Les biais de réduire la 3D à la 2D

Sur nos cartes habituelles (héritières du Flamand Mercator), plus un pays est proche des pôles, plus il apparaît grand. Ainsi, la Russie, le Groenland, le Canada nous semblent énormes ;  à tort. À l’inverse, plus un pays est proche de l’équateur, plus il est représenté petit ; à tort.

Le Groenland et l’Afrique y semblent de grandeur équivalente, alors que l’Afrique est 14 fois plus grande que le Groenland ! Celui-ci est déjà plus petit que les deux seuls Congo…

Il existe des cartes qui représentent fidèlement les surfaces réelles, dont Equal Earth est la plus esthétique et la plus politiquement engagée pour rendre justice aux pays autour de l’équateur : https://equal-earth.com/equal-earth-projection.html ; voir aussi https://thetruesize.com/.

Mercator, lui, cherchait à faciliter la navigation, en conservant localement les angles et les formes à petite échelle, ce qui rend droites les ‘lignes de cap constant’ (rhumb lines), au détriment des surfaces qui sont déformées ! Quand on réduit la 3D à la 2D, on ne peut malheureusement pas tout avoir !

Dans l’image d’illustration, outre la carte d’Equal Earth, je reprends la carte de Kai Krause qui montre comment l’Afrique est aussi grande qu’USA, Chine, Inde, Europe de l’Est et les principaux pays d’Europe de l’Ouest, …, réunis !

Mes autres posts sur le sujet :

Pangée super posée

Sur cette carte, Massimo Pietrobon a placé nos pays actuels sur la Pangée, ce supercontinent unique qui a existé il y a 250 millions d’années. Cela nous aide à visualiser que l’Amérique Latine, l’Afrique et l’Inde ne faisaient qu’un, tandis que le sol indien était encore très éloigné du reste de l’Asie. La côte Est des États-Unis côtoyait le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal ! L’Antarctique n’était pas encore un désert de glaces.

Dire que dans quelques millions d’années, les Rwandais et les Congolais seront séparés par un océan, tout comme les Israéliens et les Égyptiens – bonne chance au Sinaï qui s’éloigne des deux car il se trouve entre 3 rifts (ceux de la mer Rouge, du golfe de Suez et du golfe d’Aqaba) –, tandis que l’Afrique du Nord et l’Europe du Sud ne feront plus qu’un, la Méditerranée ayant disparu ! Par contre, aucune séparation en vue à l’est de l’Europe : Russes et Ukrainiens resteront voisins directs, tout comme les Flamands et les Wallons !

Mes autres posts sur la dérive des continents :

Une vision Pangée qui date de 600 ans :

https://www.visualcapitalist.com/historical-map-that-changed-cartography

le plus grand voyageur sur cette terre, pèlerin du Paradis

Les sternes arctiques évitent la nuit et cherchent le jour, car qui dit lumière, dit nourriture abondante. Cela les amène à migrer toute l’année : elles se reproduisent côté Pôle Nord, pendant l’été arctique, puis font +/- 40.000 kms au-dessus de l’Atlantique (et parfois 50.000 kms pour celles qui s’offrent le plaisir d’un passage par les îles paradisiaques de l’océan Indien). Puis elles passent leurs vacances dans l’Antarctique, en plein été polaire (lumière garantie 24 heures sur 24)… Et hop c’est reparti pour le voyage retour (de 3 mois) vers l’été polaire de l’Arctique.

Dans une vie de 34 ans, ça fait 3 millions de kms (l’équivalent de 4 Aller-Retour Terre-Lune !)…

Devine quel est le nom scientifique de la sterne arctique ! Réponse dans l’image.

Pour l’explication scientifique de l’alternance jours/nuits polaires, cf.
https://etiennechome.site/couchers-et-levers-du-roi-soleil/.

la danse unissant Terre et Lune

Ce 5 août 2025, c’est la journée la plus courte de l’année car la terre va tourner exceptionnellement plus vite que d’habitude. La journée sera 1,25 milliseconde plus courte que les 24 heures standards. Ce petit sprint cosmique (qui semble lié à des mouvements du noyau terrestre + des séismes majeurs) va à l’encontre du ralentissement général. En effet, savez-vous que nos journées s’allongent (d’une seconde par 100.000 ans ! Dans très longtemps, nos journées dureront 25 puis 26 heures, alors qu’elles ne duraient que 22 heures il y a bien longtemps) et aussi que les éclipses totales deviendront impossibles ? Ce sont là les conséquences d’une (é)mouvante chorégraphie cosmique : la terre ralentit → la lune s’éloigne → la terre ralentit encore plus. Voilà là des pas de danse entre les deux boules où chacune influence les pas de l’autre, dans une danse toujours moins dense. Le couple vieillit, quoi !

C’est lent
mais ces boules versant,
c’est bouleversant, non ?

Ce qui suit est pour ceux qui s’intéressent au côté technique de cette danse. La lune exerce une force gravitationnelle sur la terre. Elle attire les océans, crée les marées et aussi des frictions entre les océans et les fonds marins, lesquelles agissent comme un frein sur la rotation de la terre. En retour, cela pousse la lune à s’éloigner d’environ 3,8 cms par an (car elle absorbe une partie de l’énergie de rotation terrestre). L’éloignement de la lune augmente à son tour le ralentissement de la vitesse de rotation terrestre… et ainsi de suite.

Bon, la fonte des glaces n’arrange rien : le réchauffement climatique redistribue la masse terrestre vers l’équateur, ce qui ralentit la rotation (comme une patineuse qui écarte les bras).

Quant aux éclipses de plus en plus partielles et annulaires, le diamètre du soleil est 400 fois plus grand que celui de la lune ET il est 400 fois plus éloigné qu’elle, d’où leur taille apparente dans le ciel semblable. Mais si la lune s’éloigne de la terre, son diamètre apparent diminue et elle peut de moins en moins éclipser totalement le soleil !

Valse des mers et valse des boules célestes, allez, valsons avec elles sans perdre notre boule…

couchers et levers du roi-soleil

Je suis dans l’extrême nord de la Finlande, où j’admire les couleurs du très très très long coucher du roi-soleil à 1 heure du matin pour admirer celles de son lever moins d’1 heure plus tard !… Et ça, c’est le régime de fin juillet. Dans 5 mois, ce sera l’extrême inverse : il fera nuit tout le temps sauf le temps pour le roi-soleil de péniblement se lever vers 11h., faire une courbe avortée dans le bas ventre du ciel et se recoucher à peine levé, en nous offrant en passant ses magnifiques couleurs de longs lever et coucher… So beautiful…

And so amazing pour moi qui suis comme les poules : aux coucher et lever réguliers, fidèles à l’alternance jour/nuit. Car je suis né et j’ai grandi tout proche de l’équateur où, de manière si constante toute l’année, le soleil se lève à 6:00 AM et se couche à 6:00 PM.

J’apprends ici, côté Pôle Nord, que ces temps et cycles ont quelque chose de très relatif. Leçon de vie : une chose constante peut donner des effets très inconstants… Ainsi l’inclinaison constante de la terre ! L’axe de la terre est incliné constamment de 23,5° par rapport au plan de son orbite solaire (l’écliptique). Du coup, aux solstices d’hiver et d’été, un des pôles est plongé dans la nuit polaire tandis que l’autre est obligé de rester exposé au soleil, faisant ainsi fi du cycle jour-nuit que la terre crée en rotant sur elle-même toutes les 24 heures ! Par contre, tout le monde est au même régime jour/nuit lors des équinoxes de mars et de septembre, dont la grâce est de neutraliser l’axe terrestre par rapport au soleil. Du coup, en ces fêtes équinoxiales, jour et nuit sont égaux partout sur terre, même aux pôles !

Photo prise à ma fenêtre après minuit 30, entouré par les forêts… Un très long début de nuit, dont les ténèbres seront très éphémères…

Pour s’émerveiller d’un oiseau qui passe chaque année
de l’Arctique à l’Antarctique pour être continument en été et au soleil, cf.
https://etiennechome.site/le-plus-grand-voyageur-sur-cette-terre-pelerin-du-paradis/

cent juins sans joints

‘Juin’ vient du latin ‘junius’, en lien avec la déesse romaine Junon, experte en mariage et en fertilité. Juin : le mois de l’éveil qui fleure bon les prémices des vacances et le temps des cerises. Joins-toi à moi pour plonger dans la sonorité suave de ce mot de quatre lettres : JUIN, de toi à moi, a le goût des cerises mûres, les fumets de l’herbe coupée, l’ambiance festive des terrasses ensoleillées.

Il y a le roi roi y a le

La reine des abeilles est seule capable de donner la vie dans la ruche. Quand elle meurt, les abeilles ouvrières choisissent une larve qui aurait normalement dû devenir une simple ouvrière comme elles. Pour le coup, tout à coup, son destin change du tout au tout. Nourrie désormais exclusivement de la gelée royale, la larve se développe différemment : son corps grandit et se fortifie bien plus ; sa durée de vie est multipliée par près de vingt ; ses ovaires deviennent actifs. 

Les abeilles ouvrières et la reine partageant le même code génétique, ce n’est pas leur ADN qui détermine leur destin distinct mais bien leur nutrition et les soins prodigués, à partir d’un choix qui donne une pérennité à toute la colonie. Ruchement well done, isnt it?!…

Comme il est bon que chacune de nos communautés entoure de soins ses futurs leaders politiques, qui ont besoin d’être nourris et fortifiés par nos soutiens et nos visions !

cacahuète est dans arachide

À l’île Maurice, on parle de pistache pour désigner la cacahuète (ou cacahouète ; les deux orthographes sont valables. Le mot provient de la langue aztèque et y signifie : « cacao de la terre »). La cacahuète est le petit fruit recouvert d’une pellicule brun rougeâtre de l’arachide, qui désigne le tout : la gousse beige réticulée qui contient deux ou trois fruits ou graines.

Il y a confusion entre cacahuètes et arachides, car pas mal de monde emploie l’une pour l’autre…

Autre confusion / caca-chouette classique : la botanique ne classe pas cette plante dans la famille des noix. Hé non, c’est une légumineuse proche des haricots, pois et lentilles, de la famille des Fabacées. Fables assez donc !…

L’arbre de vie, la mère de la forêt

Dans des zones désertiques d’Afrique, j’ai eu l’honneur de vivre des séjours à côté de baobabs, capables d’aller trouver de l’eau à plus de 200 mètres sous le sol… Impressionnant cet « arbre de vie » (c’est son nom, vu sa résistance et sa longévité). À la différence de beaucoup d’arbres qui filent vers le ciel et déploient la plus belle des ramures possible, le baobab, lui, privilégie l’ancrage par le bas, une ramure cachée à nos yeux qui se trouve dans son système racinaire exceptionnel : des racines larges qui sont expertes en stockage d’eau,  profondément ancrées et s’étendant sur une surface bien plus vaste que les ramures dans le ciel. Quelle solidité structurelle qui lui permet de résister aux vents violents, aux conditions extrêmes, dont les sécheresses prolongées.

En outre, son écorce, ses feuilles, ses fruits (le fameux « pain de singe ») et même son bois sont utilisés pour des médicaments, des aliments et des matériaux. L’arbre de vie dans sa version non pas de voltige altière dans la cour des pères mais bien dans sa version de sage matrice ancrée dans la Terre-mère.

Les images d’illustration montrent des baobabs de Madagascar (« la mère de la forêt », disent les Malgaches), qui ont une ramure céleste particulièrement développée, grâce à un climat généreux en pluies… D’où leur beauté majestueuse doublement ancrée : dans la terre d’abord et aussi dans le ciel !

mieux répartir la richesse

Extraits/résumés de l’émission ARTE, Pourrait-on mieux répartir la richesse ? 42 – La réponse à presque tout :

Tandis que certains dépensent des millions pour jouer les touristes dans l’espace ou pour marier leur fils (plus de 600 millions pour la famille Ambani à Mumbay), d’autres doivent survivre avec quelques pièces par mois dans des bidonvilles insalubres ; un contraste d’autant plus choquant que notre époque est celle d’une prospérité jamais inégalée dans l’histoire : la richesse mondiale a fortement augmenté ces 30 dernières années et pourtant les inégalités extrêmes persistent. Les 10 % les plus fortunés de la planète possèdent 76 %  de la richesse mondiale ; la moitié de la population mondiale la plus pauvre en possède 2 %. Ces inégalités n’étaient pas aussi marquées au sortir de la deuxième guerre mondiale et, pendant les 30 glorieuses de l’État-providence, les fruits de la croissance étaient plus largement partagés. Dans sa politique de rattrapage des inégalités, la mesure la plus décisive fut d’instaurer l’impôt progressif. Les revenus de 95 % de la population ont triplé, davantage que le 1 % des plus riches. Il y a eu un tournant avec le néolibéralisme de Margaret Thatcher et de Donald Reagan qui jugeaient les impôts néfastes, en pesant sur l’économie : moins d’impôt pour les entreprises et pour les plus fortunés allait doper l’économie et ainsi créer de nouveaux emplois bénéficiant aux moins nantis. Mais une étude publiée en 2020 sur la croissance économique de 18 pays industrialisés au cours des 50 dernières années conclut que les politiques néolibérales n’ont eu aucune incidence significative sur la croissance ; seule la répartition de la richesse a changé au profit des plus riches. Le seul effet durable du néolibéralisme est l’augmentation des inégalités.

Faut-il revenir à  l’État-providence de l’après-guerre ? Un impôt de 2 % sur les grandes fortunes (qui s’appliquerait au-delà d’1 milliard de patrimoine) concernerait moins de 3000 personnes dans le monde et rapporterait 250 milliards d’euros, selon une étude de 2024. Cette somme pourrait doubler si les multinationales étaient elles-mêmes taxées sur leur profit de la même manière que les entreprises nationales. Seules des instances supranationales fortes pourraient assécher leurs paradis fiscaux.

Sur le plan local, une possibilité pour changer le système est d’avoir des sociétés aux actifs liés : les profits ne sont pas reversés à chaque actionnaire, ils restent au sein de l’entreprise qui peut alors réaliser de nouveaux investissements et créer de nouveaux emplois pérennes. Ce système n’est pas une utopie : le Danemark a des milliers d’entreprises de ce type tout à fait compétitives, rentables sans instrumentaliser leur capital humain et avec une meilleure cohésion sociale : tous travaillent pour la finalité de l’entreprise sans enrichir des actionnaires, sans devoir maximiser les gains de ces profiteurs externes.

Plusieurs études menées dans les pays scandinaves qui sont depuis longtemps en tête des pays les plus égalitaires prouvent que, dans les sociétés avec une forte égalité, les personnes fortunées aussi sont plus heureuses. Répartir équitablement la richesse, c’est donc plus de bonheur pour tous !

Illustration : dessin d’une jeune Slovène