À la fin de toute vie

« À la fin de toute vie, alors même que le corps est diminué et l’esprit obscurci, il reste l’âme. La mort fait partie des lois de la vie. Elle permet à la vie de se renouveler, de se transformer et d’accéder à un autre ordre d’être. « Notre sœur, la mort corporelle », comme disait saint François, est incontournable. Étant un arrachement, elle est douloureuse. Mais la marche du souffle vital auquel notre âme est reliée se situe infiniment au-delà de la mort. Elle n’en finit pas de poursuivre sa voie, selon l’adage des penseurs chinois : « La vie engendre la vie, il n’y aura pas de fin » » (François Cheng, De l’âme).

Peine immense de te perdre

Extraits d’Aragon, Le regard de Rancé :
« […] Un soir, j’ai cru te perdre. Et, de ce soir, je garde
le pathétique espoir d’un miracle incessant.
Mais la peur est entrée en moi comme une écharde.
Il me semble que je retarde
à tenir ton poignet la fuite de ton sang.
[…]
Comme autour de la lampe un concert de moustiques
Vers le plafond spiral et la flamme convoie
Du fin fond du malheur où reprend le cantique
Dans un fandango fantastique
Un chœur dansant s’élève et répond à ta voix

Ce sont tous les amants qui crurent l’existence
Pareille au seul amour qu’ils avaient ressenti
Jusqu’au temps qu’un poignard l’exil ou la potence
Comme un dernier vers à la stance
Vienne à leur cœur dément apporter démenti

Si toute passion puise dans sa défaite
Sa grandeur, sa légende et l’immortalité
Le jour de son martyre est celui de sa fête
Et la courbe en sera parfaite
A la façon d’un sein qui n’a point allaité

Toujours les mêmes mots à la fin des romances
Comme les mêmes mots les avaient commencées
Le même cerne aux yeux dit une peine immense
Comme il avait dit la démence
Et l’éternelle histoire est celle de Rancé

Etymologie du pardon

« La miséricorde, c’est le cœur même de Dieu
et l’air même que nous respirons » (Pape François).

« Pardonner et pardonner encore,
là c’est l’extrême de l’amour
et tu seras libre en toi »
(Frère Roger).

Beau-t’es / Beauté

La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs

Parfums éclos d’une couvée d’aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l’innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards

(Paul Éluard, La courbe de tes yeux).

D’Yeux de Dieu ?

Vous avez un regard singulier et charmant.
Comme la lune au fond du lac qui la reflète,
Votre prunelle, où brille une humide paillette,
Au coin de vos doux yeux roule languissamment.
Ils semblent avoir pris ses feux au diamant.
Ils sont de plus belle eau qu’une perle parfaite.
Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète,
Ne voilent qu’à demi leur vif rayonnement.
Mille petits amours, à leur miroir de flamme,
Se viennent regarder et s’y trouvent plus beaux.
Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.
Ils sont si transparents, qu’ils laissent voir votre âme,
Comme une fleur céleste au calice idéal
Que l’on apercevrait à travers un cristal
(Théophile Gautier, À deux beaux yeux).

La force de l’imagination

« La faiblesse a toujours vécu d’imagination.
La force n’a jamais rien inventé,
parce qu’elle croit se suffire.
C’est toujours la faiblesse
qui a du génie »
(Romain Gary).

« Mieux vaut allumer une bougie 
que maudire les ténèbres » (Lao-Tseu).

« L’obscurité ne chasse pas l’obscurité,
seule la lumière peut le faire »
(Martin Luther King). 

Respiration vitale

3 passages de Victor Cherbuliez :
« Il est des moments où on secoue
le lourd fardeau de nos chagrins
pour se reposer et respirer »
(Le comte Kostia, 1863).

« Le paradis est un endroit où
l’âme respire Dieu sans plus d’effort
que les plantes ne respirent l’air ici-bas »
(Meta Holdenis, 1873).

« Les êtres vivants possèdent la faculté
de s’adapter insensiblement au milieu
dans lequel la nature ou les circonstances
les ont placés. Il en est des âmes
comme des plantes et des animaux :
l’air qu’elles respirent décide
de leur destinée »
(Miss Rovel, 1875).