La cabane des péêcheurs

Je prêche contre la pêche
pour avoir meilleure pêche !
Prendre son pied en arrachant la bouche d’un poisson,
se faire du bien en faisant du mal, n’est-ce pas poison ?
Plus largement, mes vœux de bon éveil à tout pécheur,
qui se coupe de la Vie en prenant pour bien
un mal qui ne lui fait pas de bien,
qui se trompe de cible,
telle une âme trop sensible.
T’es lune, ah mes trop sens-cibles…

« Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gayement l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins,

Celui dont les pensées, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes ! »
(Charles Baudelaire, Élévation).