Le bon leader améliore la soupe, le mauvais crache dedans…

« La démocratie est, en profondeur, l’organisation de la diversité. Une démocratie suppose et nécessite des points de vue différents, des idées qui s’affrontent. Ce n’est pas seulement la diversité, c’est la conflictualité » (Edgar Morin, en dialogue avec Boris Cyrulnik dans Dialogue sur la nature humaine).

Il est plus facile de cracher dans la soupe que de l’améliorer. J’ai pensé à ce dicton en entendant le nouveau Premier Ministre belge s’adresser à un membre de l’opposition : « Vous savez parfaitement que votre plan est tout à fait infinançable. C’est la différence par rapport à ce que nous faisons : effectivement accroître les allocations sociales. Nous veillons également à ce que soit quelque chose qui soit finançable. L’ADN de ce gouvernement, ce sont des partis qui s’écoutent et qui collaborent. Voilà ce qui donne des résultats » (débat sur la déclaration gouvernementale dans la nuit de samedi à dimanche). Pour unir la coalition Vivaldi, rassemblant les partis traditionnels de droite, du centre et de gauche, il faut un réel charisme de leader !

Tout bon développement personnel . . . . . . . . . . . . . . . conduit au dépouillement personnel

« Un besoin n’a pas d’abord besoin d’être satisfait, il a surtout besoin d’être reçu, reconnu, écouté. Et quand il y a en moi de la générosité pour l’accueillir, quand je regarde avec lui ce qui lui ferait du bien concrètement, voilà que ce besoin n’a plus la même nécessité impérieuse d’être assouvi. C’est comme si, en étant honoré et pris au sérieux, il goûte à l’essentiel, savoure ma présence bienveillante qui prend soin de lui. Et, du coup, il quitte la place centrale qu’il occupait jusque-là, les stratégies deviennent accessoires. Il y a plus d’espace en moi, une ouverture à une aspiration plus profonde, des motivation et intention plus fondamentales…

Ainsi, un développement personnel authentique ne conduit pas au nombrilisme égocentrique : « moi, je ; moi, je ». il réalise un magnifique désencombrement et donne envie d’un véritable altruisme. Car, une fois l’empathie aux commandes, qui cesse d’être soi-niant devient soignant » (Étienne Chomé, Apprendre à mieux gérer nos conflits. Une communication vraie et une négociation efficace, paru en 2005 à l’île Maurice, p. 175-177 + La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, de 2009, p. 237-239).  

Étape 6 du parcours de formation C-R-I-T-E-R-E !

Oser la vie

« Rire, c’est risquer de paraître idiot.

Pleurer, c’est risquer de paraître sentimental.

Aller vers quelqu’un, c’est risquer de s’engager.

Exposer ses sentiments, c’est risquer d’exposer son moi profond.

Présenter ses idées, ses rêves à la foule, c’est risquer de les perdre.

Aimer, c’est risquer de ne pas être aimé en retour.

Vivre, c’est risquer de mourir.

Espérer, c’est risquer de désespérer.

Essayer, c’est risquer d’échouer.

Mais il faut prendre des risques

car le plus grand danger de la vie,

c’est de ne rien risquer du tout.

Celui qui ne risque rien ne fait rien, n’a rien, n’est rien.

Il peut éviter la souffrance et la tristesse

mais il n’apprend rien, ne ressent rien,

ne peut ni changer ni se développer,

ne peut ni aimer ni vivre.

Enchaîné par sa certitude, il abandonne sa liberté »

(Soeur Emmanuelle).

Je ne suis pas condamné à subir toute ma vie un comportement-réflexe

Dans « La folle aventure de Louis de Funès », Lucie Cariès retrouve des images d’archives illustrant les colères de Louis de Funès face à « un paresseux ou un incompétent sur le plateau ». Le plus souvent, quand ça ne tourne pas comme il le souhaite, de Funès dégage « une froideur polaire et c’est sa femme qui se charge de dire en face ce qui fâche. Sa femme est à la fois son ange et sa gardienne… ».

En langage IFS, la colère et la froideur polaire sont des « protecteurs », dont la stratégie de défense s’est mise en place il y a bien longtemps ; dans le cas de Louis de Funès, face à une mère qui faisait souvent de terribles colères et à un père qui brillait par ses absences. La colère et le retrait sont des stratégies plutôt opposées. Pourtant, les deux parts qui s’y disent ont la même intention et le même rôle : protéger une part repliée dans sa blessure, plus cachée à l’intérieur et plus fragile, qui cherche le réconfort et le soulagement de sa peine. Une telle libération pourra se faire grâce à une relation nouvelle que la personne adulte peut offrir, à partir de son Self, à cette part en souffrance.

Par ailleurs, le couple de Funès illustre bien la théorie IMAGO : « nous choisissons un.e partenaire qui 1) a à la fois les qualités et les défauts des personnes qui nous ont élevés, 2) compense les parties positives de nous-mêmes, [les ressources] dont avons été amputées dans notre enfance » (Harville HENDRIX, Le couple, mode d’emploi, p. 89).

Voici la première des médications : me rencontrer dans la méditation

« J’ai appris doucement à recevoir le silence et à méditer quelques minutes chaque jour pour laisser aux vibrations de l’univers la possibilité de me rejoindre et de m’apprivoiser encore un peu » (Jacques Salomé).

« Une demi-heure de méditation est essentielle sauf quand on est très occupé. Alors une heure est nécessaire » (Saint François de Sales).

« On arrête de faire quelque chose et on se contente d’être soi-même. La méditation, un truc bizarre comme un rituel de magie ou de conscience cosmique ? Il ne s’agit pas de partir dans le cosmos mais d’être pleinement là où vous êtes. Et s’il y a de la magie, elle est à l’intérieur de vous-même » (Prof. Jon Kabat-Zinn, Center for Mindfulness in Medicine, Health Care and Society Worcester, Massasuchets, USA).
Renouer avec « les pratiques de sagesse issues du fond des âges, […] médecine de l’être » (film « Les étonnantes vertus de la méditation » : https://www.arte.tv/fr/videos/069099-000-A/les-etonnantes-vertus-de-la-meditation/, à savourer si pas déjà fait ! Si vous ne donnez que 4’ à ce documentaire, je vous invite à écouter les 4 dernières (sur les 51 minutes).

IFS, parts protectrices et parts protégées. Un exemple avec Louis de Funès

« Il a beau le cacher derrière son rire, Louis de Funès a une conscience aiguë de la fragilité des choses. Il pense qu’il peut tout perdre d’un coup. Lui, fils de Léonor, l’amoureuse ruinée, et de Carlos, l’aventurier égoïste, n’en finit pas de porter son histoire, en dépit des triomphes », commente Lucie Cariès dans « La folle aventure de Louis de Funès », qui a retrouvé les interviews, où de Funès partage notamment : « Je suis devenu une star mais je n’ai jamais cessé d’avoir faim. La nuit, je me réveille parfois en sursaut. Et je sens un terrible creux à l’estomac. […] C’est l’inquiétude de tout ; une mouche qui passe de travers, je me demande pourquoi elle est passé de travers. C’est épouvantable. Oh, je fais beaucoup d’effort. Je suis toujours inquiet. Je trimbale ça. […] Avant, j’étais inquiet sur un fil. Aujourd’hui, je suis inquiet dans un fauteuil. » (archives de l’INA).

Et voici mon propre commentaire, en tant que thérapeute IFS. Louis de Funès parle de sa part insécurisée (inquiétude, peur de tout perdre, peur d’avoir faim). À quoi sa part critique réagit : « épouvantable, cette inquiétude permanente ! » Et une troisième part, volontaire, enchaîne : « oh, je fais beaucoup d’effort » (pour être débarrassé de cette inquiétude). La démarche IFS invite de Funès à entrer en dialogue avec chacune de ses parts, à partir de son Self (cet espace dans lequel il est capable d’entrer en contact avec curiosité et bienveillance). Une fois reconnues dans les services qu’elles rendent et le rôle utile qu’elles assurent au sein de la famille intérieure, la part critique et la part volontaire pourront faire un pas de côté, et ainsi le Self pourra rencontrer en vérité la part inquiète jusque dans ses racines historiques : les blessures d’avoir grandi avec une mère amoureuse ruinée et un père absent. C’est la libération des fardeaux du petit qui entraînera une guérison et des transformations !…

IFS (Internal Family System), dialogue intérieur à partir de notre « Self »

« Fondateur de l’IFS (Internal Family System), Richard Schwarz  propose un protocole de dialogue intérieur à partir de notre « Self », qu’il définit comme cet espace intègre, intact, qui n’a pas été blessé par la vie et où règne le calme, la confiance, la compassion, la curiosité, la créativité, le courage, la clarté, la capacité à entrer en contact. De ce lieu-source en nous, nous pouvons apprendre à pratiquer la culture d’hospitalité pour chaque part de nous, déployer un authentique dialogue avec elle, l’écouter, prendre en considération ce qu’elle nous dit de son vécu, de son besoin, de ses motivations, de son intention positive » (Chomé Étienne, Construire la paix sociale à partir d’un dialogue intérieur non-violent, dans Ensemble, construire l’interculturel, CEAFRI – L’Harmattan, 2019, p. 115).

IFS : le Self et le Self-Like. Illustration avec Louis de Funès

À la fin de son reportage présentant Louis de Funès dans ses derniers films, Lucie Cariès conclut : « Quoi qu’il arrive, il veut rester drôle. « Je suis là pour faire du bien aux gens »,  dit-il, persuadé qu’il ne sait faire que cela. » Et elle montre ses notes manuscrites dans son cahier personnel : « Faire semblant. Tout le monde fait semblant. Semblant d’être heureux, semblant d’être gai. Et une fois chez soi, ou en lieu sûr, nous sommes ce que nous sommes ».  Et, au soir de sa vie :  « Les biens de l’âme sont immortels, le bonheur est dans les échanges réciproques. L’optimiste cherchera à réjouir ceux qu’il veut rendre heureux. Je dois faire preuve de calme, de persévérance et de bonne humeur… »

Personnellement, je me relie au cœur du cœur de Louis de Funès quand il peut exprimer sa vérité profonde : « Les biens de l’âme sont immortels, le bonheur est dans les échanges réciproques. » Là, nous connectons son Self, comme on dit en IFS ! Et nous pouvons accueillir, aux côtés de ce lieu-source en lui, le « Self-Like », c.-à-d. celui qui croit être le chef d’orchestre, celui qui est convaincu que s’il arrêtait de faire ce qu’il fait, ce serait un chaos, une catastrophe. C’est le Self-Like qui croit devoir faire preuve de calme, de persévérance et de bonne humeur, qui fait rire et qui joue la comédie, pour rendre service à  tout le monde… C’est en honorant suffisamment notre Self-Like pour les services rendus et pour ses incroyables compétences que nous avons une chance de voir le Self-Like se décoller du Self, se désidentifier, se désamalgamer de lui, pour reprendre sa place de second (un bon manager) et laisser le véritable chef d’orchestre coordonner l’ensemble.

Du cœur de mon cœur, merci à Louis de Funès, qui m’aide à rencontrer mon Self-Like capable notamment de tant de pirouettes cacachouettes. Merci à Louis, pour ce louis d’or qui luit éternellement, oui, oui… Entende qui a l’ouïe en lui !