« L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence, telle est l’équation » (Ibn Rushd / Averroès, né à Cordoue, en Andalousie, actif à Séville :-). Puis il ‘sévit’ 🙂 en fin de vie à Marrakech, comme médecin à la cour des sultans).
« La vraie naissance d’un homme commence au moment où il vient à l’esprit. Je ne dis pas à la pensée, aux idées, mais à l’Esprit, quand les préjugés tombent de lui comme des fruits secs sous le vent d’une liberté ; vous savez, celui qui souffle où il veut et dont on entend la voix sans savoir ni d’où il vient, ni où il va ! Car les attachements du mental sont pires que ceux de la chair… Et la mort ne vient pas toujours à la fin : il y a un tas de morts vivants qui ne marchent que pour faire nombre, des figurants dans la pièce. Un homme qui ne s’est pas réveillé, pétrifié dans les valeurs, les principes, les vices ou les vertus, acharné à se croire fût-il sacré grand défenseur du bien, honoré, béni, il a trahi son nom de baptême, il n’est pas encore né » (Jean Sulivan, Car je t’aime, ô éternité, p. 219-220).
Photo : le Grand lac depuis le col de la Ponsonnière, entre Savoie et Hautes Alpes.,
« Rien de plus difficile que d’être père : héros, il écrase de sa gloire, salaud, il écrase de son infamie, ordinaire, il écrase de sa médiocrité. Il peut être aussi un héros médiocre, un salaud touchant. Quoiqu’il fasse, il a tort : c’est trop ou pas assez » (Pascal Bruckner, Un bon fils).
« Lorsqu’un homme commence à soupçonner que son père avait peut-être raison, c’est généralement que son propre fils commence à lui donner tort » (Charles Wadsworth, un pianiste américain).
La comptine « Il était une bergère » raconte l’histoire d’une bergère qui garde ses moutons, fabrique un fromage et se fâche contre son petit chat trop curieux qui tente de goûter au fromage et finit puni… Le refrain « et ron et ron petit patapon » est le ressort de cette chanson populaire. Que t’inspire-t-il ? Selon toi, il met en musique le génie des chats à doux coussinets au bout des pattes ou bien le geste réprobateur de la punition ?
« Étendant ses deux ailes, l’aigle royal, plein ciel – deux mètres d’envergure –, embrasse la nature… Survolant toute terre, poursuivant les rivières, il se rit des torrents, cerf-volant sur les vents, cherchant qui il empoigne. Son plan B des campagnes ? Le surplomb des montagnes ! si libre de nos bagnes… » (Étienne Chomé).
« L’aigle, c’est le génie ! Oiseau de la tempête, Qui des monts les plus hauts cherche le plus haut faîte, Dont le cri fier, du jour chante l’ardent réveil, Qui ne souille jamais sa serre dans la fange, Et dont l’œil flamboyant incessamment échange Des éclairs avec le soleil » (Victor Hugo, Odes et Ballades, 1822).
« Je mérite ce produit parce que je le vaux bien » : un slogan-flatteur pour augmenter les ventes ?
Que nenni, paraît-il ! ce slogan publicitaire a été inventé en 1971 par Ilon Specht, une jeune rédactrice newyorkaise de 23 ans, avec la belle intention que la femme ose s’affirmer sans dépendre des hommes (cf. le récent documentaire ‘The Final Copy of Ilon Specht’, qui retrace l’histoire du slogan et son impact sur l’émancipation des femmes) !
Une fraise : volant plissé porté autour du cou, très en vogue chez les précieux de la Renaissance.
Un boa : long châle ou ruban beau-à plumes ou de fourrure ébouriffée, porté autour du cou, très en vogue chez les reines du glamour, dans les années 1920, dites ‘les Années folles’.
Voilà, voilà, encore un post-boa qui n’a ni queue ni tête ou dont la tête se mange la queue !?…
« La fatigue que nous ressentons ne vient pas tant de la charge de travail accumulée que de la monotonie d’une vie vide de sens. Ce qui épuise réellement, ce n’est pas de trop travailler, c’est de vivre sans passion, sans but. Le véritable épuisement vient d’une vie dépourvue de rêves » (Albert Camus).
« Se rencontrer, c’est apprécier la proximité à bonne distance. Pour être suffisamment proche de manière adéquate et aidante, il faut être suffisamment loin » (Jean Furtos, (D)oser la relation : entre « bonne distance » et juste présence, Congrès de l’Association Parole d’Enfants, 1 & 2 décembre 2014).
La reine Néfertiti et son époux Akhenaton, au XIVe siècle av. J.-C. ont opéré une des révolutions religieuses les plus osées de l’Histoire : faire d’Aton (le disque solaire) l’unique dieu, source de toute vie, en éclipsant (petit jeu de mot qui ne mange pas de pain !) toutes les autres divinités du panthéon égyptien. Ils ont ainsi aboli les cultes traditionnels, fermé les temples des dieux rendus obsolètes comme Amon-Rê, construit la nouvelle capitale Akhetaton (dédiée exclusivement à Aton), changé de nom (le pharaon Amenhotep IV est devenu Akhenaton = « celui qui sert Aton, qui lui est utile »).
Cette première forme de monothéisme (qui n’a duré que le temps de leur règne) ne fonctionne pas du tout comme le monothéisme hébreu du « Dieu de nos pères ». Car le pharaon s’est présenté comme l’intermédiaire exclusif entre Aton et le peuple, renforçant son pouvoir sacré. Moïse, lui, qui conduit les Hébreux hors d’Égypte, est serviteur de Yahvé. Le fait de placer celui-ci au milieu du peuple a des incidences directes à tous les niveaux de la société, permettant une nouvelle organisation sociopolitique non pas en forme de pyramide mais de cercle, comme une roue de vélo à rayons multiples, où tous les membres se tiennent sur la roue, avec Dieu pour essieu (dans les cieux, petit jeu de mot qui ne mange pas de pain !). Jésus ira bien plus loin encore en inversant la pyramide : le fort non-violent porte les plus faibles et ainsi accouche d’un nouveau monde.
Pour plus de développement, cf. ci-dessous ma reprise des p. 118-119 de mon livre Tends l’autre joue.
La société de l’Égypte pharaonique fonctionne en pyramide. C’est là-bas qu’un groupe d’esclaves fait l’expérience il y a presque 33 siècles d’être libéré par un certain Seigneur. Celui-ci les conduit au désert et leur apprend à vivre en frères. Cela ne leur est possible qu’en mettant ce Seigneur au milieu d’eux. Moïse n’est pas le chef, il est serviteur de Yahvé. Ce peuple en train de naître vit une révolution spirituelle qui a des incidences directes au niveau social, économique et politique. Le Dieu de la Bible lui demande de s’organiser en société-communion, convertie d’une société-pyramide. Ainsi les dispositions de redistribution du jubilé en Lv 25.
À l’instar de Moïse monté au Sinaï dans le désert, Jésus est monté sur la montagne pour renforcer cette bonne nouvelle libératrice : comme notre exégèse à même le texte l’a établi précédemment, le message central du Sermon sur la montagne est que nous sommes fils et filles d’un même Père et nous sommes tous frères en Christ. Et Jésus radicalise le schéma, en inversant la pyramide : en lavant les pieds de ses disciples, il les prend par les pieds – si j’ose dire – pour passer avec lui. La justice nouvelle du Royaume opère un chamboulement radical, bienheureux pour les pauvres et les non-violents, à l’opposé de la logique des puissants et des nantis. La seule figure biblique capable de suivre Jésus dans sa manière d’accoucher un nouveau monde est celle du serviteur souffrant.