Sans remparts, ni armure

« — Maître, je suis maintenant devenu incroyablement fort, car j’ai construit une armure émotionnelle et sociale qu’aucune attaque ne peut entamer. Plus personne ne peut vraiment m’atteindre.

— Tu es donc devenu expert en stratégies de sauvegarde de ton ego. Tu as donc encore très peur.

— Mais il faut être fort tout de même dans ce monde !

— N’est pas fort celui qui s’entoure de ses remparts, mais celui qui les a détruits (de même qu’il a déposé ses carapaces et boucliers). Celui qui a entrepris la déconstruction des cachots où rampent ses vices, et des temples qu’il a bâtis pour ses vertus.

— Mais alors sans remparts, ni armure, nous devenons perméables à la malveillance des autres !

— Il n’y a pas réellement de malveillance, mais uniquement des blessures que chacun exprime, dont les peurs et la souffrance sont les symptômes. Aussi ce sont tes blessures, qui nécessitent la construction de remparts, qui auront pour principale conséquence de t’éviter la résolution de celles-ci.

Tu es devenu non seulement imperméable à ce que tu appelles malveillance et attaques, mais à tout ce dont ce cloisonnement égotique te prive : à la beauté de ta souffrance, et de tes peurs. À  ta relation avec elles et à ta capacité de leur sourire, de les accepter et de t’aimer pour les transmuter »

(Stephan Schillinger).