Archimède a dit : « Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde ». Le principe du levier est simple en théorie ! En pratique ?
Côté du monde humain, Gandhi et Martin Luther King proposent ce levier-ci : mobiliser une masse critique de citoyens, si possible la majorité du groupe, en faveur de la justice sur un point précis du système injuste et faire l’expérience qu’ensemble, nous pouvons soulever le monde : nous avons le pouvoir de le rendre plus juste, petit bout par petit bout !
Équité, dignité, solidarité pour un monde meilleur ! L’union des consciences fait la force de la justice…
Il y a 2.400 ans, les Grecs devaient déjà affronter les ressources sophistiques : déjà à l’époque, les sophistes apprenaient à créer des sophismes, leur but étant ouvertement la seule efficacité persuasive, sans égards pour la vérité, l’éthique, la justice. L’essentiel est de ‘cons’-vaincre avec des discours spécieux (c-à-d attirant par une belle apparence mais finalement sans valeur), truffés d’arguments & raisonnements qui font illusion, dans l’intention d’obtenir l’adhésion, quitte à Trump-et / tromper, quitte à recourir à des vices logiques : effets de manche dissimulés sous une écorce à première vue solide et cohérente.
« Il y a une gymnastique du faux. Un sophiste est un faussaire. Et, dans l’occasion, ce faussaire brutalise le bon sens » (Victor Hugo, Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 39).
La Source est inépuisable et surabondante. Elle est là, entièrement disponible, donnée gratuitement, sortant de chacun de nos Temples (Ézéchiel 47), coulant du cœur de nos cœurs jusque dans la vie éternelle (Jean 4,13-14). Qui reconnaît (Jn 3,3-5) le petit filet de cette eau vive jaillir à sa source, pourra se baigner dans ses fleuves d’eau vive (Jn 7,37-38), avec la confiance de l’enfant, et en être régénéré jusqu’à guérison (Jn 5,7; 9,7).
Jésus dit au paralysé : « Crois-tu que tu peux être guéri ? » « Oui, je le crois. » « Lève-toi et marche, ta foi t’a sauvé ».
L’Amour ne demande pas mieux que de se déployer en nous et entre nous.
« Pour réconcilier le court et le long terme, il est important de ne pas prendre certaines décisions de court terme qui obstruent la cohérence de la vision » (Stéphane Pallez).
Continuons à ne pas prendre les vessies pour des lanternes et à montrer que 1) les politiques de profit à court terme finissent par coûter cher à long terme, 2) les investissements féconds à long-terme sont la meilleure urgence du court-terme…
Il était une fois, dans un royaume lointain, un grand bal où se rencontrèrent de nobles Comtes défaits, ruinés, fuyant leurs comptables & comptes des faits, au point de se plonger dans leur propre conte de fées.
Ils choisirent ensemble une retraite : vivre très simplement à la campagne sans dettes. Ils apprirent à faire sans grande dépense la fête. Enfin, ils eurent de bons comptes sans défaite. Ils vécurent heureux, dans le respect de la planète. Vive la simplification de vie, prophète !
D’où vient l’alternance des saisons stérile et fertile ? La mythologie romaine l’explique par cette histoire : alors qu’elle cueillait des fleurs au pied du volcanique Etna, la très belle Proserpine fut enlevée par Pluton (le dieu des enfers) qui voulut en faire sa reine. Cérès, la mère de Proserpine, la chercha pendant neuf jours et neuf nuits sans manger ni boire, un flambeau allumé dans chacune de ses mains. À bout et furieuse, elle rendit la terre stérile et déclencha une famine. Après une médiation compliquée de Jupiter (le frère de Cérès et de Pluton), Proserpine passera dorénavant 6 mois avec sa mère Cérès (mère heureuse => terre fertile) et 6 mois avec son mari Pluton (mère portant le deuil => terre stérile & livrées en mode hiver).
Étymologiquement, « février » signifie « purification ». À l’approche du temps des semailles, nos ancêtres fêtaient ce temps de renouvellement où l’on termine la farine de la saison passée (vivent les crêpes) et où l’on espère les fruits de la saison qui vient. À la Chandeleur qui vient du mot « chandelle », les Romains organisaient des processions aux flambeaux et des cérémonies aux bougies qui avaient pour but de purifier les habitations et les espaces sacrés. Ce mois de février, charnière entre l’hiver et le printemps, célèbre la victoire de la lumière sur les ténèbres et l’espoir du renouveau, ce qui résonne aux oreilles chrétiennes avec la présentation de Jésus au Temple quarante jours après sa naissance (conformément à la tradition juive pour tout premier-né).
« Ne pas faire quelque chose, voilà le vrai luxe » (Herman Melville).
« Dans l’urgence et la précipitation, nous perdons de vue ce qui est essentiel. Le calme et le repos sont les vraies sources de notre créativité » (Eknath Easwaran).
« Le silence et la tranquillité apportent la sagesse, comme une mer calme reflète la beauté du ciel » (Thich Nhat Hanh).
Marianne Aya Omac chante ‘Je reviens’ : https://www.youtube.com/watch?v=sSr1JZNprlw
Oui, je reviens de guerre. Je ne suis pas blessé. J’ai traversé l’enfer et je m’en suis tiré. Mais j’ai sauvé ma vie au prix de tellement d’autres Que j’éprouve un remord d’être parmi les vôtres. J’ai lancé des grenades, vous me lancez des fleurs et, pour avoir tué, m’accueillez en vainqueur. Quand je vois cet enfant qui m’apporte une gerbe, je pense que là-bas d’autres dorment sous l’herbe.
Oui je reviens de guerre, Mais, je vous en supplie, ne me demandez pas d’être fier d’être ici. J’ai fait comme les autres, je me suis défendu. Je ne voulais pas mourir, mes adversaires non plus. Ce n’est pas la violence qui nous faisait agir mais une peur immense de ne plus revenir. Pour vous, c’est terminé, vous chantez la paix. Moi, je pleure ces morts qui ne m’avaient rien fait.
Oui, je reviens de guerre ; on dit qu’on a gagné… Mais, pour l’amour de Dieu, cessez de m’acclamer, car, si je suis ici, c’est que d’autres sont morts. Et leurs cris d’agonie me poursuivent encore. Qu’on ne me dise pas que j’ai des ennemis. Je n’ai vu que des hommes transformés en soldats qu’on obligeait à faire ce qu’ils ne voulaient pas.
Oui je reviens de guerre, mais vos chants de victoire n’effaceront jamais l’horreur de ma mémoire. Je crois entendre un bruit, celui du corps d’un homme qui tombe. Et le dernier soupir de celui qui succombe, et le dernier regard de ceux que j’ai tués m’a placé pour toujours au banc des accusés. Arrêtez la fanfare, rangez tous vos drapeaux ; je suis un criminel, je ne suis pas un héros.
Je publie ce post sur fond du sermon de l’évêque Budde à la cathédrale de Washington en présence de Trump, avec des paroles fortes interrogeant et interpellant la politique présidentielle…
« La laïcité est une transcendance lorsqu’elle affirme qu’il existe toujours en elle un territoire plus grand que ma croyance, qui peut accueillir celle d’un autre venu y respirer » (Delphine Horvilleur).
« La laïcité installe un espace zéro, celui de la puissance publique, laquelle s’abstient en matière de croyances et d’incroyances et se protège des croyances et incroyances. Mais le régime laïque ne se réduit pas au seul principe de laïcité ; il repose sur une dualité de principes. D’un côté ce qui participe de l’autorité publique (législation, institutions publiques, école publique, magistrats, gouvernement…) s’abstient de toute manifestation, caution ou reconnaissance en matière de cultes, de croyances et d’incroyances, et réciproquement se protège de toute intrusion des cultes – c’est le principe de laïcité stricto sensu, le moment zéro. De l’autre, partout ailleurs y compris en public, dans l’infinité de la société civile, la liberté d’expression s’exerce dans le cadre du droit commun. L’articulation entre ces deux principes produit une respiration. L’élève qui enlève ses signes religieux en entrant à l’école publique les remet en sortant, il passe d’un espace à l’autre, échappant par cette alternance aussi bien à la pression sociale de son milieu qu’à une règle étatique. […] La laïcité est un minimalisme et un immanentisme politique » ( Catherine Kintzler).
« Dans l’espace privée, c’est la liberté qui prime. Dans l’espace public, la laïcité implique une neutralité, tandis que dans l’espace civique (les lieux où l’on se rencontre), c’est la discrétion qui s’applique. Le principe de la laïcité, c’est donc la discrétion » (Pierre-Henri Tavoillot, La morale de cette histoire).
Bons défis de pas sages (avec toute l’ambiguïté de la formule « pas sages »…) !
Bartolomé de Las Casas était parti chercher fortune à Hispaniola (l’actuel Haïti) en 1502. Comme tout colon, il avait reçu une parcelle de terres (« repartimiento ») avec le droit d’utiliser le travail d’un groupe d' »Indiens » pour exploiter ces terres. Il se montrait bon colon traitant ces indigènes avec humanité. Il était désireux d’être bon avec eux et il soutenait les œuvres caritatives telles que la création d’écoles et d’hôpitaux mais, pendant 12 ans, il a été incapable de voir la violence dans la domination exercée sur les colonisés qui étaient spoliés de leurs terres et réduits à de la main d’œuvre en esclavage. Il resta longtemps insensible à l’iniquité du système d’exploitation en place, malgré les appels de quelques prêtres (comme le dominicain Antonio de Montesinos dont le sermon le dernier dimanche de l’Avent 1511 avait fait des remous jusqu’à la Couronne espagnole).
Il fallut l’intervention de l’Esprit pour que les écailles tombent de ses yeux. Il raconte que cette conversion radicale arriva à un moment précis, alors qu’il préparait un sermon pour la Pentecôte de 1514 (il fut retourné par ce verset biblique : « celui qui offre le sacrifice tiré de la substance des pauvres, agit comme s’il sacrifiait un fils en présence de son père » (Ecclésiastique 34,24)). Il réalisa que « tout ce qui se commet aux Indes vis-à-vis des Indiens est injuste et tyrannique ». Il renonça aussitôt à son repartimiento et comprit qu’aimer son prochain, c’est aussi refuser d’être complice des injustices structurelles. Il mobilisa alors toutes ses meilleures forces pour une réforme profonde des structures.
Pour approfondir, lire le bel article que je reprends ici :
de Marie-Alice Tihon qui vient de nous quitter ce 1/1/2025. Il fut publié dans la revue Lumen Vitae (1988, n°3, p. 285-294). Elle souligne que l’Évangile ne peut résonner que lorsque une liberté s’adresse à une autre liberté : « La conversion de Las Casas fut de passer d’une mentalité de propriétaire de l’Évangile au regard d’espérance de Dieu, qui fait confiance au monde et qui se livre à lui. Frère Bartolomé a fait confiance en ce peuple d’Amérique ; il l’a reconnu comme lieu où Dieu se révèle et il l’a passionnément aimé ».