Un vide qui m’emplissait totalement

« L’état quasi extatique, ce vide d’une extrême densité, qui m’avait transi juste après qu’on m’eut annoncé que j’avais un cancer aura été la plus surprenante étape de mon aventure. Aucun état amoureux, aucun événement, aucun autre voyage ne m’a donné à vivre cet exotisme engendré par l’effroi de me savoir condamné : un exotisme qui rejette aux confins de toute singularité, sous la menace, au bord du morcellement. De quoi exactement avais-je fait l’expérience ? Je suis bien en peine de le dire. La peur, la volonté, tout désir étaient suspendus ; je subissais un vide qui m’emplissait totalement. Puisque je n’étais pas mort, je devais appartenir à la communauté des deux fois nés.
[…] Après la tempête, c’est la folie de vivre qui rejaillira.
Après, on voudra manger le soleil et les étoiles »
(Patrick Autréaux, Dans la vallée des larmes).