Le triangle dramatique de Karpman

Le ‘triangle dramatique de Karpman’ se déroule entre un Persécuteur (l’instance qui commet une violence), une Victime (l’instance qui la subit) et un Sauveteur (l’instance qui soigne la violence, qui cherche à rendre service en prenant soin de la Victime). Il fut élaboré par Karpman dans les années 1960, en participant pendant cinq ans à la session hebdomadaire animée par un autre psychiatre, Éric Berne (auteur de l’Analyse Transactionnelle), qui avait fixé quatre règles méthodologiques : 1) « ne dites rien que vous ne pouvez pas dessiner dans un diagramme » ; 2) « utilisez toujours le rasoir d’Occam » = simplifiez le plus possible ; 3) « écrivez en langage profane pour être compréhensible par un enfant de 8 ans, un agriculteur du Midwest et un professeur du MIT » ; 4) « vous n’êtes pas là pour apprendre l’analyse transactionnelle mais pour inventer vos propres théories ».

Cf. Stephen Benjamin Karpman, Le Triangle Dramatique. Comment passer de la manipulation à la compassion et au bien-être relationnel ; Pierre Agnese & Jérôme Lefeuvre, Déjouer les pièges de la manipulation et de la mauvaise foi. Avec le triangle dramatique et son contre-triangle, tous deux édités par InterÉditions.

Sans remparts, ni armure

« — Maître, je suis maintenant devenu incroyablement fort, car j’ai construit une armure émotionnelle et sociale qu’aucune attaque ne peut entamer. Plus personne ne peut vraiment m’atteindre.

— Tu es donc devenu expert en stratégies de sauvegarde de ton ego. Tu as donc encore très peur.

— Mais il faut être fort tout de même dans ce monde !

— N’est pas fort celui qui s’entoure de ses remparts, mais celui qui les a détruits (de même qu’il a déposé ses carapaces et boucliers). Celui qui a entrepris la déconstruction des cachots où rampent ses vices, et des temples qu’il a bâtis pour ses vertus.

— Mais alors sans remparts, ni armure, nous devenons perméables à la malveillance des autres !

— Il n’y a pas réellement de malveillance, mais uniquement des blessures que chacun exprime, dont les peurs et la souffrance sont les symptômes. Aussi ce sont tes blessures, qui nécessitent la construction de remparts, qui auront pour principale conséquence de t’éviter la résolution de celles-ci.

Tu es devenu non seulement imperméable à ce que tu appelles malveillance et attaques, mais à tout ce dont ce cloisonnement égotique te prive : à la beauté de ta souffrance, et de tes peurs. À  ta relation avec elles et à ta capacité de leur sourire, de les accepter et de t’aimer pour les transmuter »

(Stephan Schillinger).

Poèmes pour extraire les bleus sous ma peau et créer du lien

« J’ai été condamné à une peine de trente ans de prison, dont vingt ans de sûreté. Les dix premières années que j’ai passées derrière les barreaux ont été terribles. J’étais un enragé. Dans ce désert, j’ai trouvé l’écriture et la poésie. Elles m’ont servi de boussoles, m’embarquant pour de longs voyages, jetant des passerelles vers l’autre. Lire, écrire et créer en prison, c’est survivre. Je me suis découvert un cerveau à 52 ans. J’ai réussi à sortir de tout cela grâce aux mots, qui m’ont permis d’EXTRAIRE LES BLEUS SOUS MA PEAU. J’ai déclamé un poème que j’avais rédigé lorsque j’étais à l’isolement et cela m’a révélé. En 2016, j’ai reçu un premier prix de poésie à la Sorbonne. Quand j’ai vu mon nom à côté de ceux de grands auteurs, les Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, je ne l’ai pas cru. Mais j’ai compris que j’avais une sensibilité qui touchait les gens. EN ÉCRIVANT DES POÈMES, JE CRÉAIS DU LIEN EN PRISON » (Khaled Miloudi). Vient de sortir son livre Les couleurs de l’ombre.

Rire tris-mal : qui est très aigu, qui a la caractéristique d’un grincement de dent, d’un trisme (mot construit par Arthur Rimbaud dans son poème Comédie en trois baisers).

Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un long rire tris-mal
Qui s’égrenait en claires trilles,
Une risure de cristal…
(Arthur Rimbaud, 1895).

Patience, pas science…

« Les patiences accumulées, comme les rivières endiguées, produisent les plus grands débordements. […] Dieu ne demande pas de la patience à ceux qui en ont, mais bien à ceux qui n’en ont pas » (Anne Barratin).

« Il n’y a rien dont la patience ne vienne à bout quand elle est secondée de la persévérance » (Tite-Live). « Avec du temps et de la patience, une souris coupe un câble » (Alphonse Esquiros).

« Une longue patience enveloppe les choses et le sang, plus sûrement que du lierre » (Christian Bobin).

« La patience est la clef de la jouissance » (Abu Shakour).

Je trouverai à l’extérieur ce que je vis à l’intérieur

Ce que je trouve figé dans mes relations à l’extérieur correspond à des figements intérieurs. Ce que je critique chez l’autre correspond à ce qui, en moi, n’est pas suffisamment accueilli et baigné dans l’Amour. En la matière, les limites que je trouve à l’extérieur sont en fait l’expression de limites intérieures : mes propres ‘enfer-me-ment’, mes étroitesses, mes croyances limitantes, mes œillères et mes ornières, mes réflexes de repli sur soi. Mes guerres extérieures sont l’écho de l’ego et de ses guerres internes.

Inversement, les possibilités que je vois dans le monde extérieur correspondent aux possibilités de mon monde intérieur, à ma foi en la Vie offerte généreusement. Mes projections sur l’autre cessent quand j’ouvre réellement mon cœur et mon âme à la Vie qui me traverse, quand je la laisse simplement faire son œuvre féconde, telle la pluie sur mes terres. Il n’y a rien à faire, sinon de réapprendre la manière d’être d’un enfant qui babille de joie dès qu’apparaît l’autre au-dessus de son berceau, et qui fait de la rencontre une Visitation, une exultation dans les entrailles.

Je t’aime, Christine, mon amour.

Amas doués amadoués

« La conscience est comme le soleil. Quand elle brille sur les choses, elles sont transformées » (Thich Nath Hanh).

« Or la loi de l’âme est radicale : si je ne suis pas proche de moi, je ne le serai de personne et personne ne pourra, impunément m’approcher ! Car l ‘autre reçoit, aussitôt, et même si je crois l’aimer, le reflet radioactif de ma haine de moi – même. L’amour de soi, qui est le fondement de l’amour est une expérience bouleversante, ontologique et mystique. Il ne s’agit pas de l’amour porté à cette personnalité que j’ai réussi à construire. C’est une grande sympathie que j’éprouve pour elle, tout au plus. Non l’amour s’ancre ailleurs. Il s’ancre, d’abord dans la stupéfaction d’être vivant et étrangement dans l’expérience du corps.

Je vous invite à l’instant à frôler cette qualité. Laissez-vous saisir de la stupeur d’être dans un corps, d’être un corps.

Accordez-vous, un instant, de peser de tout votre poids, sans la moindre esquive, de sentir la densité de la matière qui vous constitue, sa concentration, sa secrète dilatation après chaque inspire. À peine j’entre, entière, dans cette sensation qu’une incroyable qualité de présence m’envahit. Surtout ne me croyez pas. Continuez, seulement, de laisser respirer ce qui respire, de sentir le poids de votre corps, Jusqu’à ce que vous ayez rejoint ce qui vous habite.

Il n’y a que le saisissement qui livre passage à l’essentiel. (…) Cette puissance, infiniment supérieure à l’homme et qui, mystère vertigineux, n’est agissante sur terre qu’à travers l’homme qui l’accueille ou le corps qui l’incarne, cette puissance ou mieux cette présence ineffable et fragile, c’est l’amour qui nous fonde » (Christiane Singer, N’oublie pas les chevaux écumants du passé).

Sauvage est l’âme où résident passion et créativité

« Être pleinement humain, c’est être sauvage.
La sauvagerie, c’est l’étrange attraction et
le murmure de la sagesse.
C’est le doux coup de pouce et la douleur intense.
C’est ta vérité, transmise par tes anciens,
et le courant de vie dans ton sang.
Sauvage est l’âme où résident passion et créativité,
sauvage est le battement de ton cœur.
Sauvage est ce qui est réel.
La sauvagerie est ta maison »
(Victoria Erickson).