Du 31 au 1er…

Je me mets sur mon 31 pour ma dernière occasion en 2023
de faire des commentaires potaches à propos de cette image :

1) Lundi, nous percevons dimanche loin…
Dimanche, nous percevons lundi proche !
Le 31 décembre, nous percevons le 1er janvier tout proche.
Le 1er janvier, nous percevons le 31 décembre bien loin…
C’est notre perception linéaire du temps,
tournés que nous sommes vers l’avant ?

2) Rétroviseur sur nos traditions anciennes :
« nous macquerons » signifie, en vieux français,
« nous romprons le chanvre ou le lin
pour les rendre propres à être teillés ».
Teiller ou tiller = débarrasser de la tille,
détacher le filament du chanvre ou du lin,
en brisant la chènevotte.
Chènevotte = moelle du chanvre,
partie ligneuse du chanvre
dépouillée de son écorce…
Et oui…

3) Connaissez-vous la différence entre les suffixes « -iste » et « -ien » ? Marc Arabyan situe son origine dans les guerres de religion entre Papistes, Calvinistes et Luthériens. Par exemple, les gaullistes / sarkozistes, etc., sont des militants en guerre, des partisans vindicatifs, en conquête ; les gaulliens / sarkoziens, etc., évoluent dans un état plus apaisé et stable. « -ien » est d’usage pour désigner le mouvement dans sa maturité, le courant de pensée établi.

Je nous souhaite moelleuses chènevottes,
sous nos écorces endurcies, que nous soyons
anti ou pro-macronistes/macroniens…

La vulnérabilité de Dieu

« Noël c’est le moment où nous embrassons la vulnérabilité de Dieu »
(Soeur Mary Leddy).

Voici une phrase pour le moins énigmatique et une injonction insolite : embrasser la vulnérabilité de Dieu ? Le besoin de protection et la vulnérabilité se manifestent le plus souvent dans des situations extrêmement brutales. Les images d’Ukraine, d’Israël/Palestine et de nombreux autres endroits du monde ne cessent de nous en faire prendre conscience. Le message que transportent ces images est que les victimes ont besoin de protection, de sécurité, ce qui se traduit au quotidien par des bombes, des chars, des obus, des murs et des frontières. Mais sommes-nous capables de voir autre chose, quand nous sommes confrontés à ces images ? Sommes-nous capables de percevoir cet autre message : cessez enfin de vouloir nous protéger par les armes qui provoquent tant de souffrance et de destruction et qui suscitent invariablement la riposte, violente elle aussi.

Des parents israéliens qui ont perdu un enfant dans des attentats terroristes du Hamas palestinien et des parents palestiniens dont les enfants ont été tués par des soldats israéliens expriment ensemble leur blessure morale, leur deuil. Ils ont fondé l’organisation Parents Circle. Leur message : mettez fin à la haine ! Elle ne fera pas revivre nos enfants. Notre responsabilité commune est de rompre ce cycle infernal de la violence et de la contre-violence !

Ce message-là, l’enfant dans la crèche nous le fait entendre. Regardez : voici un être humain, un petit enfant qui a besoin des autres. Protégez cet enfant, protégez chaque être humain et tout particulièrement ceux qui sont les plus faibles et les plus vulnérables.

La vulnérabilité de Dieu est l’antithèse des systèmes de sécurité militaires et de la course mondiale aux armements qui engloutit chaque année des sommes colossales et fait grimper toujours plus haut la spirale de la haine, des menaces, des attaques et de la vengeance. « En Jésus-Christ, Dieu s’est désarmé », dit la théologienne évangélique Dorothee Sölle.

C’est le grand défi que nous lance son existence marquée par la vulnérabilité : celui de prendre le risque de notre propre vulnérabilité. Celle-ci nous accompagnera tout au long de notre vie, malgré tous les systèmes de sécurité. Si nous acceptons de reconnaître notre commune vulnérabilité et notre besoin de protection, nous deviendrons de plus en plus responsables, non seulement envers nous-mêmes, mais aussi envers l’autre, l’étranger, et nous nous encouragerons mutuellement à coopérer plutôt qu’à nous affronter, à aller les uns vers les autres plutôt qu’à ériger des murs entre nous.

Je vous adresse toutes mes salutations, en ces temps si sombres, avec les paroles d’un choral de l’Oratorio de Noël de Jean-Sébastien Bach :
Apparais, ô lumière du matin,
Et laisse poindre le ciel !
Vous, les bergers, n’ayez pas peur,
Car l’ange vous dit
Que ce faible petit garçon
Sera notre réconfort et notre joie,
En plus il contraindra Satan
Et apportera la paix – enfin !
Au nom du Conseil d’administration,
Antje Heider-Rottwilm, présidente de Church and Peace
https://www.church-and-peace.org/fr/2023/12/embrasser-la-vulnerabilite-de-dieu-a-noel/

Stay woke < > Wokisme

« Stay woke! » : « restez éveillés ! » devant les inégalités sociales structurelles, dont les privilégiés ont si peu conscience, comme le chanta Erykah Badu en 2008 : « I stay woke » (« je reste vigilante, je reste lucide »).

« Le wokisme est cette tendance à interpréter l’ensemble du monde social à la lumière d’une conception communautarisée du monde et d’une division binaire un peu primaire : entre dominants et dominés, victimes et coupables. […] On nous reproche parfois de mettre tout et n’importe quoi sous ce terme, mais c’est parce que tout et n’importe quoi est utilisé par les promoteurs de ce courant. […] On est face à une forme de déréalisation du monde, une forme de dépolitisation — ou plutôt de surpolitisation — sur des enjeux symboliques qui s’accompagne d’une dépolitisation des enjeux réels » (Nathalie Heinich, Le wokisme serait-il un totalitarisme ?).

Wokisme : faire pression pour que Les dix petits nègres d’Agatha Christie soit rebaptisé. La dernière édition a pour titre : Ils étaient dix.
Stay woke : oser parler dans le bus avec une personne qui vient de s’en prendre à une personne de couleur, avec mépris de ses origines…

Wokisme : rééditer Tintin au Congo avec une nouvelle couverture déracialisée (a été gommé le petit congolais aux lèvres exagérées).
Stay woke : garder l’œuvre d’Hergé en l’état, tout en ajoutant une préface qui donne les bonnes clés de compréhension du contexte colonial et les ressources pour continuer la décolonisation de nos esprits et de nos coeurs…

Ne pas louper seulement ce qui mérite la loupe

« La meilleure manière de rencontrer des opportunités, c’est d’en être soi-même une » (Philippe Galibert).

Joie, ce matin, en moi de relier les uns les autres de mon réseau et de se partager mutuellement les grains de blé glanés dans ce champ-ci, dans ce champ-là…

Comment ne pas louper ce qui mérite la loupe (focus sur)
et louper tout le reste (faux-c… sûrs) ?

Nous entraider à repérer les idéologies va-t’en-guerre…

« 90 % de l’argent que les Américains ont soi-disant donné à l’Ukraine, a été dépensé aux États-Unis, en allant dans les poches de leur propre complexe militaro-industriel. C’est ça, le secret de la guerre »  (Alexandre Orlov, ancien ambassadeur russe en France, interviewé sur Europe 1 ce 10 décembre 2023). 

« La crise en Ukraine n’a été qu’un prétexte pour imposer des sanctions à la Russie. Même sans la Crimée et l’Ukraine, les États-Unis et leurs alliés auraient inventé autre chose pour freiner les opportunités croissantes de la Russie » (Poutine lors d’un discours devant l’aréopage des chambres réunies du Parlement à Moscou, 3 décembre 2014).

Idéologies va-t’en-guerre respectives, déversées
au sein de vos augustes aréopages respectifs,
quand vous nous tenez sous votre emprise,
comme il est difficile de faire arrêt sur image ?!…

Pré carré

Vrai ou faux ? La France partage une frontière avec les Pays-Bas. 
Ma réponse à la fin.

« Sérieusement, Monseigneur, le roi devrait un peu songer à faire son pré carré. Prêchez toujours la quadrature non pas du cercle mais du pré. C’est une belle et bonne chose que de pouvoir tenir son fait des deux mains » (Vauban, Lettre à Louvois, 1673). Pour gérer le territoire dans sa totalité depuis Versailles, Vauban va prier le roi de délaisser les forteresses à l’intérieur du royaume pour se concentrer sur la défense aux frontières et y construire une ceinture de fer.

À l’époque coloniale, assurer son pré carré pour la France, cela
a été de conquérir des territoires aux quatre coins du globe.

À l’époque postcoloniale, elle a su conserver ses DROM-COM (Départements et Régions d’Outre-Mer et Collectivités d’Outre-Mer), anciennement dénommés DOM-TOM (Départements d’Outre-Mer et Territoires d’Outre-Mer), qui représentent une superficie terrestre de 120.369 km2 (552.528 km2 si on inclut la Terre Adélie en Antarctique) et une population supérieure à 3 millions d’habitants (soit un cinquième du territoire français et 4 % de la population française). Encore aujourd’hui, le pré carré est bien réel, avant même de parler de la diplomatie néocoloniale de la Françafrique : « Jacques Chirac écrit pour défendre notre pré carré africain… Profond malaise » (Libération, 4 février 1993).

« Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée » (Matthieu 26,52).

Vrai : c’est dans l’île antillaise de Saint-Martin que la France partage une frontière avec les Pays-Bas !

La non-violence, du faible au fort

Dans mon livre Le nouveau paradigme de non-violence, je consacre 80 pages à la stratégie non-violente du faible au fort pour mettre fin à une injustice et à la stratégie non-violente du fort au faible pour mettre fin à une agression.

J’y soutiens que plus le rapport de forces est inégal, plus il est dans l’intérêt du faible de recourir à des moyens non-violents pour obtenir justice, en impliquant l’ensemble de la Communauté internationale. Et plus on regarde à long terme tous les effets de l’option armée, plus apparaît la pertinence d’un tel choix politique, tenant compte de tous les pièges de la violence qui engendre encore davantage de violences… Plus l’injustice est nette et la domination est abjecte, plus la pertinence d’une telle stratégie se comprend facilement à court terme.

Une telle pertinence peut se montrer même dans les cas ukrainiens et palestiniens. Les peuples ukrainien et palestinien ont besoin de leaders formés aux techniques non-violentes et de soutiens de la part d’acteurs aguerris dans ce domaine.

J’ai pris part à une journée de rencontre et de réflexion sur ces questions avec des Mennonites et des membres du réseau Church and Peace, ce 18 novembre 2023, en Alsace (https://www.church-and-peace.org/fr/2023/10/le-pacifisme-chretien-face-a-la-guerre/).

Révolution ecclésiologique requise pour une gouvernance davantage partagée

Dans l’image, devinez ce que c’est ? Ma réponse : voir tout en bas…
Indice : manger avec des baguettes et se soigner avec l’acuponcture !

Sous la houlette d’un pape qui cherche à décléricaliser l’Église, le synode sur la synodalité s’est ouvert à un nombre croissant de laïcs (dont 40 femmes), à la recherche ensemble de modes de gouvernance davantage partagée. Les Églises protestantes ont des expériences intéressantes à partager en la matière…
Cf. Ludovic Lado sj, Du synode des évêques au synode de l’Église : une révolution ecclésiologique ? (https://www.la-croix.com/debat/synode-eveques-synode-lEglise-revolution-ecclesiologique-2023-11-01-1201289031 ) & mon collègue Stijn Van den Bossche, La soutane, Satan du synode (https://www.cathobel.be/2023/11/la-soutane-satan-du-synode/).

Image : C’est une cathédrale en Chine !