Le conflit nous sauve de la violence par l’institutionnalisation du processus conflictuel

1er janvier 2021 : 54e journée mondiale de la paix…

« Le conflit nous sauve de la violence par un processus d’intégration, par l’institutionnalisation du processus conflictuel. Ainsi, il y a longtemps que le sang ne coule plus entre Cités grecques, alors qu’elles se faisaient systématiquement la guerre à une certaine époque. Pendant des siècles, jusqu’à nos parents, les Français et les Allemands se sont entretués par bataillons entiers. En 1900 ou même en 1950, qui aurait cru possible que le cadre européen puisse ainsi éliminer la guerre de leurs rapports ? La création d’espaces institutionnels au sein desquels les conflits peuvent être gérés en amont de la violence ont permis une consolidation de la paix à l’échelle régionale puis continentale » (Étienne Chomé, La non-violence évangélique et le défi de la sortie de la violence, Louvain-la-Neuve, UCL, 2016, p. 175, disponible sur http://etiennechome.site/theologie/).

« Le conflit  oppose des adversaires, susceptibles de stabiliser leur relation en l’institutionnalisant, en instaurant des règles de négociation, des modalités permettant de conjuguer le maintien d’un lien entre acteurs et leur opposition. Notre thèse générale est que, dans l’ensemble, le conflit, non seulement ne se confond pas avec la violence, mais tend pour l’essentiel à en être l’opposé » (Michel Wieviorka).

« Un jour viendra où l’on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd’hui un instrument de torture, en s’étonnant que cela ait pu être ! » (Victor Hugo, Discours d’ouverture du Congrès de la Paix à Paris, 21 août 1849).

Décider ensemble de réorienter l’argent employé pour les armes nucléaires

Extrait du message du pape François pour la célébration de la 54e journée mondiale de la paix, en ce 1er janvier 2021, La culture du soin comme parcours de paix :
« Que de ressources sont gaspillées en faveur des armes, en particulier les armes nucléaires, des ressources qui pourraient être utilisées à des priorités plus significatives pour garantir la sécurité des personnes, telles que la promotion de la paix et du développement humain intégral, la lutte contre la pauvreté, la garantie des besoins sanitaires. […] Quelle décision courageuse serait celle de constituer avec l’argent que l’on emploie pour les armes et pour les autres dépenses militaires, un “Fonds mondial” pour pouvoir éliminer définitivement la faim et contribuer au développement des pays les plus pauvres ».

« Un jour viendra où l’on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd’hui un instrument de torture, en s’étonnant que cela ait pu être ! » (Victor Hugo, Discours d’ouverture du Congrès de la Paix à Paris, 21 août 1849).

Folies de la più-belle des poubelles

« À votre bon cœur, Messieurs, Mesdames.
Si je fais la quête auprès de vous,
ce n’est pas pour des pièces de monnaie,
c’est pour que vous déposiez au creux de ma main
tous les petits grains de folie qui ne vous servent à rien.
Vous, vous les jetez, moi, j’en fais des colliers
que je porte autour de mon cou depuis des années.
Voyez, je ne suis pas fou,
je suis simplement le gardien de la folie qui est en vous.
Et si un jour lassés d’être trop intelligents,
vous avez besoin d’un petit grain de folie,
venez me voir et ce petit grain que vous m’avez donné,
je vous le rendrai.
À votre bon cœur, Messieurs, Mesdames »
                                       (Roland Magdane).

Noël apporte la joie, des cadeaux plein les bras

Inouïe cette nouvelle de Noël : Dieu se révèle en étant bébé, capable dans sa petitesse d’entraîner dans le plus tendre des échanges toute l’assemblée réunie autour de lui… Noël vit en moi quand je peux être dans mon âme de nouveau-né, directement branché à la source de l’Amour. Elle est là la vraie grandeur : changer les cœurs de pierre en cœur de chair…

« Quand on laisse mourir le feu de Noël, il n’y a plus qu’un moyen de le rallumer; c’est d’aller chercher le feu des étoiles » (Pierre Jakez Hélias, Les autres et les miens).

Simplicité volontaire : vivre simplement

« Un groupe combinant la simplicité de vie, la discipline de la non-violence, et une sage transformation des pratiques économiques et sociales, pourrait acquérir une puissance morale suffisante pour guider et façonner une nation nouvelle. Chacun peut y prendre une part utile en vivant simplement. C’est à la portée de chacun d’entre nous » (Richard Gregg, La valeur de la simplicité volontaire, 1936).

Sortir de la confusion entre Forces de l’Ordre légitimes et violence illégitime

Je pointe la dommageable confusion entre Forces de l’Ordre légitimes et violence illégitime dans la phrase suivante : « La police, dans le maintien de l’ordre, a une exigence absolue d’exemplarité parce qu’elle exerce la violence légitime, parce que les policiers ont la possibilité d’être violents avec les citoyens » (Patrick Spinosi, avocat au Conseil d’État et à la Cour de Cassation, interviewé à la TV dans Quotidien, 2 décembre 2020). La police qui n’a pas le droit d’être violente, a le devoir d’opposer à la violence hors-la-loi une force nécessaire qui ne saurait être elle-même violence, qui est d’une nature différente de l’abus de force. Un parent a-t-il le droit d’être violent sur son enfant à qui il interdit strictement la violence ? Un arbitre, dans un match de football, aurait-il le droit, lui, de tricher ? Non, il a le pouvoir de mettre fin à une mêlée entre joueurs, avec des ressources particulières, reconnues en droit comme légitimes et réservées à l’arbitre de par son mandat, de par son rôle. J’étudie cette problématique dans Le nouveau paradigme de non-violence, dont voici un extrait de l’introduction (allégé de l’apparat critique des notes de bas de page) :

« La capacité des hommes à progressivement mettre hors-la-loi la violence donne lieu à un nouveau paradigme de pensée, qui se ramasse en une formule : le défi de notre temps est d’apprendre comment exercer la force sans la violence. « Le non que la non-violence oppose à la violence est un non de résistance. La non-violence est certes abstention, mais cette abstention exige elle-même l’action. […] Il s’agit, à partir de la réalité des violences que nous avons l’habitude de considérer comme nécessaires et légitimes, de créer une dynamique qui vise à les limiter, les réduire et, pour autant que faire se peut, à les supprimer. Il existe une réaction en chaîne des violences économiques, sociales, politiques et policières qu’il est impossible d’interrompre dès lors qu’à un moment ou un autre de ce processus, la violence se trouve légitimée. Pour rompre la logique de la violence, il faut créer une dynamique politique qui inverse le processus du développement violent des conflits. C’est cette dynamique que la philosophie politique de la non-violence nous invite à mettre en œuvre » (Jean-Marie Muller).

La distinction entre force de l’ordre légitime et violence n’est pas un simple jeu de mots, elle engage toute une problématique nouvelle. Les termes « violence » et « non-violence » cristallisent le changement de paradigme en cours : on leur donne de nouvelles définitions et missions, à mesure qu’on comprend mieux les phénomènes en jeu et que l’on sort des ambiguïtés, des équivoques, des confusions du langage qui disent des confusions de la pensée. Le mot « violence » n’a fait son entrée dans plusieurs dictionnaires qu’au XXe siècle. […] « À partir du moment où chacun est appelé au statut de citoyen, où est reconnu son droit à la liberté et au bonheur, la violence ne peut plus être confondue avec la force, elle ne relève plus des nécessités physiques (calamités naturelles) ou politiques (hiérarchies de droit divin) : elle devient un phénomène qui a rapport avec la liberté et qui peut, et doit être combattu et surmonté » (Jean-Marie Domenach).  

À la charnière du troisième millénaire, l’Organisation Mondiale de la Santé a commandé une étude de trois ans auprès de 160 experts à travers le monde, qui conclut que la violence humaine est une maladie évitable et qu’il faut la traiter comme un problème de santé publique. Ainsi donc, notre temps fait de la violence un concept performatif qui dénonce quelque chose de négatif à combattre. Dans une telle visée prescriptive, on définit la violence de manière telle qu’il ne puisse plus exister  de « bonne » ou de « juste » violence : « Il est essentiel de définir la violence de telle sorte qu’on ne puisse pas dire qu’il existe une « bonne violence ». Dès lors qu’on prétend distinguer une « bonne » et une « mauvaise » violence, on ne sait plus dire la violence et on s’installe dans la confusion »  (Jean-Marie Muller). La violence devient un concept opératoire pour désigner ce qui est inacceptable, qu’il faut condamner moralement et mettre hors-jeu politiquement. On charge entièrement le terme de toute sa connotation destructrice, il devient alors le pôle négatif opposé au pôle positif de la non-violence qui est la visée du programme d’action. « En prononçant le mot, on accomplit une action. Caractériser quelque chose comme violence, c’est commencer à agir. L’idée de violence, parce qu’elle est étroitement liée à celle de transgression des règles, est chargée des valeurs positives ou négatives attachées à la transgression. À travers elle, on agite une menace ou on dénonce un péril » (Yves Michaud).

Extrait de : Étienne Chomé, Le nouveau paradigme de non violence, p. 4-8, disponible sur http://etiennechome.site/publications-de-fond/sociopolitique/

Du droit de porter une arme au devoir de l’engagement citoyen non-violent

« Aux États-Unis, le droit de porter une arme est la norme, tandis qu’en Europe, la norme est l’interdiction du port d’armes et les exceptions relèvent d’un permis spécial renouvelable régulièrement car c’est une autorisation conditionnelle : il faut se montrer à la hauteur de ce privilège et démontrer la sécurité (les posséder verrouillées chez soi par exemple). Il est très intéressant de saisir comment le Canada est sorti graduellement d’un système semblable à celui des États-Unis : « Depuis 1996, seulement pour conserver ses armes, il faut un permis renouvelable tous les cinq ans et qui force le demandeur à fournir des informations indiscrètes sur sa vie privée. La question du formulaire canadien de renouvellement du permis de possession d’armes demande : « Au cours des deux dernières années, avez-vous vécu un divorce, une séparation ou une rupture d’une relation importante, ou encore avez-vous perdu votre emploi ou fait faillite ? « . Une réponse affirmative entraînera d’autres questions, et ainsi de suite. Et ce n’est qu’un exemple. De restriction en restriction, les Canadiens, un peu naïfs devant l’État, ne virent pas que leur liberté traditionnelle était supprimée (Pierre Lemieux, Le droit de porter des armes, conférence devant l’Associazione liberisti ticinesi Lugano, 17 janvier 2008). »  

Dans le paradigme  de non-violence, la norme est la non-violence et l’anormal est la violence. À l’inverse, « en institutionnalisant la violence comme moyen normal (qui sert de norme) et régulier (qui sert de règle) de gérer les inévitables conflits qui surgissent au sein de la société, l’État lui donne droit de cité. Dès lors, c’est l’ensemble des rapports sociaux qui se trouvent contaminés par la logique de la violence. En démocratie, le but premier de la démocratie est de mettre la violence hors-la-loi ; aussi l’État va-t-il à l’encontre de ce but en mettant la violence dans la loi. [… ] La philosophie politique de la non-violence récuse les doctrines de l’État en ce qu’elles engendrent par elles-mêmes un processus de légitimation idéologique de la violence qui menace la démocratie » (Jean-Marie Muller, Dictionnaire de la non-violence, p. 138)  » (Étienne Chomé, Le nouveau paradigme de non violence, p. 346, disponible sur http://etiennechome.site/publications-de-fond/sociopolitique/).

Disparition des espèces végétales et animales

« Nous n’avons pas le temps d’attendre. La perte de la biodiversité, la perte de la nature, est à un niveau sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Nous sommes l’espèce la plus dangereuse de l’histoire mondiale » (Elizabeth Mrema, Secrétaire exécutive de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, traité international adopté lors du Sommet de la Terre des Nations Unies au Brésil en 1992, dont les trois objectifs sont la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de la nature et le partage juste et équitable des avantages découlant de la science génétique).

Au regard de l’Histoire, « allons-nous être les leaders qui ont laissé les espèces et la nature disparaître ? Pour que votre petit-fils ou le mien ne voit pas ce magnifique animal, cette fleur incroyable ou l’être même de l’écosystème qui nous fait vivre ? » (Inger Andersen, cheffe du Programme des Nations Unies pour l’environnement).