Tu as raison = tes raisons

Histoire juive : deux personnes en litige plaident leur cause devant le rabbi.
Après que le premier ait parlé, le rabbi lui dit : « Tu as raison ».
Après que le deuxième se soit exprimé, le rabbi lui dit aussi: «Tu as raison».
Un des élèves du Rabbi s’exclame : « Rabbi, il n’est pas possible que les deux aient raison ». Alors le rabbi, après un moment de réflexion : « C’est vrai, toi aussi, tu as raison ».

Distinguer soigneusement la vérité subjective des personnes où chacune a raison, sans que l’autre ait tort, de la vérité objective de la situation (que personne n’a le droit à s’approprier, que seul le groupe peut définir de manière juste). La vérité subjective des personnes évolue sur la planète de la communication vraie, sincère, authentique, où chacun.e a ses raisons, goûts, perceptions, vécus, valeurs propres…

Mettre mon chapeau

Voici un point-clé de la formation de base que je propose.

Derrière toute parole sur l’autre,
il y a une parole de moi.
Derrière toute parole ‘tu’ qui tue,
il y a un besoin non satisfait qui mérite d’être accueilli en ‘je’.

Quand monte en moi une parole-poison dirigée vers l’autre,
il est crucial de vivre un U-turn, de revenir à moi,
de mettre mon chapeau (càd lâcher l’autre et diriger mon attention vers ce qui est atteint en moi pour en prendre soin)
de descendre de la tête au coeur jusqu’à mes tripes,
pour aller rencontrer ce qui ne vit pas en moi
et lui offrir une présence telle que finalement,
cela se remet à vibrer et à vivre en moi…
Il est essentiel de s’abstenir de partager à l’autre
tant que je suis plein du jugement ou reproche
qui m’empoisonne et qui, s’il est dit tout haut,
va empoisonner la relation (et l’autre s’il n’a pas
appris non plus la CNV)…

Je ne reviens à l’autre que quand il  y a de l’espace
en moi pour accueillir et m’intéresser à son monde,
du fait que je suis au clair avec le vécu qui
m’appartient (triste, déçu, etc.) relié
à mon manque (verre à moitié vide)
= mon besoin (verre à moitié plein),
ce qui compte pour moi, ce qui me motive
= mes intentions et fondements profonds,
ce qui me donne des élans de vie et de joie, et
que je pourrai partager sereinement, au bon moment.

Cf. Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p. 197 et sq.

Se perdre dans trop de souple & ‘in’

« “Une existence sans conflit est une existence d’avare” (René Spitz, psychiatre). L’absence de conflits n’est pas un signe de bonne santé. Un couple qui ne se dispute jamais est souvent malade de ne plus rien avoir à se dire. Le dicton populaire le dit : “Un couple sans histoires est un couple qui n’a pas d’histoire”. Et l’absence de mauvaises herbes ne veut pas nécessairement dire la présence d’un froment à la tige droite, à l’épi lourd de grains. Un groupe est d’autant plus solide qu’il a appris à gérer ses divergences, pas à les éviter, ni à avancer comme des rails de chemin de fer : en parallèle, chacun sur son propre rail.

Le Père Léon (l’Abbé Pierre belge), fondateur de La Poudrière, une communauté de vie à Bruxelles proche d’Emmaüs, faisait remarquer : “Les relations humaines, ce ne sera pas facile. Il y aura des ennuis. Mais par ailleurs, combien de gens pour ne pas avoir d’ennuis, s’ennuient à mort !”. Une relation superficielle ou ennuyeuse est le prix que nous payons de notre manque de vérité. Il ne faut pas confondre désaccord et désamour.

“Si tu veux grandir, use-toi contre tes litiges, ils conduisent vers Dieu. C’est la seule route qui soit au monde” (Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle).

La règle d’or de la communication est qu’au sein de notre groupe, chacun puisse dire ce qu’il vit mal à la bonne personne, 2) au bon endroit et 3) au bon moment. Pour autant que soit posé et garanti en son sein un cadre régulier et privilégié de dialogue, tout groupe dispose des ressources pour s’auto-réguler et régler ses problèmes » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain, p. 31-33).

Brouiller le modèle de relation duale prédateur / proie

Moins je me comporte en proie apeurée, moins je risque de finir en chair à pâtée dans la gueule du lion !  

Plus je brouille le modèle de relation duale prédateur / proie, moins le molosse qui court vers moi fera son métier.

Moins je donne les réponses attendues d’une proie, plus je fais dérailler le scénario classique.

Personnellement, j’adore avancer résolument vers le molosse, en poussant les cris tonitruants de ma ménagerie intérieure (éléphant, singe et le plus efficace étant le coq)…

Pour approfondir la corrélation entre passivité et violence et ce qui permet de sortir d’une relation victime / agresseur, lire mon article :

Session de gestion des conflits sur le plan sociopolitique

Encore quelques places au séminaire que j’anime ce WE (à Maurice),
où nous travaillerons particulièrement le « communalisme »,
nos réflexes communautaires lor nou ti zil la,
à partir d’un point de vue tout différent que d’habitude…

Bienvenue, vou zot tou.
Plus il y aura de la diversité entre nous, mieux ce sera.

Une méthode pour faire tomber une injustice

Encore quelques places au séminaire que j’anime ce WE (à Maurice),
où nous travaillerons particulièrement le « communalisme »,
nos réflexes communautaires lor nou ti zil la,
à partir d’un point de vue tout différent que d’habitude…

Bienvenue, vou zot tou.

Plus il y aura de la diversité entre nous, mieux ce sera.

Don’t fall into the trap of those who want to separate you

Piece from my book Le nouveau paradigme de non-violence, p. 219 :

In Poland, the KOR (Komitet Obrony Robotników, Workers’ Defense Committee) and the Solidarnosc movement did not fall into the trap of the Soviet leaders, who expected violence from the Polish trade union and even sought to provoke it, in order to legitimize the dispatch of tanks massed at the border, whose orders were to crush the rebellion. After General Jaruzelski’s coup de force in December 1981, the official press of the Polish People’s Republic called Lech Walesa and the Solidarnosc activists « terrorists », but nobody was fooled about the origin of the terror.  The entire art of the resistance was to fight in indirect confrontation, avoiding the mistakes of the spontaneous, open-air Budapest uprising of 1956.  In the underground, for many long years, it was necessary to organize civil society, build citizens’ power, create solidarity, without ever offering the slightest pretext to justify the intervention of the forces of law and order of the Pax Sovietica. « If totalitarian power is perfectly armed to crush any violent revolt, it is largely helpless to confront the non-violent resistance of an entire people who have freed themselves from fear.[…] Thus, non-violence, that doctrinaire minds profess plays into the hands of totalitarian regimes, actually proves to be the most appropriate way of combating them » (Muller Jean-Marie, La nouvelle donne de la paix, 1992).

Don’t fall into the trap of the dominant

One Saturday evening, I’m sitting with three friends in a pub. At the counter, some U.S. Navy sailors are heckling each other, enjoying their shore leave. One of them, particularly muscular, is provoking some rough housing. He obviously needs to let off some steam. It’s clear he wants to fight. After half an hour, he comes up to us and insults our Belgian mothers, hoping for a gutsy response to finally start a fight. I’d seen the provocation coming and was well aware that I mustn’t let him draw me into his game, in which he’s the strongest. I rose to my feet, and began leading my friends and the other merrymakers in the pub in a popular local song and an exuberant dance that included all the sailors: a boisterous round dance, in true local fashion! 

Cheers! Let’s drink together,
without letting the aggressor profit from his violence,
by inventing a way out of conflict!

Partir de ta vérité

Un stratège dans une négociation, sait parler à partir de la vérité à laquelle est sensible son interlocuteur, tout en ayant bien à l’esprit son propre objectif.

Exemple :
Jacob, un juif russe, a finalement été autorisé à émigrer en Israël.
À l’aéroport de Moscou, un inspecteur des douanes a trouvé une statue de Lénine dans ses bagages et a demandé : « Qu’est-ce que c’est ? »
« Mauvaise question, camarade », répondit Jacob.
« La bonne question est « qui est-ce ? » : c’est le camarade Lénine.
Il a jeté les bases du socialisme et a créé la prospérité future du peuple russe.
Je l’emporte avec moi en souvenir de notre grand héros. »
Le douanier russe l’a laissé aller.

À l’aéroport de Tel-Aviv, un douanier israélien a demandé à Jacob : « Qu’est-ce que c’est ? »  
« Mauvaise question, Monsieur. La bonne question est « qui est-ce ? »  ?
C’est Lénine, le bâtard qui m’a poussé, moi, un Juif, à quitter la Russie dans la honte. Je prends cette statue comme un rappel pour le maudire tous les jours. »
Le responsable israélien l’a laissé entrer.

Dans sa nouvelle maison à Tel-Aviv, Jacob a placé la statue sur une table.
Le lendemain soir, il a invité des amis et des parents à dîner pour fêter sa nouvelle installation. Repérant la statue, l’un de ses cousins a demandé : «  Qui est-ce ? »
« Mauvaise question … La bonne question est « qu’est-ce que c’est ? »
« Il s’agit de cinq kilogrammes d’or massif que j’ai réussi à ramener de Russie sans avoir à payer de droits de douane ni de taxes. »

Pour approfondir l’interaction emmêlée du manipulateur et du manipulé,
voir mon livre La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits,
Presses Universitaires de Louvain P.U.L., p. 135 (plus largement, p. 131 à 146).

Pour bien vivre ensemble, avec la méthode C-R-I-T-E-R-E

Pour bien vivre ensemble, deux personnes gagnent à s’offrir régulièrement des temps d’écoute, telle que chacune se sente entendue et validée dans ce qu’elle vit et dans ce qu’elle trouve important.
Un tel temps de qualité où elles se connectent ensemble aux trésors de l’une puis de l’autre (à ce qui la fait vivre et vibrer au plus profond d’elle-même) est à vivre à un moment différent que les temps où elles cherchent ensemble à prendre les meilleures décisions pour le vivre-ensemble et autres…
Le premier temps relève de la communication vraie, sincère, authentique, il requiert des compétences d’intelligence émotionnelle, d’empathie.
Les temps aboutissant à un accord requièrent des compétences de négociation efficace (créativité pour optimiser la meilleure décision possible), au sein d’un cadre de droit ajusté (justice et justesse, débarrassées des jeux de pouvoir).  
Ces pistes ramassent la méthode C-R-I-T-E-R-E que j’ai forgée… Cf. Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, disponible en français et en anglais et les sessions organisées par le réseau CommunicActions (www.communicactions.eu et www.communicactions.org).