« Si nous étions vraiment capables de ne résister à rien, de ne rien rejeter, ni un visage, ni une idée, en étant en intimité, rien d’autre, ni hier, ni demain, simplement ici, totalement… » (Daniel Morin).
Bons baisers de Laponie, encore toute enneigée, sous le charme de la Vie qui coule aussi simplement que la source au détour d’un chemin de montagne, gratuitement, sans robinet, laissant aller son eau sans rentabilité ni souci de manquer… Même sous la neige, la Source coule comme ça coule de source…
Pour rendre compte du mal-être lié aux « effets cumulatifs des changements climatiques et environnementaux sur la santé mentale, émotionnelle et spirituelle », Glenn Albrecht a forgé le terme de solastalgie (du latin ’solacium’ / ‘réconfort’ et du grec ‘algie’ / ‘douleur’) : la douleur de perdre son lieu de réconfort, la nostalgie de son habitat naturel en mutation, territoire de vie en pleine dégradation. On ne reconnaît plus le paysage où l’on a grandi, on est dépossédé de son environnement. On ne reconnaît plus son « chez soi » en plein changement et on en souffre ; c’est le « mal du pays sans exil » (Baptiste Morizot).
Ça crache du feu sur les terres glacées d’Islande ! Car l’île est juchée sur la crête médio-atlantique, qui forme une chaîne de montagnes sous-marines longue de 16000 kilomètres, de l’Arctique jusqu’aux tropiques. S’y séparent toujours plus les continents américain et eurasien ! La photo jointe montre la faille qui s’accroît chaque année dans la vallée du rift islandais.
La neige est tombée, des heures durant, tissant un épais manteau blanc à Dame Nature, sans ratures. Il y eut un soir d’engendrement, il y eut un matin ensoleillé. Nous voici tendrement enveloppés par cette neige fraîche si différente du givre : transformée en cristaux légers, l’eau prend 15 fois plus de place ; elle s’éclate dans l’espace, comme des cheveux ébouriffés, à la fois figés et aérés, si tant est qu’ils sont si tentés d’échapper à la pesanteur.
La neige s’est posée délicatement sur chaque tige, chaque brindille, ainsi ennoblies. Et, dès que le soleil s’y réverbère, elle se transfigure en mille diamants qui brillent de mille feux. La lumière est alors partout si étonnamment forte ! Comme si le soleil aveuglant de se réfléchir autant sur la neige désirait, le temps de cette féérie, compenser le déficit de lumière de ces longues nuits d’hiver…
Merci à la Personne qui a pu allumer une telle lumière parmi nous !
Sur la photo de gauche, on voit le fier Gaston Rébuffat juché sur l’Aiguille de Roc, en granit (devant la Dent du Géant), à Chamonix. Je la montre parce que cette photo a été embarquée par la NASA à bord des sondes ‘Voyager’, retenue dans la sélection des vues censées nous présenter à d’éventuels extra-terrestres !?!
« Chez Rébuffat, la performance est d’abord totalement dédiée à l’esthétique : prendre LA photo ! Puis la montagne devient davantage qu’un cadre, un faire-valoir, elle devient une amie » (Yves Ballu, Gaston Rébuffat, la montagne pour amie).
Sur la photo de droite, on le voit sur les clochetons de Planpraz (dans les Aiguilles Rouges, devant le Mont Blanc), faisant la couverture des « 100 plus belles du massif du Mont Blanc ».
Photo de gauche prise par Tairraz, celle de droite par Bonnardel.
Par le principe physique dit de l’absorption hygrométrique, la neige absorbe l’humidité et les bruits : les sons sont ouatés, comme étouffés et l’air est plus sec ! Par contre, quand la neige devient de la glace, c’est le contraire : les sons sont davantage propagés.
Hiberner n’est pas hiverner ! Une lettre de différence pour dire plein de différences sur la température, le métabolisme, la vigilance, etc. L’animal qui hiberne se trouve dans un état de léthargie avancé : seules restent actives les zones de son cerveau qui commandent les actions vitales. L’animal qui hiverne, quant à lui, somnole : son cerveau peut parfaitement se réveiller, en cas de besoin.
Image jointe de gauche : Jean-Michel Bihorel qui a créé cette arête rocheuse l’a intitulée non pas ‘Arrête-toi’ mais ‘Winter Sleep’. J’ai toujours pas vu le slip, mais bon, bonne hibernation / hivernation…
Pour relever le niveau (20 cms de neige en plus annoncée ici) : « Au vent capricieux d’un jour d’hiver Dansent des myriades de diamants, Ballet erratique et scintillant Sous le blanc soleil d’un froid polaire. Parfois, dans le silence transi, Le vent s’amuse à les accrocher, Habillant la nature engourdie De cristaux de glace immaculés. Parée d’une gangue virginale, La campagne resplendit alors De l’étonnante beauté hiémale Que lui apporte le vent du Nord » (Hélène de Vannoise, Froidure, 14 janvier 2024, sous le ciel de la Nièvre).
Les îles de La Réunion et de Maurice sont en alerte cyclonique. Le premier cyclone de la saison qui oblige tout le monde à se calfeutrer a été nommé Belal. Il va probablement passer entre les deux îles (ou sur La Réunion) ce lundi tôt matin.
L’approche lente du cyclone crée une ambiance si spéciale, où se mêlent le meilleur et le pire, ce double creuset de nos récits passionnés. Il y a les intenses peurs des dégâts et un insoutenable suspense : serons-nous cette fois dans les sinistrés ? On se souvient, tous – même les jeunes qui n’ont qu’entendu les récits – des cyclones destructeurs, qui nous sont passés dessus, comme Carol en 1960, avec des vents à 256 km/h., comme Gervaise avec des vents à 280 km/h. en 1979, des vagues de plus de 10 mètres… Avec leurs maisons de tôles qui peuvent être soufflées, les pauvres ont le plus à craindre !
Les cyclones destructeurs nous terrifient. Et pourtant, nous prions pour avoir de bons cyclones : ceux dont les pluies torrentielles vont remplir nos réservoirs, sans nous détruire ! Notre île a vitalement besoin de ces pluies pour que nos réserves d’eau tiennent l’année… Ce besoin d’eau crée une religiosité naturelle dans les esprits et les âmes qui appellent la venue de cette Force de la nature, avec gratitude pour ses côtés bienfaisants, et qui, en même temps, supplient d’être protégés de ses côtés terrifiants et destructeurs…
Pour ma petite famille, qui y a vécu 6 saisons cycloniques, à part la peine des heures fastidieuses à visser des panneaux contre tous les châssis de fenêtres et à part les divers désagréments, du style une coupure d’électricité (au cyclone Dina, elle a duré plusieurs semaines dans la Cité Barkly – non prioritaire – où nous vivions), ce furent des moments extraordinaires que nous n’oublierons jamais : quels bons souvenirs pour nous, calfeutrés dans la maison en famille, tout excités à suivre les infiltrations d’eau et à prendre du temps ensemble, autour de la radio-infos et des jeux de société à la bougie…
Trombes d’eau : recevoir plus d’un mètre d’eau en un jour, ce que reçoit un endroit comme Paris en plus d’un an !
Des animaux en captivité peuvent vivre une profonde détresse. Cela a été prouvé par une expérimentation scientifique avec des perroquets. Ces animaux qui aiment vivre en société dépérissent quand ils sont seuls à s’ennuyer, en cage. Cela se voit quand ils font les cent pas, se balancent d’avant en arrière, s’automutilent, s’arrachent des plumes…
Rébecca Kleinberger (chercheuse au M.I.T., spécialiste de la voix en tant qu’outil de communication) et son équipe ont appris à 18 perroquets à se contacter les uns les autres par des appels en visio, depuis un écran tactile. Ils deviennent capables d’appeler quand ils veulent qui ils veulent dans la bande de copains (c’est vérifié que leurs appels ne sont pas faits au hasard). Certains vont chercher leurs jouets pour se les montrer. Ils apprennent des trucs en voyant ce que fait un camarade : un qui n’a jamais volé se met à voler ou à prendre l’initiative d’aller manger par soi-même… Incontestablement, ses échanges sociaux leur font le plus grand bien.
Cf. l’article Birds of a Feather Video-Flock Together: Design and Evaluation of an Agency-Based Parrot-to-Parrot Video-Calling System for Interspecies Ethical Enrichment dans Proceedings of the 2023 CHI Conference on Human Factors in Computing Systems.
Photo : merci, Andrew Gray, d’avoir mis au point cette voiturette électrique pour ce perroquet gris d’Afrique, dont les ailes avaient été coupées…
Des amis qui ont du fuir leur pays après avoir échappé à la mort à cause de leurs engagements de Peacebuilders ont trouvé refuge au nord de la Finlande. Ils m’envoient les images de leurs paysages déjà habillés du manteau de neige : incomparable beauté.
Ici, par contre, à Maurice, c’est le ‘printemps’ : la floraison magnifique des jacarandas et autres membres de la Cour royale annonce celle de sa Majesté, Sire Flamboyant, qui sera le dernier des arbres à éclater de ses mille feux…
De l’extrême nord et de l’extrême sud de la planète, nous voyons la même lune mais elle nous apparaît inversée. Il est bon d’honorer nos contextes culturels si différents. Blaise Pascal disait : « vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Le rapport à la vie et à la loi se vivent si différemment ici et là-bas…
Bons baisers de l’île arc-en-ciel. Vers vous, chers amis, j’envoie une pluie de cœurs douce et chaude. Elle vous parviendra au travers d’un arc-en-ciel à la fois lumineux et pluvieux : qu’il colore nos vies et abreuve notre amitié…
« Je suis fille d’Éole. Je me nomme Alizé. Mon cœur est sans attache.
J’ai du souffle, ça se voit. Pour exercer ma voix, je m’entraîne sans relâche, choisissant la bonne voie.
Je suis un véritable courant d’air. Avec la brise, je rafraîchis la terre.
Je ne porte rien sur moi qu’un mince rayon de lune, un voile qui laisse filtrer la clarté des étoiles. Je fais voler l’écume, je fais voler les plumes.
Je me nomme Alizé et mon cœur est sans tâche » (Alain Hannecart, Alizé).