L’écrit plutôt que les cris

Exprimer son vécu par écrit a un effet cathartique !

« En la réécrivant on ne revit pas la situation, on la recrée ! La recréation d’un souvenir, le fait de revenir dans le moment présent pour analyser un événement du passé va permettre de relativiser, de donner cohérence, et de retrouver un état d’esprit beaucoup plus positif par rapport à un événement même s’il a été traumatique. Écrire est aussi une façon de consolider la connaissance. Et souvent en consolidant la connaissance, on a envie de la mettre en pratique et en la mettant en pratique, on renforce une compétence. Donc l’écriture est aussi pour moi le début de l’apprentissage profond » (Sylvie Gendreau, professeure d’écriture créative à Montréal).

Espace-temps de qualité

Voici une manière très sécurisée de vivre un temps de qualité ensemble.  

Règles de base :

-Distinguer nettement le moment où je suis l’émetteur du moment où je suis le récepteur.

Celui qui écoute offre sa présence à travers son regard. Il écoute de la manière la plus neutre possible, pour laisser entièrement l’espace à l’autre, sans rien induire.

Celui qui parle cherche à être le plus authentique et sincère possible : dire en vérité ce qui l’habite ici et maintenant par des phrases en « je ». Il écoute en lui ses sensations physiques, ses émotions, ses besoins, ce qui l’anime / fait vivre / fait vibrer…

-Personne ne réagit au partage de l’autre ni ne fait de remarques sur le contenu de la communication. 

Processus :

-Créer le pont de bienveillance (à travers le regard et la disposition physique) et y revenir en priorité, tout au long du processus.

-Celui qui écoute commence par dire « Dis-moi une chose de toi que tu aimerais que j’accueille ». Puis il écoute, il lui offre son regard et sa présence, ni plus, ni moins, tout le temps de ces 5 minutes.

-Au gong de votre minuterie automatique, celui qui écoute dit : « Merci ». 

-Et l’écouté devient l’écoutant pendant 5 minutes. Il dit la question de l’autre et écoute.

-Répéter 4 fois les 2 x 5 minutes.

En tout, cette dyade dure 40 minutes (8 séquences de 5 minutes).

Quand, où et avec qui ?

« Dans la vie de tous les jours, dès que et chaque fois qu’apparaît une tension, être capable de sortir de ma poche les trois bonnes questions à se poser alors :

1) Est-ce le meilleur moment pour traiter le différend ?

2) Est-ce le meilleur lieu pour traiter le différend ?

3) Est-ce devant moi la (les) bonne(s) personne(s) avec qui traiter le différend ?

Si je réponds ‘non’ à une de ces questions, le mieux est de reporter la discussion, en me concentrant alors sur l’élaboration du cadre le plus propice à l’échange » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p. 23-24).

Disposer de la procédure à suivre en cas de désaccord

« ‘Conflit’ vient du latin ‘conflictus’ qui signifie ‘choc, heurt’. Il désigne une rencontre qui provoque la confrontation (= front contre front) d’une divergence. Il y a conflit dès que se présente une différence entre deux individus, entre deux groupes, déjà même en chaque personne divisée. Un conflit émergeant n’est ni bon ni mauvais, il est neutre car nous ne pouvons pas dire ce qu’il va produire comme fruit. C’est la manière dont on va le gérer qui est bonne ou mauvaise. Un désaccord, une opposition, une incompréhension, une distance, une dissension sont capables de nous conduire au pire de la violence comme au meilleur de la rencontre. Le conflit est un appel à plus de vérité et un défi pour plus de relation, une invitation à découvrir et à honorer une différence. Le conflit se distingue donc de la violence qui est abus de force dans la gestion du désaccord » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p. 37).

Oser le conflit pour échapper à la violence

« Tout groupe dispose des ressources pour s’auto-réguler et régler ses problèmes, pour autant qu’il pose et garantisse en son sein un cadre régulier et privilégié de dialogue dans lequel chaque personne est écoutée et prise en compte jusqu’au bout. Osons le conflit pour échapper aux violences qui résultent d’éviter les conflits, en particulier les formes de violences les plus cachées et les plus sournoises » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p.33 et 37 pour la phrase dans l’image).

Curiosité bien placée

« T’écouter avec curiosité, c’est comme l’art du jardinier qui, avant de semer, aère la terre comprimée : il lui donne de l’espace pour qu’elle respire. T’écouter avec curiosité, c’est m’intéresser si bien à ce que tu dis que ta propre écoute vers tes entrailles se déploie et te donne de la joie à explorer, en amont des mots, ce qui te fait vivre et vibrer, tes fondements, motivations, intentions profondes… » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p. 241, disponible en français et en anglais et les sessions organisées par le réseau CommunicActions 
(www.communicactions.eu et www.communicactions.org).

Me changer, moi, change le système entre nous

« Véritable nouvelle naissance,
le jour où j’ai réalisé que
je ne pouvais pas te changer
et où j’ai décidé de changer
en moi ce qui pouvait l’être.
[…] Je ne peux pas changer l’autre
mais sa capacité à changer
est étonnante lorsque j’utilise
mes forces à me changer, moi »
(Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p. 234).

À gauche de la photo : un ficus / banian d’Éthiopie.         

L’autorité genou < > L’autoritaire je-noue

L’autoritaire est semblable à un genou malade. Il se fait entendre à chaque pas. Il pervertit la loi en la personnalisant : « je fais la loi et tu m’obéis ». Il fait sentir son pouvoir SUR tous les autres, au point de les serrer et de desservir le groupe.

L’autorité est comme un genou en bonne santé. On ne la remarque pas et, pourtant, elle rend d’immenses services à la dynamique collective du groupe. Elle est la juste gardienne de la loi, sa garante. À son service, elle déploie un pouvoir POUR assurer la justice avec justesse : que les règles soient les plus justes et ajustées possibles ET qu’elles aient du poids ; toute transgression est suivie de sanction-réparation et non de punition-répression. En outre, sa fermeté sur le plan du cadre de droit n’est pas fermeture aux personnes ; elle s’articule à de la communication vraie pleine d’ouverture aux vécus et besoins des personnes : deux registres qu’il convient de soigneusement distinguer avant de les réarticuler.

Cf. Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p. 50 à 99.

Éduquer ? = Montrer l’exemple !

« L’éducation ne change pas le monde,
elle change les personnes qui
vont changer le monde »
(Paulo Freire).

J’accompagne une personne que ses enfants critiquent : « elle nous surprotège, à partir de ses propres peurs et blessures du passé ». Éduquer, c’est essentiellement montrer l’exemple : montrer comment je prends soin et je guéris mes propres peurs et blessures, et ainsi libérer mes enfants de mes propres fardeaux de vie.

« Le chemin pour aller vers soi
    est le plus douloureux ET
      aussi le plus nécessaire »
  (finale du film Magnificat).