Marianne Aya Omac chante ‘Je reviens’ : https://www.youtube.com/watch?v=sSr1JZNprlw
Oui, je reviens de guerre. Je ne suis pas blessé. J’ai traversé l’enfer et je m’en suis tiré. Mais j’ai sauvé ma vie au prix de tellement d’autres Que j’éprouve un remord d’être parmi les vôtres. J’ai lancé des grenades, vous me lancez des fleurs et, pour avoir tué, m’accueillez en vainqueur. Quand je vois cet enfant qui m’apporte une gerbe, je pense que là-bas d’autres dorment sous l’herbe.
Oui je reviens de guerre, Mais, je vous en supplie, ne me demandez pas d’être fier d’être ici. J’ai fait comme les autres, je me suis défendu. Je ne voulais pas mourir, mes adversaires non plus. Ce n’est pas la violence qui nous faisait agir mais une peur immense de ne plus revenir. Pour vous, c’est terminé, vous chantez la paix. Moi, je pleure ces morts qui ne m’avaient rien fait.
Oui, je reviens de guerre ; on dit qu’on a gagné… Mais, pour l’amour de Dieu, cessez de m’acclamer, car, si je suis ici, c’est que d’autres sont morts. Et leurs cris d’agonie me poursuivent encore. Qu’on ne me dise pas que j’ai des ennemis. Je n’ai vu que des hommes transformés en soldats qu’on obligeait à faire ce qu’ils ne voulaient pas.
Oui je reviens de guerre, mais vos chants de victoire n’effaceront jamais l’horreur de ma mémoire. Je crois entendre un bruit, celui du corps d’un homme qui tombe. Et le dernier soupir de celui qui succombe, et le dernier regard de ceux que j’ai tués m’a placé pour toujours au banc des accusés. Arrêtez la fanfare, rangez tous vos drapeaux ; je suis un criminel, je ne suis pas un héros.
Je publie ce post sur fond du sermon de l’évêque Budde à la cathédrale de Washington en présence de Trump, avec des paroles fortes interrogeant et interpellant la politique présidentielle…
« La laïcité est une transcendance lorsqu’elle affirme qu’il existe toujours en elle un territoire plus grand que ma croyance, qui peut accueillir celle d’un autre venu y respirer » (Delphine Horvilleur).
« La laïcité installe un espace zéro, celui de la puissance publique, laquelle s’abstient en matière de croyances et d’incroyances et se protège des croyances et incroyances. Mais le régime laïque ne se réduit pas au seul principe de laïcité ; il repose sur une dualité de principes. D’un côté ce qui participe de l’autorité publique (législation, institutions publiques, école publique, magistrats, gouvernement…) s’abstient de toute manifestation, caution ou reconnaissance en matière de cultes, de croyances et d’incroyances, et réciproquement se protège de toute intrusion des cultes – c’est le principe de laïcité stricto sensu, le moment zéro. De l’autre, partout ailleurs y compris en public, dans l’infinité de la société civile, la liberté d’expression s’exerce dans le cadre du droit commun. L’articulation entre ces deux principes produit une respiration. L’élève qui enlève ses signes religieux en entrant à l’école publique les remet en sortant, il passe d’un espace à l’autre, échappant par cette alternance aussi bien à la pression sociale de son milieu qu’à une règle étatique. […] La laïcité est un minimalisme et un immanentisme politique » ( Catherine Kintzler).
« Dans l’espace privée, c’est la liberté qui prime. Dans l’espace public, la laïcité implique une neutralité, tandis que dans l’espace civique (les lieux où l’on se rencontre), c’est la discrétion qui s’applique. Le principe de la laïcité, c’est donc la discrétion » (Pierre-Henri Tavoillot, La morale de cette histoire).
Bons défis de pas sages (avec toute l’ambiguïté de la formule « pas sages »…) !
Bartolomé de Las Casas était parti chercher fortune à Hispaniola (l’actuel Haïti) en 1502. Comme tout colon, il avait reçu une parcelle de terres (« repartimiento ») avec le droit d’utiliser le travail d’un groupe d' »Indiens » pour exploiter ces terres. Il se montrait bon colon traitant ces indigènes avec humanité. Il était désireux d’être bon avec eux et il soutenait les œuvres caritatives telles que la création d’écoles et d’hôpitaux mais, pendant 12 ans, il a été incapable de voir la violence dans la domination exercée sur les colonisés qui étaient spoliés de leurs terres et réduits à de la main d’œuvre en esclavage. Il resta longtemps insensible à l’iniquité du système d’exploitation en place, malgré les appels de quelques prêtres (comme le dominicain Antonio de Montesinos dont le sermon le dernier dimanche de l’Avent 1511 avait fait des remous jusqu’à la Couronne espagnole).
Il fallut l’intervention de l’Esprit pour que les écailles tombent de ses yeux. Il raconte que cette conversion radicale arriva à un moment précis, alors qu’il préparait un sermon pour la Pentecôte de 1514 (il fut retourné par ce verset biblique : « celui qui offre le sacrifice tiré de la substance des pauvres, agit comme s’il sacrifiait un fils en présence de son père » (Ecclésiastique 34,24)). Il réalisa que « tout ce qui se commet aux Indes vis-à-vis des Indiens est injuste et tyrannique ». Il renonça aussitôt à son repartimiento et comprit qu’aimer son prochain, c’est aussi refuser d’être complice des injustices structurelles. Il mobilisa alors toutes ses meilleures forces pour une réforme profonde des structures.
Pour approfondir, lire le bel article que je reprends ici :
de Marie-Alice Tihon qui vient de nous quitter ce 1/1/2025. Il fut publié dans la revue Lumen Vitae (1988, n°3, p. 285-294). Elle souligne que l’Évangile ne peut résonner que lorsque une liberté s’adresse à une autre liberté : « La conversion de Las Casas fut de passer d’une mentalité de propriétaire de l’Évangile au regard d’espérance de Dieu, qui fait confiance au monde et qui se livre à lui. Frère Bartolomé a fait confiance en ce peuple d’Amérique ; il l’a reconnu comme lieu où Dieu se révèle et il l’a passionnément aimé ».
Extrait de mon article publié le 28 septembre 2001 :
« Dans son livre ‘Spirale de violence’ (1970), le célèbre évêque brésilien, Dom Helder Camara, distingue trois types de violence et souligne comment elles s’enchaînent. « Vous constaterez que, partout, les injustices sont une violence. Et on peut, et on doit dire qu’elles sont partout la première de toutes les violences : la violence nº 1. Cette violence installée, cette violence nº 1 attire la violence nº 2″ [celle commise par ceux qui se révoltent contre les règles du jeu injustes mais imposées et maintenues par les plus forts. Et] « quand la violence nº 2 tâche de faire face à la violence nº 1, les autorités se jugent dans l’obligation de sauver l’ordre public ou de le rétablir, même s’il faut employer des moyens forts : c’est la violence nº 3« .
Plusieurs Israéliens m’ont déjà partagé sincèrement : « Nous, Israéliens, nous ne menons aucune action terroriste, nous ne plaçons pas de bombes dans les bus. Quand nous recourons à la force armée, ce n’est jamais pour attaquer, c’est chaque fois pour nous défendre et nous protéger. » Ils parlent de leur propre violence (nº 3) en réaction à celle des Palestiniens (nº 2), mais sans voir les violences nº 1 que sont les injustices. C’est pourtant elles qui sont à la base de l’enchaînement infernal des violences. Et comme le montre cette analyse, la solution à de tels conflits tient essentiellement dans la suppression des injustices (quelles qu’elles soient et d’où qu’elles viennent). Et le début de la solution, pour ce qui est à la portée des plus forts, est de comprendre que la violence nº 3 ne résoudra jamais rien. Au contraire, elle ne fait qu’alimenter la spirale de violence. C’est aussi vrai que 1 v + 1 v = 2 v et que 2 v + 1 v = 3 v ! C’est aussi simple que l’histoire d’une marmite brûlant sur le feu : si vous augmentez le feu, elle brûlera encore davantage ! »
Ce propos peut être appliqué à tant de contextes… Ainsi, l’enchaînement des violences entre ‘terroristes arabes’ et USA dans les années 1990 et 2000 : les attentats du 11 septembre 2001 ne sont pas un point de départ ! C’est une étape horrible d’un conflit qui dégénère.
Ce propos appliqué à l’enchaînement des violences au Rwanda ? Le génocide d’avril 1994 n’est pas un point de départ, ni la guerre lancée par le FPR le 1er octobre 1990 ! Ce sont des étapes horribles d’un conflit qui dégénère.
(article n°3) et voici encore un extrait d’un autre article :
« Gandhi a fait sa première « expérience avec la vérité » en 1893, en passant toute une nuit à grelotter dans une gare d’Afrique du Sud, après que des Blancs l’aient jeté du train, et d’abord expulsé du wagon de 1ère classe, auquel lui donnait pourtant droit son statut d’avocat britannique. Au cours de cette nuit, Gandhi décida de sa vie : « Je devais essayer d’attaquer à la racine ce mal du préjugé des couleurs, tout en acceptant les épreuves que cela m’occasionnerait ». Pour attaquer le racisme, sa 1ère décision, étonnante, est de réunir tous les Indiens de Prétoria et de leur parler de l’importance de la loyauté dans les affaires (la plupart des commerçants indiens pensaient que la vérité n’était pas conciliable avec leur métier). C’est comme si, de nos jours, Georges W. Bush avait commencé à lutter contre le terrorisme en regardant de près avec son peuple comment eux-mêmes y contribuent, comment eux-mêmes trahissent la Vérité. La méthode de Gandhi tient en deux principes. 1) Combattre l’injustice en ne s’appuyant que sur la seule force de la vérité : faire la vérité, la dire en s’y tenant strictement, l’exposer aux consciences et sur la place publique, en en assumant les conséquences. 2) Renoncer, dans ce combat, à tout moyen violent »
« En 2025, nous allons célébrer le Jubilé, qui remonte à une ancienne tradition juive où le son d’une corne de bélier (en hébreu yobel, dont dérive le mot « jubilé ») annonçait, tous les quarante-neuf ans, une année de clémence et de libération pour le peuple (cf. Lv 25, 10 : « Vous ferez de la cinquantième année une année sainte, et vous proclamerez la libération pour tous les habitants du pays. Ce sera pour vous le jubilé ») afin de rétablir la justice de Dieu dans les différents domaines de la vie : l’usage de la terre, la possession des biens, les relations avec le prochain, en particulier les plus pauvres et ceux qui étaient tombés en disgrâce. Le son de la corne rappelait à tout le peuple, aux riches comme aux pauvres, que personne ne vient au monde pour être opprimé : nous sommes frères et sœurs, enfants d’un même Père, nés pour être libres selon la volonté du Seigneur (cf. Lv 25, 17.25.43.46.55) » (pape François, message en ce 1er janvier 2025 pour la 58ème journée mondiale de la paix).
« Le Sermon sur la Montagne (Matthieu 5 à 7) présente la justice du Royaume du Père (ce sont les 3 mots qui s’y répètent, surtout ‘Père’, avec 17 occurrences). Le message principal de ce discours est de nous révéler que nous sommes tous fils et filles d’un même Père et donc frères et sœurs. La triade Paternité – Filiation – Fraternité constitue la structure profonde de ces 3 chapitres de Mt » (Chomé Étienne, Tends l’autre joue, ne rends pas coup pour coup. Mt 5, 38-42, non-violence active et Tradition, Lumen Vitae, 2008, p. 6).
Bien avant que l’Épiphanie ne christianise cette fête païenne, les Romains vivaient à la période des « Saturnales » un chamboulement de l’ordre sociopolitique : une période de trêve où la puissance des maîtres sur leurs esclaves était suspendue. Dans cette ‘fête des fous’, on s’échange des cadeaux et au moment de la galette, une fève glissée à l’intérieur désigne les roi/reine d’un jour, que le hasard peut aller chercher jusque dans les rangs des esclaves noirs !
L’étoile dans le ciel et les rois mages à l’Épiphanie, c’est l’apparition d’un nouveau roi pour toutes les nations, l’annonce pour tous d’une nouvelle royauté, celle qui met en acte les Béatitudes.
Bonne fête des fous 2025, bons chamboulements sociopolitiques !
Post Scriptum : Jusqu’à la moitié du 19ème siècle, la cathédrale Notre-Dame de Paris était appelée Notre-Dame du Roi. Ce titre entremêlait subtilement le spirituel (cathédrale dédiée à la Vierge Marie, avec une dévotion de la France au Christ-Roi) et le temporel (Paris, capitale du Roi-soleil dans un pays qui a théorisé la monarchie absolue de droit divin : le roi est un ministre de Dieu sur terre).
Depuis la moitié du 19ème siècle, la cathédrale Notre-Dame de Paris a été appelée Notre-Dame de la nation.
Récemment, après l’incendie tragique de 2019 et la restauration qui a suivi, la cathédrale a été surnommée Notre-Dame des Nations. Ce nouveau titre met en avant le rôle de Notre-Dame comme symbole de l’unité et de la solidarité internationale, ayant réuni des donateurs et des artisans du monde entier pour sa reconstruction. Cf. https://www.notredamedeparis.fr/. Ces titres illustrent comment Notre-Dame de Paris continue d’évoluer et de résonner avec les valeurs et les aspirations de chaque époque.
Sur ce, un petit alexandrin pour la route :
Saisir le rapport entre l’État, le temporel et notre dimension sacrée, spirituelle !…
Voici un extrait d’une vidéo que je reçois d’une de mes anciennes étudiantes, originaire de mon pays natal… Quand j’étais petit, j’avais eu l’honneur d’être équipé en « Intore » (prononcer [Intoré]) : avec ma crinière de feu sur la tête, mes grelots aux chevilles + lance et bouclier (je les avais ramenés en Belgique)…
« Intore » signifie étymologiquement : « les meilleurs » (danseurs-guerriers au Ruanda-Urundi, jeunes combattants d’élite éduqués à la cour royale du mwami).
Mes voeux 2025 : comme nous y invite la liturgie dans cette vidéo, que nos élans de combativité soient déposés au pied de l’autel en vue de leur conversion de nos guerres contre les autres vers la guerre à mener pour plus de paix dans la justice, plus de vérité dans l’amour…
Après https://etiennechome.site/paix-selon-francois-partie-1-le-jubile/, voici la suite de quelques passages que je tire du message en ce 1er janvier 2025 du pape François, pour la 58ème journée mondiale de la paix (je n’ai pas réussi à raccourcir davantage) :
« Je ne me lasse pas de répéter que la dette extérieure est devenue un instrument de contrôle par lequel certains gouvernements et institutions financières privées des pays les plus riches n’hésitent pas à exploiter, sans discernement, les ressources humaines et naturelles des pays les plus pauvres, afin de satisfaire les besoins de leurs propres marchés. À cela s’ajoute le fait que plusieurs populations, déjà accablées par la dette internationale, se voient contraintes de supporter également le fardeau de la dette écologique des pays les plus développés. Dette écologique et dette extérieure sont les deux faces d’une même médaille, de cette logique d’exploitation qui culmine dans la crise de la dette. Profitant de cette année jubilaire, j’invite la Communauté internationale à agir pour remettre la dette extérieure, en reconnaissant l’existence d’une dette écologique entre le Nord et le Sud. C’est un appel non seulement à la solidarité, mais surtout à la justice.
[…] L’appel a été lancé par Jean-Paul II lors du Jubilé de l’an 2000, à penser à une « réduction importante, sinon à un effacement total, de la dette internationale qui pèse sur le destin de nombreuses nations ». En reconnaissant la dette écologique, puissent les pays les plus riches se sentir appelés à tout mettre en œuvre pour remettre les dettes des pays qui ne sont pas en mesure de rembourser ce qu’ils doivent. Certes, pour qu’il ne s’agisse pas d’un acte de charité isolé qui risquerait ensuite d’enclencher à nouveau un cercle vicieux financement-dette, il faut, dans le même temps, développer une nouvelle architecture financière conduisant à la création d’une Charte financière mondiale, basée sur la solidarité et l’harmonie entre les peuples. […] Utilisons un pourcentage minimum fixe de l’argent dépensé aux fins d’armements pour la création d’un Fonds mondial qui élimine définitivement la faim et facilite les activités éducatives dans les pays les plus pauvres, afin de promouvoir le développement durable, en luttant contre le changement climatique.
L’objectif de la paix : ceux qui entreprendront, à travers les gestes suggérés, le chemin de l’espérance pourront voir s’approcher l’objectif tant désiré de la paix. Le psalmiste nous confirme cette promesse : quand « amour et Vérité se rencontrent, Justice et Paix s’embrassent » ( Ps 85, 11). Lorsque je me dépouille de l’arme du crédit et que je rouvre la voie de l’espérance à une sœur ou à un frère, je contribue au rétablissement de la justice de Dieu sur cette terre et je marche avec cette personne vers la paix. Comme le disait saint Jean XXIII, la paix véritable ne pourra venir que d’un cœur désarmé de l’angoisse et de la peur de la guerre. Que 2025 soit une année où progresse la paix ! Cette paix véritable et durable qui ne s’arrête pas aux querelles des contrats ni aux tables des compromis humains. Cherchons la paix véritable, celle que Dieu donne à un cœur désarmé : un cœur qui ne calcule pas ce qui est à moi et ce qui est à toi ; un cœur qui défait l’égoïsme par l’empressement à aller à la rencontre des autres ; un cœur qui n’hésite pas à se reconnaître débiteur de Dieu et qui est prêt pour cela à remettre les dettes qui oppriment le prochain ; un cœur qui surmonte le découragement face à l’avenir par l’espérance que chacun est une richesse pour ce monde. Le désarmement du cœur est un geste qui concerne tout le monde, des premiers aux derniers, des petits aux grands, des riches aux pauvres. Parfois, il suffit de quelque chose de simple comme « un sourire, un geste d’amitié, un regard fraternel, une écoute sincère, un service gratuit ». Avec ces petits et grands gestes, nous nous rapprochons de la paix, et nous y arriverons d’autant plus vite que, cheminant aux côtés de nos frères et sœurs retrouvés, nous découvrirons que nous avons déjà changé par rapport au départ. La paix n’advient pas seulement du fait de la fin de la guerre, mais par le commencement d’un monde nouveau, un monde où nous nous découvrons différents, plus unis et plus frères que nous ne l’aurions imaginé. Accorde-nous ta paix, Seigneur ! Et remets-nous nos dettes, comme nous les remettons à nos débiteurs, et, dans ce cycle de pardon, accorde-nous ta paix, cette paix que Toi seul peux donner à ceux qui se laissent désarmer le cœur, à ceux qui, avec espérance, veulent remettre leurs dettes à leurs frères, à ceux qui confessent sans crainte qu’ils sont tes débiteurs, à ceux qui ne restent pas sourds au cri des plus pauvres. »
Voici quelques passages que je tire du message en ce 1er janvier 2025 du pape François, pour la 58ème journée mondiale de la paix (je n’ai pas réussi à raccourcir davantage) :
« En 2025, nous allons célébrer le Jubilé, qui remonte à une ancienne tradition juive où le son d’une corne de bélier (en hébreu yobel) annonçait, tous les quarante-neuf ans, une année de clémence et de libération pour le peuple (cf. Lv 25, 10). Cet appel solennel devait en théorie se répercuter dans le monde entier (cf. Lv 25, 9), afin de rétablir la justice de Dieu dans les différents domaines de la vie : l’usage de la terre, la possession des biens, les relations avec le prochain, en particulier les plus pauvres et ceux qui étaient tombés en disgrâce. Le son de la corne rappelait à tout le peuple, aux riches comme aux pauvres, que personne ne vient au monde pour être opprimé : nous sommes frères et sœurs, enfants d’un même Père, nés pour être libres selon la volonté du Seigneur (cf. Lv 25, 17.25.43.46.55).
Aujourd’hui encore, le Jubilé est un événement qui nous pousse à rechercher la justice libératrice de Dieu sur la terre. Nous voudrions au début de cette Année de Grâce entendre, non pas la corne, mais l’« appel à l’aide désespéré » qui monte de nombreuses parties du monde et que Dieu ne cesse d’entendre, comme la voix du sang d’Abel le juste (cf. Gn 4, 10). À notre tour, nous nous sentons appelés à être la voix de si nombreuses situations d’exploitation de la terre et d’oppression du prochain. Ces injustices prennent parfois l’allure de ce que saint Jean-Paul II a appelé des « structures de péché » (Lett. enc. Sollicitudo rei socialis, 30 décembre 1987, n° 36) puisqu’elles ne sont pas seulement dues à l’iniquité de quelques-uns mais se sont, pour ainsi dire, enracinées et reposent sur une large complicité. […] L’événement jubilaire nous invite à entreprendre des changements pour affronter la situation présente d’injustice et d’inégalité, en nous rappelant que les biens de la terre sont destinés non seulement à quelques privilégiés, mais à tous. Il peut être utile de rappeler ce qu’écrivait saint Basile de Césarée : « Qu’y a-t-il, dis-moi, qui t’appartienne ? Où as-tu pris quelque chose pour l’introduire dans ta vie ? […] N’es-tu pas sorti nu du sein de ta mère ? Ne t’en retourneras-tu pas nu encore dans la terre ? Les biens présents, d’où te sont-ils venus ? Si tu dis que c’est du hasard, tu es un impie, car tu ignores le Créateur et tu n’as pas de reconnaissance pour Celui qui t’a pourvu ». Lorsque la gratitude disparaît, l’homme ne reconnaît plus les dons de Dieu. Mais, dans son infinie miséricorde, le Seigneur n’abandonne pas les hommes qui pèchent contre Lui : Il confirme plutôt le don de la vie par le pardon du salut, offert à tous par Jésus-Christ. C’est pourquoi, en nous enseignant le “Notre Père”, Jésus nous invite à demander : « Remets-nous nos dettes » (Mt 6, 12).
Lorsqu’une personne ignore le lien qui l’unit au Père, elle pense que les relations avec les autres peuvent être régies par une logique d’exploitation où le plus fort prétend avoir le droit d’empiéter sur le plus faible (cf. Lett. enc. Laudato si’, 24 mai 2015, n° 123). De même qu’à l’époque de Jésus les élites profitaient des souffrances des plus pauvres, de même aujourd’hui, dans le village mondial interconnecté, le système international, s’il n’est pas nourri par des logiques de solidarité et d’interdépendance, génère des injustices exacerbées par la corruption, qui piègent les pays pauvres. La logique de l’exploitation du débiteur décrit aussi en résumé la “crise de la dette” actuelle qui touche plusieurs pays, en particulier du Sud. »
Ceci est la première partie de mes extraits ! Pour la deuxième partie de mes extraits, cliquer ici : https://etiennechome.site/paix-selon-francois-partie-2-remets-nous-nos-dettes/
Pour tout le texte, voir https://www.vatican.va/content/francesco/fr/messages/peace/documents/20241208-messaggio-58giornatamondiale-pace2025.html
« Personne ne veut réellement être libre parce que la liberté engendre la responsabilité. Être dépendant est simple : la responsabilité n’est pas sur soi, la responsabilité est sur la personne de qui on dépend. Alors on adopte une façon de vivre schizophrénique. D’un côté, on parle de la vérité, on parle de la liberté ; de l’autre, on vit dans un esclavage qui nous libère d’une certaine responsabilité. Et on vit sa vie dans le mensonge. Celui qui souhaite vraiment devenir libre doit accepter une immense responsabilité. Il ne peut pas déverser sa responsabilité sur quelqu’un d’autre. Quoi qu’il fasse, quoi qu’il soit, il est responsable » (Osho).
Réflexion très responsable, saupoudrée d’un peu d’humour : de tous les animaux, Dieu créa l’homme en dernier ! On sent la fatigue…