Débordés par les préparatifs des funérailles

Ma grande amie vient de perdre son papa. Elle me partage sa souffrance d’être débordée par les préparatifs des funérailles, sans avoir le temps d’accueillir vraiment la foule des messages honorant la mémoire de son papa. Tant de témoignages affluent, qui méritent d’être médités, digérés ; ce sera pour plus tard, Pour l’heure, elle ne retient que les éléments qui serviront la cérémonie.

Son papa lui manque déjà tant, et pourtant l’espace et le temps se sont à ce point réduits qu’il ne reste à la vie qu’un étroit goulot d’étranglement : survivre à ses tourbillons, voilà tout ce qui reste au survivant, pour l’heure.

Le deuil a commencé mais c’est bien après cette mobilisation générale à l’annonce du décès que se vivront ses étapes les plus délicates, Je souhaite alors à mon âme-mie la simplicité et la confiance de laisser sa tristesse la prendre par la main : elle a pour rôle de lui faire traverser le ravin de la mort en survivante, de lui montrer la nouvelle vie qui s’ouvre à elle, dans le creux de cette perte.

L’eau-tonne monotone

Moi, j’ai les bleus quand il pleut
Il m’semble que j’rouille quand y’mouille
Je m’sens monotone quand l’eau-tonne est à l’envers
Quand il neige l’hiver
 
Chuis aux oiseaux quand y fait beau
Je reprends mes ailes quand ça dégèle
Faut bien que j’m’endure
Je suis la température
 
Je m’sens monotone quand l’eau-tonne
Mais je prends mon temps
Oui, je m’sens monotone quand l’eau-tonne est de bon humeur
Quand j’ai des chaleurs
 
Chuis pas le bon Dieu
Ch’fais l’temps que j’peux
Tant pis tant mieux
Je m’sens pluvieux 

Chanson L’eau tonne par Morse Code

L’automne déséquilibre . . . * * * . . .*** … les feuilles en chute libre

« L’eau tonne, ainsi va la vie, avec son grain de folie.
Les bras m’en tombent, le temps perd ses feuilles, l’air est gris.

Moi, j’avance, emporté par l’espoir, sur le chemin des envies.
L’amour enraciné dans l’âme, j’attends de goûter ses fruits.

Toujours le vent en poupe sur le cœur coloré et fleuri,
je regarde droit devant, fier comme un tronc sur un sol jauni.

L’ombre finira par accoucher d’un éclair dans son doux nid.
Et je grandirai à nouveau sous un soleil riant sur la prairie.

J’entends déjà la musique envoûtante de la nature sur son lit.
Je renais de mes méandres, le bonheur nu s’envole vers l’infini »
(lu sur la page FB de Petit Nuage, L’eau tonne).

2 novembre

« L’automne est un deuxième printemps où chaque feuille est une fleur » (Albert Camus).

« Il y a des fleurs partout pour qui veut bien les voir » (Henri Matisse).

Les vivants ferment les yeux des morts, les morts ouvrent ceux des vivants. Ce 2 novembre, à partir de la Toussaint, nous recueillons l’héritage de ceux qui nous ont précédés :

https://www.rcf.fr/articles/actualite/les-vivants-ferment-les-yeux-des-morts-les-morts-ouvrent-les-yeux-des-vivants

L’humusation

Donner la vie après sa mort en régénérant la terre : se faire enterrer à même la terre. L’humusation est un processus contrôlé de transformation des corps humains par les micro-organismes, qui sont présents uniquement dans les premiers cm du sol, dans un compost de broyats de bois d’élagage, qui transforme, en 12 mois, les dépouilles mortelles en humus sain et fertile. Écologiquement et économiquement, l’humusation est une solution bien meilleure que l’enterrement et l’incinération pour permettre à nos corps, en fin de vie, de suivre le cycle complet de transformation en douceur.
Cf. https://www.humusation.org/.

« Bientôt, nous plongerons dans les froides ténèbres.
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres
le bois retentissant sur le pavé des cours.
Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère,
haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé.
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
mon cœur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.
J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe.
L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe,
sous les coups du bélier infatigable et lourd.
II me semble, bercé par ce choc monotone,
qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? C’était hier l’été ; voici l’automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ »
(Charles BAUDELAIRE, Spleen et Idéal, 1857).

L’heure de la mort = un crible qui retient l’essentiel

L’heure de la mort  tamise ce que tu as vécu.

 Ne traverse le portail que l’amour échangé.

C’est le temps de lâcher ce que tu as bloqué,

c’est le temps d’emporter ce que tu as donné.

surtout de découvrir ce que tu as reçu,

bien au-delà de ce que tu avais perçu.

« La mort est le plus grand de tous les maîtres.
Plus grand que toutes les philosophies.
Plus vrai que toutes les religions.
La mort nous dépouille des mensonges, des faux-semblants.
La mort se moque de notre ressentiment. Elle consume notre avidité, notre rancune et nos griefs. La mort nous invite à être complètement présents, à lâcher prise, à pardonner, à nous rejoindre, sans histoire.
La mort nous fait comprendre que seul l’amour compte, que seul l’amour fait que la vie vaut la peine d’être vécue, et que tout le reste est poussière.
La mort est un portail impitoyable. Les richesses du monde ne peuvent rien contre elle. La haine ne peut lui survivre. Seul l’amour peut le franchir. Nous retournons à notre Vraie Nature.  Le cycle est terminé » (Jeff Foster).

L’amor trompe la mort

« Quand vient la mort,
tel l’ours affamé en automne,
Quand vient la mort

et qu’elle puise dans sa bourse
toutes ses pièces étincelantes pour m’acheter
puis referme cette bourse d’un coup sec…

Je veux passer cette porte,
emplie de curiosité en me demandant :
à quoi donc va ressembler cette demeure d’obscurité ?

C’est pourquoi je regarde toutes choses
comme une fraternité et une communauté…
Je pense à chaque vie comme à une fleur aussi commune
qu’un champ de marguerites et aussi remarquable.
Chaque corps est un lion de courage,
quelque chose de précieux pour la Terre.

Quand ce sera la fin, je veux pouvoir dire :
toute ma vie j’ai été l’épouse mariée à la stupeur ;
j’étais le marié prenant le monde dans mes bras »

(Mary Oliver).

Ce qui est né de la lumière retrouvera la pleine lumière

« La sainteté, c’est la force de Dieu dans la faiblesse de l’homme » (Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus).

« La vie des saints est à l’Évangile ce qu’une musique chantée est à une musique notée » (St François de Sales).

« Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? (1 Co 3,16). 
Ne savez-vous pas que votre corps / vos membres sont un temple du Saint-Esprit qui est en vous ? » (1 Co 6,19).

Halloween et les rites d’inversion carnavalesques

« Halloween est une fête d’origine celtique, qui souligne la fin d’un cycle agricole, le retour des troupeaux, le temps de la rentrée des termes : c’est un marqueur de la vie collective. La dimension communautaire de la soirée s’exprime à travers les rites d’inversion carnavalesques (représentations de saynètes ou charivaris – prétextes pour désigner les déviants ou pénétrer chez les puissants et obtenir d’eux argent, combustibles ou vivres) et les rites de commensalité qui s’ensuivent : repas, jeux et danses autour de feux. Par là, s’accomplit l’un des objets de la fête : le renforcement du lien qui unit tous les membres du groupe, que ce soient ceux de la maisonnée, du clan, du village, par delà les différences de statut, que ce soient également les vivants et les morts, remémorés et en somme accueillis au cours de la nuit… Bref, les rites d’Halloween soulignent les structures communautaires par leur mise en scène, leur représentation, leur effectuation dramatisée. Ils constituent ainsi une manière dont l’organisation sociale énonce, représente et ce faisant, assure sa cohésion et sa permanence » (Adrien Lherm, Les enjeux sociaux du rite : l’exemple de la fête d’Halloween, dans Hypothèses, 1998, p. 25).