Dans nos conflits du présent, se jouent nos conflits du passé pas encore résolus

« Dans nos conflits du présent, se jouent nos conflits du passé non résolus. Si quelqu’un saisit notre bras à un endroit déjà blessé, notre douleur sera beaucoup plus pénible à supporter. « De même, lorsque les souffrances du passé s’ajoutent aux sensations du présent, nous devenons hypersensibles au moindre toucher ou au plus petit choc subi au cours de nos relations affectives. 90 % de ce qui nous bouleverse ne nous dérangerait même pas si nos émotions du passé ne revenaient pas hanter notre présent », affirme John Gray (Les hommes viennent de Mars et les femmes de Venus, J’ai lu, 2000, p. 326). Quand l’attitude ou la parole de l’autre vient toucher en nous quelque chose de sensible, de déjà blessé, elle réveille et réactive la blessure ancienne. Hélas, spontanément, nous aurons le réflexe de nous en prendre à celui qui déclenche ce réveil, au lieu de nous mettre au chevet de notre propre histoire.

Un comportement excessif et répétitif, une réaction disproportionnée ou carrément inadaptée, sont des signes que la situation présente n’est pas fondamentalement en jeu.  Nous avons alors mieux à faire que de faire la guerre à celui qui déclenche l’alerte en nous. L’enjeu est de nous écouter et d’avancer dans nos conflits non achevés et mal digérés du passé, dont nos conflits actuels ne sont que des révélateurs » (Étienne Chomé, Apprendre à mieux gérer nos conflits. Une communication vraie et une négociation efficace, Maurice, 2005, p. 163).

Le couple, tout un chemin de dé-fusion

Dans un couple en bonne santé,
chaque partenaire prend soin
de ses propres manques afin que
ces manques ne produisent pas
des emmêlements (chantages affectifs,
culpabilités et culpabilisations,
jugements, reproches et exigences…), 
afin que ces emmêlements ne
polluent pas l’espace commun,
afin que les temps ensemble soient, entre
autres, le partage des manières respectives
de transformer tel manque en besoin à honorer
et finalement le partage de nos surabondances,
afin que nos rencontres célèbrent
cette joie libre de goûter aux
débordements de l’Amour
en chacun.e et entre nous.
Le couple, tout un chemin de dé-fusion :
apprendre à tenir debout par soi-même
pour se réjouir de danser ensemble,
dans une belle présence l’un.e à l’autre.

envies en vie

« Le désir est l’essence même de l’homme » (Spinoza).

Oser te faire des demandes, en te faisant connaître ce qui me fait du bien ; pouvoir te partager mes envies, sans te les imposer ; accueillir tes désirs, sans me sentir obligé de les satisfaire : voilà de quoi nourrir notre relation.

Certains doivent apprendre à oser partager ce qui leur fait plaisir. D’autres, en sens inverse, doivent apprendre à demander sans exiger : faire une simple demande, qui accepte pleinement la possibilité que tu me dises non et qui ouvre un espace de négociation, c’est-à-dire d’ajustement entre nos envies jusqu’à tomber d’accord sur la décision optimum pour nous deux. Cf. Étienne Chomé, Apprendre à mieux gérer nos conflits. Une communication vraie et une négociation efficace, Maurice, 2005, p. 184 à 200.

Étape 7 du parcours de formation…

L’écrit plutôt que les cris

Exprimer son vécu par écrit a un effet cathartique !

« En la réécrivant on ne revit pas la situation, on la recrée ! La recréation d’un souvenir, le fait de revenir dans le moment présent pour analyser un événement du passé va permettre de relativiser, de donner cohérence, et de retrouver un état d’esprit beaucoup plus positif par rapport à un événement même s’il a été traumatique. Écrire est aussi une façon de consolider la connaissance. Et souvent en consolidant la connaissance, on a envie de la mettre en pratique et en la mettant en pratique, on renforce une compétence. Donc l’écriture est aussi pour moi le début de l’apprentissage profond » (Sylvie Gendreau, professeure d’écriture créative à Montréal).

Espace-temps de qualité

Voici une manière très sécurisée de vivre un temps de qualité ensemble.  

Règles de base :

-Distinguer nettement le moment où je suis l’émetteur du moment où je suis le récepteur.

Celui qui écoute offre sa présence à travers son regard. Il écoute de la manière la plus neutre possible, pour laisser entièrement l’espace à l’autre, sans rien induire.

Celui qui parle cherche à être le plus authentique et sincère possible : dire en vérité ce qui l’habite ici et maintenant par des phrases en « je ». Il écoute en lui ses sensations physiques, ses émotions, ses besoins, ce qui l’anime / fait vivre / fait vibrer…

-Personne ne réagit au partage de l’autre ni ne fait de remarques sur le contenu de la communication. 

Processus :

-Créer le pont de bienveillance (à travers le regard et la disposition physique) et y revenir en priorité, tout au long du processus.

-Celui qui écoute commence par dire « Dis-moi une chose de toi que tu aimerais que j’accueille ». Puis il écoute, il lui offre son regard et sa présence, ni plus, ni moins, tout le temps de ces 5 minutes.

-Au gong de votre minuterie automatique, celui qui écoute dit : « Merci ». 

-Et l’écouté devient l’écoutant pendant 5 minutes. Il dit la question de l’autre et écoute.

-Répéter 4 fois les 2 x 5 minutes.

En tout, cette dyade dure 40 minutes (8 séquences de 5 minutes).

Quand, où et avec qui ?

« Dans la vie de tous les jours, dès que et chaque fois qu’apparaît une tension, être capable de sortir de ma poche les trois bonnes questions à se poser alors :

1) Est-ce le meilleur moment pour traiter le différend ?

2) Est-ce le meilleur lieu pour traiter le différend ?

3) Est-ce devant moi la (les) bonne(s) personne(s) avec qui traiter le différend ?

Si je réponds ‘non’ à une de ces questions, le mieux est de reporter la discussion, en me concentrant alors sur l’élaboration du cadre le plus propice à l’échange » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p. 23-24).

Disposer de la procédure à suivre en cas de désaccord

« ‘Conflit’ vient du latin ‘conflictus’ qui signifie ‘choc, heurt’. Il désigne une rencontre qui provoque la confrontation (= front contre front) d’une divergence. Il y a conflit dès que se présente une différence entre deux individus, entre deux groupes, déjà même en chaque personne divisée. Un conflit émergeant n’est ni bon ni mauvais, il est neutre car nous ne pouvons pas dire ce qu’il va produire comme fruit. C’est la manière dont on va le gérer qui est bonne ou mauvaise. Un désaccord, une opposition, une incompréhension, une distance, une dissension sont capables de nous conduire au pire de la violence comme au meilleur de la rencontre. Le conflit est un appel à plus de vérité et un défi pour plus de relation, une invitation à découvrir et à honorer une différence. Le conflit se distingue donc de la violence qui est abus de force dans la gestion du désaccord » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p. 37).

Oser le conflit pour échapper à la violence

« Tout groupe dispose des ressources pour s’auto-réguler et régler ses problèmes, pour autant qu’il pose et garantisse en son sein un cadre régulier et privilégié de dialogue dans lequel chaque personne est écoutée et prise en compte jusqu’au bout. Osons le conflit pour échapper aux violences qui résultent d’éviter les conflits, en particulier les formes de violences les plus cachées et les plus sournoises » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p.33 et 37 pour la phrase dans l’image).

Curiosité bien placée

« T’écouter avec curiosité, c’est comme l’art du jardinier qui, avant de semer, aère la terre comprimée : il lui donne de l’espace pour qu’elle respire. T’écouter avec curiosité, c’est m’intéresser si bien à ce que tu dis que ta propre écoute vers tes entrailles se déploie et te donne de la joie à explorer, en amont des mots, ce qui te fait vivre et vibrer, tes fondements, motivations, intentions profondes… » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p. 241, disponible en français et en anglais et les sessions organisées par le réseau CommunicActions 
(www.communicactions.eu et www.communicactions.org).

Me changer, moi, change le système entre nous

« Véritable nouvelle naissance,
le jour où j’ai réalisé que
je ne pouvais pas te changer
et où j’ai décidé de changer
en moi ce qui pouvait l’être.
[…] Je ne peux pas changer l’autre
mais sa capacité à changer
est étonnante lorsque j’utilise
mes forces à me changer, moi »
(Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p. 234).

À gauche de la photo : un ficus / banian d’Éthiopie.