Moyens inédits de mobilisation

Pierre, papier, ciseau : serait-ce la pire-des ères ? La civilisation est-elle en danger ? N’est-ce pas précisément le moment d’avoir le courage d’oser les avancées majeures dont nous avons besoin sur le plan collectif, du national à l’international, en termes de gouvernance ? Grâce aux progrès technologiques qui continuent à un rythme très rapide, l’accès de chaque citoyen à l’information est devenu très aisé. Les opportunités de mobilisation et d’évolution sont là, sans précédent, les possibilités de collaboration mondiale aussi. Vive notre capacité collective à relever ces défis !

Ci-dessous un petit extrait de mon livre « Le nouveau paradigme de non-violence » ;

« Les nouveaux médias de communication et les réseaux sociaux démultiplient les capacités de mobilisation et donc de résistance civile. La radio et la télévision du XXème siècle imposaient peu d’émetteurs et beaucoup de récepteurs. Cette donnée technique a été employée par les régimes totalitaires dans un modèle vertical de flux d’information à sens unique, depuis l’élite vers les masses. Dans la révolution d’Internet, il y a autant d’émetteurs que de récepteurs. Le pouvoir d’informer qui était aux mains de quelques-uns est ainsi passé à tous, rendant impossible le contrôle de la diffusion des informations. Michel Serres parle de « Petite Poucette », qui a accès au monde par son pouce . Elle a trouvé le sens réel du mot « maintenant » : main-tenant, tenant en main le monde avec son téléphone portable. Elle tient en main tous les hommes du monde, tous les enseignements du monde, et tous les lieux du monde par GPS. Qui pouvait en dire autant avant elle ? Auguste, empereur de Rome ? L’homme le plus riche de la planète ? Désormais, il y a plus de 4 milliards de personnes qui ont un portable et un accès facile à Internet et qui tiennent en main le monde. Ce n’est pas une crise, c’est une bascule de civilisation, un changement de monde, avec de prodigieux moyens nouveaux de démocratie. La « toile » du net favorise les réseaux  et les mouvements de type « assembléiste ». Ainsi, tout passeur de savoir dans le nouvel espace public peut aussi être un acteur engagé et co-organisateur d’une lutte. Voici deux exemples de nouvelles expressions de citoyenneté et de démocratie directe qu’offre Internet : 1) En Corée du Sud, les « netizen » (citoyens d’Internet) surveillent le système économique et en dénoncent les dérives, dans un espace de contrepouvoir qu’ils n’avaient pas avant Internet, car leurs actions étaient contrôlées et réprimées par le Pouvoir. 2) Les Islandais peuvent contribuer à amender leur Constitution par Internet et vingt-cinq citoyens ont été élus pour rédiger une nouvelle Constitution .

Les militaires reconnaissent la profonde mutation de l’art de faire la guerre en conflits asymétriques. Cette mutation est d’abord perceptible dans le refus des peuples à être asservis . Voici ce qu’en dit un Général français : « Le rapport de force n’est désormais plus déterminant dans la conjonction de deux phénomènes : d’une part, une retenue relative des puissances occidentales dans l’usage de la force, […] compte tenu notamment de leur engagement sous l’étendard des « droits de l’Homme », […] ; d’autre part, la posture désormais irrédentiste du « faible », avec un engagement massif des populations. Nul plus jamais […] ne se reconnaît vaincu ni ne se soumet. »

Ces réalités contemporaines continuent de donner forme au changement de paradigme sur l’autorité : le pouvoir issu de la base et fondé sur son consentement parvient toujours mieux à réduire les marges arbitraires du pouvoir descendant. Dans ces capacités nouvelles de tarir les sources d’une tyrannie, une révolution citoyenne, de portée mondiale, n’est-elle pas en cours ? Certes, il faut souligner les limites des formes de coopération souple, telles qu’Anonymous. Elles sont redoutables comme force de contestation, parvenant à fissurer des murs réputés indestructibles mais elles montrent leurs profondes limites dans la construction d’un programme alternatif » (repris notamment aux pages 17-18 de mon article ici disponible : https://etiennechome.site/df/).

Réduire mon empreinte émotionnelle

« Aujourd’hui, on fait aisément son examen de conscience sur son empreinte carbone. Ce que je propose, c’est aussi de faire son examen de conscience sur son empreinte émotionnelle :
suis-je émetteur d’émotions
et de comportements toxiques ?
Chaque membre d’un groupe a une responsabilité vis-à-vis des émotions qu’il émet et dégage autour de lui.
Plus de mots pleins d’intelligence émotionnelle
=> Moins de maux de ventre ou autres… »
(Christophe Haag, chercheur
en intelligence émotionnelle).

Prendre soin de mon bout de la relation

Ce que j’aime ou déteste chez un autre me renvoie à la pertinence de prendre du temps avec la part de moi qui vit cela, en moi… L’autre n’est qu’un déclencheur ; le trésor se trouve dans l’accueil de ce qui se révèle en moi au contact de l’autre, non pas pour être avec moi de manière égocentrée, mais pour être pleinement en paix et en harmonie à l’intérieur, suffisamment libéré des transferts, contre-transferts, projections et contre-projections entre nous. Ce dialogue interne, en moi, me permet ensuite de revenir à l’autre, avec une disponibilité pour coconstruire une relation saine dans laquelle chaque personne tient debout par elle-même et peut dès lors danser avec l’autre, en bons partenaires.

C’est le commentaire que j’ai fait à la demande d’une amie qui me demandait de réagir à la citation : « ce qu’ils détestent en toi est ce qui est en train de leur manquer, en eux. Continue de briller ».

Échecs amoureux à répétition

« Aux joies des premières rencontres succèdent souvent les ruptures et les drames du désamour. Nous pensons alors « nous n’étions pas faits pour vivre ensemble », ou « il n’était pas pour moi ». Puis survient un nouvel amour. Et nous reproduisons les mêmes erreurs. Comme si l’échec tenait du destin et qu’une force aveugle s’acharnait sur nous. Pourquoi certaines femmes ne sont-elles attirées que par le même type d’homme, et inversement ? Pourquoi recommençons-nous encore et encore la même histoire au risque de nous faire du mal ? Pourquoi sommes-nous sous l’emprise du passé ? Nous pouvons identifier et analyser la mécanique subtile de la compulsion et les signes avant coureurs de la défaite, puis repérer les moyens de sortir de l’engrenage. Car si l’amour est le lieu de la répétition, faire un pas de coté peut permettre d’aller de l’avant et de s’épanouir enfin à deux » (Maryse Vaillant & Sophie Carquain, La répétition amoureuse : sortir de l’échec).

Ton contact me révèle à moi-même

En ce 8 mars 2025, j’ai reçu un message (en créole) d’une partenaire mauricienne :
« Se ki nou trouv kot enn dimounn, souvan, li enn refler de seki nou ena andan nou… E seki li révey dan nou ed nou konpran nou-mem ankor plis. Enn zoli célébration pou tou bann madam en cette Journée de la Femme ! »
«  Ce que nous voyons et reconnaissons chez l’autre est souvent le reflet de ce que nous avons au-dedans de nous. Et ce que l’autre réveille en nous nous permet de nous comprendre nous-mêmes encore davantage. Mes vœux de belle célébration à toutes les dames en cette Journée de la Femme »
(voir son post sur https://www.facebook.com/Famunie/
et les réalisations extraordinaires de
la Fondation des Femmes Unies !).

Et moi, je lui avais envoyé juste avant :
« Ce que tu perçois de moi
est un reflet de ce que tu es….
La réaction que tu suscites en moi
est une prise de conscience de ce que je suis »
(sagesse indienne relayée par ‘Femme Sacrée Divina’).

Bonne célébration, vou zot tou !

Paréidolie

La paréidolie est le réflexe de repérer des visages humains dans des objets inanimés (dans les nuages par exemple). C’est une réponse adaptative archaïque. Pour un bébé, c’est une affaire de survie dans son besoin de protection et aussi de bonne santé dans ses besoins de développement psychique et social harmonieux. Des études scientifiques ont établi clairement que les bébés passent bien plus de temps à regarder des motifs ressemblant à des visages plutôt que des motifs aléatoires.

Cet arbre dans l’image, existe en Belgique à Anvers. Amis français, prononcez Anversssssse avec son son final [s] ; merci. À vrai dire, nous les Belges, nous disons légitimement Antwerpen : c’est son nom flamand, qui se prononce correctement sans le son final [n] : [Annetwèrpe] !

Fils invisibles des connexions authentiques

« L’attachement silencieux peut être plus puissant que toutes les déclarations du monde. Prenez les loups : ils maintiennent des liens intenses sans jamais avoir besoin de le démontrer ostensiblement. C’est dans leur présence mutuelle que réside leur force.

Les études en neurosciences révèlent un phénomène fascinant : notre cerveau capte et interprète les micro-signaux invisibles, créant des connexions plus profondes que les manifestations explicites. C’est comme le champ magnétique terrestre : invisible mais fondamental.

La connexion authentique ressemble à la photosynthèse : invisible à l’œil nu mais vitale et constante. Les gestes spectaculaires sont comme des feux d’artifice : éblouissants mais éphémères. C’est dans la force tranquille du quotidien que se forge le lien le plus solide » (Bruno René Marchal).

Des co-errances aux cohérences

Un proche vient de me partager : « Nous avons beaucoup de difficulté en ce moment avec notre ado qui nous donne du fil à retordre, il nous pousse dans nos retranchements, ce qui n’aide pas non plus l’harmonie en couple ».

Quels redoutables cadeaux que les diverses « pro-vocations » de nos ados, en quête d’identité propre, de valeurs personnelles et de cohérence interne. Puissions-nous saisir derrière les coups de butoir le bel élan de vie du jeune qui cherche à se distancier de nos co-errances parentales pour établir sa propre cohérence, saluer la bonne santé de cette rébellion adolescente quand elle manifeste que ce jeune se construit lui-même en vérité. Toute la difficulté est de discerner d’une part là où le jeune est dans ses propres errances, où il a besoin d’un accompagnement sûr et d’autre part là où il touche à une co-errance parentale, où il a besoin d’un affranchissement.

Quelle opportunité de dialogues ouverts et authentiques, inconfortables certes mais sources d’apprentissage pour tous. Car les parents peuvent aussi apprendre de leur enfant qui regarde la systémique familiale à partir d’un autre point de vue que le leur. Il peut mettre le doigt là où le bât blesse et apporter de nouvelles perspectives en bousculant les statu quo. Pour une part, ses contestations et remises en question peuvent amener les parents à évoluer, eux aussi !

Quelle délicate traversée que cette période de l’adolescence où la cohérence personnelle se construit notamment avec les « co-errances » conjugales et familiales. Quelle opportunité de croissance mutuelle et de redéfinition des relations familiales, en route vers une relation d’adulte à adulte, d’égal à égal ; tout un programme de belle présence dans une juste distance les uns par rapport aux autres…

Ce geste fait en sécurité et enveloppé d’amour qui libère

Guérir d’un traumatisme, c’est pouvoir refaire un geste simple et naturel qui a été interdit depuis ce traumatisme et qui semble être devenu impossible depuis lors.

Plus décisif qu’un enjeu de compréhension, la guérison, ça marche par un geste approprié, une action qui rouvre une porte bloquée.

Quel est le geste qui modifie la configuration ? Il suffit d’un simple geste fait en sécurité et enveloppé d’amour !

Il se tordait, pensait de travers, voyait de travers, avait une posture physique tordue. « Ce n’est pas vous cette torsion ! » Et, tout à coup, désidentifié, il lâche le geste interdit, décharge les blocages qui y sont liés, fait le geste libérateur et se retrouve dans son axe naturel ; il redevient vivant simplement.

« Madame, vous êtes beaucoup plus que le drame que vous avez vécu ». Cessant d’être réduite à sa part prisonnière de ce drame, la voilà en train de vivre un désamalgamage et ressentir dans ses tripes de la compassion pour cette part coincée. Ça s’élargit en elle… Et voilà que les symptômes disparaissent… Et voici que sa part recroquevillée (racrapotée, dit-on encore mieux en Belgique) peut enfin se déployer et redevenir pleinement elle ; je dirais même plus : déployer ses ailes à elle !

« Arrêtez de parler, d’expliquer, de penser, de vous plaindre… et faites quelque chose, asseyez-vous convenablement, changez de position ! » (François Roustang, La Fin de la plainte, Il suffit d’un geste).

« Le thérapeute incite simplement le patient à l’action, ne sachant souvent pas ce que cette action sera » (Milton H. Erickson, Hypnotic psychotherapy, in The medical clinics of North America, 1948).

« Ce sont les réponses physiologiques, plutôt que l’événement traumatique lui-même, qui déterminent la gravité de l’impact du trauma » (Stephen Porges, Polyvagal Theory Neurophysiological Foundations of Emotions, Attachment, Communication, and Self-Regulation).

Aller dans ce sanctuaire intérieur où la sécurité et l’amour m’autorisent à me laisser à nouveau être moi, en laissant venir à moi ce geste (qui peut être métaphorique ou imaginaire) par lequel je me remets simplement à ma place : cercles vertueux entre le Self, mes parts et mon corps qui me ramènent au bon endroit, c-à-d au centre de ma vie, là où jaillit l’étincelle de la Vie, qui me font revenir au coeur de mon existence, là où je suis force douce et tranquille, lumière intacte et intègre.