Émondé

J.-C. a dit : « Émondés vous serez ».
Émondé je serai…

« Je viens de compter mes années…, j’ai moins de temps à vivre que ce que j’ai vécu jusqu’à présent…

Je me sens comme ce petit enfant qui avait gagné un paquet de bonbons : le premier, il le mangea avec plaisir, mais quand il s’aperçut qu’il ne lui en restait que très peu, il commença réellement à les savourer profondément !

[…] Je suis pressé de vivre avec l’intensité que la maturité et la bienveillance peuvent m’apporter.

J’ai l’intention de ne pas perdre une seule partie des friandises qu’il me reste… Je suis sûr qu’elles seront autant, sinon plus exquises que toutes celles que j’ai mangées jusqu’à présent » (André Gide, Le temps qui passe).

À la fin de toute vie

« À la fin de toute vie, alors même que le corps est diminué et l’esprit obscurci, il reste l’âme. La mort fait partie des lois de la vie. Elle permet à la vie de se renouveler, de se transformer et d’accéder à un autre ordre d’être. « Notre sœur, la mort corporelle », comme disait saint François, est incontournable. Étant un arrachement, elle est douloureuse. Mais la marche du souffle vital auquel notre âme est reliée se situe infiniment au-delà de la mort. Elle n’en finit pas de poursuivre sa voie, selon l’adage des penseurs chinois : « La vie engendre la vie, il n’y aura pas de fin » » (François Cheng, De l’âme).

Beau-t’es / Beauté

La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs

Parfums éclos d’une couvée d’aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l’innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards

(Paul Éluard, La courbe de tes yeux).

Changer de disque

« II est tellement important de laisser certaines choses disparaître,
de clore des cycles, non par orgueil ou par incapacité,
mais simplement parce que ce qui précède
n’a plus sa place dans votre vie.
Faites le ménage,
secouez la poussière,
fermez la porte, changez de disque.
Cessez d’être ce que vous étiez
et devenez ce que vous êtes »
(Paulo Coelho).

Photo prise, paraît-il, en Floride,
ce 3 du 3 23 :
cheval de Troie ?

La poésie pour que ce moment demeure éternel

Charles Baudelaire écrit ses poèmes pour Jeanne, son amour
de Créole authentique. Bien plus que sa muse,
elle est aussi et notamment
le voyage qui continue,
le moyen de ne jamais
quitter l’île Maurice
et les Mascareignes
qui l’ont tant fasciné.
Que ces moments
demeurent immortels…

Le balcon :
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses,
Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs !
Tu te rappelleras la beauté des caresses,
La douceur du foyer et le charme des soirs,
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses !

Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon,
Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses.
Que ton sein m’était doux ! que ton cœur m’était bon !
Nous avons dit souvent d’impérissables choses
Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon.

Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
Que l’espace est profond ! que le cœur est puissant !
En me penchant vers toi, reine des adorées,
Je croyais respirer le parfum de ton sang.
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !

La nuit s’épaississait ainsi qu’une cloison,
Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles,
Et je buvais ton souffle, ô douceur ! ô poison !
Et tes pieds s’endormaient dans mes mains fraternelles.
La nuit s’épaississait ainsi qu’une cloison.

Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses,
Et revis mon passé blotti dans tes genoux.
Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses
Ailleurs qu’en ton cher corps et qu’en ton cœur si doux ?
Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses !

Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,
Renaîtront-il d’un gouffre interdit à nos sondes,
Comme montent au ciel les soleils rajeunis
Après s’être lavés au fond des mers profondes ?
Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis !

Course du courant d’eau

« Qu’est-ce que la vitesse sinon une course gagnée dont la solitude est le prix : semer ses semblables… »  (Paul Morand, L’homme pressé, 1941).

« Qui va petit à petit arrive au terme de sa course » (Proverbe de la sagesse arabe).

« J’ai toujours vu dans le désert ceux qui avaient le moins de hâte arriver avant les plus pressés. Le cheval le plus rapide succombe souvent au milieu de sa course, et le chameau en marchant pas à pas arrive sûrement à terme de son voyage » (Mocharrafoddin Saadi, Le jardin des roses, XIIIe siècle).

Le Drôme : « action de courir, course » (du grec δρομος).

La Drôme : « courant, cours d’eau » (du latin Druma).

Chômer pour célébrer le travail

Vive le 8 mai, jour férié chez beaucoup qui célèbrent la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Vive le dimanche 7 mai (c’est moi qui offre la tournée !), jour du repos sabbatique.

Vive le 1er mai, la plus haute valeur du travail se célébrant par un jour chômé, histoire de souligner l’importance de se réaliser à travers son travail pour les autres et avec les autres, tout en respectant un rythme ramenant à l’essentiel : une vie familiale, collective et spirituelle. Que Sa volonté soit fête !

« Travailler, c’est réaliser quelque chose par soi-même, une œuvre, une œuvre utile pour soi et pour les autres… » (Michel Boyancé).

« Créer, c’est sublimer le travail. C’est, avec son unicité, apporter une pierre à l’édifice du monde » (Laurence Maron).

« Pour un artiste, la création n’est pas un travail,
c’est respirer, c’est exister » (Gilbert Choquette).

« Poser des questions, raconter des histoires, travailler de ses mains : tout cela participe de la création de quelque chose et ce quelque chose, c’est l’âme qui croît à chaque fois que nous la nourrissons » (Clarissa Pinkola Estés).

Âme indécise

« L’homme hésitant change d’opinion, même pendant son sommeil » (Adolphe d’Houdetot).

« Le pire de tous les partis est de n’en prendre aucun ou d’hésiter dans l’exécution » (Pierre-Claude-Victor Boiste).

« On bavarde beaucoup sur une affaire, on délibère, on hésite longtemps, et une fâcheuse nécessité donne enfin à la chose une désagréable conclusion » (Johann Wolfgang von Goethe).

« Le doute est l’état d’une âme indécise qui s’arrête prudemment sur le bord d’une résolution, qui refuse ou évite d’embrasser une opinion ou de se déterminer pour un choix. C’est une attente de la lumière au milieu des ténèbres, ou une hésitation craintive en face de l’évidence, ou bien encore, une impassibilité qui défie le monde et ses déceptions, lorsque le cœur n’est plus qu’un cadavre » (Louis-Auguste Martin).

Image : Alireza Karimi Moghaddam illustrant son cher van Gogh…

Jean de La Fontaine propose la fable Les voleurs et l’âne :
Pour un âne enlevé deux voleurs se battaient :
L’un voulait le garder ; l’autre le voulait vendre.
Tandis que coups de poing trottaient,
Et que nos champions songeaient à se défendre,
Arrive un troisième larron
Qui saisit maître Aliboron.
L’âne, c’est quelquefois une pauvre province :
Les voleurs sont tel ou tel prince,
Comme le Transylvain, le Turc et le Hongrois.
Au lieu de deux, j’en ai rencontré trois :
Il est assez de cette marchandise.
De nul d’eux n’est souvent la province conquise :
Un quart voleur survient, qui les accorde net
En se saisissant du baudet.