« En chinois, « prendre le temps » s’écrit avec le caractère qui désigne la porte ou la fenêtre. À l’intérieur de cette porte ou fenêtre, il y a le caractère de la lune. Cela signifie qu’il faut vraiment être libre pour prendre le temps de voir la lune et de l’apprécier. Aujourd’hui, la plupart d’entre nous ne dispose pas d’un tel luxe. Nous avons plus d’argent et de confort matériel mais nous ne sommes pas vraiment plus heureux, parce que nous n’avons simplement pas le temps d’apprécier la compagnie de ce qui nous entoure » (Thich Nhat Hanh, La terre est ma demeure).
« Le vin qui coule dans ma veine A noyé mon cœur et l’entraîne Et je naviguerai le ciel À bord d’un cœur sans capitaine Où l’oubli fond comme du miel.
Mon cœur est un astre apparu Qui nage au divin nonpareil Dérive, étrange devenu! Ô voyage vers le Soleil Un son nouvel et continu Est la trame de ton sommeil.
Mon cœur a quitté mon histoire Adieu Forme je ne sens plus Je suis sauvé je suis perdu Je me cherche dans l’inconnu Un nom libre de la mémoire » (Catherine Pozzi, Scopolamine).
Catherine Pozzi, dont l’art poétique séduisit et émoustilla Paul Valéry, nomme ce poème « scopolamine » : c’est une substance chimique qui cause des pertes de conscience et de mémoire !
Je participe à une session IFS à La Rouvraie, en Suisse. Ma chambre a vue sur le lac de Neuchâtel et, derrière lui, sur tout son long, s’alignent des monts enneigés de la chaîne alpine, dont sa Majesté, le Mont Blanc, qui culmine à 4808 mètres. Ils sont 72, d’après les noms fournis par la plaque « panorama des Alpes » : la cour des grands !
6 heures et quelques, un chocolat bien chaud à la main et dans la gorge, quel bonheur de prendre part à cette liturgie en l’honneur de Sire, Soleil levant. Merci pour ces laudes de lumière, oiseaux aux gazouillis de feu, montagnes dans les airs, lac et mer sortis des Jupes-y-terre. À tout seigneur, tout honneur : les rayons de soleil touchent d’abord la couronne et la tête du Mont Blanc. Dans le même temps qu’ils le font frissonner de haut en bas, ils répandent leur chaleur dorée à la Cour royale : tous ces grands sages immobiles qui l’entourent, encore tout ennoblis par leur manteau blanc au point d’ignorer royalement les signaux de vie qui viennent du peuple en bas, enivré par les parfums de printemps qui se répandent, en cette fin mars, partout autour du lac… Vivent les basses-cours dont la vie bêle, des poubelles (courtisées par tant de bêtes à ailes) aux plus belles (courtisées par tant de bêta-L Lambda) ! Lamb da / oui : bientôt Pâques, l’exécution de l’Agneau, ayo…
« Le miracle de l’humain peut ennoblir n’importe quel endroit. Bien sûr, les buildings avec leurs yeux aveugles, les grands magasins avec leurs fanfaronnades écrasent davantage le passant qu’un marché sur une place ensoleillée. Un quignon de soleil, un petit verre de paroles claires, simples, pures suffisent pour traverser beaucoup de choses, peut-être même la totalité de la vie » (Christian Bobin, lors d’un entretien).
« Les enfants ont un privilège : on ne leur demande pas de justifier leur existence. On ne demande pas à un enfant ce qu’il fait dans la vie. On le sait bien : il joue, il pleure, il rit. Il vit – et ça suffit pour vivre » (Christian Bobin, La merveille et l’obscur).
« Si tu savais comme je l’aime Ton petit cœur à la traîne Et si tu as de la peine Tu trouveras dans mes bras des milliers de « je t’aime ». Plus besoin de chercher, plus besoin, je t’ai trouvée Ce n’est rien, tout le mal qu’on m’a fait, je t’ai trouvée Je pensais tout savoir de l’amour, mais ce n’est pas vrai Si je les aimais fort, toi, c’est beaucoup plus fort Regarde comme on est beaux sur le même bateau, mmh-mmh Oh, non, y a pas plus beau, l’amour c’est jamais trop, mmh-mmh » (Chanson de Slimane, Des milliers de je t’aime : https://www.youtube.com/watch?v=zjCNV0_ycSI).
Quant à ma colère d’être injustement présenté, le système en place lui a retiré les droits de Cité. Cela ne me retire pas le droit de la citer. Ne passons pas à côté de nos appels à maturité. Relevons ensemble nos défis d’humanité, même plus : d’amour en vérité, d’accueil humble de nos pauvretés, sans s’accuser, jusqu’à connecter nos vulnérabilités.
« D’une rive à l’autre, nous sommes guidés par la vie, vers des lacs sublimes et dans des bois silencieux, qui, à jamais, gardent le souvenir délicieux de notre passage, en votre si belle compagnie… » (Daniel Fesler, fécondé par sa muse, Françoise Jadin).
Un jour, en pleine nature, enfoui sous la verdure, un bourgeon m’a souri. Le regard ému et attendri, je l’ai délicatement cueilli. Soudain, il s’est épanoui, transformé en rose de l’amitié, au grand cœur passionné, aux tendres pétales colorés. au doux parfum printanier. Cette belle et sensible fleur sème l’odeur du bonheur » (Katia Hacènc, La fleur de l’amitié).