Apprendre à éviter la planche-à-savon qu’est la violence

Voici ce qu’un ami a écrit sur sa page FB : «  Tant qu’on est en situation de pouvoir se défendre et de se faire comprendre par la parole ou la non-violence, autant les utiliser le plus possible. Il n’en demeure pas moins que, dans un certain nombre de cas, la légitime défense se justifie. L’usage de la force s’avère nécessaire dans certains cas. Si ma patrie et/ou ma famille, étaient violemment attaquées, je n’hésiterais pas à les défendre. Ce serait même mon devoir. »

Une telle réflexion comporte, selon moi, plusieurs schémas implicites à déconstruire, ce que je m’attache à faire depuis une dizaine de posts à ce propos (pour les lire, rassemblés : https://etiennechome.site/category/politique/nv/).

Devoir de défendre ma famille, bien sûr ; la bonne question est : comment le fait-on au mieux ? On n’arrête pas d’apprendre cet art… Usage de la force, en légitime défense ? Bien sûr ; la difficulté est de discerner où passe la ligne séparant force de légitime défense et violence. Et surtout le défi est d’apprendre à déployer cette force véritable, qui n’est pas violence. La première se justifie, la deuxième non.

Il y a tellement mieux à faire que de justifier nos exceptions à la non-violence (démarche des doctrines étudiant les licéités de la guerre juste) : apprendre à déjouer les pièges diaboliques de la violence (démarche des doctrines de la paix juste). Or, la dynamique conflictuelle est aussi glissante qu’une planche-à-savon très penchée, sur laquelle la violence nous entraîne irrésistiblement vers les enfers, en nous réduisant à une riposte toujours plus aveugle.

Dans une grave crise, nous perdons vite les pédales, en faisant exactement le contraire des bons gestes qui sauvent, comme quand nous nous noyons et coulons la personne qui vient nous aider. Pris à la gorge, nous oublions bien vite les beaux principes dégoulinant de bonté. Voilà pourquoi des personnes engagées dans la non-violence active comme Jean Goss considèrent décisif de décider explicitement et en amont des combats d’exclure tout moyen violent. Le fait de poser ainsi ce choix en conscience contribue à débloquer son potentiel de créativité pour une gestion du conflit la plus constructive possible. C’est en ouvrant les possibles qu’on échappe à l’enfer, c’est en créant des possibles, à côté de la planche-à-savon, qu’on optimise la fécondité de la légitime défense !