Voir de plus haut et sortir par le haut

Face au mal et à l’injustice, la solution n’est pas dans la réaction ni dans l’absence de réaction, elle est dans l’action qui part d’un autre registre, prenant les choses de plus haut. Voici un exemple donné par le grand réalisateur de films, Steven Spielberg : « L’année de mes 13 ans, un petit dur du quartier ne cessait de me harceler. Il me mettait K.O. dans l’herbe, me plongeait la tête dans l’eau de la fontaine, me collait le visage dans la boue et me faisait saigner du nez quand nous jouions au football… Il me terrifiait. Alors, je me suis dit, si tu ne peux pas l’abattre, mets-le dans ton camp. Je lui ai donc annoncé : « J’essaie de faire un film sur la guerre contre les nazis, et j’aimerais que tu en sois le héros. » Il commença par me rire au nez, puis il accepta. C’était un grand gaillard de 14 ans qui ressemblait à John Wayne. J’en fis le chef de l’escouade, avec casque, corvées et sac à dos. Après cela, il devint mon meilleur ami » (tiré de William Ury, Comment négocier avec les gens difficiles, p. 131).

Vigne émondée pour prendre soin de l’essentiel

« Dans les vieilles vignes, on voit le parcours très sinueux de pieds qui se sont tordus dans tous les sens et qui ont fini par trouver leur voie vers la lumière.  On peut être tordu et quand même trouver petit à petit le chemin du ciel, de la lumière, de la joie de Dieu !

Le vigneron attache sa vigne pour la faire monter et lui donner la capacité de recevoir le plus de lumière possible. Jésus s’est présenté comme une vigne dont son père est le vigneron et nous les sarments. Pour que nous portions du bon fruit et beaucoup de fruit, notre Père du Ciel émonde tout ce qui dépasse pour nous faire aller à l’essentiel » (un moine témoignant de sa vie monastique dans le documentaire La Règle bénédictine & l’art de gouverner).

Le silence d’or et le silence de mort

« Et c’est parfois dans un regard, dans un sourire que sont cachés les mots qu’on n’a jamais su dire » (Yves Duteil).

« Dans le silence, il y a une oreille qui s’ouvre toute seule et puis qui ressent, c’est comme la musique. Il y a une telle paix, un tel bien-être physique de tous nos membres, de notre cœur, de notre tête. C’est délicieux » (Michael Lonsdale).

La cinquantaine

La cinquantaine ?

Période de vie descendante : on sent qu’on vieillit, on prend soin de ses vieux parents (ascendants qui descendent aussi) et les deuils se multiplient, des proches nous quittant les uns après les autres, avec un rythme d’enterrements croissant. 

ET en même temps période de vie ascendante : on prend soin de ses enfants qui deviennent des adultes (descendants qui montent en force) et qui virent leur cuti, on cherche comment se faire pardonner pour leurs blessures d’enfance, on fait le deuil des modes de fonctionnement parent-enfant surannés pour créer une relation nouvelle d’adulte à adulte, avant de devenir grands-parents ! 

Merci, cher Desmond Tutu, pour cette clé essentielle :
« Nous sommes capables d’aimer autrui – avec ses faiblesses –
lorsque nous cessons de nous détester – pour nos faiblesses ».

C’est dans la relation que nous sommes blessés et guéris

« C’est dans la relation que nous naissons. C’est dans la relation que nous sommes blessés. Et c’est dans la relation que nous pouvons être guéris » (Harville Hendrix, fondateur d’Imago).

Ne laisse pas tes ombres me réduire à mes ombres,
laisse la compassion nous ouvrir à moins sombre.
Appelle-moi par mon vrai nom qui est tien É-tienne,
marié à Christ-in pour que l’Amour advienne
dans nos vases d’argile, dans notre foyer fragile.
Laisse l’Amour ouvrir les portes peu agiles
de nos cœurs endurcis, obscurcis par Pénombre.
Que Christ, troisième Larron, balaie ce qui encombre.

Le couple, un chemin initiatique

Le couple, ça fait parfois très mal mais ce n’est pas du masochisme ; ça nous fait souffrir pour nous guérir de nos blessures d’enfance, pour nous libérer des programmes de survie qui s’y rattachent. La vie de couple est un chemin initiatique, un long chemin de délivrance progressive, qui nous met en route vers la plénitude de la complétude : il ne s’agit pas moins de retrouver notre intégrité, l’intégralité de notre Essence créée, de savourer à nouveau nos nombreuses ressources et divers possibles.

Toi, mon épouse (avec qui mon nez-pousse, de temps en temps = de décennie en décennie), tu as l’art d’aller appuyer précisément là où ça fait mal en moi. Mes parts à la perspective étriquée te le reprochent mais moi, qui vois au-delà de l’immédiat, je te remercie. À vrai dire, quand j’ai eu le coup de foudre, le 21 septembre 1987, tout mon être t’a embauchée inconsciemment pour cela : pour le meilleur et pour le pire, tu réveilles mes blessures, tant qu’elles ne sont pas encore pleinement guéries. Tu me ramènes en vérité à moi-même, à mes ombres et au chemin encore à faire, aux conversions encore à vivre. Avec une redoutable justesse, tu es le témoin authentique de ce qui n’est pas encore réglé dans ma vie. Et moi aussi, comme je suis doué pour aller appuyer pile poil là où ça réagit en toi, mon amoureuse, pour t’inviter à ne pas en rester là, dans cet état d’âme-moureuse/mourante. Mon caca, que j’essaie désespérément d’enfuir, tu le mets sous mon nez, jusqu’à ce que je le sente, puis jusqu’à ce que je le digère et l’évacue de ma vie. Ce que tu essaies désespérément de fuir, je te le mets sous les yeux et dans les oreilles, tant que tu fais la sourde et l’aveugle. Je t’aime, je m’aime même ; tu m’aimes, tu t’aimes-thème ! Nous nous souhaitons le meilleur jusque dans le pire : nous nous voulons pleinement vivants !

Manipulateur

Il en est d’une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui, privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles,
Mais, hélas ! qui ne sait que ces loups doucereux
De tous les loups sont les plus dangereux !
(Charles Perrault, Contes des fées, 1886).


« La manipulation sur un individu ou sur un groupe trompe sa vigilance critique et joue cyniquement de ses fragilités naturelles. Le manipulateur est à l’affût des points faibles de son interlocuteur pour parvenir peu à peu à lui faire perdre ses moyens, tout comme la guêpe qui connaît les quatre endroits où elle doit piquer un criquet pour lui paralyser les pattes. Par son venin savamment distillé, elle retire progressivement à sa proie toute mobilité et toute possibilité de défense » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain, 2009, p. 133-134).