Mise en scène de la Cène sur la Seine : en faire toute une scène ?

Jésus a mal fini, crucifié sur une croix, car il a choqué et même scandalisé les dépositaires orthodoxes de la Révélation, tandis que les gens réputés de mauvaise vie se pressaient autour de lui, fascinés par sa Bonne Nouvelle : notre Père fait de nous tous de véritables frères et sœurs. Il nous appelle à la conversion pour nous ouvrir à un Royaume où ceux qui veulent être les premiers seront finalement les derniers…

Ce message est tellement habituel dans la bouche d’un prêtre en chair de vérité qu’il passe alors en ronronnant. Mais, hors des églises, par quel procédé diabolique scandalise-t-il quand il sort de la bouche de déjantés qui vivent surtout la nuit, férus de bacchanales de tous types, quand il sort de la bouche d’écorchés par la vie et de méprisés par la société ? Les bien-pensants auraient-ils plus le droit qu’eux d’occuper une place à la Cène du Jeudi Saint ? Ou les Barrabas d’aujourd’hui qui dénoncent violemment les J.O. comme « du pain et des jeux » / opium du peuple assujetti ? Merci aux victimes d’injustice et marginalisés de tous poils quand ils choisissent d’autres armes que le terrorisme pour secouer les bonnes consciences !

Jésus a véritablement créé le scandale, notamment en chassant les marchands du Temple, appelant à une conversion du cœur et de l’intelligence en faveur d’une relation vraie avec notre Père. Voir mon article ici :

Bacchanale grecque ou Sainte Cène ? Quelles étaient les références des artistes qui ont fait ce tableau si polémique de la cérémonie d’ouverture des J.O. à Paris ? Ma question est ailleurs : la Bonne Nouvelle peut-elle retentir ? L’Évangile peut-il être entendu ? Quel est-il vraiment ? Les personnes bigarrées qui ont animé ce tableau m’ont beaucoup dérangé et je les remercie pour ce choc salutaire. Je les remercie d’avoir scandalisé autant de personnes socialement respectables. Quelle magnifique opportunité pour l’Esprit Saint de reposer à chaque personne la question de Jésus : « Pour toi, qui suis-je ?… Convertis-toi et crois en la Bonne Nouvelle de la réconciliation authentique de toutes et tous en Lui… »

Merci à ces passionnés de pop-culture, personnes hors normes, en surpoids, drag-queen, d’avoir offert leur regard sur nos valeurs communes d’inclusion, de générosité, de solidarité et de liberté. « Notre intention était de montrer de la tolérance et de la communion » (Anne Descamps, porte-parole de Paris 2024). Merci d’avoir créé un espace-temps au coeur de ces jeux olympiques dans lequel peut exploser à nouveau frais la bombe de l’Évangile. Son message de communion fraternelle est révolutionnaire (ré-love-Uturn), qui n’a plus rien de ronronnant à nos oreilles quand nous souffrons à cause de notre proche ennemi ; c’est du concret entre extrême gauche et élites économiques et politiques qui défendent leur désordre établi, entre Israéliens et Palestiniens, Russes et Ukrainiens, Rwandais et Congolais, etc. Tout est grâce : appel à la conversion et occasion de salut, non ?

Si ce message fait sens pour toi, n’hésite pas à le partager !

Le discours à Ratisbonne de Benoît XVI

« Dans son discours à Ratisbonne, Benoît XVI poursuit
I. une double thèse : 1) La foi va intrinsèquement de pair avec la non-violence,
la liberté et le respect. 2) La foi va intrinsèquement de pair avec l’ample raison.
II. Une double antithèse qui interpelle d’abord l’Islam, ensuite l’Occident :
1) Les actuelles violences religieuses proviennent d’un fidéisme (une foi trop peu nourrie par la raison) qui réduit Dieu à une Volonté Tout Puissante.
2) L’actuelle domination de la raison positiviste provient d’un rationalisme athée qui exclut la démarche religieuse. Ces deux pathologies sont dangereuses et bloquent le dialogue entre les cultures et les religions de notre monde.
III. Une double synthèse qui lance un appel d’abord à l’Islam, ensuite à l’Occident: 1) Un vrai dialogue basé sur la raison et la responsabilité nécessite que toutes les parties  acceptent les règles d’un débat à la fois respectueux et critique. 2) L’Europe laïque doit reconnaître ses racines chrétiennes et accepter un dialogue avec les religions en leur donnant une place, un droit de parole et de pensée » (extrait de l’article d’Étienne Chomé, Non-violence, liberté de la foi et respect de la personne. Comprendre ce qu’a dit Benoît XVI à Ratisbonne, paru dans la revue La Voix de Saint-Paul, éditée à Fribourg, en Suisse, juillet 2007 ).

Voici l’article entier :

Paix

« La paix est un verre de lait chaud et un livre posé devant l’enfant qui s’éveille. C ‘est la paix lorsque les prisons sont réaménagées en bibliothèques, lorsqu’un chant s’élève de seuil en seuil, la nuit, à l’heure où la lune printanière sort du nuage comme l’ouvrier rasé de frais sort du coiffeur du quartier, le samedi soir. Lorsque le jour qui est passé n’est pas un jour qui est perdu, mais une racine qui hisse les feuilles de la joie dans le soir, et qu’il s’agit d’un jour de gagné et d’un sommeil légitime, c’est la paix. Lorsque la mort tient peu de place dans le cœur et que le poète et le prolétaire peuvent pareillement humer le grand œillet du soir, c’est la paix. Sur les rails de mes vers, le train qui s’en va vers l’avenir chargé de blé et de roses, c’est la Paix. Mes frères, au sein de la paix, le monde entier avec tous ses rêves respire à pleins poumons. Joignez vos mains, mes frères, c’est la paix » (Yannis Ritsos, plein de neuf : 1909 – 1990).

Disposer de la procédure à suivre en cas de désaccord

« ‘Conflit’ vient du latin ‘conflictus’ qui signifie ‘choc, heurt’. Il désigne une rencontre qui provoque la confrontation (= front contre front) d’une divergence. Il y a conflit dès que se présente une différence entre deux individus, entre deux groupes, déjà même en chaque personne divisée. Un conflit émergeant n’est ni bon ni mauvais, il est neutre car nous ne pouvons pas dire ce qu’il va produire comme fruit. C’est la manière dont on va le gérer qui est bonne ou mauvaise. Un désaccord, une opposition, une incompréhension, une distance, une dissension sont capables de nous conduire au pire de la violence comme au meilleur de la rencontre. Le conflit est un appel à plus de vérité et un défi pour plus de relation, une invitation à découvrir et à honorer une différence. Le conflit se distingue donc de la violence qui est abus de force dans la gestion du désaccord » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p. 37).

Oser le conflit pour échapper à la violence

« Tout groupe dispose des ressources pour s’auto-réguler et régler ses problèmes, pour autant qu’il pose et garantisse en son sein un cadre régulier et privilégié de dialogue dans lequel chaque personne est écoutée et prise en compte jusqu’au bout. Osons le conflit pour échapper aux violences qui résultent d’éviter les conflits, en particulier les formes de violences les plus cachées et les plus sournoises » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p.33 et 37 pour la phrase dans l’image).

Cultiver les alternatives à la violence

M’engager dans la non-violence,
c’est commencer par reconnaître
ma propre violence
puis prendre les moyens d’en sortir,
en choisissant de cultiver
les alternatives à la violence,
toujours plus en conscience.
Ouvrir d’autres chemins
mobilise le meilleur de moi-même :
calme, courage, connectivité,
créativité, clarté, compassion,
confiance et curiosité…

Le sens premier de « vierge »

Dans la tête de beaucoup, virginité rime avec chasteté. Et si la virginité nous parlait bien plus de l’affranchissement des femmes envers les divers assujettissements et formes de domination qu’elles subissent depuis la nuit des temps ?

Au départ, « vierge » ne parle pas de sexualité : le terme désigne une femme non mariée, qui ‘n’appartient’ pas à un homme : une femme qui EST en tant que telle. Ce qu’ont explicitement revendiqué les amazones (/ âmes à zone libérée ?). Tout comme le vir / homme viril, ‘vierge’ dérive d’une racine latine signifiant force et  compétence.

Plusieurs auteurs défendent cette approche, dont le livre d’Élise Thiébaut illustré par Elléa Bird : ‘Vierges : la folle histoire de la virginité’. Son dernier chapitre fait un parallèle qui montre comment les projets de conquête des hommes peuvent pervertir l’authentique virginité : les premières îles découvertes par Christophe Colomb ont été appelées les îles « vierges ». Les conquistadores ont conquis ces terres à la manière du macho qui voit la femme vierge comme devant être conquise et possédée.

Consulter quelques pages ici : https://www.lelombard.com/bd/vierges/vierges-la-folle-histoire-de-la-virginite.

Jean et Hildegard Goss

Extrait de mon article sur Jean et Hildegard Goss : « Dans le concret d’une campagne non-violente, Jean et Hildegard étaient très attentifs à intervenir sur le terrain non pas en réaction à une violence en cours mais dans un contexte qui précède le moment où le conflit bascule en violences : ils avaient l’intelligence stratégique du bon moment et du bon endroit et d’avec qui agir avant que le conflit ne dégénère. Plus une foule peut être éloignée de la planche-à-savon de la violence, plus grandes sont les marges de manœuvre par lesquelles on parvient à échapper à la fatalité des engrenages menant à l’affrontement armé ».
Je vous encourage à lire l’article tout entier ici : https://etiennechome.site/la-force-de-la-verite/
(de nombreuses personnes me disent qu’il est particulièrement nourrissant et inspirant, dans ce contexte de conflits qui dégénèrent ; il est aussi en anglais et en allemand ; merci si vous le faites connaître).


Qui a des oreilles,
qu’il entende Victor Hugo,
dans ‘Liberté – Égalité – Fraternité’ :
Depuis six mille ans la guerre
Plaît aux peuples querelleurs,
Et Dieu perd son temps à faire
Les étoiles et les fleurs.
Les conseils du ciel immense,
Du lys pur, du nid doré
N’ôtent aucune démence
Du cœur de l’homme effaré
Les carnages, les victoires,
Voilà notre grand amour ;
Et les multitudes noires
Ont pour grelot le tambour.
La gloire, sous ses chimères
Et sous ses chars triomphants,
Met toutes les pauvres mères
Et tous les petits enfants.
Notre bonheur est farouche ;
C’est de dire : Allons ! mourons !
Et c’est d’avoir à la bouche
La salive des clairons.
L’acier luit, les bivouacs fument ;
Pâles, nous nous déchaînons ;
Les sombres âmes s’allument
Aux lumières des canons.
Et cela pour des altesses
Qui, vous à peine enterrés,
Se feront des politesses
Pendant que vous pourrirez,
Et que, dans le champ funeste,
Les chacals et les oiseaux,
Hideux, iront voir s’il reste
De la chair après vos os!
Aucun peuple ne tolère,
Qu’un autre vive à côté
Et l’on souffle la colère
Dans notre imbécilité.
C’est un Russe ! Égorge, assomme.
Un Croate! Feu roulant.
C’est juste. Pourquoi cet homme
Avait-il un habit blanc ?
Celui-ci, je le supprime
Et m’en vais, le coeur serein,
Puisqu’il a commis le crime
De naître à droite du Rhin.
Rosbach ! Waterloo ! Vengeance !
L’homme, ivre d’un affreux bruit,
N’a plus d’autre intelligence
Que le massacre et la nuit.
On pourrait boire aux fontaines,
Prier dans l’ombre à genoux,
Aimer, songer sous les chênes ;
Tuer son frère est plus doux.
On se hache, on se harponne,
On court par monts et par vaux ;
L’épouvante se cramponne
Du poing aux crins des chevaux.
Et l’aube est là sur la plaine !
Oh ! j’admire, en vérité,
Qu’on puisse avoir de la haine
Quand l’alouette a chanté.