« Alors j’avais quinze ans. Au sein des nuits sans voiles, Je m’arrêtais pour voir voyager les étoiles Et contemplais trembler, à l’horizon lointain, Des flots où leur clarté jouait jusqu’au matin. Un immense besoin de divine harmonie M’entraînait malgré moi vers la sphère infinie, Tant il est vrai qu’ici cet autre astre immortel, L’âme, gravite aussi vers un centre éternel.
Mais, tandis que la nuit marchait au fond des cieux, Des pensées me venaient, graves, silencieux, D’avenir large et beau, de grande destinée, D’amour à naître encor, de mission donnée, Vague image, pour moi, pareille aux flots lointains De la brume où nageaient mes regards incertains. — Aujourd’hui tout est su ; la destinée austère N’a plus devant mes yeux d’ombre ni de mystère, Et la vie, avant même un lustre révolu, Garde à peine un feuillet qui n’ait pas été lu. Humble et fragile enfant, cachant en moi ma flamme, J’ai tout interrogé dans les choses de l’âme. L’amour, d’abord. Jamais, le cœur endolori, Je n’ai dit ce beau nom sans en avoir souri.
Puis j’ai soudé la gloire, autre rêve enchanté, Dans l’être d’un moment instinct d’éternité ! Mais pour moi sur la terre, où l’âme s’est ternie, Tout s’imprégnait d’un goût d’amertume infinie. Alors, vers le Seigneur me retournant d’effroi, Comme un enfant en pleurs, j’osai crier : « Prends-moi ! Prends-moi, car j’ai besoin, par delà toute chose, D’un grand et saint espoir où mon cœur se repose, D’une idée où mon âme, à qui l’avenir ment, S’enferme et trouve enfin un terme à son tourment » (Louise Ackermann, Élan mystique).
« Le champ d’amour ! Il fait ébranler ces murs Que j’ai construits. Je me retrouve là à nu Devant ce vaste champ fécond Prête à recevoir les semences.
Les peurs se réveillent. Sont-elles prêtes à être mises à l’épreuve ? Pour se trouver, Libre et légère, Et répondre à cette Vie Qui appelle à grands cris » (MJ Céline, Le champ d’amour).
« Qui ne risque rien, n’a rien… »
Au diable le censeur qui avance la prudence et le principe de précaution comme Hitler avançait ses troupes…
« La trompette a sonné. Des tombes entr’ouvertes Les pâles habitants ont tout à coup frémi. Ils se lèvent, laissant ces demeures désertes Où dans l’ombre et la paix leur poussière a dormi. Quelgues morts cependant sont restés immobiles ; Ils ont tout entendu, mais le divin clairon Ni l’ange qui les presse à ces derniers asiles Ne les arracheront.
« Quoi ! renaître ! revoir le ciel et la lumière, Ces témoins d’un malheur qui n’est point oublié, Eux qui sur nos douleurs et sur notre misère Ont souri sans pitié !
Non, non ! Plutôt la Nuit, la Nuit sombre, éternelle ! Fille du vieux Chaos, garde-nous sous ton aile. Et toi, sœur du Sommeil, toi qui nous as bercés, Mort, ne nous livre pas ; contre ton sein fidèle Tiens-nous bien embrassés.
Ah! l’heure où tu parus est à jamais bénie ; Sur notre front meurtri, que ton baiser fut doux ! Quand tout nous rejetait, le néant et la vie, Tes bras compatissants, ô notre unique amie ! Se sont ouverts pour nous.
Nous arrivions à toi, venant d’un long voyage, Battus par tous les vents, haletants, harassés. L’Espérance elle-même, au plus fort de l’orage, Nous avait délaissés.
Nous n’avions rencontré que désespoir et doute, Perdus parmi les flots d’un monde indifférent ; Où d’autres s’arrêtaient enchantés sur la route, Nous errions en pleurant.
Près de nous la Jeunesse a passé, les mains vides, Sans nous avoir fêtés, sans nous avoir souri. Les sources de l’amour sous nos lèvres avides, Comme une eau fugitive, au printemps, ont tari. Dans nos sentiers brûlés, pas une fleur ouverte. Si, pour aider nos pas, quelque soutien chéri Parfois s’offrait à nous sur la route déserte, Lorsque nous les touchions, nos appuis se brisaient : Tout devenait roseau quand nos cœurs s’y posaient. Au gouffre que pour nous creusait la Destinée Une invisible main nous poussait acharnée. Comme un bourreau, craignant de nous voir échapper, À nos côtés marchait le Malheur inflexible. Nous portions une plaie à chaque endroit sensible, Et l’aveugle Hasard savait où nous frapper.
Peut-être aurions-nous droit aux célestes délices ; Non ! ce n’est point à nous de redouter l’enfer, Car nos fautes n’ont pas mérité de supplices : Si nous avons failli, nous avons tant souffert ! Eh bien, nous renonçons même à cette espérance D’entrer dans ton royaume et de voir tes splendeurs, Seigneur ! nous refusons jusqu’à ta récompense, Et nous ne voulons pas du prix de nos douleurs.
Nous le savons, tu peux donner encor des ailes Aux âmes qui ployaient sous un fardeau trop lourd ; Tu peux, lorsqu’il te plaît, loin des sphères mortelles, Les élever à toi dans la grâce et l’amour ; Tu peux, parmi les chœurs qui chantent tes louanges, A tes pieds, sous tes yeux, nous mettre au premier rang, Nous faire couronner par la main de tes anges, Nous revêtir de gloire en nous transfigurant. Tu peux nous pénétrer d’une vigueur nouvelle, Nous rendre le désir que nous avions perdu… Oui, mais le Souvenir, cette ronce immortelle Attachée à nos cœurs, l’en arracheras-tu ?
Quand de tes chérubins la phalange sacrée Nous saluerait élus en ouvrant les saints lieux, Nous leur crierions bientôt d’une voix éplorée : « Nous élus ? nous heureux ? Mais regardez nos yeux ! Les pleurs y sont encor, pleurs amers, pleurs sans nombre. Ah ! quoi que vous fassiez, ce voile épais et sombre Nous obscurcit vos cieux. »
Contre leur gré pourquoi ranimer nos poussières ? Que t’en reviendra-t-il ? et que t’ont-elles fait ? Tes dons mêmes, après tant d’horribles misères, Ne sont plus un bienfait.
Au ! tu frappas trop fort en ta fureur cruelle. Tu l’entends, tu le vois ! la Souffrance a vaincu. Dans un sommeil sans fin, ô puissance éternelle ! Laisse-nous oublier que nous avons vécu » (Louise Ackermann, Les Malheureux).
« On peut se passer de religion mais pas de communion, ni de fidélité, ni d’amour » (André Comte-Sponville, L’esprit de l’athéisme. Introduction à une spiritualité sans Dieu, Albin Michel, 2006, p. 77).
« Faut-il des religions pour édifier une humanité digne, pacifiée, joyeuse et sensée ? Non, ce n’est pas nécessaire. [… Juste que la foi] est une participation à l’engendrement à la vie de Dieu. C’est de surcroît, gracieusement, que les saveurs de l’Évangile viennent se greffer sur l’humanisation pour transfigurer l’existence et la remplir de motifs supplémentaires de gratitude, d’engagement et de joie. [… Just wow quand nous vivons nos] valeurs à la lumière transfigurante de l’Évangile » (extraits légèrement modifiés tirés de André Fossion, Dieu désirable. Proposition de la foi et initiation, Lumen Vitae, 2010, à des endroits éparses).
Tu as ouvert les cœurs-esprits, on t’a fermé la bouche. Et tu as donné ton Esprit qui a ouvert nos bouches ! Toi dont on a frappé la joue, tu tendis l’autre joue = tu n’as pas répondu à la violence par la violence ; tu y as répondu par une surprise qui nous a tous fait sortir par le haut de ce guêpier mortel. Merci de tenir bon dans nos enfers embêtant, en fer en béton. Gratte, titube… jusqu’à gratitude !
Extraits de Mgr Jacques Gaillot, Chers amis de Partenia :
« J’ai fait un rêve : celui de pouvoir accompagner les pauvres, les exclus, les pas grand-chose, sans avoir à m’expliquer, me justifier auprès des riches, des nantis.
Relever les gens laissés à terre ne suffit pas. La solidarité ne se limite pas à une soupe, un toit et une paire de souliers. La dignité humaine se nourrit de bien autre chose : ne plus être assisté, pouvoir se prendre en charge, être responsable de soi.
Vaste comme le monde, Partenia ne commence et ne s’arrête nulle part. Bien que ne l’ayant pas recherchée, c’est une destination qui me sied, c’est là ou je vais. »
R.I.P., cher évêque de ce diocèse qui ne commence et ne s’arrête nulle part !
« Quand un homme s’est trouvé, quand il a saisi son importance et son inimportance, il devient libre, insolent et amical. Il crée, il invente son passé même et chante de sa propre voix l’alléluia torrentiel de la vie surabondante, à travers bonheur et malheur » (Jean Sulivan, Joie errante ; pseudonyme de l’abbé Joseph Lemarchand).
« Ce qui est beau est bon. Et ce qui est bon sera bientôt beau » (Sappho).
Et si la beauté intérieure se voyait de l’extérieur ? C’est ce qu’a essayé de démontrer une nouvelle étude sur l’influence de la personnalité, notamment le lien entre un trait de personnalité et l’attrait physique.