Le rôle utile d’une émotion. Le danger n’est pas dans l’émotion mais dans notre manque de considération de son message

« Quand notre main touche une plaque brûlante, des récepteurs sensoriels informent notre cerveau que nous nous brûlons et celui-ci donne l’ordre à notre bras de se retirer. Nos sensations physiques ont pour fonction de faire l’interface entre notre intérieur et l’environnement, à chaque fois qu’un décalage se produit entre les deux. Il en est de même pour nos émotions, panneaux indicateurs plus intérieurs, nous renseignant sur l’état de nos besoins : la production d’une émotion agréable/désagréable signale qu’un de nos besoins est/n’est pas satisfait par l’environnement présent. Elle est une précieuse source d’information plutôt qu’une interférence. Le danger n’est pas dans l’émotion mais dans notre manque de considération de son message » (Étienne Chomé, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, p. 196-197).

« La maison des hôtes » revisitée

Ainsi, l’être humain est une auberge.
Chaque matin, un nouvel arrivant :
une joie, une peur, un découragement,
une douleur se présente,
comme un hôte qu’on n’attendait pas.

Accueille-les tous de bon cœur !
Même si c’est une foule de chagrins
qui saccagent tout dans ta maison,
et la vide de ses meubles.
Traite chaque invité avec honneur.
Il fait peut-être de la place en toi pour de nouveaux plaisirs.

La tristesse, la colère, le dégoût, la surprise,
accueille-les à ta porte avec empathie
et invite-les à entrer.

Sois reconnaissant à tous ceux qui viennent
car chacun est un guide
qui t’est envoyé de l’au-delà »

(poème de Djalâl-od-Dîn Rûmî que j’ai revisité, à partir de la logique émotionnelle).

Voici la première des médications : me rencontrer dans la méditation

« J’ai appris doucement à recevoir le silence et à méditer quelques minutes chaque jour pour laisser aux vibrations de l’univers la possibilité de me rejoindre et de m’apprivoiser encore un peu » (Jacques Salomé).

« Une demi-heure de méditation est essentielle sauf quand on est très occupé. Alors une heure est nécessaire » (Saint François de Sales).

« On arrête de faire quelque chose et on se contente d’être soi-même. La méditation, un truc bizarre comme un rituel de magie ou de conscience cosmique ? Il ne s’agit pas de partir dans le cosmos mais d’être pleinement là où vous êtes. Et s’il y a de la magie, elle est à l’intérieur de vous-même » (Prof. Jon Kabat-Zinn, Center for Mindfulness in Medicine, Health Care and Society Worcester, Massasuchets, USA).
Renouer avec « les pratiques de sagesse issues du fond des âges, […] médecine de l’être » (film « Les étonnantes vertus de la méditation » : https://www.arte.tv/fr/videos/069099-000-A/les-etonnantes-vertus-de-la-meditation/, à savourer si pas déjà fait ! Si vous ne donnez que 4’ à ce documentaire, je vous invite à écouter les 4 dernières (sur les 51 minutes).

Trombinoscopes historiques de la non-violence

Des chercheurs de sens, des témoins engagés pour un monde plus juste et moins violent, en veux-tu ? En voilà sur le site https://www.irnc.org/ de l’Institut de recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits (IRNC), mine débordante de trésors. 

Étienne Godinot (« God-dit-no » à la violence) a produit des « trombinoscopes historiques de la non-violence », présentant de nombreux acteurs engagés dans la société civile : https://www.irnc.org/IRNC/Diaporamas. L’image ci-dessous = comment j’y figure depuis 2015 (https://www.irnc.org/IRNC/Diaporamas/665).

Bonnes lectures d’été !

Grandir et guérir grâce au couple. Le dialogue Imago

Le dialogue Imago : excellent quand nous avons besoin de ralentir pour réguler nos Systèmes Nerveux Autonomes et quand la priorité est de nous offrir mutuellement une profonde empathie.

Cf. le livre d’Harville HENDRIX : Le couple Mode d’Emploi. Voici un extrait des p. 20-21 et 48 de TRIPPI Carla & Carlo, Grandir et guérir grâce au couple :

« À quoi sert-il de fonder un couple si le conflit est programmé? Pourquoi diable ferais-je exprès de choisir un partenaire qui va toujours appuyer sur des boutons qui activent mes blessures et déclenchent ainsi mes réactions défensives ?

C’est là que la relation de couple prend tout son sens. Elle devient beaucoup plus qu’une agréable compagnie ou une association parentale : elle devient un lieu de croissance. Ce que vous ne saviez pas, c’est que vous avez besoin de ces conflits pour guérir vos blessures d’enfance. Si à l’aide d’outils appropriés, vous parvenez à vous mettre face à face, à visiter le monde de l’autre sans armes et réactions de défense, mais à l’écoute, pour comprendre pourquoi elle ou il se sent mal dans telle ou telle situation, alors petit à petit vous découvrirez l’enfant blessé à l’intérieur de votre partenaire. Vous lui permettrez, en lui proposant un lieu de sécurité, de réexaminer ses blessures. Vous l’aiderez à grandir, en lui permettant de retrouver des parts de lui-même ou d’elle-même qui n’ont pas été reconnues, ou pas honorées, ou pas soutenues, et qui ont été perdues en route. Et bien sûr, votre partenaire fera de même pour vous.

Ce travail que nous pourrons entamer ensemble n’aidera pas seulement le couple ou votre partenaire. En aidant l’autre, je m’aide moi-même. En aidant ma partenaire à soigner ses blessures, j’ouvre les portes de ma propre prison, celle dans laquelle je me suis enfermé en me protégeant. Pour développer mon système de protection dans l’enfance, j’ai renoncé à certaines compétences…

[…] J’ai choisi le partenaire idéal : celui qui va appuyer sur les boutons qui déclenchent mes blessures (j’ai survécu en construisant des mécanismes de défense puissants)… »

Injustices cachées sous le sol, violences institutionnelles, structurelles

Le reportage « Kongo, cœur noir, hommes blancs » commente les relations Noirs / Blancs avant l’Indépendance du 30 juin 1960 : « Les meilleurs des Noirs, aux yeux des Belges, sont ceux qui cherchent à leur ressembler. On les appelle les évolués. Les plus évolués des évolués peuvent même recevoir une carte d’immatriculation. Mais il leur faut, pour cela, faire patte blanche, montrer qu’ils mangent et boivent comme les Blancs, qu’ils vivent comme les Blancs, qu’ils pensent comme les Blancs. Apparemment, la preuve est difficile à fournir. À la veille de l’Indépendance, ils seront 217 immatriculés à y être parvenus. »

François Ryckmans, interviewé dans l’émission « La semaine du monde » sur la radio « La Première », ce 28 juin 2020, conclut ainsi : « Je suis frappé par la continuité des régimes. L’État colonial, basé sur l’exploitation, est d’une certaine manière un État-prédateur et cet État-prédateur a continué avec des présidents congolais… Les gens me partagent : « Les Belges sont partis et on a eu de nouveaux prédateurs, qui étaient des Congolais comme nous » » et évolués comme eux…

« Les violences dites « institutionnelles » ou « structurelles » tuent et asservissent avec beaucoup plus d’efficacité que les coups directement assenés. Quand un mari bat sa femme –affirme Johan Galtung–, c’est un cas clair de violence personnelle (directe). Quand un million de maris maintiennent un million de femmes dans l’ignorance, il y a violence structurelle, même si personne ne hurle de douleur. De même, dans une société où l’espérance de vie est deux fois plus élevée dans la classe supérieure que dans les couches inférieures, il y a violence, même s’il n’y a pas d’hommes concrets à qui l’on puisse reprocher d’attaquer directement les autres, comme quand un frère tue son frère. De même, si une personne meurt de tuberculose au XVIIIe siècle, on ne peut pas dire que violence lui est faite ; mais aujourd’hui il y a violence structurelle si les moyens actuellement possibles pour enrayer la tuberculose ne sont pas effectivement employés dans tel bidonville, dans tel pays sous-développé. […] La violence est incorporée (built into) dans la structure et se manifeste par des différences de pouvoirs et donc des différences de chances de vie. […] Il y a violence dès que des êtres humains sont influencés de manière telle que leur accomplissement somatique ou mental est inférieur à leur accomplissement potentiel. » Galtung définit donc la violence structurelle comme « quelque chose d’évitable qui fait obstacle à l’épanouissement de l’être humain », « la cause de la différence entre ce qui pourrait être et ce qui est ». « Est violence tout ce qui accroît la distance entre l’actuellement possible et l’actuellement réalisé (ou qui empêche la distance de diminuer) » (Chomé Étienne, Le nouveau paradigme de non-violence, 2017, p. 25, reprenant Galtung Johan, Violence, peace and peace research, dans Journal of Peace Research, n° 3, Oslo, 1969, p. 167 & 171).

Agressivité venant d’un vécu douloureux : manière de dire < > Agressivité tactique pour obtenir : manière d’obtenir

La méthode C-R-I-T-E-R-E, troisième étape : distinguer violences-manières-de-dire et violences-manières-d’obtenir

« À partir des bassesses dont il a été témoin, Louis de Funès invente son personnage de petit chef : dur avec les faibles et minable avec les puissants. « J’adore les faux-jetons. Comme personnage, je crois que ce sont les plus comiques, ceux-là. Il n’y a pas à bouger, à faire des grimaces, ni à sauter par-delà une haie. Il y a des énormes volumes, là ! […] À son insu, ma mère fut mon professeur de comédie : elle avait de ces colères mais souvent des colères feintes ; moi, je restais de marbre. C’est par elle que j’ai trouvé mon personnage de faux-jeton, un personnage truculent, très drôle, très amusant. » […] Quand on s’énerve et qu’on trépigne, c’est d’abord la preuve qu’on est vivant » (interviews dans les archives de l’INA, commentées par Lucie Cariès dans « La folle aventure de Louis de Funès »).

Nos colères contiennent, pour une part, une manière tragique d’exprimer notre frustration et notre besoin de vivre ; d’autre part une stratégie pour obtenir quelque chose. Pour se calmer, la colère-manière-de-dire a besoin de recevoir de l’empathie et de la considération du besoin en souffrance, tandis que la colère-manière-d’obtenir tombe à plat pour peu que sa proie n’est pas dupe du tour de passe-passe. Ces deux dimensions de colère se soignent avec des remèdes radicalement différents ; d’où l’importance de les démêler !

Plus d’explications à l’étape 3 de mon parcours de formation et dans mon livre La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain, 2009, p. 113 à 129 (qui distingue une troisième dimension : la saine colère contre l’injustice).

Syntonie musculaire : « la libération du ressenti par le dialogue tonico-émotionnel »

La syntonie musculaire est la clé de la formation de « la libération du ressenti par le dialogue tonico-émotionnel » du Dr Jean Lerminiaux, neuropsychiatre, 89 ans, naïf / natif à souhait ! Il est passionné par l’étude du tonus musculaire et de la relation tonico-émotionnelle comme base d’une thérapie, notamment à partir d’une lecture corporelle minutieuse.

Je vous recommande vivement sa formation, ancrée dans le meilleur des découvertes en neurosciences : durant 6 week-ends de trois jours (à Bruxelles), des exercices et des mises en situation conduisent chaque participant à développer ses propres capacités d’observation et d’écoute de son ressenti, jusqu’à rencontrer ses propres blocages…

Site web : http://www.sfp-asbl.com.

E-mail : jlsecretariat@gmail.com.