Vue panoramique des Alpes

Je participe à une session IFS à La Rouvraie, en Suisse. Ma chambre a vue sur le lac de Neuchâtel et, derrière lui, sur tout son long, s’alignent des monts enneigés de la chaîne alpine, dont sa Majesté, le Mont Blanc, qui culmine à 4808 mètres. Ils sont 72, d’après les noms fournis par la plaque « panorama des Alpes » : la cour des grands !

6 heures et quelques, un chocolat bien chaud à la main et dans la gorge, quel bonheur de prendre part à cette liturgie en l’honneur de Sire, Soleil levant. Merci pour ces laudes de lumière, oiseaux aux gazouillis de feu, montagnes dans les airs, lac et mer sortis des Jupes-y-terre. À tout seigneur, tout honneur : les rayons de soleil touchent d’abord la couronne et la tête du Mont Blanc. Dans le même temps qu’ils le font frissonner de haut en bas, ils répandent leur chaleur dorée à la Cour royale : tous ces grands sages immobiles qui l’entourent, encore tout ennoblis par leur manteau blanc au point d’ignorer royalement les signaux de vie qui viennent du peuple en bas, enivré par les parfums de printemps qui se répandent, en cette fin mars, partout autour du lac… Vivent les basses-cours dont la vie bêle, des poubelles (courtisées par tant de bêtes à ailes) aux plus belles (courtisées par tant de bêta-L Lambda) ! Lamb da / oui : bientôt Pâques, l’exécution de l’Agneau, ayo…

Les frissons du bonheur dans les premières lueurs

« Je donnerais toutes les suites du Carlton pour un bivouac et un feu de bois sec, pour de l’eau fraîche au creux des mains à faire ruisseler sur le torse nu, pour les frissons du bonheur aux premières lueurs » (Bernard Giraudeau, Les Dames de nage, 2009).

Je ne me lasse pas de méditer à partir des dernières images du télescope James Webb, dont 2 reprises ci-dessous.

Le panenthéisme

À la différence du panthéisme, dans lequel Dieu est tout et tout est dieu, les monothéismes distinguent fondamentalement le Créateur et ses créatures. Et plus une théologie met l’accent sur la dimension transcendante de Dieu, plus les Cieux résonnent loin dans le « Notre Père qui es aux cieux ». Michel Maxime Egger, porteur d’une écospiritualité, souligne les risques de ce dualisme dans notre rapport à la nature : plus la sphère divine est séparée de la nature, plus cette dernière risque d’être réduite à de la matière désenchantée et exploitable à merci. Et, en bon orthodoxe, il rappelle une notion de sa Tradition : le panenthéisme. « Pan en Theos » en grec = « Dieu en tout » et « tout en Dieu ». « Dieu est dans l’univers, l’univers est en Dieu » (Grégoire Palamas) consonne avec le pape François : « L’univers se déploie en Dieu qui le remplit tout entier » (Laudato si). La nature est le lieu de sa Présence : la bonne voie selon le suisse Egger pour réenchanter notre relation au vivant…
Gens du nord, je nous souhaite de bons émerveillements devant les paysages givrés magnifiques ! Je vous le susurre à la manière des abeilles : par e-miel !?

Mère nourricière et dévorante

« La figure mythique de la mère nourricière est toujours doublée, dès son origine, de cette autre figure de la mère dévorante ou de la mère-mort. C’est une donnée bien connue de l’histoire des religions que presque toutes les déesses nourricières sont aussi des ogresses qui dévorent leurs enfants ou menacent d’engloutir l’humanité. Le mythe de la Déesse lunaire est d’une certaine façon le mythe générique de ces mères dévorantes. Les divinités lunaires, qu’il s’agisse des Grandes Déesses (Cybèle, Déméter, Kali, Isis ou Isthar) ou de la multitude des succubes anonymes que l’on rencontre sous toutes les latitudes ou simplement des ogresses mises en scène dans les contes, toutes représentent non seulement le lien nourricier (bénéfique et maléfique) mais également le rapport de l’humanité avec le monde des morts. Selon les mythes, c’est par l’intervention originelle de cette divinité que la mort est entrée dans le monde. C’est par la déesse et par les sacrifices qu’elle exige que la mort se perpétue dans la vie, c’est elle encore qui, sous diverses figures d’animaux charognards (louve, chien, corneille, etc.) dévore les défunts. C’est aussi la cuisinière des enfers qui engloutit ses victimes dans l’immense chaudron des sorcières, en particulier dans les cultures celtiques. Cette essence dévorante de la figure maternelle est diversement interprétée. Elle est parfois simplement associée à l’ambivalence inexplicable du sacré elle-même rapportée, en ce qui concerne la féminité, à l’ambivalence de la nature : comme la Terre nourrit et protège, puis ensevelit ou détruit, la Mère serait tour à tour bénéfique et maléfique. L’interprétation jungienne intègre davantage, quant à elle, l’ambivalence puisqu’elle associe la mère nourricière-dévorante à la première phase fusionnelle de l’humanité (ou de l’individu) qui doit être scindée et dépassée » (Anne-Laure Bucher, Engendrer, nourrir, dévorer: les fonctions symboliques de la féminité).

« C’est la terre que je chanterai, mère universelle aux solides assises, aïeule vénérable qui nourrit sur son sol tout ce qui existe….» (Hymne homérique «À la Terre»).

Le pouvoir de choisir où je mets mon attention

J’ai la liberté de choisir
où je mets mon attention et mon énergie.
J’ai le pouvoir de laisser aller
les choses qui me bloquent…
Plutôt que d’y réagir,
je peux regarder ce qui me fait vivre.
J’apprends lentement à me centrer
sur ce qui se passe en moi
plutôt qu’autour de moi,
là où ça vibre et palpite de la Vie
même de l’Amour Infini.
Et je m’en porte d’autant mieux…
Quel cadeau extraordinaire
que ce pouvoir de choisir
où je mets mon attention.

Solide ancrage en terre

Alerte et tranquille,
sans besoin de fil,
elle vole en dansant.
Elle danse en fêtant !

Cet avènement tant attendu,
elle se prépare sans retenue,
parée de sa plus belle tenue,
celle de la terre et son contenu.

Jouer avec l équilibre,
tel est son fardeau.
Dans une harmonie libre,
son choix sera notre lot.

Ses vieilles étoffes délavées
s’évaporent dans l’espace
sans laisser de traces…
Le cycle suivant est ainsi achevé !

Franck Rosseeuw, Le voile de Gaia.

Cosmo-politesse !

« Je suis apte à l’émerveillement. Je veux toujours voir apparaître le soleil à travers les arbres » (Olivier de Kersauson).

Bien plus que nous indigner de la crise écologique, nous avons notamment à surmonter ce qui est à son origine : la crise de notre relation au vivant. Dans Manières d’être vivant, Baptiste Morizot parle de politiser l’émerveillement, en propageant une forme de cosmo-politesse, sorte de diplomatie fine d’égards pour chaque être vivant. Apprendre à se sentir vivants, au point de s’aimer comme vivants. Déployer des politiques d’interdépendances, dans la cohabitation et le respect des altérités.

Explosion de vie en disant oui au Don infini

Pendant cet ‘Intensif QUI SUIS-JE’, je suis cet enfant tout joyeux de déballer son cadeau, comme à Noël.  Surprise, à l’intérieur, encore un cadeau. Oui, mais il est plus petit ! Surprise, à l’intérieur, encore un cadeau. Et ainsi de suite… Devant les cadeaux de plus en plus petits, voici l’enfant déconfit…, jusqu’à la vérité toute simple que l’Amour infini EST le cadeau et qu’Il souhaite ne faire qu’UN avec moi. Il veut être tout en moi et moi tout en Lui. Il n’y a rien à déballer, sinon de me recevoir tout entier comme cadeau, en Le laissant être Cadeau en moi.

À mon premier Intensif, à la première dyade du troisième jour, j’étais cet enfant tout curieux de creuser là où la source jaillit, pour voir d’où elle vient. Et il avait beau creuser, le mystère du jaillissement se creusait avec lui, comme notre ombre qui nous suit fidèlement, simplement. J’étais proche de n’être plus qu’un avec la Source mais je restais là, dans l’apparente humilité de me sentir créature ; je ne suis pas Dieu… jusqu’à ce que jaillisse la générosité de Dieu qui ne demande pas mieux que d’être tout en moi et moi tout en lui. Le cadeau n’est rien d’autre que tout moi et tout Lui qui ne font plus qu’Un. Explosion de vie qui se communique partout en moi, jusque dans les moindres recoins, jusqu’aux cellules les plus lointaines aux bouts de mes extrémités. C’est dans cette prodigieuse simplicité-là que réside la véritable humilité de l’enfant tout confiant et tout réceptif au Don infini, qu’ont peine à concevoir les sages et les savants…

Voyager dans son propre être

« À chaque instant, la porte peut s’ouvrir sur ton destin et, par les yeux de n’importe quel mendiant, il peut se faire que le ciel te regarde » (Christiane Singer).

« Le chemin ne mène pas vers une destination,
il relie plus profondément à la Présence » (Jeff Foster).

« Être heureux n’est pas un destin, c’est une aventure pour ceux qui savent voyager dans leur propre être » (Pape François).