Il est là dans ton souffle

« Personne n’a une vie facile. Le seul fait d’être vivant nous porte immédiatement au plus difficile. Les liens que nous nouons dès la naissance, dès la première brûlure de l’âme au feu du souffle, ces liens sont immédiatement difficiles, inextricables, déchirants.

La vie n’est pas chose raisonnable. On ne peut, sauf à se mentir, la disposer devant soi sur plusieurs années comme une chose calme, un dessin d’architecte.

La vie n’est rien de prévisible ni d’arrangeant. Elle fond sur nous comme le fera plus tard la mort, elle est affaire de désir et le désir nous voue au déchirant et au contradictoire.

Ton génie est de t’accommoder une fois pour toute de tes contradictions, de ne rien gaspiller de tes forces à réduire ce qui ne peut l’être, ton génie est d’avancer dans la déchirure, ton génie c’est de traiter avec l’amour sans intermédiaire, d’égal à égal, et tant pis pour le reste. D’ailleurs quel reste ? » (Christian Bobin, La plus que vive).

« Je prends les ailes de l’aurore
et me pose au-delà des mers :
même là, ta main me conduit,
ta main droite me saisit.
J’avais dit : « Les ténèbres m’écrasent ! »
mais la nuit devient lumière autour de moi.
Même la ténèbre pour toi n’est pas ténèbre,
et la nuit comme le jour est lumière !

C’est toi qui as créé mes reins,
qui m’as tissé dans le sein de ma mère »
(Psaume 138/139, 9-13).

Solidarité pour plus de paix et de justice

Voici quelques morceaux extraits du message du pape François célébrant la journée mondiale de la paix, en ce 1er janvier 2023 :

Personne ne peut se sauver tout seul. […] Il a résulté de l’expérience de la Covid-19 une conscience plus forte qui invite chacun, peuples et nations, à remettre au centre le mot « ensemble ». En effet, c’est ensemble, dans la fraternité et la solidarité, que nous construisons la paix, que nous garantissons la justice et que nous surmontons les événements les plus douloureux. […] L’autre fléau : le virus de la guerre est certainement plus difficile à vaincre que ceux qui affectent l’organisme humain, car il ne vient pas de l’extérieur mais de l’intérieur, du cœur humain, corrompu par le péché (cf. Évangile de Marc 7, 17-23). […] Pensons à la lumière du bien commun, avec un sens communautaire c’est-à-dire comme un « nous » ouvert à la fraternité universelle. Nous ne pouvons pas continuer à nous protéger seulement nous-mêmes, mais il est temps de nous engager tous pour guérir notre société et notre planète, en créant les bases d’un monde plus juste et plus pacifique, effectivement engagé dans la poursuite d’un bien qui soit vraiment commun. […] Les nombreuses crises morales, sociales, politiques et économiques que nous vivons sont toutes interconnectées. Nous sommes appelés à relever les défis de notre monde, avec responsabilité et compassion, pour mettre fin aux conflits et aux guerres qui continuent à faire des victimes et à engendrer la pauvreté ; prendre soin, de manière concertée, de notre maison commune et mettre en œuvre des mesures claires et efficaces pour lutter contre le changement climatique ; combattre le virus des inégalités et garantir l’alimentation ainsi qu’un travail décent pour tous, en soutenant ceux qui n’ont pas même un salaire minimum et se trouvent en grande difficulté. Le scandale des peuples affamés nous blesse. Nous devons développer, avec des politiques appropriées, l’accueil et l’intégration, en particulier des migrants et de ceux qui vivent comme des rejetés dans nos sociétés. Ce n’est qu’en nous dépensant dans ces situations, avec un désir altruiste inspiré par l’amour infini et miséricordieux de Dieu, que nous pourrons construire un monde nouveau et contribuer à édifier le Royaume de Dieu qui est un Royaume d’amour, de justice et de paix. […] À tous les hommes et femmes de bonne volonté, je vous souhaite de construire, jour après jour en artisans de la paix, une bonne année !

Pêcheurs d’étoiles lèvent le voile

Une voix parcourt la terre,
Dieu s’approche dans la nuit ;
La semence de lumière
Donne enfin son fruit.

Voici l’heure du Royaume,
L’arbre mort a refleuri ;
Mais devant le Fils de l’homme,
Qui pourra tenir ?

À l’Orient son jour se lève,
Nul n’échappe à sa venue ;
Sa Parole comme un glaive
Met les cœurs à nu.

Seul le pauvre trouve grâce,
Seul le pauvre sait aimer :
Dieu l’invite à prendre place
Près du Fils aîné.

Et l’Agneau des sources vives,
Dieu fait chair en notre temps,
Chaque jour, sous d’humbles signes,
Vient à nos devants.

Offre-lui tes mains ouvertes,
Prends son corps livré pour toi ;
Son amour sera ta fête,
Donne-lui ta foi.

Marche encore vers la Ville
Où tes yeux verront l’Agneau,
Cherche en lui la route à suivre,
Viens au jour nouveau !

À entendre, chanté par les Sœurs de Pradines :
https://youtu.be/211yBAGdGJA !

Elles creusent en nous la terre de l’intériorité

« Jean Lavoué m’a rejoint dans ce que j’ai de plus humain, m’invitant à emprunter ce chemin intérieur où les mots dansent, où les mots sont pure poésie, cette voie intérieure qui nous unifie et nous humanise. Jean Lavoué m’a fait découvrir d’autres chercheurs en quête d’intériorité : Jean Grosjean, Charles Juliet, Jean Sullivan, Marcel Légaut ou encore Maurice Bellet. Il m’a convié à d’autres rencontres en liberté, qui creusent en nous la terre de l’intériorité, comme avec ces trois femmes juives : Etty Hillesum, Magda Hollander-Lafon, Christiane Singer. Les deux premières ont connu l’enfer des camps de concentration. Christiane a connu le cancer. Des femmes qui, malgré l’abîme à traverser, sont restées debout, pleinement humaines, pleinement libres, pleinement aimantes. Jusqu’au bout. Devenir soi, tout un poème ! Vous sentez les mots justes lorsqu’ils vibrent, vivent, irradient en vous, lorsqu’ils vous appellent à vivre. Jésus annonce la voie de l’intériorité, comme en  Jean 4,21 : ce n’est ni sur cette montagne, ni à Jérusalem, mais en chaque personne ouverte au Souffle qui la traverse que se donne à entendre la parole de Dieu » (Pascal Hubert, dont je me suis permis de raccourcir le témoignage, en allégeant la forme ça et là).

Bon Avent, c’est ! Bonnes avancées !

« Il est encore trop tôt pour savoir s’il est trop tard » (Pierre Dac).

« Laisser passer les nuits, les jours, les années, laisser danser nos vies, nos rêves, nos idées. Laisser tomber la pluie, les matins d’été et la neige, câlins d’hiver. Laisser le temps au temps » (Didier Barbelivien).

« Nankurunaisa » en japonais signifie « avec le temps, tout se règle ».

Explosion de vie en disant oui au Don infini

Pendant cet ‘Intensif QUI SUIS-JE’, je suis cet enfant tout joyeux de déballer son cadeau, comme à Noël.  Surprise, à l’intérieur, encore un cadeau. Oui, mais il est plus petit ! Surprise, à l’intérieur, encore un cadeau. Et ainsi de suite… Devant les cadeaux de plus en plus petits, voici l’enfant déconfit…, jusqu’à la vérité toute simple que l’Amour infini EST le cadeau et qu’Il souhaite ne faire qu’UN avec moi. Il veut être tout en moi et moi tout en Lui. Il n’y a rien à déballer, sinon de me recevoir tout entier comme cadeau, en Le laissant être Cadeau en moi.

À mon premier Intensif, à la première dyade du troisième jour, j’étais cet enfant tout curieux de creuser là où la source jaillit, pour voir d’où elle vient. Et il avait beau creuser, le mystère du jaillissement se creusait avec lui, comme notre ombre qui nous suit fidèlement, simplement. J’étais proche de n’être plus qu’un avec la Source mais je restais là, dans l’apparente humilité de me sentir créature ; je ne suis pas Dieu… jusqu’à ce que jaillisse la générosité de Dieu qui ne demande pas mieux que d’être tout en moi et moi tout en lui. Le cadeau n’est rien d’autre que tout moi et tout Lui qui ne font plus qu’Un. Explosion de vie qui se communique partout en moi, jusque dans les moindres recoins, jusqu’aux cellules les plus lointaines aux bouts de mes extrémités. C’est dans cette prodigieuse simplicité-là que réside la véritable humilité de l’enfant tout confiant et tout réceptif au Don infini, qu’ont peine à concevoir les sages et les savants…

Simples et purs comme un ruisseau . . . et disponibles comme une eau

Garde-nous tout petits devant ta face,
simples et purs comme un ruisseau.
Garde-nous tout petits devant nos frères
et disponibles comme une eau.

Les mains ouvertes devant toi, Seigneur,
Pour t’offrir le monde,
Les mains ouvertes devant toi, Seigneur,
Notre joie est profonde.

Garde-nous tout petits devant ta face,
simples et purs comme un ruisseau.
Garde-nous tout petits devant nos frères
et disponibles comme une eau.

Garde-nous tout petits devant ta face,
brûlants d´amour et pleins de joie.
Garde-nous tout petits parmi nos frères,
simples chemins devant leurs pas !

Garde-nous tout petits devant Ta Face,
comme la Vierge immaculée !
Garde-nous transparents à tous nos frères,
de l’amour qui l’a consumée.

Apprends-nous à chanter ton Évangile,
comme Marie auprès de Toi.
Comble de Ton Amour le cœur des pauvres ;
le cœur des riches, change-le.

Auteur : Odette Vercruysse

Résister sans riposter, sans rendre coup pour coup

 « La vraie trahison est de suivre le monde comme il va et d’employer l’esprit à le justifier » (Jean Guéhenno).

Le vrai courage est de résister à l’envahisseur par d’autres moyens que les siens. « On vous a dit : Œil anti œil et dent anti dent. Moi, je dis : Ne vous anti-posez pas » (Mt 5,38-39a) ; ἀντιστῆναι / antistènai est un terme militaire : se placer en face pour lutter, se dresser contre, s’opposer à, comme deux fronts d’armées se faisant face. Moi, je vous dis de ne pas jouer le jeu du méchant, de ne pas le laisser vous enfermer dans ce face-à-face. Moi, je vous dis de résister mais sans riposter, sans rendre coup pour coup, sans utiliser les mêmes armes que celui qui vous fait du mal. Suivent en Mt 5,39b-41 trois exemples incisifs qui mélangent subtilement bon droit et abus de pouvoir. À chaque fois, Jésus propose une initiative déroutante qui retourne le système injuste contre lui-même, ce qui a pour effet de le subvertir de l’intérieur. Cocktail détonant  qui concilie amour des personnes ET fermeté de la justice ET dynamique d’une sortie Win-Win par le haut.

Pays sages, oyez, oyez…

oui, Notre Dame . . . notre oui d’âme

« Vous avez porté, Vierge, digne princesse,
Jésus dont le règne n’a ni fin ni cesse.
Le Tout-Puissant, prenant notre faiblesse,
laissa les cieux et vint vers notre détresse,
offrir à la mort sa très chère jeunesse »
(François Villon, que j’ai légèrement retouché).

Photo : Alicia Keys, dans une robe
qui représente New York,
créée par Ralph Lauren.