Une belle présence dans une juste distance

« Se rencontrer, c’est apprécier la proximité à bonne distance. Pour être suffisamment proche de manière adéquate et aidante, il faut être suffisamment loin » (Jean Furtos, (D)oser la relation : entre « bonne distance » et juste présence, Congrès de l’Association Parole d’Enfants, 1 & 2 décembre 2014).

Pote au chaud

« Pourquoi la présence de certains hommes, de certaines femmes bien précis à mes côtés fait-elle se dilater le soleil dans mon sang ? » (Walt Whitman).

« Il n’y a pas d’étrangers ici ; seuls des amis que tu n’as pas encore rencontrés » (William Butler Yeats).

« L’amitié adoucit les douleurs et redouble les plaisirs » (Madeleine de Scudéry).

« Chaque fois que deux personnes se rencontrent, un monde nouveau est créé » (Osho).

S’enlacer sans lacer. S’en mêler sans s’emmêler…

Non, non, mon cœur n’est pas un feu couvert,
Un petit feu épris en un bois vert,
Qui meurt soudain, soudain on ne l’attise.
Le mien est prompt mêlé de soufre vif,
Qui jusqu’à l’os me consomme hâtif,
Et dont mon âme est follement éprise 
       Rémy Belleau  😉 Méli Mélo

« La seule chose qui puisse faire de l’amour un sentiment très beau, c’est la fidélité jusqu’à la mort » (André Maurois).

« — Monsieur Sacha Guitry, comment voyez-vous la vie amoureuse ?
— C’est très simple : on se veut et on s’enlace,
puis on se lasse et on s’en veut… »

T’aimer sans te posséder

Le conte de la montagne de la courge

Ce que je vais raconter arriva, il y a bien des années, si longtemps que personne ne sait plus dans quelle province et dans quelle contrée. On dit seulement qu’il existe encore au-dessus d’un lointain village, une montagne dont la forme rappelle celle d’une énorme courge. Et c’est ainsi qu’on la désigne d’ailleurs : la montagne de la courge.

On dit que jadis, une plaine semblable à toutes les autres s’étendait là. Et dans un village de cette contrée vivait un jeune homme du nom de Lieou Pa-yue. C’était un garçon travailleur au cœur simple et bon. Lieou-Pa-yue ne possédait rien. Son père avait eu jadis un petit bout de champ mais un fermier l’en avait dépossédé. Lieou-Pa-yue vivait donc de son travail. Il allait tout le jour durant ramasser du bois dans les montagnes et le rapportait au village. Il était vraiment si pauvre, n’ayant que sa chaumière et ses mains, qu’on l’avait surnommé Dénué.

Dénué cependant ne souffrait pas de son extrême pauvreté. Lorsqu’il avait le cœur gai, et il avait souvent le cœur gai, il jouait du pipeau qu’il s’était fabriqué lui-même dans une branche de bambou.

Un soir, Dénué rentra si fatigué qu’il s’endormit d’un sommeil très lourd. Et voilà que sa porte s’ouvrit et qu’un vieillard appuyé sur une canne entra dans sa chaumière, s’approcha du jeune homme et lui dit : « Je t’ai apporté une flûte enchantée, Dénué. Essaie de t’en servir du mieux que tu pourras. »

Et avant que le jeune homme fût revenu de sa surprise pour remercier le vieillard, celui-ci avait disparu. Dénué, à son réveil, crut avoir rêvé. Mais non ! N’avait-il pas à la main une belle flûte de bambou ? Il la porta aussitôt à sa bouche et siffla d’un air joyeux. La voix claire de la flûte lui réchauffa le cœur et il se sentit tout joyeux et léger.

Depuis lors, Dénué ne quittait jamais sa flûte et en jouait à tous ceux qui souhaitaient l’écouter. S’il jouait un air joyeux, la flûte riait tant et tant que les oiseaux se mettaient à sautiller sur les branches, les fourmis à battre la mesure de leurs antennes et les plus grincheux à rire. Pourtant, Dénué songeait parfois à sa solitude et à son dénuement. Alors sa flûte pleurait d’une voix si désolée que les fleurs refermaient leurs calices, que les oiseaux se taisaient et que les larmes vous montaient aux yeux.

Devant la chaumière de Dénué s’étendait la surface étincelante d’un étang bordé de saules. Le poisson abondait dans ses eaux limpides. Un soir, Dénué y aperçut des enfants qui jouaient au bord de l’eau. Le plus agile des garçons avait réussi à attraper un poisson et les autres battaient des mains en poussant des cris de joie. Dénué s’approcha et son cœur s’arrêta net. C’était une pauvre carpe qui se tortillait en happant désespérément l’air. « Laissez-la ! » s’écria Dénué. « Mais, protestèrent les garçons, nous sommes si contents de l’avoir attrapée. A moins, à moins, ajoutèrent-ils, que tu nous joues un air sur ta flûte. » Dénué prit la carpe et la rejeta à l’eau. Puis il prit sa flûte et en retira des sons si joyeux que les enfants oublièrent aussitôt leur poisson et se mirent à sauter et à danser.

Le lendemain matin, Dénué, comme à l’habitude, alla se laver dans l’étang. Et soudain les eaux se troublèrent et la carpe qu’il avait délivrée la veille sortit la tête. Elle tenait, dans sa gueule, une graine de courge. Elle nagea vers la berge, cracha la graine devant Dénué et disparut dans la profondeur des eaux.

Dénué était ravi. Il prit la graine et la planta devant sa chaumière. Peu de temps après, de fragiles feuilles sortirent de terre et, quelques jours plus tard, une belle fleur s’ouvrit. Dénué arrosait soigneusement la plante, il lui prépara un tuteur pour qu’elle puisse y grimper. La fleur se fana et la courge commença à grossir. Lorsque après quelques mois la courge fut mure, elle était si grosse que personne n’en avait jamais vu de pareille. On venait de loin pour la voir et Dénué était tout fier.

Par les chaudes soirées d’été, Dénué s’asseyait devant sa chaumière. Les nuits claires succédaient aux soirs et la courge se balançait lentement pendant que Dénué, appuyé contre la palissade, jouait longuement sur sa flûte en contemplant la lune. Et voilà qu’un soir, il lui sembla voir sortir de la courge l’ombre d’une jeune fille. Dénué se frotta les yeux, croyant avoir rêvé. Mais l’ombre ne s’évanouissait pas. Alors il se leva et s’approcha timidement. Près de la palissade, se tenait une toute jeune fille, belle comme une fleur de printemps, et qui lui souriait. Là où, un instant encore auparavant, se gonflait la courge, il ne restait plus, sur le sol, qu’une enveloppe flasque et verte.

« De quoi as-tu peur ? » dit doucement l’ombre. « Eh bien, approche! » « D’où viens-tu, ô fée ? » bredouilla Dénué saisi d’étonnement. « De quelle fée parles-tu? » reprit la voix chantante. « Je suis née d’une graine de courge. Je m’appelle Courgeline. Je te remercie de m’avoir si bien soignée. Si tu veux, je deviendrai ta femme. »

Dénué était fou de joie. Et tous les deux saluèrent la terre et le ciel dans la claire nuit d’été et célébrèrent ainsi leurs noces. Ils vécurent alors heureux dans la chaumière. Dénué tous les jours partait dans les montagnes ramasser du bois, et quand il rentrait à la maison, Courgeline l’attendait sur le seuil, le sourire aux lèvres.

Or il advint un jour qu’un serviteur impérial traversa le village. Il aperçut Courgeline dont la beauté le frappa d’étonnement. A son retour au palais, il parla de cette beauté avec tant d’enthousiasme que l’empereur ordonna aussitôt qu’on la lui amenât et qu’il ferait de Courgeline sa concubine.

Les sbires arrivèrent au village porteurs des ordres de l’empereur. Dénué faillit en perdre la raison. Mais Courgeline sourit et lui dit : « Ne pleure pas et ne crains rien ! Donne-moi un morceau de l’épluchure de ma courge et dans sept fois sept jours, viens me trouver dans le palais impérial. » Et les sbires s’emparèrent de Courgeline et la menèrent au maire qui la donna au préfet, qui la conduisit à l’empereur.

Le cœur de l’empereur se mit à battre plus fort lorsqu’il aperçut la merveilleuse jeune fille. « Resteras-tu avec moi ici ? », lui demanda-t-il. « Je reste », dit Courgeline en hochant la tête, « mais je n’aime pas ton palais ». « Que dis-tu ? » s’étonna l’empereur. « Il n’y en a pas de plus beau sur la terre. Ou bien en connaîtrais-tu un ? » « J’en connais un plus beau que le tien », répondit Courgeline. « A sept fois sept jours de marche vers l’Est se trouve le palais de cristal construit par l’empereur du ciel pour le fils du ciel. Qui n’est pas un vrai fils du ciel ne peut voir ce palais. »

Alors la curiosité s’empara de l’empereur et il décida de se rendre avec toute sa suite et Courgeline vers le levant. Quand sept fois sept jours se furent écoulés, Courgeline jeta sur le sol l’épluchure de courge et dit : « Change-toi en palais de cristal ! » Aussitôt, devant l’empereur ébloui, se dressa un palais étincelant. L’empereur y entra et derrière lui toute sa suite. Et soudain, on eût dit que la terre disparaissait sous leurs pieds. Le lendemain, à la place du palais, se dressait une montagne dont la forme rappelait celle d’une courge et sous laquelle l’empereur et sa suite avaient disparu à jamais.

Cependant, Dénué cheminait, ainsi que le lui avait demandé sa femme, vers le palais impérial. Quand sept fois sept jours eurent passé, il entra dans la ville impériale par une grande porte ouverte. Il ne rencontra ni l’empereur ni aucun courtisan de sa suite. Seule Courteline vint à sa rencontre. Alors ils retournèrent dans le village et y vécurent longtemps très heureux. Et depuis lors on ne désigna plus la montagne au-dessus des collines de l’Est que du nom de « Montagne de la Courge « 

(Contes chinois, éd. Gründ).

Mes obstacles à l’amour que je tiens et retiens

« Ta tâche n’est pas de chercher l’amour, mais simplement de chercher et trouver tous les obstacles que tu as construits contre l’amour » (Djalāl al-Dīn Rūmī, 1165).

« Un amour qui ne résiste pas à l’épreuve, même à l’épreuve du feu, n’est pas le véritable Amour » (Henri-Frédéric Amiel, Journal intime, 22 avril 1866).

« Ainsi que la plante réunit dans sa fleur sa beauté et son parfum, l’homme réunit dans la femme qu’il aime, son bonheur, sa gloire et son espérance » (Jean-Napoléon Vernier, Les fables, pensées et poésies, 1865).

{Je suis né en 65 et mon épouse en 66 🙂 }.

Se rencontrer, nouer la relation = faire tomber les haies ?

« Il n’y a rien de plus rare, ni de plus vivant, ni de plus important au monde que d’essayer de rencontrer quelqu’un. L’autre est un miroir. Il y a très peu d’événements fondateurs dans une existence. Quatre ou cinq. Tout ce qui mérite le nom d’événement est sans doute de l’ordre de la rencontre. Le coup porté par une émotion, le bouleversement induit par une beauté ou une épreuve, font que l’on se rencontre soi-même tout en découvrant autre chose de soi. La rencontre est le but et le sens d’une vie humaine. Elle permet qu’on ne la traverse pas en somnambule » (Christian Bobin).

Respirons à plein poumons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Rejoignons notre unisson

Il paraît que respirer par le nez, c’est comme manger bio et respirer par la bouche, c’est comme manger fast-food ! Savez-vous que notre respiration agit comme une télécommande sur le cerveau et le système nerveux ? Notre respiration ne dispose pas que du mode automatique, nous pouvons ralentir notre rythme cardiaque, accompagner en conscience notre frein vagal, réguler notre système nerveux pourtant autonome (cf. les exercices proposés par Deborah Dana, disciple de Steve Porges). Ces pratiques très concrètes ne s’opposent pas à une méditation spirituelle ; au contraire, elles l’enracinent dans le corps, elles la relient à notre biologie, elles contribuent à une paix intérieure authentique.

« Comme une nouvelle vague, qui nous conduit vers le ciel,
Souffle Esprit de Dieu.
Comme une force nouvelle, qui nous conduit d’âge en âge.
Souffle Esprit de Dieu
Sur cette assemblée réunie en prière,
Souffle Esprit de Dieu
Répands ton onction et répands ta lumière.
Chantons Saint-Esprit »
(chant de Franck Mulaja , Yawhe tobelemi).

« L’unisson de deux vies, cadençant leurs pulsations sur le même rythme, confondant leurs souffles en un souffle, et entrant dans le même cercle magique, par l’identification des magnétismes, des températures et des volontés, crée inévitablement un état nouveau pour les deux êtres, l’état d’équilibre, d’harmonie et de santé, évidemment voulu par la nature, qui a fait l’homme et la femme l’un pour l’autre et ne les a voulus séparés que pendant la période de formation de chacun d’eux » (Henri-Frédéric Amiel, Journal intime, 12/10/1864).

On peut être en désaccord sur tout, sauf un…

« Il n’y a pas deux personnes qui ne s’entendent pas. Il y a seulement deux personnes qui ne se sont pas encore assez écoutées » (Proverbe sénégalais).

« Écoutons-nous les uns les autres, montrons du respect les uns pour les autres. Le désaccord ne doit pas mener à la désunion » (Joe Biden, président d’États unis depuis plus de 2 siècles, 20 janvier 2021).

Le désaccord a pour vocation plus d’union

« Il est temps de mettre de côté la rhétorique hostile, de nous regarder à nouveau les uns les autres et de nous écouter. Pour progresser, nous devons cesser de traiter nos adversaires comme des ennemis. Ils ne sont pas nos ennemis, ce sont nos concitoyens » (Joe Biden, 7 novembre 2020).

« Chaque désaccord ne doit pas être une cause pour la guerre totale. Mettons fin à cette guerre « incivile ». Nous pouvons nous voir comme des voisins, pas comme des ennemis. Écoutons-nous les uns les autres, montrons du respect les uns pour les autres. Le désaccord ne doit pas mener à la désunion » (Joe Biden, 20 janvier 2021).