Vous avez un regard singulier et charmant. Comme la lune au fond du lac qui la reflète, Votre prunelle, où brille une humide paillette, Au coin de vos doux yeux roule languissamment. Ils semblent avoir pris ses feux au diamant. Ils sont de plus belle eau qu’une perle parfaite. Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète, Ne voilent qu’à demi leur vif rayonnement. Mille petits amours, à leur miroir de flamme, Se viennent regarder et s’y trouvent plus beaux. Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux. Ils sont si transparents, qu’ils laissent voir votre âme, Comme une fleur céleste au calice idéal Que l’on apercevrait à travers un cristal (Théophile Gautier, À deux beaux yeux).
Parmi les fleurs du mal esclavagiste, il y a notre impossibilité de retracer l’origine et le nom de Jeanne dite Duval, cette Créole des îles qui fut le grand amour de Baudelaire. Le racisme est tel que toute leur correspondance est détruite, tandis qu’on met en lumière ses billets avec Mme Sabatier, une femme comme il lui faut, selon les critères de son entourage. La mère du poète et toute la famille refusant le couple interracial, lui rend la vie impossible, notamment en lui coupant les vivres.
Pourtant, malgré tout, c’est Jeanne qui illumine le cœur de Baudelaire. C’est pour elle qu’il écrit cette chanson d’après-midi :
Quoique tes sourcils méchants Te donnent un air étrange Qui n’est pas celui d’un ange, Sorcière aux yeux alléchants,
Je t’adore, ô ma frivole, Ma terrible passion ! Avec la dévotion Du prêtre pour son idole.
Le désert et la forêt Embaument tes tresses rudes, Ta tête a les attitudes De l’énigme et du secret.
Sur ta chair le parfum rôde Comme autour d’un encensoir ; Tu charmes comme le soir, Nymphe ténébreuse et chaude.
Ah ! les philtres les plus forts Ne valent pas ta paresse, Et tu connais la caresse Qui fait revivre les morts !
Tes hanches sont amoureuses De ton dos et de tes seins, Et tu ravis les coussins Par tes poses langoureuses.
Quelquefois, pour apaiser Ta rage mystérieuse, Tu prodigues, sérieuse, La morsure et le baiser ;
Tu me déchires, ma brune, Avec un rire moqueur, Et puis tu mets sur mon cœur Ton œil doux comme la lune.
Sous tes souliers de satin, Sous tes charmants pieds de soie, Moi, je mets ma grande joie, Mon génie et mon destin,
Mon âme par toi guérie, Par toi, lumière et couleur ! Explosion de chaleur Dans ma noire Sibérie !
Connaissez-vous l’histoire du fol amour entre Charles Baudelaire et la métisse des îles, Jeanne dite Duval ? L’entourage du poète fit tout pour la nier et mettre des bâtons dans les roues d’une telle union. Les Fleurs du mal n’auraient pas existé sans Jeanne, Pourtant, le procès intenté contre sa publication exige dans sa sentence qu’on en retire les poèmes les plus fous d’amour pour Jeanne, la ‘tite Créole : les bijoux, les balcons, le Léthé…
En retenant l’accusation d’outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs, sans retenir l’accusation d’outrage à la religion, c’est la métisse qu’on met au ban de la société. La France d’alors (1857) sort très difficilement de l’esclavage. Aujourd’hui, sereinement, nous pouvons voir et dénoncer le racisme qui est au cœur de ce refus de couple mixte, refus qui a rendu la vie impossible à Charles et Jeanne. Cf. la conférence d’Emmanuel Richon en 2007, lors du 150ème anniversaire de la publication des Fleurs du mal.
Les bijoux
La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur, Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores, Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Maures.
Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur, Ce monde rayonnant de métal et de pierre Me ravit en extase, et j’aime à la fureur Les choses où le son se mêle à la lumière.
Elle était donc couchée et se laissait aimer, Et du haut du divan elle souriait d’aise A mon amour profond et doux comme la mer, Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté, D’un air vague et rêveur elle essayait des poses, Et la candeur unie à la lubricité Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;
Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins, Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne, Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ; Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal, Pour troubler le repos où mon âme était mise, Et pour la déranger du rocher de cristal Où, calme et solitaire, elle s’était assise.
Je croyais voir unis par un nouveau dessin Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe, Tant sa taille faisait ressortir son bassin. Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe !
Et la lampe s’étant résignée à mourir, Comme le foyer seul illuminait la chambre, Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir, Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre !
« Quand je l’ai rencontrée pour la première fois, j’ai ressenti, en la voyant, une étrange sensation. Ce ne fut point de l’étonnement, ni de l’admiration, ce ne fut point ce qu’on appelle le coup de foudre, mais un sentiment de bien-être délicieux, comme si on m’eût plongé dans un bain tiède. Ses gestes me séduisaient, sa voix me ravissait, toute sa personne me faisait un plaisir infini à regarder. Il me semblait aussi que je la connaissais depuis longtemps, que je l’avais vue déjà. Elle portait en elle quelque chose de mon esprit. Elle m’apparaissait comme une réponse à un appel jeté par mon âme, à cet appel vague et continu que nous poussons vers l’Espérance durant tout le cours de notre vie » (Guy de Maupassant).
I see your true colors. And that’s why I love you. So don’t be afraid to let them show. True colors are beautiful, Like a rainbow…
You with the sad eyes Don’t be discouraged Oh I realize It’s hard to take courage In a world full of people You can lose sight of it all And the darkness inside you Can make you feel so small
But I see your true color Shining through I see your true colors And that’s why I love you So don’t be afraid to let them show Your true colors True colors are beautiful Like a rainbow (Cyndi Lauper, True Colors).
« Je vous aime, pas d’un amour de vacances, d’un amour d’un instant. Je vous aime d’un grand amour dont je veux les tristesses comme les joies, d’un amour où je suis engagée corps et âme, si lourd, si précieux que parfois j’en ai le souffle coupé » (Simone de Beauvoir).
« Si tu savais comme je l’aime Ton petit cœur à la traîne Et si tu as de la peine Tu trouveras dans mes bras des milliers de « je t’aime ». Plus besoin de chercher, plus besoin, je t’ai trouvée Ce n’est rien, tout le mal qu’on m’a fait, je t’ai trouvée Je pensais tout savoir de l’amour, mais ce n’est pas vrai Si je les aimais fort, toi, c’est beaucoup plus fort Regarde comme on est beaux sur le même bateau, mmh-mmh Oh, non, y a pas plus beau, l’amour c’est jamais trop, mmh-mmh » (Chanson de Slimane, Des milliers de je t’aime : https://www.youtube.com/watch?v=zjCNV0_ycSI).
« D’une rive à l’autre, nous sommes guidés par la vie, vers des lacs sublimes et dans des bois silencieux, qui, à jamais, gardent le souvenir délicieux de notre passage, en votre si belle compagnie… » (Daniel Fesler, fécondé par sa muse, Françoise Jadin).
La température d’eutexie ou le point d’eutexie est ce point de température précis qui permet à deux corps purs de fondre l’un dans l’autre… Voilà, voilà, je nous souhaite une belle journée, de belles alchimies, de profondes connexions et instants de communion tout simples, sans fusion ni confusion !