voltaire invite à laisser là les principes métaphysiques du philosophe Pangloss qui mâche du brouillard et à mettre les mains dans la terre de notre parcelle, en améliorant ce qui est à notre portée…

Je pense à ce Sans-Domicile-Fixe qui trouve dans les ordures d’une maison cossue un panier vieilli. Il le vide, le nettoie et l’embellit. Puis, il le remplit de bonne terre et y sème diverses graines de fleurs multicolores. Une fois celles-ci écloses, il offre le panier à sa camarade de rue.

Souplesse adaptative pas contre, plutôt avec

« La pratique du surf m’a appris à glisser sur la vague avec le plus de légèreté possible, en m’accommodant des événements plutôt qu’en essayant de les tordre. J’ai expérimenté que la résistance génère de la résistance et qu’il faut accepter la vague pour ne pas couler » (Priscille Déborah, la première Française bionique, surmontant l’amputation des 2 jambes et du bras droit en 2006, dans Une vie à inventer, p. 92, paru le 21/4/21).

« Vivant, Napoléon a manqué le monde. Mort, il le possède

Où est-il donc « le plus puissant souffle de vie qui jamais anima l’argile humaine » ? Cette formule est de Chateaubriand qui fit le meilleur résumé du destin de Napoléon Bonaparte : « Vivant, il a manqué le monde. Mort, il le conquiert, le possède ». Ce que développe Mathieu Schwartz dans son film Napoléon, la destinée et la mort. À Sainte-Hélène, « ce roc noir que le diable a chié entre deux voyages », sans évasion possible, « Napoléon tient à poser en martyr face à la postérité. Artiste de son destin, il a pressenti qu’en devenant une victime, on le verrait d’une façon différente. Pour que le despote se mue en victime, il lui faut un bourreau ; ce sera le gouverneur anglais Hudson Lowe. Napoléon n’avait pas envie d’avoir un geôlier compatissant ou clément. Il lui fallait un geôlier impitoyable qui s’en prenne à lui et restreigne ses libertés. Il va ainsi complètement inverser son image, en cherchant à créer l’image d’un Christ de l’époque moderne. Le 19e siècle en fait un nouveau Messie. L’homme qui croyait en son destin est devenu une légende ».

Voici des propos de Napoléon lui-même dans ses Mémoires à Sainte-Hélène :

« Si je fusse mort sur le trône, dans les nuages de la toute-puissance, je serais demeuré un problème pour bien des gens ; aujourd’hui, grâce au malheur, chaque heure me dépouille de ma peau de tyran. […] La Révolution a été la cause de la vraie régénération de nos mœurs, comme les plus sales fumiers provoquent la plus noble végétation. Dans une grande affaire, on est toujours forcé de donner quelque chose au hasard… Dans l’imagination comme dans le calcul, la force de l’inconnu est incommensurable. […] Je demande ma liberté ou un bourreau. Je me dois à ma gloire et, si je la sacrifie, je ne suis plus rien. Le pouvoir absolu n’a pas besoin de mentir ; il se tait. Le gouvernement responsable, obligé de parler, déguise et ment effrontément.

Le malheur a aussi ses bons côtés, il nous apprend des vérités… C’est seulement maintenant qu’il m’est donné d’examiner les choses en philosophe. […] Les grands hommes aiment la gloire de ceux qui leur ressemblent. L’infortune seule manquait à ma renommée ; j’ai porté la couronne impériale de la France, la couronne de fer de l’Italie ; et maintenant l’Angleterre m’en a donné une autre plus grande encore et plus glorieuse -celle portée par le sauveur du monde- une couronne d’épines. Mon grand talent c’est de voir clair. C’est la perpendiculaire plus courte que l’oblique. Il faut que je meure ici ou que la France vienne me chercher. Si Jésus Christ n’était pas mort sur la croix, il ne serait plus Dieu. »

En disant « Je m’offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France. Je proclame mon fils sous le nom de Napoléon II, empereur des français » (22 juin 1815, au lendemain de la défaite de Waterloo), Napoléon inverse encore le sens authentique du sacrifice, lui qui a sacrifié des dizaines de milliers de vie sur les champs de bataille pour la gloire de son pays, qu’il confond avec sa propre gloire.

Créer une alternative créative face à une tentative de piège qui réduit et enferme

En 1555, à Constantinople, l’ambassadeur de Charles Quint est reçu en audience par le Sultan. Le protocole qui veut le mettre en difficulté et l’obliger à rester debout, ne lui offre aucun fauteuil. L’ambassadeur est un Flamand qui ne se laisse pas démonter : il enlève son manteau, le met en boule et s’assoit sur son pouf improvisé comme s’il faisait cela tous les jours, tout en lançant la conversation… À la fin de celle-ci, c’est le chargé du protocole qui le rattrape : « vous oubliez votre manteau ». « Oh, excusez-moi, il n’est pas d’usage dans mon pays de partir avec les fauteuils ».

Les coachs de Charles Michel auraient été bien inspirés de le briefer sur cette anecdote bien connue dans le monde des négociateurs et de l’aider à poser les bons gestes, pour éviter ce Sofagate à Constantinople.

Vivent nos ressources capables d’ouvrir des alternatives créatives, pleines d’humanité et d’humour, là où l’interlocuteur revêche cherche à nous jouer un tour… Cf. Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, PUL, 2009, p. 178-180, tjs disponible en français et en anglais à tarif réduit chez moi.

Balcon, hélicoptère, air

Dans une réunion houleuse, face à des interlocuteurs tentant d’obtenir davantage par des tactiques de pouvoir, « la priorité est de garder son calme ; c’est l’art d’ »aller au balcon », comme dit le professeur William Ury (Comment négocier avec les gens difficiles. De l’affrontement à la coopération) : imaginer monter un escalier jusqu’à un balcon qui se trouve au-dessus des protagonistes, où nous pouvons jouir de ce point de vue plus élevé. On peut imaginer prendre un hélicoptère ou encore disposer d’un troisième œil qui regarde en position d’extériorité, hors mêlée.

Si c’est possible, je peux me lever, aller me servir à la table des boissons ou aller vers la fenêtre prendre un peu d’air frais et me recomposer. En tous les cas, donner l’entière priorité à ma respiration, pour la laisser me conduire à cet espace calme au plus profond de moi » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, PUL, 2009, p. 145, disponible en français et en anglais à tarif réduit chez moi).

Le désaccord a pour vocation plus d’union

Ma traduction libre de quelques passages de « The Hill We Climb », déclamé par Amanda Gorman, à l’investiture de Joe Biden, 20/01/2021 :

« Le jour venu, où trouver la lumière dans cette ombre qui semble sans fin ? Le calme n’est pas toujours la paix. Les normes et les notions de ce qu’est le « juste » ne sont pas toujours justice. Et pourtant, l’aube est nôtre, avant même que nous le sachions. Dans nos différences, nous unir, sans échapper aux déconfitures, sans semer la division.

La Bible nous invite à envisager un monde où chacun peut s’asseoir sous son propre figuier et jouir de sa vigne sans peur. La victoire ne sera pas dans la lame de l’épée mais dans tous les ponts que nous faisons. C’est la promesse de se réjouir, gravissant la colline, si seulement nous osons. Si nous allions miséricorde et force, force et droit, alors l’amour devient notre héritage. Notre peuple, divers et beau, émergera, meurtri et beau.

Le jour venu, nous sortons de l’ombre, enflammés et sans peur. La nouvelle aube fleurit dans cette liberté que nous lui offrons. Car il y a toujours de la lumière, si seulement nous sommes assez courageux pour le voir, si seulement nous sommes assez courageux pour l’être. »

On peut être en désaccord sur tout, sauf un…

« Il n’y a pas deux personnes qui ne s’entendent pas. Il y a seulement deux personnes qui ne se sont pas encore assez écoutées » (Proverbe sénégalais).

« Écoutons-nous les uns les autres, montrons du respect les uns pour les autres. Le désaccord ne doit pas mener à la désunion » (Joe Biden, président d’États unis depuis plus de 2 siècles, 20 janvier 2021).

Le désaccord a pour vocation plus d’union

« Il est temps de mettre de côté la rhétorique hostile, de nous regarder à nouveau les uns les autres et de nous écouter. Pour progresser, nous devons cesser de traiter nos adversaires comme des ennemis. Ils ne sont pas nos ennemis, ce sont nos concitoyens » (Joe Biden, 7 novembre 2020).

« Chaque désaccord ne doit pas être une cause pour la guerre totale. Mettons fin à cette guerre « incivile ». Nous pouvons nous voir comme des voisins, pas comme des ennemis. Écoutons-nous les uns les autres, montrons du respect les uns pour les autres. Le désaccord ne doit pas mener à la désunion » (Joe Biden, 20 janvier 2021).