L’être aimé révèle au-delà de ce qu’il apporte lui-même

« Dans le champ de la pensée et de la passion, il est des régions lointaines, inconnues des amis les plus intimes, mais où sait aller tout droit la femme la moins remarquée. Ce n’est pas ce qu’elle dit qui plaît et semble spirituel, mais le rapport de ce qu’elle dit à ce monde obscur d’idées et de sentiments intraduisibles ; l’accent, le geste, toute la personne en est comme une vivante expression. La femme aimée est révélatrice, même à son insu ; ce qu’elle éveille en nous de rêves et d’émotions est prodigieux et passe de beaucoup son intention et son art. En effet, elle n’introduit pas en nous ces poèmes, elle les y fait éclore, elle a rencontré la source, elle en fait jaillir les trésors mais elle ne les y avait pas apportés » (Sully Prudhomme, Journal intime, 15 juillet 1868).