« Celui pour qui le temps est comme l’éternité et l’éternité est comme le temps, celui-là est libéré de toute lutte » (Jacob Boehme, L’Aurore Naissante, 1612).
« Le temps, tout le consume. Et l’amour seul l’emploie » (Paul Claudel).
J’aime le positionnement spontané de ma maman (85 ans) fin mars dernier, en plein confinement : « Si mon heure est venue, je suis prête. Et si mon heure n’est pas venue, t’inquiète ; je préfère que tu viennes me rendre visite… ». Nous avons respecté les gestes-barrières, sans pour autant laisser l’ambiance anxiogène de crise généralisée nous affecter et nous mettre elle-même en danger. Veiller à éviter l’infection, oui, sans pour autant sacrifier notre affection car elle aussi est importante pour notre santé !
La confiance ne nous donne pas d’échapper à la mort, elle nous donne de la recevoir, quand notre heure est venue, comme un ange qui nous conduit encore plus à l’intérieur de la maison…
« L’amour inconditionnel existe vraiment en chacun de nous. Il fait partie de notre être le plus profond. Ce n’est pas une émotion active mais une manière d’être. C’est n’est pas un “je t’aime” pour telle ou telle raison, ce n’est pas un “je t’aime si tu m’aimes”. C’est un amour sans raison, c’est un amour sans objet » (Ram Dass).
« Quand on a vu une seule fois le resplendissement du bonheur sur le visage d’un être qu’on aime, on sait qu’il ne peut pas y avoir d’autre vocation pour un homme que de susciter cette lumière sur les visages qui l’entourent » (Albert Camus, Carnets II).
« Sans trahison ni peur car il n’y a pas d’attente, nos chemins s’entrecroisent, l’honnêteté les arpente. Mon ami, comme je t’aime, toi et toute ta folie. Tes utopies explosent, éclaboussant ma vie. Mon amitié pour toi est forte et sans frontière. Mon ami, reconnais-toi en ces quelques vers… » (Acissej Bernargaryen).
Bien fragile l’alliance amoureuse fondée sur nos élans passionnés, c’est-à-dire sur l’amour dont sont capables nos parts traversées par des émotions diverses et variées, au gré de leurs combles & manques d’amour… Ces parts de nous font de leur mieux mais elles évoluent dans un monde limité, où les ressources s’épuisent. Par exemple, la part mentale se donne de bonnes raisons de positiver, la part volontaire se détermine résolument à tenir le coup, fidèlement. Et il est normal que, finalement, elles se fatiguent, … tôt ou tard jusqu’à épuisement. Il est normal que, d’une manière ou d’une autre, elles soient déçues, … jusqu’à écœurement. Le vin des noces devient vinaigre…
Les vannes de l’amour généreux peuvent se rouvrir à tout moment. Par exemple lorsque ces parts de bonne volonté à bout, épuisées, au bout de la course dont elles sont capables par elles-mêmes, lâchent prise et laissent de l’espace, dans lequel le « Self » peut redevenir le capitaine du navire. Le « Self » est cette instance centrale où « je suis qui je suis » ; on parlait autrefois de l’« âme » et c’est « à la mode de chez nous » de parler de « pleine conscience ». Le « Self » a, lui, la grâce d’une connexion directe avec « Plus Grand que soi » : l’Univers, la conscience universelle, l’Être UN, l’Amour infini… Le nom que chacun.e donne à cet essence-ciel importe finalement peu. Tout être humain dispose de ce lieu-source en soi, et il dispose de la liberté de faire des choix prioritaires, afin de descendre en vérité dans cet espace intime. Là, se trouvent les ressources surabondantes et inépuisables. Là, peut s’expérimenter un ressourcement authentiquement régénérateur (oui, pléonasme tant cette bonne nouvelle mérite d’être soulignée). En un instant –en moins de temps qu’il ne faut pour le dire–, un cœur de pierre peut redevenir un cœur de chair qui bat, qui se gorge à nouveau du sang chaud et doux de la tendresse reçue et donnée. Juste dans l’éclair d’un silence qui permet la présence au bon endroit, juste dans un instant d’ouverture, d’émerveillement, de gratitude, la connexion à la Source peut être au centre et tout réordonner, à sa juste place… Aucun effort à faire ! En cette matière, entre l’enfer et le paradis, point de purgatoire : dans le cœur qui se remet à battre d’amour, point de travail à la force du poignet, point de long temps pour y parvenir enfin. Juste être ici et maintenant, là où ça vit, là où ça vibre… Être centré, aligné, dans ma propre Vérité essentielle, et voilà que, tout à coup, l’amour dans le couple coule à nouveau à flot, à la surprise générale des parts, la première fois qu’elles découvrent qu’existe un tel secours capable de les sortir de leurs efforts compulsifs. Merveille alors : tous les possibles se rouvrent… Bien solide l’alliance rendue possible à partir de cette Alliance, qui ne manquera jamais du vin pour les noces.
« La plupart des gens se protègent du feu. Ils finissent pourtant en lui » (Rumi, 1207-1273).
« Les querelles d’Amour : des copeaux pour faire repartir le Feu » (Anne Barratin, De vous à moi, 1892).
« Il arrive toujours un moment où l’autre chute de son piédestal et où la relation nous déplaît. Est-ce grave ? Pas nécessairement ! Nous pouvons profiter de cette étape pour quitter nos illusions et commencer à voir l’autre dans toute sa réalité et lui dévoiler aussi la nôtre. Cela peut transformer le lien et le rendre plus dense, plus profond. Mais, bien sûr, tout dépend de notre capacité à voir les choses en face, à faire preuve de lucidité. C’est souvent là que les échanges s’enveniment et que les rancœurs apparaissent. Pour certaines personnes, il n’est pas possible de passer le cap et la relation ne tient pas « l’épreuve du Feu ». Elle se désagrège parce que nous refusons d’y intégrer des éléments plus ambivalents, désagréables ou « négatifs ». […]
On pourrait souvent avoir la tentation de réduire l’Amour à une notion très pure, très lumineuse, uniquement synonyme de bienveillance, de joie et de sérénité. Ce serait lui enlever toute sa profondeur, sa puissance de Feu, sa dynamique évolutive. Ce serait tenter de soumettre un sujet explosif et volatile à une lecture rassurante, certes, mais incomplète. Ce serait risquer de perdre la véritable finalité de ce qui se joue pour chacun de nous lorsqu’il vient à notre rencontre. Car l’Amour est initiatique. À chaque fois, il nous met face à l’essentiel : ce à quoi nous aspirons au plus profond de notre âme et comment nous pouvons progresser, de plus en plus, vers la Lumière » (Juliette Allais).
Il y a 33 ans, fou amoureux, je te répétais : « mon cœur brûle pour toi ». Nous étions assis confortablement au chaud, autour du feu qui crépite, fascinés par la valse des flammes, bercés par ce moment hors du temps, dans la foi que notre amour est pour toujours ; pat ailleurs, sans grande conscience de l’épreuve redoutable du feu : il accomplit tout ce qui porte une belle énergie, il passe au crible et révèle tout ce qui est périssable…
33 ans plus tard, au creux des heures d’heurts nettement moins confortables, nous nous aimons à en mourir. L’amour est un feu redoutable : il passe au crible et révèle tout ce qui est faux, il accomplit tout ce qui est vrai…
Oui, mon cœur brûle pour toi et je mesure mieux d’où vient la beauté des flammes chaudes et rayonnantes de notre foyer, et ce que représente le lâcher prise de ces bûches en train de se consumer, qui rendent tout ce qui leur a été donné. Elles consentent à traverser le « Jugement dernier » de l’Amour, à passer la porte étroite dans laquelle ce qui est périssable se perd en poussière et le précieux trouve sa lumière.
Merci d’aller au bûcher avec moi, ma sorcière bien aimée. Je t’aime. Belles noces de perle…
« Éteins mes yeux, je te verrai encore. Bouche-moi les oreilles, je t’entendrai encore. Sans pieds, je marcherai vers toi. Sans bouche, je t’invoquerai encore. Coupe-moi les bras; je te saisirai avec mon cœur comme avec une main. Arrache-moi le cœur et mon cerveau battra. Et si tu mets aussi le feu à mon cerveau, je te porterai dans mon sang »
(Rainer Maria Rilke, Le Livre d’heures, Deuxième livre, Le Livre du pèlerinage, 1901, déclaration d’amour longtemps tenue secrète à Lou Andreas Salomé).
« Pour moi, rien n’est plus beau qu’un couple épanoui. L’homme et la femme qui réussissent ce prodige créent, ensemble, un troisième être qui dépasse chacun d’entre eux et qui les relie à l’harmonie du monde » (René Barjavel).
« L’expression ‘engagement à long terme’ nous aide à comprendre le mot Amour. Dans le contexte du véritable Amour, l’engagement ne peut être qu’à long terme » (Thich Nhat Hanh).
« Je me sens une femme qui brûle et qui est brûlée par l’Amour » (Les reines noires : Didon, Salomé, la reine de Saba).
« Nul ne peut expliquer ce qui a eu lieu en ces instants ardents, suspendus. Il n’y a plus qu’elle et lui dans cette pièce et sur terre, mais il y a assez d’elle et de lui pour inonder d’Amour le monde » (Marie-Madeleine ou la beauté de Dieu).
« Plus on s’affine en Amour, moins on cherche à capturer. Plus on s’élève dans le ciel de l’Amour et plus la convoitise fait place à l’émerveillement, plus l’être se sent envahi par l’indicible et l’inconnaissable. Et le seul désir est de bénir, de rendre grâce, de se prosterner devant le mystère. Certaines nuits d’amour, loin d’assoupir, éveillent à des réalités infinies et muettes. Et ces beautés éternelles sont gardées par la nuit » (Les soleils de la nuit. Et la nuit comme le jour illumine).
« Je viens vers toi dans cette lumière, j’ai envie de rire et de crier. Mon cœur est plein de ciel » (Jean-Baptiste Rossi, plus connu sous son nom de plume Sébastien Japrisot).
« Qu’est-ce qu’une relation « sainte » / sacrée ? Deux êtres réunis par la Source, qui en rayonnent la paix et l’Amour en mouvement » (Nadine Delhaye, alias Hermine).
« En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant » (Nelson Mandela, Discours d’investiture du 10 mai 1994).
De la manière de transformer nos grains de blé et de riz en paillettes d’or… Les trésors les plus précieux sont d’une simplicité déconcertante, dont le rituel de coucher suivant. Vécu fidèlement, seul ou en couple ou en famille, pendant quelques minutes, il marque la nuit et colore toute la vie. Nommer et exprimer de la manière la plus concrète et précise possible a) 1 à 3 MERCI recueillant un bien bon de la journée, b) PARDON pour un geste / une parole qui n’a pas fait du bien, c) S’IL TE PLAÎT s’ouvrant avec attention et intention à l’advenue demain d’un bien bon… Et le soir suivant, repartir de c). Cette prière d’alliance honore simplement le précieux en nous…
« Le chariot s’arrêta là où je me tenais. Ton regard tomba sur moi et tu descendis avec un sourire. Je sentis que la chance de ma vie était enfin venue. Soudain, alors, tu tendis ta main droite et dis : « Qu’as-tu à me donner ? » Ah ! quel jeu royal était-ce là de tendre la main au mendiant pour mendier ! J’étais confus et demeurai perplexe ; enfin; de ma besace, je tirai lentement un tout petit grain de riz et te le donnai. Mais combien fut grande ma surprise lorsque, à la fin du jour, vidant à terre mon sac, je trouvai un tout petit grain d’or parmi le tas des pauvres grains. Je pleurai amèrement alors et pensai : « Que n’ai-je eu le cœur de te donner mon tout ! » » (Rabindranath Tagore, L’Offrande lyrique).