Dites les Pays-Bas et non la Hollande

L’île Maurice était une île vierge de tout habitant jusqu’à ce qu’y débarquent en 1598 les Hollandais, dit-on. Les Hollandais ? Vous êtes sûrs ?
Voici quelques précisions.

Tant de gens parlent à tort de la Hollande pour désigner les Pays-Bas. Aujourd’hui, la province de Hollande-Septentrionale (avec Amsterdam) et la province de Hollande-Méridionale (avec Rotterdam) ne sont que deux des 12 provinces que comptent les Pays-Bas. C’est par métonymie, je dirais même plus par synecdoque que « Hollande » désigne l’ensemble des Pays-Bas.

{Métonymie : figure de style consistant à utiliser un mot pour signifier une idée distincte mais qui lui est associée.
Synecdoque : cas particulier de métonymie qui y ajoute une relation d’inclusion ou de dépendance entre le terme donné et le terme évoqué}.

C’est comme si on disait Île-de-France pour désigner toute la France…
Il s’agit des Pays-Bas et non de la Hollande donc.

Ce n’est pas fini. À proprement parler, étaient encore moins des Hollandais ceux qui débarquèrent en 1598 à l’île Maurice (avec leurs rats qui vont dévorer les œufs des dodos et condamner à l’extinction en moins de 80 ans ces gros palmipèdes indolents et ramollis par des millénaires de vie sans prédateurs, mais ça c’est une autre histoire, tout comme leur initiative d’y importer des cerfs de Java et de Bali (Indonésie)). Ces hommes en 1598 faisaient partie (et non « formaient partie » ; joyeux franglicisme mauricien) des « 17 Provinces-Unies », couvrant les actuels Belgique, Pays-Bas, Luxembourg ET nord de la France + des bouts Ouest d’Allemagne. C’est par la guerre de Trente Ans que les Provinces-Unies se sont affranchies de la monarchie espagnole. 1598 se situe au début de leur heure de gloire planétaire : grâce à un vaste empire colonial (la lucrative Compagnie néerlandaise des Indes orientales), elles ont été quelques décennies la première puissance mondiale, après le Portugal et l’Espagne et avant la France et la Grande-Bretagne (devenue Royaume-Uni en 1801)… Dans la fièvre de l’orgueil dégoulinant d’hubris et drapé dans de beaux projets civilisateurs, il y eut avant cela la Grèce puis longtemps l’Italie, et après cela, les États-Unis…  Et ensuite, la fin de la suprématie blanche ?

« La violence avec laquelle s’est affirmée la suprématie des valeurs blanches, l’agressivité qui a imprégné la confrontation victorieuse de ces valeurs avec les modes de vie ou de pensées des colonisés font que, par un juste retour des choses, le colonisé ricane quand on évoque devant lui ces valeurs » (Frantz Fanon, Les Damnés de la Terre).

Au temps des Gaulois, la Belgique allait jusqu’aux portes de Paris :