Éduquer un enfant, n’est-ce pas d’abord honorer, dès le berceau, ses rires émerveillés, qui nous entraînent irrésistiblement dans la plus tendre des danses ? Quel admirable échange il est capable de susciter entre nous, à partir du meilleur en chacun de nous ! Y a-t-il plus croustillante surprise que cette vie qu’il nous apporte d’on ne sait zzoù ?
N’est-elle pas le signe probant que, dès le début de la vie, le bébé est ontologiquement et amoureusement relié à la Vie, et que l’éducation ne peut pas être une œuvre de civilisation à la manière des Occidentaux « civilisant » les nouveaux mondes au XVIe siècle ?
Est-ce orage / essorage sur la planète bleue, afin de remettre en question nos modes de fonctionnement exagérément coûteux pour cette terre ? De la simplification volontaire à la simplification rendue nécessaire grâce à la crise ? La crise climatique et le confinement sanitaire jouent-ils le rôle utile de la sonnette d’alarme, qui ne cessera de retentir que quand nous aurons effectivement fait les choix qui s’imposent ?
Pour imposer le choix de la 5 G, Macron a cité les Amishs comme on brandit un repoussoir. Et nous, qui citons-nous ? Qui « La Cité » (jeu de mots avec Feu l’excellent journal belge) ? Ne laissons pas Macron agiter l’épouvantail amish sans nous même témoigner des expériences collectives pleines de sagesse, moins extrêmes que les Amishs, qui font le choix de la décroissance et de la sobriété librement consentie, par lucidité sur le sens profond des choses de la vie.
Moi, je peux dans « La Cité » citer les Communautés de l’Arche (fondées par Lanza del Vasto, après qu’il ait été vivre dans l’ashram de Gandhi), les Compagnons de St François, etc. Et vous, de quelles expériences d’écosociété vous témoignez ?
Merci à chacune de ces expériences collectives qui éclairent et boostent nos propres choix de sobriété, adaptés à notre propre lopin de terre (même en balcon, on peut cultiver un beau jardin!…).
« N’ayant plus l’ambition d’avoir raison, je soulage mes détracteurs de la peine qu’ils prendraient à me donner tort » (Christiane Singer).
À un ami prêtre qui s’inquiétait que je participe aux confusions spirituelles de ce monde, j’ai répondu :
« J’ai de la joie à l’idée de contribuer à diminuer les quiproquos interculturels et interreligieux, les incompréhensions dues à des langages différents, aussi dues à une méconnaissance des racines chrétiennes, dont le trésor : l’expérience de l’Amour inconditionnel de notre Créateur et réCréateur… Plus je m’enracine dans la Tradition, moins j’ai peur de vivre dans ce monde, d’être en dialogue avec d’autres expériences vibrantes de la Vie.
Certes, ce choix de dialogue comporte des risques, il n’est pas la voie de la facilité et provoque des critiques par les uns et par les autres. D’un côté, quand des personnes qui surfent sur l’air du temps me trouvent trop chrétien, elles me ferment des portes. D’un autre côté, je suis régulièrement critiqué par des Catholiques, qui m’accusent d’une spiritualité trop diluée dans les pratiques ‘du monde’, et d’un langage trop influencé par des catégories syncrétistes New Age..
Quand je dépose cela au pied de la Croix, j’entends souvent : « Si tu savais le don de Dieu », tellement plus large et plus généreux que nos étroitesses !… Depuis 2000 ans, chaque génération de croyants est mise au défi d’intégrer dans la sagesse héritée les trésors contemporains. Pour l’heure, parmi ceux-ci, figure en bonne position, selon moi, l’écoute de son corps, de son cœur, de ses tripes, afin d’accéder plus en vérité à son Self, qui n’est autre que l’âme,dans la Tradition. Ma profonde gratitude au processus IFS et à l’Intensif ‘Qui suis-je ?’ ! »
Un jour de décembre Au cœur des ténèbres Je suis sorti des cendres Sans savoir que j’étais nègre En quelque sorte innocent Les seins de ma mère, j’y tenais Mais la vie m’a séparé d’elle De mon jardin d’Eden De ma famille d’ébène De mes sœurs si belles De mes frères de peine Tout ça car papa Ne voulait pas Marcher aux pas Alors, il est devenu la proie Du roi Léopard On a dû quitter la jungle Et aller voir autre part On a traversé la mer Atterri dans la merde OK pour dire vrai au début ça allait La découverte fut chouette, mais l’addition fut salée Bloquer ici j’ai vu mon père se laisser aller Passer ses journées à ne faire que râler Et ma seconde mère nettoyait les chiottes Pour mon frère et moi, l’école fut le premier choc Nos premiers profs avaient du mal à prononcer nos noms Preuve qu’ils auraient du mal à nous trouver normaux Blessés profondément dès leur premier mot On a compris qu’on aurait du mal à pénétrer leur monde Et à fréquenter leurs mômes
Dans tout ce bordel je cherche ma place Je n’arrive pas à la trouver et ça me tracasse Au bord de la crise de nerf J’ai développé une crise de nègre Quand j’en parle on me dit que j’exagère Mais dans le fond ça me fait mal et il faut que je la gère J’arrive pas à l’avaler donc il faut que je la gerbe Ma crise de nègre
Le silence de nos parents est éloquent Pour eux depuis longtemps Le modèle était le Blanc Donc, pour nous, suivre le modèle était le plan Finalement on s’est retrouvé sur les mêmes bancs Portant les mêmes vêtements Se fréquentant plus souvent Et pourtant toujours ce sentiment D’être impotents De croire que le reste nous trouve si peu important D’où nous vient ce complexe Quand on parle de nous tout devient complexe
Dans l’intention profonde d’une satyre sur le monde, Louis de Funès a, aux dires de Gérard Oury, la vertu extraordinaire de pouvoir jouer des personnages odieux sans qu’ils soient antipathiques, de leur garder toujours une espèce de côté charmant et gentil. Ainsi, Victor Pivert, cet industriel français arriviste, cynique et autoritaire, déguisé en Rabbi Jacob, qui s’étonne : « Salomon, vous êtes juif ? ». Il y a du génie dans le jeu de Louis de Funès et aussi dans cette toute petite phrase : quatre mots, qui réussissent à désamorcer l’ignorance et la bêtise humaine par la seule puissance du rire… Dans une interview, de Funès reconnaîtra ses vieux restes d’antisémitisme : « jouer Rabbi Jacob m’a décrassé l’âme »
(interviews dans les archives de l’INA, magnifiquement mis en relief par Lucie Cariès dans « La folle aventure de Louis de Funès »).
La méthode C-R-I-T-E-R-E, première étape : bien gérer le conflit, plutôt que subir nos conflits mal gérés ou évités
Le mot chinois « crise » conjugue les mots « wei » (danger) et « ji » (opportunité de changement), pour signifier un point de basculement, un moment décisif : le rôle de la crise est de rendre encore plus obvie la nécessité de faire les bons changements, qui demandent du courage car il s’agit de renoncer à des choses auxquelles on s’est habitué. Les sirènes d’alarme du conflit s’arrêtent quand on a investi dans les opportunités de paix, au point que le danger est passé, sans nous faire tomber dans les violences de la guerre. C’est alors que nous pouvons célébrer d’avoir bien géré la crise, d’avoir échappé à un conflit qui dégénère en guerre. Cf. Étienne Chomé, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses Universitaires de Louvain, 2009, p. 39.
« Je vais être comme un enfant qui vient de naître, qui ne connaît rien et qui découvre tout. Celui-là, je vais le protéger à l’intérieur de moi-même. Il va peut-être m’amener vers un autre monde dans lequel je suis incapable d’aller parce que je connais trop de choses » (Luis Ansa).
« Quand je suis en face de quelqu’un, je tombe dans son regard. Pour moi, les yeux sont vertigineux. Au fond de la pupille, comme au fond d’un tunnel, je vois approcher quelqu’un qui porte un flambeau. Je traverse l’apparence et je sens la personne » (Christiane Singer).
Naître avec le printemps, mourir avec les roses, Sur l’aile du zéphyr nager dans un ciel pur, Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses, S’enivrer de parfums, de lumière et d’azur, Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes, S’envoler comme un souffle aux voûtes éternelles, Voilà du papillon le destin enchanté ! Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose, Et sans se satisfaire, effleurant toute chose, Retourne enfin au ciel chercher la volupté ! (Lamartine, Le papillon).