Écopsychologie constructive devant les perspectives de la collapsologie

Gratitude pour Joanna Macy, fondatrice de l’écopsychologie, pour sa manière constructive de nous montrer concrètement comment ne pas être traumatisé par les perspectives collapsologiques qui annoncent l’effondrement de notre société. Voici une compilation de quelques passages de son livre ‘Écopsychologie pratique et rituels pour la terre : Revenir à la Vie’ : « Pour faire tourner le moteur du progrès, la Terre sert à la fois de magasin et de tout-à-l’égout. […] Les rigueurs économiques générées par la Société de croissance industrielle mettent en pièces le tissu social et engendrent la violence. Nous avons peur de nos banlieues, nous nous barricadons derrière des portes closes, nous nous réfugions dans des enclaves protégées. Certains politiciens et démagogues dirigent nos frustrations contre les autres, surtout contre les plus victimisés par la mondialisation de l’économie. Les échecs du capitalisme nous conduisent à chercher des bouc émissaires. […] Le changement de cap est un passage radical d’une société de croissance industrielle autodestructrice à une société compatible avec la vie. Chacun est invité à prendre part à ce changement de cap et à la guérison du monde. […] Le courage de changer de cap, tout en apportant de la joie, apprend beaucoup. Si le monde doit être guéri par des efforts humains, je suis convaincue que ce sera par des gens ordinaires, des gens dont l’amour pour cette vie est encore plus grand que leur peur. […] La grâce arrive quand nous agissons avec d’autres au nom de notre planète. […] Être vivant dans ce bel univers autoorganisé, participer à la danse de la vie avec nos sens pour le percevoir, nos poumons pour la respirer, et notre chair pour s’en nourrir, tout cela est une merveille au-delà des mots. »

Le courage des décisions planétaires plane & terre. Atterrant, l’éther se terre

Des déluges cycloniques s’abattent en ce moment sur l’Asie, faisant des centaines de morts. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) annonce son sixième rapport d’évaluation. Déjà dans le précédent, il est catégorique : le changement climatique est réel et les activités humaines en sont la cause principale. Le réchauffement du système climatique est sans équivoque. Nombre des changements observés sont sans précédent dans le passé : réchauffement de l’atmosphère et des océans, diminution de la couverture neigeuse et recul des glaces, augmentation des concentrations de gaz à effet de serre, élévation du niveau des mers, qui augmente les risques d’inondations. Sans action immédiate, il sera beaucoup plus difficile et coûteux de s’adapter aux conséquences futures de ces changements…  Les constats scientifiques sont suffisamment établis, les rapports officiels de l’ONU aussi. L’union fait la force, quand il s’agit de prendre les courageuses décisions planétaires. Elles sont à prendre maintenant, sans attendre, alors même qu’elles mettent radicalement en cause nos modes de fonctionnement consuméristes, basés sur le profit individuel à court terme.

Que puis-je faire aujourd’hui pour contribuer à fermer le robinet ? Je veille à y répondre chaque jour par diverses initiatives, la plupart aussi modestes qu’une goutte d’eau dans l’océan, du robinet au gros minet : le vivre-ensemble, la participation à de nouvelles manières de faire société, renforçant les dynamiques de partenariat et diminuant les logiques de domination/compétition.

Le vol spatial touristes tique

« Le tourisme spatial est une aberration devant une situation écologique mondiale qui fait l’objet des pires pronostics. À l’heure où de plus en plus de gens veillent à acheter local et à utiliser le moins possible l’avion, comment des personnes, aux seules fins de divertissement, se rendent dans l’espace, avec un coût environnemental et financier extrêmement élevé ? Les quelques minutes de vie en apesanteur valent-elles vraiment ce gaspillage de ressources et cette pollution ? » (Pascal Grenier).

Catastrophe, occasion de gestes étonnament altruistes

« Après une catastrophe, c’est à dire un « événement qui suspend les activités normales et cause de sérieux dommages à une large communauté » (Aldrich, Building Resilience. Social Capital in Post-Disaster Recovery, University of Chicago Press, 2012), la plupart des humains montrent des comportements extraordinairement altruistes, calmes et posés. Sont exclues de cette définition les situations où il n’y a pas d’effet de surprise, comme les camps de concentration, et les situations plus complexes des conflits armés. « Des décennies de recherches méticuleuses sur le comportement humain face aux désastres, aux bombardements durant la seconde guerre mondiale, aux inondations, aux tremblements de terre et aux tempêtes à travers le continent et ailleurs dans le monde l’ont démontré » (Solnit, A Paradise Built in Hell : The Extraordinary Communities That Arise in Disaster, Penguin Books, 2012). Dans ces situations, certains prennent même des risques insensés pour aider des personnes autour d’eux, aussi bien des proches que des voisins ou de parfaits étrangers. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’image d’un être humain égoïste et paniqué en temps de catastrophe n’est pas du tout corroborée par les faits.
[…] Dans l’univers d’un élevage de dindes, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : l’éleveur vient tous les jours donner des grains et il fait toujours chaud. Les dindes vivent dans un monde de croissance et d’abondance… jusqu’à la veille de Noël ! S’il y avait une dinde statisticienne spécialiste de la gestion des risques, le 23 décembre, elle dirait à ses congénères qu’il n’y a aucun souci à se faire pour l’avenir.
[…] L’utopie change de camp : est aujourd’hui utopiste celui qui croit que tout peut continuer comme avant » (Pablo Servigne, Comment tout peut s’effondrer : Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes).

Nous vivons sur une poudrière bientôt poussière ?

« Après une catastrophe, c’est à dire un « événement qui suspend les activités normales et cause de sérieux dommages à une large communauté » (Aldrich, Building Resilience. Social Capital in Post-Disaster Recovery, University of Chicago Press, 2012), la plupart des humains montrent des comportements extraordinairement altruistes, calmes et posés. Sont exclues de cette définition les situations où il n’y a pas d’effet de surprise, comme les camps de concentration, et les situations plus complexes des conflits armés. « Des décennies de recherches méticuleuses sur le comportement humain face aux désastres, aux bombardements durant la seconde guerre mondiale, aux inondations, aux tremblements de terre et aux tempêtes à travers le continent et ailleurs dans le monde l’ont démontré » (Solnit, A Paradise Built in Hell : The Extraordinary Communities That Arise in Disaster, Penguin Books, 2012). Dans ces situations, certains prennent même des risques insensés pour aider des personnes autour d’eux, aussi bien des proches que des voisins ou de parfaits étrangers. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’image d’un être humain égoïste et paniqué en temps de catastrophe n’est pas du tout corroborée par les faits.

[…] Dans l’univers d’un élevage de dindes, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : l’éleveur vient tous les jours donner des grains et il fait toujours chaud. Les dindes vivent dans un monde de croissance et d’abondance… jusqu’à la veille de Noël ! S’il y avait une dinde statisticienne spécialiste de la gestion des risques, le 23 décembre, elle dirait à ses congénères qu’il n’y a aucun souci à se faire pour l’avenir. […] L’utopie change de camp : est aujourd’hui utopiste celui qui croit que tout peut continuer comme avant » (Pablo Servigne, Comment tout peut s’effondrer : Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes).

Réforme du Conseil de sécurité de l’ONU

« L’incapacité du Conseil de sécurité à se réinventer face à un monde qui change a pour conséquence une perte de légitimité qui, bien qu’unanimement reconnue, reste sans solution. En 1963, a eu lieu la seule et unique réforme de la composition du Conseil de sécurité, en réaction à l’augmentation des membres de l’ONU, passés de 51 en 1945 à 113 cette année-là, augmentation qui nécrosait son fonctionnement. […] Les États se sont rassemblés en groupes plus ou moins conséquents, sur base de leurs intérêts communs. Chacun d’eux a proposé son projet, traitant tantôt des catégories des membres, tantôt de leur nombre ou encore du droit de veto. En fin de compte, ces travaux n’ont pas permis de débuter la moindre réforme. […] Une lueur d’espoir existe en ce que tous les États sont d’accord sur deux points : l’amélioration des méthodes de travail, qui ne nécessite pas de révision formelle de la Charte, et l’augmentation des membres non permanents. […] Pour que la réforme aboutisse, les États doivent user de la méthode classique de droit international public qu’est la négociation sur base d’un texte. […] On procèderait à la réforme petit à petit, question par question, en ne la mettant en route qu’une fois qu’une majorité se serait dégagée pour chacune des questions. […] Si le veto est le droit le plus controversé du Conseil, il est évident qu’il n’y sera pourtant apporté aucun changement, c’est-à-dire ni extension, ni limitation, ni a fortiori suppression pure et simple. Il faudra donc se contenter des assouplissements qu’il connaît déjà, tels que la méthode du consensus, l’abstention, le silence ou l’absence. […] Lorsque les intérêts divergent et que le besoin de coopération se fait impérieux, aucune sortie de crise n’est envisageable sans souplesse. Une négociation avec 193 parties autour de la table est sans précédent » (Tau Yory, La réforme du Conseil de sécurité et le droit de veto, Université de Liège, juin 2020).

Valse des continents : l’Afrique en gestation

Près de Goma, le volcan Nyiragongo vient encore de cracher sa lave liquide. Situez-vous dans quelle valse des continents ses éruptions fréquentes s’inscrivent ? Il se trouve le long de la faille du Grand Rift, s’étirant de l’Érythrée jusqu’au Mozambique, en passant par les grands lacs africains, avec une largeur de 40 à 60 kms. Cette faille tectonique s’écarte au rythme de +/- 1 cm par an, déchirant peu à peu l’Afrique en deux. L’ouverture se fait à partir du nord : la fermeture-éclair d’Afar en Éthiopie s’ouvre au rythme de 2 cms par an. À ce rythme, cette zone d’accrétion fera une largeur de 20 kms dans un million d’années et de 200 kms dans dix millions d’années. Elle sera envahie par l’eau de mer, créant ainsi un sous-continent africain à l’est. La petite bande de terre du triangle d’Afar (à cheval entre l’Éthiopie, Djibouti et l’Érythrée) va se détacher de l’Afrique et s’éloigner avec la plaque arabe. L’Arabie se sépare de l’Afrique déjà depuis 20 millions d’années, à une moyenne de 15 millimètres par an. Au milieu, la Mer rouge s’agrandit. Bientôt (à l’échelle des temps géologiques), elle formera avec le Golfe d’Aden un vaste océan !

L’Arabie remonte aussi vers le nord, en se détachant du Sinaï, à une vitesse supérieure que celle du Grand Rift, ce qui crée la faille gigantesque du Levant. À vrai dire, c’est toute l’Afrique qui remonte vers le nord, au rythme de 2 cms par an. Sa collision avec l’Europe déjà commencée est la plus perceptible à Gibraltar : 600 victimes à Al-Hoceima lors du dernier tremblement de terre, le 24/2/2004. Le détroit de Gibraltar se referme peu à peu et, dans 50 millions d’années, la Méditerranée aura quasi disparue… L’Afrique et l’Europe ne formeront plus qu’un seul continent. Dans cette valse des continents, où en seront les humains alors ?

Voir aussi https://etiennechome.site/la-constitution-geologique-de-leurope/

Odorat fin, jusqu’à détecter une maladie

L’Écossaise Joy Milne dispose d’un odorat extrêmement sensible :  « Une odeur n’est pas statique, elle flotte dans l’air. Je sens le mouvement des odeurs et je peux suivre leur piste jusqu’à leur disparition ». Par un changement d’odeur toujours plus marqué chez son mari, elle a détecté sa maladie de Parkinson plusieurs années avant que les premiers symptômes musculaires n’apparaissent. À partir de son super pouvoir, des scientifiques ont pu confirmer l’existence de molécules olfactives associées spécifiquement à cette maladie neurologique dégénérative. Des tests de diagnostic précoce, sous la forme de « nez électroniques » sont mis au point pour détecter les microparticules volatiles émanant de cancers du poumon, de l’estomac, du côlon ou du sein, émises par le souffle !

Il semblerait que le nez d’un œnologue aguerri est plus fin que celui d’un chien pour reconnaître les fragrances peu flagrantes d’un vin. Sa palette olfactive n’a pas à pâlir de la comparaison.

Cf. notamment l’étonnante étude publiée dans Science, le 12 mai 2017, avec John McGann, spécialiste de la neurobiologie des sens.

Bonne respiration à plein nez et à pleins poumons…

Doués les pigeons

Je m’inspire ici d’une émission belge « Matière grise » pour titiller le titre d’une autre émission belge « On n’est pas des pigeons ».

Nous les humains, ce que nous voyons, c’est ce qui est devant nous. Les pigeons, eux, voient aussi bien sur le côté que sur le milieu et voient le monde au ralenti. Nos films dont le rythme normal est de 24 images par secondes, défilent pour eux trois fois plus lentement, comme un diaporama. Leurs films à eux se déroulent normalement au rythme de 75 images par secondes, avantage décisif pour ne pas se faire attraper par un prédateur ou écraser par une voiture.

En vol, grâce à leurs yeux sur le côté de la tête, ils voient presque tout le paysage derrière eux, là même où un rapace peut surgir. Ils pratiquent une stratégie collective pour échapper à un prédateur : ils forment une formation serrée en l’air, l’empêchant de cibler un seul oiseau. Une autre stratégie intelligente est de faire le mort : au moment le plus délicat de la poursuite, ils entrent en chute libre pour déstabiliser le poursuivant… Ils assurent leur prodigieux sens de l’orientation grâce à un organe GPS qui se trouve dans leur bec repérant les champs magnétiques terrestres…

De quoi nous clouer le bec ?
De quoi inspirer un plus grand respect de notre part ?