« Les « violences-manière de dire » viennent de notre impuissance à nommer ce qui se passe en nous et à en prendre soin. Une émotion forte qui ne trouve pas de mot produit des maux. Faute de pouvoir dire une frustration, nous nous mettons à aboyer et, si cela ne suffit pas, à mordre. Le passage de l’agressivité verbale à la violence physique est ici affaire de degré, la tension émotionnelle augmentant à mesure que l’incompréhension se prolonge. Ces brutalités sont le prix que nous payons à ne pas écouter notre vécu. Ce n’est pas la frustration qui entraîne la violence mais plutôt l’incapacité à accueillir et à faire quelque chose d’utile de cette frustration. Le frère qui mord sa sœur alors même qu’elle est fêtée et félicitée par tous est en train de dire tragiquement sa jalousie et son propre besoin d’attention. Cela se soigne autrement que s’il était en train de tricher en vue de tirer profit (« violence-manière d’obtenir »). C’est en lui offrant de l’attention et en l’aidant à s’écouter, lui, au bon endroit que disparaîtra son animosité. De même, le sentiment de colère ne devient violent que s’il n’est pas entendu. Le mari qui en vient à « parler avec ses poings » a d’abord accumulé des frustrations, puis il a vu rouge car il n’a pas pu nommer son besoin ni trouver les moyens concrets de l’honorer et de le faire respecter. C’est en prenant au sérieux ce qui n’est pas respecté en lui qu’il arrêtera de siffler comme une cocotte-minute sous pression. La communication vraie constitue le remède à toutes les paroles blessantes ou emmurées » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain, 2009, p. 109) : étape 3 duparcours de formation.
Il y a des présences et des paroles qui ouvrent, libèrent, rendent possible… C’est la présence d’Élisabeth qui a permis à Marie de chanter tout haut son Magnificat. Voici ce qu’en dit Christian de Chergé :
« Élisabeth visitée par Marie se demande : d’où me vient-il que l’enfant qui est en moi a tressailli ? Et vraisemblablement, l’enfant qui était en Marie a tressailli le premier. En fait, c’est entre les enfants que cela s’est passé, cette affaire-là… Et Élisabeth a libéré le Magnificat de Marie. Et finalement, si nous sommes attentifs et si nous situons à ce niveau-là notre rencontre avec l’autre, dans une attention et une volonté de le rejoindre, et aussi dans un besoin de ce qu’il est et de ce qu’il a à nous dire, vraisemblablement, il va nous dire quelque chose qui va rejoindre ce que nous portons, montrant qu’il est de connivence… et nous permettant d’élargir notre Eucharistie, car finalement, le Magnificat que nous pouvons, qu’il nous est donné, de chanter : c’est l’Eucharistie. La première Eucharistie de l’Église, c’était le Magnificat de Marie. Ce qui veut dire le besoin où nous sommes de l’autre pour faire Eucharistie : pour vous et pour la multitude » (https://www.moines-tibhirine.org/histoire/sens-d-une-presence/79-le-sens-d-une-visitation, où se trouve l’ensemble de sa méditation).
« Exaltabo te Deus meus rex et benedicam nomini tuo in saeculum et in saeculum saeculi » (Psaume 144,1). Je t’exalterai, ô mon Dieu, mon roi ! Et je bénirai ton nom toujours et à jamais.
Je t’exalterai exaltabo te En moi, ton doigté exhale ta beauté
Bonne fête, Ignace. Et merci pour tes paroles de Vie. Oui, le signe que nous sommes dans la bonne direction, que nous avons pris une bonne décision, c’est la joie durable qui demeure, elle est différente du plaisir éphémère. La joie est le signe de l’Esprit saint. La joie ne trompe pas (Galates 5,27).
Le colloque déploie ma conscience « que je ne suis pas seul dans cette présence à moi-même » (Adrien Demoustier sj, Qu’appelle-t-on Exercices Spirituels? La proposition ignatienne, p. 32).
« Dieu lui-même ne cesse de frapper à la porte de notre cœur. Pour savoir ce qu’il nous veut, il suffit d’être attentif aux « motions intérieures » qui se succèdent et se combattent en nous : attraits de plaisirs faux ou éphémères, mouvements de joie profonde et durable, alternance de trouble et de paix. Discerner les vessies et les lanternes. Construire sa vie avec Dieu, pas sans lui ni contre lui » (Dominique Salin sj, Saint Ignace de Loyola).
Aux funérailles de mon papa, Robert Chomé, un Rwandais m’a révélé une chose que je n’avais jamais réfléchie : « par les outils de communication vraie que nous donnent tes sessions, tu prolonges le travail de ton père qui nous a donné les postes de radio MERA permettant dans les années 60 tant de belles émissions, notamment celles animées par ta marraine, Vénéranda Hategekimana, apportant par exemple de si bonnes pratiques d’hygiène à toutes les femmes en train de travailler aux champs ».
Dans tout projet auquel je participe en Afrique, je suis très attaché à l’autofinancement. En 30 ans de carrière, je n’ai sollicité qu’une fois quelques personnes amies pour un soutien financier de mes partenaires africains. Je le refais ici, après que nous ayons activé toutes les possibilités locales de solidarité.
Nous avons besoin d’un coup de pouce sous la forme du parrainage de Burundais pour qu’ils puissent participer à une session de 7 jours que je vais animer à Bukavu, du 1 au 7 septembre 2021. Elle rassemblera des acteurs-clé dans la gestion des conflits, venant du Rwanda, du Burundi et de l’est du Congo (Butembo-Béni, Goma et Bukavu). C’est une formation de formateurs qui, pour la plupart, ont déjà suivi une session avec moi les années passées et qui y ont donné une suite, d’abord par une transformation personnelle concrète, ensuite en montrant une compétence et une disponibilité à diffuser autour d’eux ces ressources en communication, négociation et structuration d’un cadre de droit. Plus de précisions sur le contexte en Post-Scriptum et ici :
Nous limitons le groupe à 18 personnes, avec une répartition équilibrée entre Rwanda, Burundi et Est-Congo. La session est entièrement autofinancée par la contribution de chacun de nous. Chaque participant a à trouver les ressources pour payer ses frais de voyage et de participation (repas et logements : 150 $ + matériel pédagogique : 40 $). Tous (sauf 1) rencontrent de grosses difficultés à rassembler cet argent, qui représente pour eux une grosse somme. Les candidats burundais sont les plus en difficulté (le Franc burundais connaît une très forte dévaluation).
Nous cherchons donc quelques parrains prêts à faire un don (déjà 10 € ou 20 € sera très précieux pour nous), vis-à-vis desquels je m’engage à la transparence, par un compte-rendu de l’utilisation des dons. Si le donateur le souhaite, il est aussi possible de vivre un parrainage personnalisé : je le mettrai alors en contact avec son parrainé qui lui donnera directement des nouvelles des fruits portés en lui.
Voici le n° de compte sur lequel verser les dons en euros : BE52 9799 3168 5409 (Banque Argenta de Wavre ; titulaires du compte : CHOMÉ – FOUARGE : mon épouse et moi). Ce compte est spécialement et uniquement consacré à ce projet. (Pour un don en Roupies mauriciennes, compte MCB : 000448517876 ; préciser en communication Nord-Kivu solidarité.)
Bienvenue et merci à qui sentira l’appel à nous soutenir dans cette magnifique mission de renforcer les tissus sociaux de nos sociétés, ici et là-bas.
Et nous sommes à l’écoute de toute question, remarque, suggestion…
Passionnément engagés dans l’amélioration des relations par une communication toujours plus vraie et authentique, Sincèrement, Étienne avec Christine Chomé-Fouarge CommunicActions ASBL www.etiennechome.site www.communicactions.eu et www.communicactions.org chome@communicactions.org Tél. : +32 10 39 13 23 Mobile : +32 472 366 912 Cour du Cramignon 21 1348 Louvain-la-Neuve Belgique
PS : Pour qui est prêt à lire davantage, voici plus de précisions sur le contexte : je pars le 12/8 à Kigali puis le 23/8 à Bujumbura. Je donnerai dans ces deux capitales des sessions pour large public, avant d’arriver à Bukavu. La session du 1 au 7/9 est une amorce qui prépare une session élargie à +/- 60 participants qui seront répartis en sous-groupes de +/- 8 personnes, pour les partages de vie (relier les outils de la méthode à ses réalités personnelles) et les mises en pratique des outils transmis. Les groupes de +/- 8 seront constitués dans la perspective qu’ils puissent prolonger la session par des dynamiques autogérées de mise en pratique, en se stimulant les uns les autres. L’étape suivante est que j’accompagne les formateurs dans l’organisation, sur ce modèle éprouvé, d’autres sessions décentralisées, dans les divers endroits-clé de la Région des Grands Lacs.
Ci-dessous les annonces des sessions au Rwanda et Burundi. L’invitation est adressée à toute personne sur place intéressée. Merci de la transmettre largement à vos contacts liés à ces deux pays aux mille collines.
La fausse vie est épuisante, la vraie vie est inépuisable.
Gratitude pour Joanna Macy, fondatrice de l’écopsychologie, pour sa manière constructive de nous montrer concrètement comment servir la vie, déployer un « espoir en mouvement », au lieu d’une « fuite en avant ». Voici la suite de ma compilation de quelques passages de son livre ‘Écopsychologie pratique et rituels pour la terre : Revenir à la Vie’ (‘Coming Back to Life: Practices to Reconnect Our Lives, Our World’) :
« Le lieu de la prise de décision reste à l’intérieur de l’individu, soumis à tous les caprices que cet individu considère comme étant son propre intérêt. Et nos modes de décisions actuels semblent trop lents et trop corruptibles pour répondre adéquatement à la crise de survie créée par notre société de croissance industrielle et ses technologies. […] Au-delà de tous les dangers encourus, des changements climatiques aux guerres nucléaires, aucun n’est aussi grave que notre paralysie. […] Certains des aspects les plus laids du comportement humain aujourd’hui viennent de la peur des changements radicaux que nous devons maintenant faire.
Le travail sur la réappropriation de son pouvoir permet de jouer son rôle dans la création d’une civilisation soutenable. Ce travail nous relie ensemble et nous relie à la toile de Vie. Nos pratiques interactives nous aident à retrouver le courage, l’implication et la solidarité nécessaire pour changer nos vies et passer à l’action pour prendre soin de la planète. »
L’action créative part de la conscience individuelle et se prolonge dans l’engagement collectif, de manière responsable et durable. Plût au ciel (mauvais jeu de mot, vu les déluges de pluie) l’éveil des consciences pour accepter des mesures terre-à-terre écoresponsables qui secouent nos habitudes plus encore que les mesures sanitaires COVID… Lucidité et courage pour passer de la masse qui critique la fin de ses conforts à la masse critique qui fait face aux contreforts : mettre fin, avec courage, à la fuite en avant.
Gratitude pour Joanna Macy, fondatrice de l’écopsychologie, pour sa manière constructive de nous montrer concrètement comment ne pas être traumatisé par les perspectives collapsologiques qui annoncent l’effondrement de notre société. Voici une compilation de quelques passages de son livre ‘Écopsychologie pratique et rituels pour la terre : Revenir à la Vie’ : « Pour faire tourner le moteur du progrès, la Terre sert à la fois de magasin et de tout-à-l’égout. […] Les rigueurs économiques générées par la Société de croissance industrielle mettent en pièces le tissu social et engendrent la violence. Nous avons peur de nos banlieues, nous nous barricadons derrière des portes closes, nous nous réfugions dans des enclaves protégées. Certains politiciens et démagogues dirigent nos frustrations contre les autres, surtout contre les plus victimisés par la mondialisation de l’économie. Les échecs du capitalisme nous conduisent à chercher des bouc émissaires. […] Le changement de cap est un passage radical d’une société de croissance industrielle autodestructrice à une société compatible avec la vie. Chacun est invité à prendre part à ce changement de cap et à la guérison du monde. […] Le courage de changer de cap, tout en apportant de la joie, apprend beaucoup. Si le monde doit être guéri par des efforts humains, je suis convaincue que ce sera par des gens ordinaires, des gens dont l’amour pour cette vie est encore plus grand que leur peur. […] La grâce arrive quand nous agissons avec d’autres au nom de notre planète. […] Être vivant dans ce bel univers autoorganisé, participer à la danse de la vie avec nos sens pour le percevoir, nos poumons pour la respirer, et notre chair pour s’en nourrir, tout cela est une merveille au-delà des mots. »
Des déluges cycloniques s’abattent en ce moment sur l’Asie, faisant des centaines de morts. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) annonce son sixième rapport d’évaluation. Déjà dans le précédent, il est catégorique : le changement climatique est réel et les activités humaines en sont la cause principale. Le réchauffement du système climatique est sans équivoque. Nombre des changements observés sont sans précédent dans le passé : réchauffement de l’atmosphère et des océans, diminution de la couverture neigeuse et recul des glaces, augmentation des concentrations de gaz à effet de serre, élévation du niveau des mers, qui augmente les risques d’inondations. Sans action immédiate, il sera beaucoup plus difficile et coûteux de s’adapter aux conséquences futures de ces changements… Les constats scientifiques sont suffisamment établis, les rapports officiels de l’ONU aussi. L’union fait la force, quand il s’agit de prendre les courageuses décisions planétaires. Elles sont à prendre maintenant, sans attendre, alors même qu’elles mettent radicalement en cause nos modes de fonctionnement consuméristes, basés sur le profit individuel à court terme.
Que puis-je faire aujourd’hui pour contribuer à fermer le robinet ? Je veille à y répondre chaque jour par diverses initiatives, la plupart aussi modestes qu’une goutte d’eau dans l’océan, du robinet au gros minet : le vivre-ensemble, la participation à de nouvelles manières de faire société, renforçant les dynamiques de partenariat et diminuant les logiques de domination/compétition.
En plus des 3 jours de crues meurtrières et dévastatrices, la répétition des inondations depuis 2 mois épuisent les Belges dont les habitations ont été inondées plus de dix fois ces dernières semaines. Courage !
« La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’Espérance. La Foi ça ne m’étonne pas. Ce n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans ma création. La Charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas. Ça n’est pas étonnant. Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un cœur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres. Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’Espérance. Et je n’en reviens pas. L’Espérance est une toute petite fille de rien du tout. Qui est venue au monde le jour de Noël de l’année dernière. C’est cette petite fille de rien du tout. Elle seule, portant les autres, qui traversa les mondes révolus. La Foi va de soi. La Charité va malheureusement de soi. Mais l’Espérance ne va pas de soi. L’Espérance ne va pas toute seule. Pour espérer, mon enfant, il faut être bienheureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce. La Foi voit ce qui est. La Charité aime ce qui est. L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera. Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé. Sur la route montante. Traînée, pendue aux bras de des grandes sœurs, qui la tiennent par la main, la petite espérance s’avance. Et au milieu de ses deux grandes sœurs elle a l’air de se laisser traîner. Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher. Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle. Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne, et qui fait marcher le monde. Et qui le traîne. Car on ne travaille jamais que pour les enfants. Et les deux grandes ne marchent que pour la petite » (Charles Péguy).