Apprivoiser ?

« L’amour est un oiseau rebelle
que nul ne peut apprivoiser.
Et c’est bien en vain qu’on l’appelle
s’il lui convient de refuser »
(Henri Meilhac).

« Dieu tel l’animal que l’on tente d’apprivoiser,
qui toujours rompt la longe
par laquelle on tente de le domestiquer,
regagnant les contrées sauvages,
inaccessibles à qui a perdu l’innocence »
(Edouard Brasey).

Le discours à Ratisbonne de Benoît XVI

« Dans son discours à Ratisbonne, Benoît XVI poursuit
I. une double thèse : 1) La foi va intrinsèquement de pair avec la non-violence,
la liberté et le respect. 2) La foi va intrinsèquement de pair avec l’ample raison.
II. Une double antithèse qui interpelle d’abord l’Islam, ensuite l’Occident :
1) Les actuelles violences religieuses proviennent d’un fidéisme (une foi trop peu nourrie par la raison) qui réduit Dieu à une Volonté Tout Puissante.
2) L’actuelle domination de la raison positiviste provient d’un rationalisme athée qui exclut la démarche religieuse. Ces deux pathologies sont dangereuses et bloquent le dialogue entre les cultures et les religions de notre monde.
III. Une double synthèse qui lance un appel d’abord à l’Islam, ensuite à l’Occident: 1) Un vrai dialogue basé sur la raison et la responsabilité nécessite que toutes les parties  acceptent les règles d’un débat à la fois respectueux et critique. 2) L’Europe laïque doit reconnaître ses racines chrétiennes et accepter un dialogue avec les religions en leur donnant une place, un droit de parole et de pensée » (extrait de l’article d’Étienne Chomé, Non-violence, liberté de la foi et respect de la personne. Comprendre ce qu’a dit Benoît XVI à Ratisbonne, paru dans la revue La Voix de Saint-Paul, éditée à Fribourg, en Suisse, juillet 2007 ).

Voici l’article entier :

L’amour qui vient de Dieu

« … Il y a un amour plus grand, un amour qui vient de Dieu et qui est dirigé vers Dieu, qui nous pousse à aimer Dieu, à devenir ses amis, et qui nous permet d’aimer notre prochain comme Dieu l’aime, avec le désir de partager l’amitié avec Dieu. Cet amour, à cause du Christ, nous pousse là où humainement nous n’irions pas : c’est l’amour pour les pauvres, pour celui qui n’est pas aimable, pour celui qui ne nous aime pas et n’est pas reconnaissant. C’est l’amour pour ce que personne n’aimerait, même pour l’ennemi. Même pour l’ennemi. Cet amour est  » théologal », c’est-à-dire qu’il vient de Dieu, il est l’œuvre de l’Esprit Saint en nous.
[…] L’amour chrétien embrasse ce qui n’est pas aimable, offre le pardon
– comme il est difficile de pardonner ! Que d’amour il faut pour pardonner ! –, l’amour chrétien bénit ceux qui maudissent, alors que nous sommes habitués, face à une insulte ou à une malédiction, à répondre par une autre insulte, par une autre malédiction. C’est un amour si audacieux qu’il semble presque impossible, et pourtant c’est la seule chose qui restera de nous. L’amour est la « porte étroite » par laquelle nous devons passer pour entrer dans le Royaume de Dieu. Parce qu’au soir de la vie, nous ne serons pas jugés sur l’amour générique, mais nous serons jugés précisément sur la charité, sur l’amour que nous avons reçu concrètement » (Pape François, Audience générale du 15 mai sur la vertu théologale de la charité :

https://www.osservatoreromano.va/fr/news/2024-05/fra-020/la-porte-etroite-de-l-amour-qui-embrasse-et-pardonne-meme-les-en.html

).

Bonté pas tombé

« En 1986, lorsque je me suis éveillée à la réalité, j’ai pris conscience que toute ma souffrance découlait du fait que je me disputais avec ce qui est.
Je vivais dans une profonde dépression depuis de nombreuses années et je rendais le monde responsable de tous mes problèmes. J’ai alors compris que ma dépression n’avait rien à voir avec le monde qui m’entourait ; elle était provoquée par ce que je croyais à propos du monde. J’ai réalisé que je souffrais quand je croyais mes pensées, mais que je ne souffrais pas quand je ne les croyais pas, et que cela est vrai pour tout être humain. La liberté est aussi simple que cela » (Byron Katie).

il est île, elle est ailes

« Et ces deux âmes s’envolèrent ensemble,
l’ombre de l’une mêlée à la lumière de l’autre »
et vice-versa… (Victor Hugo).

« « Femme » est le mot le plus noble qu’on puisse
attribuer à l’âme, bien plus noble que vierge.
Que l’être humain accueille Dieu en soi,
c’est bien, et dans cet accueil, il est vierge.
Mais que Dieu devienne en lui fécond,
c’est mieux » (Maître Eckhart).

Expérimenter l’Amour inconditionnel et infini

Je viens d’avoir mon 59ème anniversaire qui m’a permis de me reconnecter à l’expérience fondatrice de ma vie. J’allais sur mes 15 ans quand j’ai fait l’expérience d’être aimé d’un Amour d’une telle Présence gratuitement généreuse que ce moment reste le plus important de ma vie. L’expérience de cet Amour inconditionnel et infini est le roc de ma vie, la source de ma joie.

Vivre, c’est dire merci pour cette Source surabondante et inépuisable à laquelle est naturellement connectée la fine pointe de mon être : mon âme, le cœur de mon cœur… Gratitude éternelle !

Lumière reçue avant d’être donnée

Accueillir et offrir le bon air de la vie, aussi simplement que mes poumons inspirent et expirent (avec ou sans ma conscience). Recevoir et donner aussi simplement qu’un robinet donne l’eau qu’il reçoit, sans autre effort que d’être branché à la source…

« Vous ne pouvez pas davantage changer le passé que modifier la scène que dépeint un vitrail. En revanche, par votre patient travail intérieur, vous pouvez un jour faire jaillir intérieurement une lumière qui en transfigurera jusqu’aux instants les plus sombres et difficiles. Les faits resteront les mêmes, mais il se dégagera d’eux un éclat qui en justifiera rétrospectivement jusqu’au moindre détail. Seule la forme du passé est figée à jamais comme le verre ; à tout moment, votre conscience présente peut l’illuminer, en révéler la beauté insoupçonnée et en faire surgir un sens aussi lumineux que le diamant dissimulé dans la noirceur du charbon » (Olivier Clerc, Graines de sens).

Mes voiles, qu’est-ce que tu me les gonfles…

« Ce qui me permet de suivre aujourd’hui Jésus comme un Maître, c’est précisément qu’il ne promet pas l’évitement du risque.
C’est ce crédit qu’il accorde au réel, sa plongée inconditionnelle dans la complexité du monde et de l’âme humaine, sans tenter de nous y soustraire, de la résoudre ou de la contourner. Voilà les seules paroles qui puissent me toucher, me rejoindre.
Vivre la paix d’une bénédiction originelle pour ne pas céder aux tranquillités qui nous privent de la grâce de savoir être dérangés »
(Marion Muller-Colard, L’intranquillité).

Cf. aussi https://etiennechome.site/pour-que-ou-parce-que/

La pugnacité du vivant à laquelle Il m’invite à participer

« Fâchée avec mon Dieu imaginaire qui avait rompu sans préavis mon contrat inconscient de protection, je manquais de secours spirituel. Je ne trouvais pas de prière qui puisse être autre chose qu’une immense contradiction, une négociation régressive avec la peau morte d’un Dieu qui ne tenait pas.

Pourtant, lorsque je caressais, du bout des doigts, le visage bleu et enflé de cet enfant presque étranger, dans le roulis devenu rassurant de l’oxygène qui lui parvenait machinalement, j’étais parfois saisie par une sérénité démente. Il arrive que l’impuissance ouvre sur des paysages singuliers.

La détresse m’avait dilatée et, en quelque sorte, elle avait élargi ma surface d’échange avec la vie. Et près de ce petit corps, se superposait à ma supplication muette pour qu’il vive, la conviction profonde que, ‘quoi qu’il arrive’, ce qui était incroyable et sublime, c’était qu’il fût né. Et que cela, jamais, ne pourrait être retiré à quiconque. Ni à lui, ni à moi, ni au monde, ni à l’histoire.

Je mis du temps à comprendre que cette clairvoyance fulgurante était peut-être la première véritable prière de ma vie.

[…] En dépit des relents de superstition qui me saisissent parfois, en dépit de mon petit négoce intérieur qui n’en finira jamais tout à fait de marchander avec un Dieu imaginaire, j’ai entrevu un Autre Dieu qui ne se porte pas garant de ma sécurité, mais de la pugnacité du vivant à laquelle il m’invite à participer » (Marion Muller-Colard, L’autre Dieu).

Pour creuser : https://etiennechome.site/pour-que-ou-parce-que/

La grâce ne s’évente

« La grâce est l’une de ces astuces de Dieu, qui fait dire oui sans qu’on sache à quoi on acquiesce » (Marion Muller-Colard, L’intranquillité).

« Pourquoi me définir alors comme agnostique ? Parce que je crois en Dieu, mais je sonde chaque jour un peu plus à quel point je n’ai pas la connaissance de ce Dieu en qui je crois. Et grande sera ma surprise, j’en suis sûre, s’il m’est donné un jour de voir se démêler sous mes yeux la part de Dieu et la part du Diable. S’il m’est donné un jour non plus de pressentir la Grandeur, mais de la connaître – de renaître avec elle » (Marion Muller-Colard, L’autre Dieu).