Nous assomme d’être loin de ce que nous sommes

« Un silence s’était fait dans son âme, un de ces abîmes où le monde entier disparaît, sous la pression d’une pensée unique, d’un souvenir, d’un regard » (Gustave Flaubert).

Merci, peu quelconque gusse Flow-Père. Ce matin, ta parole m’a aidé à accueillir en moi une part profondément triste, à partir de cet espace intérieur disposant d’une bien plus large perspective de la Vie. Et la Présence doucement confiante dans cet espace a détendu cette part triste qui a pu alors quitter le centre qu’elle occupait vigoureusement. Enfin, elle et moi, ensemble, main dans la main, nous avons pu continuer d’accueillir ce Souffle de Vie et savourer paix et confiance, jusque dans la perte et le deuil…

Si ça nous assomme
d’être loin de ce que nous sommes,
Ouistiti en moi fait la somme
pour nous souhaiter bons sommes
et ainsi être bien éveillé.es, somme toute !?…

Surabondance qui déborde

« Si tu es sage, montre-toi vasque et non pas canal  Un canal reçoit l’eau et la répand presque tout de suite. Une vasque, en revanche, attend d’être remplie et communique ainsi sa surabondance sans se faire de tort… Mais tu vas me dire : ‘La charité ne cherche pas son avantage’ (1 Co 13,5). Oui, mais sais-tu pourquoi ? Elle ne cherche pas son avantage, parce qu’elle ne manque de rien. Qui chercherait ce qu’il possède déjà ? La charité n’est jamais dépourvue de son avantage, à savoir de ce qui est nécessaire au salut » (Bernard de Clairvaux).

Ton visage trouvant sa définitive beauté

Ton visage, nous l’aimions ! On t’y voyait en entier,
Il était la fenêtre qui ouvrait sur ta lumière
Il était la porte qui nous invitait chez toi !

Ton visage d’amour : le voir nous suffisait.
Nous étions sûr de ta tendresse et de l’offrande
que tu faisais de toi, simplement, sans rien dire,
pour nous donner du bonheur chaque jour.

Maintenant ton visage échappe à nos yeux et à nos mains
pour s’inscrire, invisible mais présent, dans notre cœur.
Entre nous il n’y aura plus de face-à-face
jusqu’au jour où, nous retrouvant tous sur l’autre rive,
nos visages seront transfigurés devant la face de Dieu.

C’est vers Dieu que désormais ton visage sera tourné.
En sa présence, il trouve sa définitive beauté !

(Merci Monique Rodjo pour ce partage si précieux.)

Prier, à la source

Ma part intelligente cherche à connaitre Dieu, assoiffée de savoirs sur lui. Elle construit ses images et ses concepts sur lui. Si elle opère seule, de manière isolée, elle s’embourbe dans ses fabrications d’idoles.

Ma part volontaire, à coups de résolutions déterminées, s’efforce de décider de rester fidèle aux formes de prière qu’elle se sent obligée d’honorer ! Et tant pis si c’est du bout des lèvres. Hélas, ses réserves d’énergie sont limitées et à force de trimer en étant coupée de la source, à la longue, sa batterie interne propre s’épuise peu à peu.

Mes parts intelligente et volontaire sont les seconds du navire, elles peuvent apprendre du capitaine, qui est alimenté par les sources inépuisables et surabondantes : déjà les tout simplement naturelles, l’aquatique et la terrienne qui montent du bas ; la lumineuse qui descend du haut ; l’oxygénante (dont l’inspire et l’expire combinent horizontal et vertical). Le capitaine du navire, lui, commence chaque aventure de prière par l’accueil interne de chaque membre de l’équipage tourmenté, activé d’une manière ou d’une autre. Il met toute son attention sur ce qui est présent, y compris le manque qui déstabilise et l’absence qui creuse le manque. Y compris ? À vrai dire, prioritairement. Car ce manque est l’eau fade de laquelle va jaillir le vin des Noces : ce manque est le verre à moitié vide du besoin qui s’y trouve en creux… En lui offrant toute mon attention, jusqu’à ma considération, je vais cheminer dans mes boyaux psychiques noués, jusqu’au moment –  cadeau-surprise – d’une transformation intérieure : de hug en hug, avec chaque part en manque de quelque chose, viendra le moment béni où l’absence deviendra Présence inépuisable et surabondante…

Ainsi alimentées, mes parts intelligente et volontaire peuvent alors se déployer avec leur talent propre : la première me permet de rendre compte de l’expérience vivifiante, la deuxième est excellente pour demeurer fidèle au processus d’empathie envers chaque part tourmentée. Non pas décider d’aimer (à la force du poignet) tout qui ne va pas bien (avec le danger de me donner de bons points et de grimper sur un pied d’estale) mais décider de lui offrir ma curiosité bienveillante, jusqu’à ce que s’ouvre quelque chose, de l’ordre de la vie.

Pour que Dieu m’aime ou parce qu’Il m’aime ?

J’agis avec amour pour que Dieu prenne soin de nous ?
J’agis avec amour parce que Dieu prend soin de nous ?
Tout est dit dans la différence :
« pour que » = faire des sacrifices et se sacrifier
pour obtenir des grâces… ;
« parce que » = faire l’expérience de son Amour-source
gratuit et y répondre généreusement.

À la messe, la cloche sonne à la consécration,
pour que le croyant soit attentif et réceptif
de tout son être à la Présence d’amour.

Au temple hindou ou à la pagode bouddhiste,
le croyant sonne la cloche en s’approchant
d’une divinité pour que celle-ci prête
attention à son sacrifice.

« parce que » et non « pour que » = la bonne
nouvelle de la Bible se résume en deux lettres :
« ar » et non « ou »

Mes ressacs portés par les vagues célestes

Il paraît que Dieu écrit droit avec des lignes courbes.
Moi, j’écris courbes, avec bien des ressacs,
alternant les systoles et diastoles de mon cœur !
Devant l’obstacle, chaque ressac m’invite à
un retour sur Soi, où se trouvent les ressources
pour trouver un chemin nouveau et avancer… 

Photo offerte par une proche amie :
le ciel de Sasseta en Toscane, ce 3/9/23. 
Gratitude pour ces délicates
touches du peintre céleste…

La force de l’élan

Si l’on plonge subitement une grenouille dans de l’eau très chaude, elle s’échappe d’un bond ; alors que si on la plonge dans de l’eau tiède en train d’être chauffée, la grenouille s’engourdit ou s’habitue à la température, pour finir ébouillantée.

Par contre, dans le saut en hauteur, il est contreproductif de commencer en mettant la barre d’emblée très haut. En franchissant les barres les plus basses, le sauteur s’enhardit et prend confiance en lui !

Qu’en quand sans cancans conclure ? ? ? ?

Dans nos pédagogies d’enseignement, le mode d’emploi est fourni avec l’apprenant. Et il convient dans tous les cas de partir de lui et de ses élans, pour ne pas en faire un bovidé ruminant et-lent, n’est-il pas ?!…

Aujourd’hui, 30 août, c’est la fête de la fraternité (dans l’hindouisme).
Happy Rakhi, dear Bro & Sister !

Là tout entière, tout éveillée

Quelques morceaux choisis de cette prière d’Élisabeth de la Trinité : 
Ô Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement
pour m’établir en vous, comme si déjà mon âme était dans l’éternité.
Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée.
Que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière,
tout éveillée en ma foi, toute livrée à votre Action créatrice.
Ô mon Christ, je vous demande de me revêtir de vous-même,
afin que ma vie soit un rayonnement de votre Vie.
Ô mon Astre aimé, fascinez-moi pour que
je ne puisse plus sortir de votre rayonnement.
Ô Feu consumant, Esprit d’amour, survenez en moi 
afin qu’il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe :
que je Lui sois une humanité de surcroît
en laquelle Il renouvelle tout son Mystère.
Et vous, ô Père, couvrez votre créature de votre ombre.
Ô mes Trois, ma Béatitude, Immensité où je me perds,
ensevelissez-vous en moi pour que je m’ensevelisse en vous,
en attendant d’aller contempler en votre lumière
l’abîme de vos grandeurs.