Dans la littérature romanesque, René Girard est frappé d’un point
commun : le héros est manipulé par le désir de l’autre, il est accroché par un désir qu’il a attrapé chez l’autre. Ce désir imité, il va l’appeler désir mimétique. « Le désir, c’est ce qui arrive à nos besoins quand ils sont imités. Donc, l’homme est un être qui a des désirs mais qui n’a pas de désir en propre comme il a des besoins. Il a des désirs parce qu’il vit en société. La relation à l’autre précède le ‘moi’. Ce n’est pas vous qui avez une relation avec quelqu’un d’autre, c’est dans la relation à l’autre que vous vous construisez vous-même » (Christine Orsini, dans le documentaire d’Yves Bernanos : René Girard. La vérité mimétique).
Pour le philosophe Charles Pépin, résolument sartrien sur ce point, le moi ne préexiste pas. C’est par nos contacts avec l’extérieur que nous existons à l’intérieur. Le moi en tant que noyau d’être ne lui parle pas, l’âme vue comme identité fixe et immuable ne veut rien dire, c’est une illusion selon lui.
Dans mes propres expériences, l’Autre, avec un grand A, me préexiste et est le lieu-Source de mon être. Il est bien là, au cœur de mon cœur, avant toute relation extérieure, avant toute démarche ex et ad / de et vers. C’est dans ma relation avec cet Autre que j’existe d’abord à l’intérieur. Et finalement, la magie de mon être advient jour après jour, dans cette étonnante alliance très inégale entre Lui et moi, au point que « Dieu réside en moi en tant que moi » (conclusion du film Mange, prie, aime, présentant la longue quête de l’héroïne, jouée par Julia Roberts).
Jeux / je, à suivre dans mes posts de demain après-demain (à demain, à deux mains puis à quatre mains…).