La mort passe par le feu qui nous consume comme une bûche : montez, flammes + descendre des cendres

« La plupart des gens se protègent du feu. Ils finissent pourtant en lui » (Rumi, 1207-1273).

« Les querelles d’Amour : des copeaux pour faire repartir le Feu » (Anne Barratin, De vous à moi, 1892).

« Il arrive toujours un moment où l’autre chute de son piédestal et où la relation nous déplaît. Est-ce grave ? Pas nécessairement ! Nous pouvons profiter de cette étape pour quitter nos illusions et commencer à voir l’autre dans toute sa réalité et lui dévoiler aussi la nôtre. Cela peut transformer le lien et le rendre plus dense, plus profond. Mais, bien sûr, tout dépend de notre capacité à voir les choses en face, à faire preuve de lucidité. C’est souvent là que les échanges s’enveniment et que les rancœurs apparaissent. Pour certaines personnes, il n’est pas possible de passer le cap et la relation ne tient pas « l’épreuve du Feu ». Elle se désagrège parce que nous refusons d’y intégrer des éléments plus ambivalents, désagréables ou « négatifs ». […]

On pourrait souvent avoir la tentation de réduire l’Amour à une notion très pure, très lumineuse, uniquement synonyme de bienveillance, de joie et de sérénité. Ce serait lui enlever toute sa profondeur, sa puissance de Feu, sa dynamique évolutive. Ce serait tenter de soumettre un sujet explosif et volatile à une lecture rassurante, certes, mais incomplète. Ce serait risquer de perdre la véritable finalité de ce qui se joue pour chacun de nous lorsqu’il vient à notre rencontre. Car l’Amour est initiatique. À chaque fois, il nous met face à l’essentiel : ce à quoi nous aspirons au plus profond de notre âme et comment nous pouvons progresser, de plus en plus, vers la Lumière » (Juliette Allais).

Le feu accomplit le beau, qu’il purifie du périssable. L’amour accomplit le vrai, qu’il purifie du faux

Il y a 33 ans, fou amoureux, je te répétais : « mon cœur brûle pour toi ». Nous étions assis confortablement au chaud, autour du feu qui crépite, fascinés par la valse des flammes, bercés par ce moment hors du temps, dans la foi que notre amour est pour toujours ; pat ailleurs, sans grande conscience de l’épreuve redoutable du feu : il accomplit tout ce qui porte une belle énergie, il passe au crible et révèle tout ce qui est périssable…

33 ans plus tard, au creux des heures d’heurts nettement moins confortables, nous nous aimons à en mourir. L’amour est un feu redoutable : il passe au crible et révèle tout ce qui est faux, il accomplit tout ce qui est vrai…

Oui, mon cœur brûle pour toi et je mesure mieux d’où vient la beauté des flammes chaudes et rayonnantes de notre foyer, et ce que représente le lâcher prise de ces bûches en train de se consumer, qui rendent tout ce qui leur a été donné. Elles consentent à traverser le « Jugement dernier » de l’Amour, à passer la porte étroite dans laquelle ce qui est périssable se perd en poussière et le précieux trouve sa lumière.

Merci d’aller au bûcher avec moi, ma sorcière bien aimée. Je t’aime. Belles noces de perle…

« Éteins mes yeux, je te verrai encore.
Bouche-moi les oreilles, je t’entendrai encore.
Sans pieds, je marcherai vers toi.
Sans bouche, je t’invoquerai encore.
Coupe-moi les bras; je te saisirai
avec mon cœur comme avec une main.
Arrache-moi le cœur et mon cerveau battra.
Et si tu mets aussi le feu à mon cerveau,
je te porterai dans mon sang »

(Rainer Maria Rilke, Le Livre d’heures, Deuxième livre, Le Livre du pèlerinage, 1901, déclaration d’amour longtemps tenue secrète à Lou Andreas Salomé).

En aimer une jusqu’au bout, pour être capable d’aimer toutes les autres

« Pour moi, rien n’est plus beau qu’un couple épanoui. L’homme et la femme qui réussissent ce prodige créent, ensemble, un troisième être qui dépasse chacun d’entre eux et qui les relie à l’harmonie du monde » (René Barjavel).

« L’expression ‘engagement à long terme’ nous aide à comprendre le mot Amour. Dans le contexte du véritable Amour, l’engagement ne peut être qu’à long terme » (Thich Nhat Hanh).

Je tirais, je t’irais. Tu mirais, tu m’irais

De Jacqueline Kelen :

« Je me sens une femme qui brûle et qui est brûlée par l’Amour » (Les reines noires : Didon, Salomé, la reine de Saba).

« Nul ne peut expliquer ce qui a eu lieu en ces instants ardents, suspendus. Il n’y a plus qu’elle et lui dans cette pièce et sur terre, mais il y a assez d’elle et de lui pour inonder d’Amour le monde » (Marie-Madeleine ou la beauté de Dieu).

« Plus on s’affine en Amour, moins on cherche à capturer. Plus on s’élève dans le ciel de l’Amour et plus la convoitise fait place à l’émerveillement, plus l’être se sent envahi par l’indicible et l’inconnaissable. Et le seul désir est de bénir, de rendre grâce, de se prosterner devant le mystère. Certaines nuits d’amour, loin d’assoupir, éveillent à des réalités infinies et muettes. Et ces beautés éternelles sont gardées par la nuit » (Les soleils de la nuit. Et la nuit comme le jour illumine).

Faire ce petit pas à ma portée

« Commence par faire le nécessaire,
puis fais ce qu’il est possible de faire
et tu réaliseras l’impossible
sans t’en apercevoir »
(Saint François d’Assise).

« Tu apprendras que le temps ne peut revenir en arrière.
Cultive ton propre jardin et décore ton âme,
au lieu d’attendre que les autres te portent des fleurs… »
(William Shakespeare).

Seule, en surface. Connectée en profondeur

« — Je crois vous aimer.
Quand en serez-vous sûre?
Quand nous serons séparés » (Robert Merle).

« Car si le désir joue avec les voiles et les miroirs, avec les masques et les chatoiements, l’Amour dénude irréversiblement » (Jacqueline Kelen).

« Celui qui est amoureux fait l’Amour tout le temps, même quand il ne le fait pas. Lorsque les corps se rencontrent, c’est seulement la coupe qui déborde » (Paulo Coelho).

À l’origine de toute vie, un tète-à-tète à trois ???

« Si l’amour est don et accueil, il faut bien qu’il y ait plusieurs personnes en Dieu. On ne se donne pas à soi-même, on ne s’accueille pas soi-même. La vie de Dieu est cette vie d’accueil et de don. Le Père n’est que mouvement vers le Fils, Il n’est que par le Fils. Mesdames, ce sont bien vos enfants qui vous donnent d’être mères ; sans vos enfants, vous ne seriez pas mères. Or le Père n’est que paternité, donc il n’est que par le Fils et il n’est que pour le Fils. Le Fils n’est que Fils, il n’est donc que pour le Père et par le Père. Et le Saint Esprit est le baiser commun.

La vie de Dieu étant dans cette vie d’accueil et de don, puisque je dois devenir ce qu’est Dieu, je ne vais pas vouloir être un homme solitaire. Si je suis un homme solitaire, je ne ressemble pas à Dieu. Et si je ne ressemble pas à Dieu, il ne sera pas question pour moi de partager sa vie éternellement. C’est ce que l’on appelle le péché : ne pas ressembler à Dieu, ne pas tendre à devenir ce qu’il est, don et accueil » (François Varillon, dans une de ses conférences, reprise dans « Joie de croire, joie de vivre », p. 28).

« Ce n’est ni d’un tête-à-tête, ni d’un corps à corps que nous avons besoin mais d’un cœur à cœur » (Pierre Teilhard De Chardin, L’Avenir de l’homme).

À la bonne heure, douter et mourir, cadeaux de maturation et de maturité pour la foi

« L’homme orienté vers la libération se montre parfois hésitant devant la multiplicité des chemins qui lui sont présentés. Pour ne pas s’égarer, il cherche des modèles. Dans le mystère de son intériorité, il éprouve ce que Socrate nommait la démangeaison des ailes. Une sorte de mue éveille ses sens intérieurs, en particulier son ouïe et sa vue. Jeté le plus souvent dans une solitude abyssale, il se demande comment collaborer à sa propre métamorphose.

Qu’il découvre l’oiseau, le voici comblé. Ce frère cadet de l’ange lui apprend l’essentiel : le détachement, l’acceptation joyeuse de sa singularité. Se tenir dans l’instant sans rien engranger. Surmonter sa fragilité en récusant les inutiles soucis. Être à chaque instant neuf dans la plénitude de la liberté. L’oiseau enseigne à l’homme le secret des secrets : tracer son propre itinéraire sans se comparer à autrui. Savoir que la nuit obscure engendre l’aurore. Devenir amoureux du printemps en l’intériorisant durant l’époque hivernale. Consentir à ne pas laisser de trace derrière soi. Trouver sa béatitude dans la présence de la lumière et de la beauté » (Marie-Madeleine Davy).

Remonter à la source du désir

« J’ai une petite boite avec moi qui n’existe pas mais qui ne me quitte jamais. Elle ressemble à ces petites boîtes dans lesquelles les enfants s’amusent à mettre des perles. Dedans, j’ai mis quelques sourires, et parfois je les regarde et ils sont aussi beaux et aussi neufs qu’autrefois.
C’est l’amour qui est dans cette petite boîte. Je peux tout perdre mais pas ça. Quand je l’ouvre, je retrouve le vrai sens, la vraie direction, l’unique certitude que je peux avoir. C’est quelque chose de minuscule mais d’indestructible. Je n’ouvre pas souvent cette boîte. Je ne l’ouvre que de temps en temps, pour que rien ne s’évente, mais le regard que j’y jette a cette durée très longue qu’ont les éclairs et j’en ramène un sentiment d’éternité » (Christian Bobin).

Tout bon développement personnel . . . . . . . . . . . . . . . conduit au dépouillement personnel

« Un besoin n’a pas d’abord besoin d’être satisfait, il a surtout besoin d’être reçu, reconnu, écouté. Et quand il y a en moi de la générosité pour l’accueillir, quand je regarde avec lui ce qui lui ferait du bien concrètement, voilà que ce besoin n’a plus la même nécessité impérieuse d’être assouvi. C’est comme si, en étant honoré et pris au sérieux, il goûte à l’essentiel, savoure ma présence bienveillante qui prend soin de lui. Et, du coup, il quitte la place centrale qu’il occupait jusque-là, les stratégies deviennent accessoires. Il y a plus d’espace en moi, une ouverture à une aspiration plus profonde, des motivation et intention plus fondamentales…

Ainsi, un développement personnel authentique ne conduit pas au nombrilisme égocentrique : « moi, je ; moi, je ». il réalise un magnifique désencombrement et donne envie d’un véritable altruisme. Car, une fois l’empathie aux commandes, qui cesse d’être soi-niant devient soignant » (Étienne Chomé, Apprendre à mieux gérer nos conflits. Une communication vraie et une négociation efficace, paru en 2005 à l’île Maurice, p. 175-177 + La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, de 2009, p. 237-239).  

Étape 6 du parcours de formation C-R-I-T-E-R-E !