« La pratique du surf m’a appris à glisser sur la vague avec le plus de légèreté possible, en m’accommodant des événements plutôt qu’en essayant de les tordre. J’ai expérimenté que la résistance génère de la résistance et qu’il faut accepter la vague pour ne pas couler » (Priscille Déborah, la première Française bionique, surmontant l’amputation des 2 jambes et du bras droit en 2006, dans Une vie à inventer, p. 92, paru le 21/4/21).
Où est-il donc « le plus puissant souffle de vie qui jamais anima l’argile humaine » ? Cette formule est de Chateaubriand qui fit le meilleur résumé du destin de Napoléon Bonaparte : « Vivant, il a manqué le monde. Mort, il le conquiert, le possède ». Ce que développe Mathieu Schwartz dans son film Napoléon, la destinée et la mort. À Sainte-Hélène, « ce roc noir que le diable a chié entre deux voyages », sans évasion possible, « Napoléon tient à poser en martyr face à la postérité. Artiste de son destin, il a pressenti qu’en devenant une victime, on le verrait d’une façon différente. Pour que le despote se mue en victime, il lui faut un bourreau ; ce sera le gouverneur anglais Hudson Lowe. Napoléon n’avait pas envie d’avoir un geôlier compatissant ou clément. Il lui fallait un geôlier impitoyable qui s’en prenne à lui et restreigne ses libertés. Il va ainsi complètement inverser son image, en cherchant à créer l’image d’un Christ de l’époque moderne. Le 19e siècle en fait un nouveau Messie. L’homme qui croyait en son destin est devenu une légende ».
Voici des propos de Napoléon lui-même dans ses Mémoires à Sainte-Hélène :
« Si je fusse mort sur le trône, dans les nuages de la toute-puissance, je serais demeuré un problème pour bien des gens ; aujourd’hui, grâce au malheur, chaque heure me dépouille de ma peau de tyran. […] La Révolution a été la cause de la vraie régénération de nos mœurs, comme les plus sales fumiers provoquent la plus noble végétation. Dans une grande affaire, on est toujours forcé de donner quelque chose au hasard… Dans l’imagination comme dans le calcul, la force de l’inconnu est incommensurable. […] Je demande ma liberté ou un bourreau. Je me dois à ma gloire et, si je la sacrifie, je ne suis plus rien. Le pouvoir absolu n’a pas besoin de mentir ; il se tait. Le gouvernement responsable, obligé de parler, déguise et ment effrontément.
Le malheur a aussi ses bons côtés, il nous apprend des vérités… C’est seulement maintenant qu’il m’est donné d’examiner les choses en philosophe. […] Les grands hommes aiment la gloire de ceux qui leur ressemblent. L’infortune seule manquait à ma renommée ; j’ai porté la couronne impériale de la France, la couronne de fer de l’Italie ; et maintenant l’Angleterre m’en a donné une autre plus grande encore et plus glorieuse -celle portée par le sauveur du monde- une couronne d’épines. Mon grand talent c’est de voir clair. C’est la perpendiculaire plus courte que l’oblique. Il faut que je meure ici ou que la France vienne me chercher. Si Jésus Christ n’était pas mort sur la croix, il ne serait plus Dieu. »
En disant « Je m’offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France. Je proclame mon fils sous le nom de Napoléon II, empereur des français » (22 juin 1815, au lendemain de la défaite de Waterloo), Napoléon inverse encore le sens authentique du sacrifice, lui qui a sacrifié des dizaines de milliers de vie sur les champs de bataille pour la gloire de son pays, qu’il confond avec sa propre gloire.
En 1555, à Constantinople, l’ambassadeur de Charles Quint est reçu en audience par le Sultan. Le protocole qui veut le mettre en difficulté et l’obliger à rester debout, ne lui offre aucun fauteuil. L’ambassadeur est un Flamand qui ne se laisse pas démonter : il enlève son manteau, le met en boule et s’assoit sur son pouf improvisé comme s’il faisait cela tous les jours, tout en lançant la conversation… À la fin de celle-ci, c’est le chargé du protocole qui le rattrape : « vous oubliez votre manteau ». « Oh, excusez-moi, il n’est pas d’usage dans mon pays de partir avec les fauteuils ».
Les coachs de Charles Michel auraient été bien inspirés de le briefer sur cette anecdote bien connue dans le monde des négociateurs et de l’aider à poser les bons gestes, pour éviter ce Sofagate à Constantinople.
Vivent nos ressources capables d’ouvrir des alternatives créatives, pleines d’humanité et d’humour, là où l’interlocuteur revêche cherche à nous jouer un tour… Cf. Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, PUL, 2009, p. 178-180, tjs disponible en français et en anglais à tarif réduit chez moi.
Dans une réunion houleuse, face à des interlocuteurs tentant d’obtenir davantage par des tactiques de pouvoir, « la priorité est de garder son calme ; c’est l’art d’ »aller au balcon », comme dit le professeur William Ury (Comment négocier avec les gens difficiles.De l’affrontement à la coopération) : imaginer monter un escalier jusqu’à un balcon qui se trouve au-dessus des protagonistes, où nous pouvons jouir de ce point de vue plus élevé. On peut imaginer prendre un hélicoptère ou encore disposer d’un troisième œil qui regarde en position d’extériorité, hors mêlée.
Si c’est possible, je peux me lever, aller me servir à la table des boissons ou aller vers la fenêtre prendre un peu d’air frais et me recomposer. En tous les cas, donner l’entière priorité à ma respiration, pour la laisser me conduire à cet espace calme au plus profond de moi » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, PUL, 2009, p. 145, disponible en français et en anglais à tarif réduit chez moi).
« L’imagination représente tout. C’est un aperçu du futur de votre vie. L’imagination est bien plus importante que la connaissance » (Albert Einstein).
« Un excellent potage prouve plus de créativité qu’une mauvaise peinture » (Abraham Maslow).
Ma traduction libre de quelques passages de « The Hill We Climb », déclamé par Amanda Gorman, à l’investiture de Joe Biden, 20/01/2021 :
« Le jour venu, où trouver la lumière dans cette ombre qui semble sans fin ? Le calme n’est pas toujours la paix. Les normes et les notions de ce qu’est le « juste » ne sont pas toujours justice. Et pourtant, l’aube est nôtre, avant même que nous le sachions. Dans nos différences, nous unir, sans échapper aux déconfitures, sans semer la division.
La Bible nous invite à envisager un monde où chacun peut s’asseoir sous son propre figuier et jouir de sa vigne sans peur. La victoire ne sera pas dans la lame de l’épée mais dans tous les ponts que nous faisons. C’est la promesse de se réjouir, gravissant la colline, si seulement nous osons. Si nous allions miséricorde et force, force et droit, alors l’amour devient notre héritage. Notre peuple, divers et beau, émergera, meurtri et beau.
Le jour venu, nous sortons de l’ombre, enflammés et sans peur. La nouvelle aube fleurit dans cette liberté que nous lui offrons. Car il y a toujours de la lumière, si seulement nous sommes assez courageux pour le voir, si seulement nous sommes assez courageux pour l’être. »
« Il n’y a pas deux personnes qui ne s’entendent pas. Il y a seulement deux personnes qui ne se sont pas encore assez écoutées » (Proverbe sénégalais).
« Écoutons-nous les uns les autres, montrons du respect les uns pour les autres. Le désaccord ne doit pas mener à la désunion » (Joe Biden, président d’États unis depuis plus de 2 siècles, 20 janvier 2021).
« Il est temps de mettre de côté la rhétorique hostile, de nous regarder à nouveau les uns les autres et de nous écouter. Pour progresser, nous devons cesser de traiter nos adversaires comme des ennemis. Ils ne sont pas nos ennemis, ce sont nos concitoyens » (Joe Biden, 7 novembre 2020).
« Chaque désaccord ne doit pas être une cause pour la guerre totale. Mettons fin à cette guerre « incivile ». Nous pouvons nous voir comme des voisins, pas comme des ennemis. Écoutons-nous les uns les autres, montrons du respect les uns pour les autres. Le désaccord ne doit pas mener à la désunion » (Joe Biden, 20 janvier 2021).
« La créativité, c’est la capacité de regarder la même chose que tout le monde et de voir quelque chose de différent » (Chic Thompson).
« La créativité, c’est décomposer, déstructurer, modifier les valeurs et organiser un ordre nouveau. La créativité, c’est relier des choses entre elles, faire cohabiter des éléments inhabituels, étranges, incongrus » (Jean-Jacques Putallaz).
« Être créatif signifie être en amour avec la vie. Vous pouvez être créatif seulement si vous aimez assez la vie, que vous souhaitez mettre en valeur sa beauté, vous voulez lui apporter un peu plus de musique, un peu plus de poésie, et un peu plus de danse » (Osho).
« La créativité est la façon dont je partage mon âme avec le monde » (Brené Brown).
Dieu réac = Il y eut un soir assommoir. Dieu créa = Il y eut un matin de bien.