Mes meilleurs vœux pour 2022

2021 : Deux mille, vainc tes Huns !
2022 : De mil vint tête d’œufs ?
           Deux miles vint heureux ?
       Deux mille vain eux deux ?
Ou deux mille vins eux deux ?

Je nous souhaite la surprise de Cana :
les 2022 / 2000 vins d’eux deux, découlant du vin neuf du Royaume
qui sauve nos piquettes et nos vins qui tournent au vinaigre…

Côté ombre de l’anneau-alliance : « L’alliance est « le sésame ouvre-toi » de la femme, mais aussi l’anneau le plus solide de la chaîne forgée pour elle par des siècles de servitude » (Yvette Naubert).

Côté lumière : « La Bible commence et termine par de grandioses fresques d’une violence extrême : les onze premiers chapitres de la Genèse et l’Apocalypse nous tendent le miroir de nos parts les plus ténébreuses. Néanmoins, nous dit Paul Beauchamp, l’arc de cercle de la violence, entre le déluge de Noé et la bataille finale (Ap 16,16), est surplombé par l’arc de cercle de la douceur, entre la création et l’Eucharistie finale (Ap 22,17). La douceur est notre premier ‘état de créature’, formule que l’exégète jésuite préfère à celle d’’état de nature’. Et la douceur viendra après la violence parce qu’elle était avant elle. Entretemps, ce n’est pas en quittant le théâtre de la violence que la douceur conduit à la Vie qui n’en finit pas. C’est bien sur ce théâtre-là qu’elle rend possible ce que nous croyons impossible » (Étienne Chomé, Jésus est doux ET ferme ET pugnace. Qu’est-ce à dire ?, article paru dans Paraboles, Revue du Diocèse de Tournai, septembre 2014), disponible sur mon site http://etiennechome.site/theologie/).

Mes meilleurs vœux pour 2022 !

Merci, Maman

Maman…

Toi, dont l’amour se penche
Jusqu’à mon cœur d’enfant,
Dont l’aile douce et blanche
Me couvre et me défend,
Quand je fais ma prière,
Le soir et le matin,
Au ciel, à notre Père,
Oh ! répète-la bien.
On dit qu’à l’âme pure,
Tu parles quelquefois.
Rends-moi, je t’en conjure,
Attentif à ta voix.
Pour garder l’innocence
Je fuis mes ennemis.
Oh ! sois mon espérance,
Ange du paradis.
Quand, sur l’étroite route
Qui mène l’homme au bien,
Mon pied se lasse ou doute,
Tends-moi vite la main !
Ah ! de notre demeure
Éloigne la douleur,
Et si ma mère pleure,
Que ce soit de bonheur !
Que par ta vigilance,
Conservent leur fraîcheur
Les lis de l’innocence,
Sur mon front, sur mon cœur.
Des pas de mon jeune âge
Céleste conducteur,
Qu’un jour mon cœur partage
Ton éternel bonheur
                              (H. Gauthier).

« Pressentiez-vous qu’un jour ma voix,
assemblant vos rires, vos plaintes,
ferait de vos doux désarrois
une flamme jamais éteinte ?  » 
(Anna de Noailles, Les Forces éternelles, 1920, p. 202,
s’adressant à ses « poétiques grand’mères »).

Rien ne nous est donné pour nous écraser

« Vous croyez en votre Bon Dieu pour vous rassurer. Vous tranquillisez ainsi vos peurs existentielles… » ai-je entendu un jour de quelqu’un qui dénonçait la « religion, opium du peuple ». C’est vrai, dans notre élan spontané de religiosité, nous créons nos dieux à l’image de nos propres projections, cela nous rassure.

Par contre, quand nous sommes visités et mis en route par Celui qui est dans cette crèche et finira sur la croix, nous ne prions plus pour qu’Il agisse, mais parce qu’Il est en train d’agir, et ce bien différemment de nos projections ! 

Chaque appel dans ma vie m’a fait sortir de ma zone de confort et de mes sécurités, pour oser l’audace de la foi et le don de soi, jusqu’à en mourir… (de cette bonne mort qui vous fait entrer un peu plus dans la Vie véritable de l’Amour).

Pour approfondir, lire l’éclairant François Varone, Ce Dieu absent qui fait problème, Cerf, 1981

+ écouter Christiane Singer dans la précieuse vidéo qui s’ouvre par un athéisme sain : https://www.youtube.com/watch?v=98kOHBhCn6A « rien ne nous est donné pour nous écraser, il y a une force d’apprentissage dans chaque réalité qui nous visite. Souvent, c’est le mal-être qui va nous mettre en chemin, qui va nous faire obliquer, nous faire partir dans une direction qui sera plus véritable, qui répondra davantage à notre appel, à notre désir profond. Quelqu’un sans crise risque de flotter à la surface des choses, quelqu’un qui n’a jamais été confronté à une maladie, à une difficulté, il lui manquera quelque chose. […] Tout ce qui nous rencontre a un visage secret, a un message. Même ce qui nous fait le plus souffrir nous délivrera un jour son vrai visage. Cette assurance nous donne de ne pas être perdu dans la souffrance du premier degré, d’entrer dans la tension de ce qui va se révéler derrière ».

Ève la matriarche & Marie : de l’alliance, l’arche

L’histoire se passe à Bethléem à l’aube de ce jour qui changea les couleurs du monde. L’étoile vient de disparaître, le dernier pèlerin a quitté l’étable et s’est endormi l’enfant paisible dans la paille, l’improbable sauveur plus démuni qu’eux-mêmes.

Doucement la porte s’ouvrit, poussée, eût-on dit, par un souffle plus que par une main, et une femme parut sur le seuil, couverte de haillons, si vieille et si ridée que, dans son visage couleur de terre, sa bouche semblait n’être qu’une ride de plus.

En la voyant, Marie prit peur, comme si ç’avait été quelque mauvaise fée qui entrait. Heureusement Jésus dormait ! L’âne et le bœuf mâchaient paisiblement leur paille et regardaient s’avancer l’étrangère sans marquer plus d’étonnement que s’ils la connaissaient depuis toujours. La Vierge, elle, ne la quittait pas des yeux. Chacun des pas qu’elle faisait lui semblait long comme des siècles.

La vieille continuait d’avancer, et voici maintenant qu’elle était au bord de la crèche. Grâce à Dieu, Jésus dormait toujours. Mais dort-on la nuit de Noël ?Soudain, il ouvrit les paupières, et sa mère fut bien étonnée de voir que les yeux de la femme et ceux de son enfant étaient exactement pareils et brillaient de la même espérance.

La dernière visiteuse est une très vieille femme. Elle se pencha alors sur la paille, tandis que sa main allait chercher dans le fouillis de ses haillons quelque chose qu’elle sembla mettre des siècles encore à trouver. Marie la regardait toujours avec la même inquiétude. Les bêtes la regardaient aussi, mais toujours sans surprise, comme si elles savaient par avance ce qui allait arriver.

Enfin, au bout de très longtemps, la vieille finit par tirer de ses hardes un objet caché dans sa main, et elle le remit à l’enfant. Après tous les trésors des Mages et les offrandes des bergers, quel était ce présent ? D’où elle était, Marie ne pouvait pas le voir. Elle voyait seulement le dos courbé par l’âge, et qui se courbait plus encore en se penchant sur le berceau. Mais l’âne et le bœuf, eux, le voyaient et ne s’étonnaient toujours pas.

Cela encore dura bien longtemps. Puis la vieille femme se releva, comme allégée du poids très lourd qui la tirait vers la terre. Ses épaules n’étaient plus voûtées, sa tête touchait presque le chaume, son visage avait retrouvé miraculeusement sa jeunesse. Et quand elle s’écarta du berceau pour regagner la porte et disparaître dans la nuit d’où elle était venue, Marie put voir enfin ce qu’était son mystérieux présent.

Ève (car c’était elle) venait de remettre à l’enfant une petite pomme, la pomme du premier péché (et de tant d’autres qui suivirent !) Et la petite pomme rouge brillait aux mains du nouveau-né comme le globe du monde nouveau qui venait de naître avec lui. Et il la tendit au soleil revenu comme on offre le monde aux enfants à venir…

Conte de Noël, La dernière visiteuse, dans lequel j’ai inséré 2 phrases venant de Henri Gougaud qui a repris ce conte au sein d’un conte plus long qu’il a écrit pour Le Pèlerin. Texte complet :
https://www.lepelerin.com/foi-et-spiritualite/les-temps-de-l-annee/noel/conte-de-noel-l-enfant-de-la-neige/.

Noël nous fait entrer dans notre rêve et dans notre propre vérité

« Les rois mages nous apprennent à lire les chemins des étoiles. Nous devrions vivre étoilés. Quand les mages sortent de cette étable, – ce lieu infréquentable pour des rois et pour un Dieu –, leur étoile s’est arrêtée au ciel sur la terre. Car elle n’allait pas plus loin ; elle reste là immobile (mais scintillante), défiant, comme le soleil de Josué, toutes les lois de Newton, toutes les lois monotones et de simple raison. Un vieux diptyque du Moyen Âge nous montre l’enfant dans l’étoile. Une fois que nous aurons appris à regarder notre grandeur et notre preuve, et dans une étoile et dans une étable, comme les mages nous partirons ou repartirons « par un autre chemin ».
[…] « À qui donc l’avez-vous fait ressembler ? » (cf. Is 40, 18). Ne nous trompons pas de Dieu : le Dieu sauveur nous permet d’entrer dans notre rêve et dans notre propre vérité »
(Adolphe GESCHÉ, Dieu, preuve de l’homme, dans NRT, 1990, p. 9 et 11).

La vie, torrent bouillonnant

« Tout de suite, j’ai écrit pour la vie, j’ai saoulé tout le monde. J’aurais voulu pouvoir faire bouillonner la vie comme un torrent, la faire se ruer sur tous ces hommes secs et désespérés, les stimuler avec des vagues de vie froides et vertes, leur faire monter le sang à fleur de peau, les remplir de fraîcheur, de santé et de joie, les déraciner de l’assise de leurs pieds à souliers et les emporter dans le torrent » (Jean Giono que j’ai amadoué, en changeant quelques-uns de ses verbes violents : frapper, assommer…).

Joyeux Noël, ouvrons nos ailes !

Merci à chaque passeur de Vie qui a ensemencé ma vie par une friandise éclatant en nuée de joies, par une pincée d’humour qui a aidé ma tête à ne pas se prendre trop au sérieux, par une poignée de rires ensemble jusqu’au bonheur de s’abandonner…

Joyeux Noël, 
ouvrons nos ailes !

Un grand éclair embrase les collines :
Une musique d’ange aux bords du ciel,
Un vent de Paradis !
Et les bergers, tirés de leur sommeil,
Contemplent, éblouis ce qui était caché dès l’origine
Le sourire de Dieu
Dans les yeux d’un enfant.

Son premier cri étonne les ténèbres,
Comme le cri du Père au premier jour,
Disant : « Cela est bon ! »
Nul n’était là pour écouter l’Amour
Chanter sa création,
Mais aujourd’hui le monde peut entendre
L’allégresse de Dieu
Dans la voix d’un enfant.

Prêtons l’oreille au signe des étoiles,
Car leur silence appelle vers l’endroit
Où l’homme s’accomplit !
Tout l’univers, en marche avec les rois,
Tressaille sous l’Esprit
Pour adorer, offerte et vulnérable,
L’humanité de Dieu
Dans le corps d’un enfant.

                 Didier Rimaud

Tendresse et petitesse intérieure

Extraits de l’homélie de François, cette nuit de Noël 2021 :

L’Évangile raconte la naissance de Jésus en commençant par César Auguste qui recense la terre entière : il montre le premier empereur dans sa grandeur. Mais, tout de suite après, il nous emmène à Bethléem, où il n’y a rien de grand : juste un pauvre enfant emmailloté, entouré de bergers. C’est là qu’est Dieu, dans la petitesse : la voie qu’il a choisie pour nous rejoindre, pour toucher notre cœur, pour nous sauver et nous ramener à ce qui compte. Dieu se fait petit aux yeux du monde et nous continuons à chercher la grandeur selon le monde, peut-être même parfois en son nom. Dieu s’abaisse et nous voulons monter sur un piédestal. Le Très-Haut indique l’humilité et nous voulons paraître. Dieu part à la recherche des bergers, des invisibles ; nous recherchons la visibilité. Jésus naît pour servir, et nous passons notre temps à courir après le succès. Dieu ne cherche pas la force et le pouvoir, il demande la tendresse et la petitesse intérieure.
“Seigneur, apprends-nous à aimer la petitesse. Aidez-nous à comprendre que c’est la voie de la vraie grandeur”. Dieu veut venir dans les petites choses de nos vies, il veut habiter les réalités quotidiennes, les gestes simples que nous accomplissons à la maison, en famille, à l’école, au travail. C’est dans nos vies ordinaires qu’il veut réaliser des choses extraordinaires. Laissons derrière nous les regrets de cette grandeur que nous n’avons pas. Ce soir, il nous dit : “Je t’aime comme tu es. Ta petitesse ne m’effraie pas, tes fragilités ne m’inquiètent pas. Je me suis fait petit pour toi. Pour être ton Dieu, je suis devenu ton frère. Frère bien-aimé, sœur bien-aimée, n’aie pas peur de moi, mais retrouve en moi ta grandeur. Je suis proche de toi et je te demande seulement cela : fais-moi confiance et ouvre-moi ton cœur”.
Une poétesse a écrit : « Celui qui n’a pas trouvé le Ciel ici-bas le manquera là-haut » (E. Dickinson, Poems, P96-17). Ne perdons pas de vue le Ciel, prenons soin de Jésus dès maintenant, en le choyant dans les personnes démunies, parce qu’il s’est identifié à elles.Jésus, à sa naissance, est entouré de petits, de pauvres. Ce sont les bergers. Ils étaient les plus simples, et ils ont été les plus proches du Seigneur. Ils l’ont trouvé parce qu’ils « vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux » (Lc 2,8). Ils étaient là pour travailler car ils étaient pauvres ; leur vie n’avait pas d’horaire mais dépendait du troupeau. Ils ne pouvaient pas vivre comme et où ils le voulaient, mais ils s’adaptaient aux besoins des brebis qu’ils gardaient. Et Jésus naît là, près d’eux, près des oubliés des périphéries. Il vient là où la dignité humaine est mise à l’épreuve. Il vient ennoblir les exclus et se révèle d’abord à eux : non pas à des personnages cultivés et importants, mais à des personnes pauvres qui travaillent.
En tant qu’Église synodale, en chemin, allons à Bethléem, là où Dieu est en l’homme et l’homme en Dieu ; où le Seigneur est à la première place et adoré ; où les derniers occupent la place la plus proche de lui ; où bergers et mages se tiennent ensemble dans une fraternité plus forte que toutes les catégories. Frères et sœurs, mettons-nous en route, car la vie est un pèlerinage. Levons-nous, réveillons-nous car, cette nuit, une lumière s’est levée. C’est une lumière douce qui nous rappelle que, dans notre petitesse, nous sommes des enfants bien-aimés, des enfants de la lumière (cf. 1 Th 5, 5). Réjouissons-nous ensemble car personne n’éteindra jamais cette lumière, la lumière de Jésus qui depuis cette nuit brille dans le monde.

Peut être une image de 3 personnes et texte qui dit ’'Nativité' et 'naïveté' apparaissent en français au XlIe siècle. Le premier sens de naïveté= authenticité simple et confiante. Je nous souhaite pleine naïveté au contact de cette Nativité! Etienne Gtroine Guido Reni’

Joyeuse naïveté / joyeuse Nativité

« Noël ? C’est la naïveté de penser que Dieu croit en nous. Notre acte de naissance vient d’un acte de foi de Dieu en nous, dès la création » (Adolphe GESCHÉ, Noël : Nativité ou naïveté d’un Dieu, dans Libre Évangile, n° 169-170, 1988, p. 2-4).

« Les rois mages nous apprennent à lire les chemins des étoiles. Nous devrions vivre étoilés. Quand les mages sortent de cette étable, – ce lieu infréquentable pour des rois et pour un Dieu –, leur étoile s’est arrêtée au ciel sur la terre. Car elle n’allait pas plus loin ; car elle ne pouvait pas aller plus loin. Elle reste là immobile (mais scintillante), défiant, comme le soleil de Josué, toutes les lois de Newton, toutes les lois monotones et de simple raison. Un vieux diptyque du Moyen Age nous montre l’enfant dans l’étoile. Une fois que nous aurons appris à regarder notre grandeur et notre preuve, et dans une étoile et dans une étable, comme les mages nous partirons ou repartirons « par un autre chemin ». […] « À qui donc l’avez-vous fait ressembler ? » (cf. Is 40, 18). Ne nous trompons pas de Dieu : le Dieu sauveur nous permet d’entrer dans notre rêve et dans notre vérité » (Adolphe GESCHÉ, Dieu, preuve de l’homme, dans NRT, 1990, p. 9 et 11).

« Sœurs et frères, cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue dans ce temps fort que nous avons vécu sur la montagne sainte : se confirme pour nous cette parole prophétique à laquelle vous faites bien de donner toute votre attention, comme on fixe son regard sur la lampe brillant dans la nuit, jusqu’à ce que le jour vienne à poindre et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs » (2 Pierre 1,17-19).

Regardez comme ils s’aiment / sèment

« L’amour n’est ni un conte de fées ni un livre. L’amour n’est ni une signature sur un papier ni ce qu’un couple se dit. L’amour est un arbre avec des branches allant bien au-delà du temps dans l’éternité, et des racines profondément ancrées dans la vie éternelle » (Rûmi).

Aimer à perdre la raison
Aimer à n’en savoir que dire
À n’avoir que toi d’horizon
Et ne connaître de saisons

Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison

Ah c’est toujours toi que l’on blesse
C’est toujours ton miroir brisé
Mon pauvre bonheur, ma faiblesse
Toi qu’on insulte et qu’on délaisse
Dans toute chair martyrisée

La faim, la fatigue et le froid
Toutes les misères du monde
C’est par mon amour que j’y crois
En elles, je porte ma croix
Et de leurs nuits, ma nuit se fonde

(Louis Aragon, Aimer à perdre la raison, chanté par Jean Ferrat).