Surabondance qui déborde

« Si tu es sage, montre-toi vasque et non pas canal  Un canal reçoit l’eau et la répand presque tout de suite. Une vasque, en revanche, attend d’être remplie et communique ainsi sa surabondance sans se faire de tort… Mais tu vas me dire : ‘La charité ne cherche pas son avantage’ (1 Co 13,5). Oui, mais sais-tu pourquoi ? Elle ne cherche pas son avantage, parce qu’elle ne manque de rien. Qui chercherait ce qu’il possède déjà ? La charité n’est jamais dépourvue de son avantage, à savoir de ce qui est nécessaire au salut » (Bernard de Clairvaux).

Comme un hôte bienvenu

« Si tu te sens triste, si tu as peur ou si tu ressens une tension dans ton corps, pour un moment seulement, arrête de vouloir t’en débarrasser. Oublie aussi d’essayer d’ « élever ta vibration » !
Au lieu de cela, reste simplement avec cet inconfort.
Sois curieux de lui.
Sois indulgent avec lui.
Respire en lui.
Donne-lui de l’espace, un peu de temps.
Oublie de le comprendre, de « lâcher-prise »,
et de l’ « arranger  » aujourd’hui
et permets-lui simplement d’être ici
aussi longtemps qu’il a besoin d’être ici.
Laisse-le rester s’il veut rester.
Laisse-le partir s’il veut partir.
Laisse-le revenir s’il veut revenir.
Traite-le comme un hôte bienvenu
dans la vaste maison de repos de ton être,
un enfant bien-aimé qui en fait véritablement partie »
(Jeff Foster).

Libre de ce qui nous terrorise et de ce qui nous extasie

« Ceux qu’on appelle des saints n’ont pas peur de souffrir, ils n’ont pas peur non plus de jouir. À l’inverse, dommage d’avoir peur sans cesse de souffrir autant que de jouir vraiment, c’est-à-dire d’éviter ce que la vie a de plus doux et de plus douloureux. La peur plus que la haine est bien le contraire de l’amour, la peur d’aimer, de se perdre, de mourir… Les verbes s’enchaînent, cascades où s’approfondit le chant de la Source. Il n’y a là aucune recherche de la souffrance, de la maladie, de la persécution ou de la mort, simplement une grande liberté quand des évènements désagréables ou agréables se présentent à nous, en faire une occasion d’aimer encore et davantage, sans s’y attacher, sans se rendre dépendant. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’être libre, de ne pas nous identifier à ce qui nous fait souffrir, à ce qui nous fait jouir, à ce qui nous terrorise ou à ce qui nous extasie » (Jean-Yves Leloup).

Cet espace sacré en moi qui contient tous les trésors

L’amour durable m’apprend
à me défusionner de mon amoureuse.
Je laisse là les horizons du monde extérieur.
Je regarde, écoute, sens à l’intérieur.
Oui, oui,
Vie vibre
au fond
de mes tréfonds.
J’ouvre la porte de cet espace sacré en moi,
qui contient tous les trésors.
C’est le plus beau cadeau qui m’est fait :
l’Esprit incarné de manière unique en moi.
Je suis moi-même ce cadeau.
En faire l’expérience en moi,
pas seulement par l’autre… 
Pour moi, ce cadeau d’amour
se trouve en moi d’abord.
Pour l’autre, ce cadeau d’amour
se trouve en lui d’abord.
Une fois que chacun a bien reçu son cadeau propre,
nous pouvons en jouir l’un avec l’autre…

Prier, à la source

Ma part intelligente cherche à connaitre Dieu, assoiffée de savoirs sur lui. Elle construit ses images et ses concepts sur lui. Si elle opère seule, de manière isolée, elle s’embourbe dans ses fabrications d’idoles.

Ma part volontaire, à coups de résolutions déterminées, s’efforce de décider de rester fidèle aux formes de prière qu’elle se sent obligée d’honorer ! Et tant pis si c’est du bout des lèvres. Hélas, ses réserves d’énergie sont limitées et à force de trimer en étant coupée de la source, à la longue, sa batterie interne propre s’épuise peu à peu.

Mes parts intelligente et volontaire sont les seconds du navire, elles peuvent apprendre du capitaine, qui est alimenté par les sources inépuisables et surabondantes : déjà les tout simplement naturelles, l’aquatique et la terrienne qui montent du bas ; la lumineuse qui descend du haut ; l’oxygénante (dont l’inspire et l’expire combinent horizontal et vertical). Le capitaine du navire, lui, commence chaque aventure de prière par l’accueil interne de chaque membre de l’équipage tourmenté, activé d’une manière ou d’une autre. Il met toute son attention sur ce qui est présent, y compris le manque qui déstabilise et l’absence qui creuse le manque. Y compris ? À vrai dire, prioritairement. Car ce manque est l’eau fade de laquelle va jaillir le vin des Noces : ce manque est le verre à moitié vide du besoin qui s’y trouve en creux… En lui offrant toute mon attention, jusqu’à ma considération, je vais cheminer dans mes boyaux psychiques noués, jusqu’au moment –  cadeau-surprise – d’une transformation intérieure : de hug en hug, avec chaque part en manque de quelque chose, viendra le moment béni où l’absence deviendra Présence inépuisable et surabondante…

Ainsi alimentées, mes parts intelligente et volontaire peuvent alors se déployer avec leur talent propre : la première me permet de rendre compte de l’expérience vivifiante, la deuxième est excellente pour demeurer fidèle au processus d’empathie envers chaque part tourmentée. Non pas décider d’aimer (à la force du poignet) tout qui ne va pas bien (avec le danger de me donner de bons points et de grimper sur un pied d’estale) mais décider de lui offrir ma curiosité bienveillante, jusqu’à ce que s’ouvre quelque chose, de l’ordre de la vie.

Là tout entière, tout éveillée

Quelques morceaux choisis de cette prière d’Élisabeth de la Trinité : 
Ô Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement
pour m’établir en vous, comme si déjà mon âme était dans l’éternité.
Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée.
Que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière,
tout éveillée en ma foi, toute livrée à votre Action créatrice.
Ô mon Christ, je vous demande de me revêtir de vous-même,
afin que ma vie soit un rayonnement de votre Vie.
Ô mon Astre aimé, fascinez-moi pour que
je ne puisse plus sortir de votre rayonnement.
Ô Feu consumant, Esprit d’amour, survenez en moi 
afin qu’il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe :
que je Lui sois une humanité de surcroît
en laquelle Il renouvelle tout son Mystère.
Et vous, ô Père, couvrez votre créature de votre ombre.
Ô mes Trois, ma Béatitude, Immensité où je me perds,
ensevelissez-vous en moi pour que je m’ensevelisse en vous,
en attendant d’aller contempler en votre lumière
l’abîme de vos grandeurs.

S’aimer émondés, simplifiés

« Il est beau de pouvoir aimer sur terre comme on aime au ciel, et d’apprendre à s’aimer en ce monde comme nous le ferons éternellement dans l’autre. Je ne parle pas ici du simple amour de charité, car nous devons avoir celui-ci pour tous les hommes ; je parle de l’amitié spirituelle, dans le cadre de laquelle, deux, trois ou plusieurs personnes s’échangent les dévotions, les affections spirituelles et deviennent réellement un seul
esprit » (François de Sales, Introduction à la vie de dévotion, III, 19).

Tu es mon ange précieux.
Soyons enfants pré-Cieux. 

Renoncer, c’est quitter ce qui enferme et encombre,
pour choisir ce qui libère et sauve…

Vivre au centre de ma verticalité et mon horizontalité

Vivre centré = faire des choix de vie tels que
s’équilibrent mon axe vertical et mon axe horizontal
et que je me tienne le mieux possible en leur centre.

Si ma verticalité est très développée
sans que ne suive ma base horizontale
(c’est-à-dire un chemin concret de guérison
personnelle et de réconciliation interpersonnelle),
je risque d’être un mât sans bateau, à la dérive dans l’eau…
L’Amour a à éclairer pénétrer toutes
les ombres de mes cales-tombeaux.

Dans les termes inverses (belle humanité sans verticalité),
je risque d’être un bateau stagnant, sans mât, sans souffle,
sans avancées cruciales. Pour que mon travail thérapeutique
avance joyeusement jusqu’à l’Essence-Ciel, rien de tel
que d’expérimenter l’Amour, avec un grand A,
qui est aussi proche de moi
que la source l’est du ruisseau,
que l’oxygène l’est de mon souffle,
que le soleil l’est de cette étincelle de vie qui m’anime…

Belle journée ensoleillée de l’intérieur !

Mieux encore que de chercher le soleil derrière les nuages de pluie,
accueillir avec tendresse, l’une après l’autre, mes parts dépitées
jusqu’à ce que, touchées d’être ainsi accueillies,
elles fassent un pas de côté et laissent de l’espace
au centre, là où brille la source de lumière en moi.