Penser des mots / panser des maux

 

170 nouveaux mots intègrent l’édition 2022 du Petit Larousse illustré, dont deux tiers liés à la crise du Covid. Dans les périodes d’épreuve collective, les groupes humains augmentent leur productions lexicales ; 3 records : les deux Guerres mondiales et l’actuelle pandémie. 

La créativité linguistique sembler aider à moins subir passivement l’épreuve, à la traverser en mettant des mots sur les maux.

On crée des mots et on donne un sens nouveau à des mots existants, comme asymptomatique, comorbidité. Le masque servait à se déguiser, désormais à se protéger. « Aéroporter » & « confinement » se sont déconfinés de leur cadre jusque-là militaire ; avant l’arrivée du virus, « confinement » se définissait ainsi : « Ensemble des conditions dans lesquelles se trouve un explosif détonnant quand il est logé dans une enveloppe résistante » et « Ensemble des précautions prises pour empêcher la dissémination des produits radioactifs, dans l’environnement d’une installation nucléaire ».

« Coronapéro » (apéro par écrans interposés à cause du coronavirus) n’a  pas été jugé assez pérenne pour entrer dans le dictionnaire : il semble qu’il n’y serait pas resté longtemps… Qui vivra, verr-à moitié vide ou plein !

Instinct de soumission plus significatif que la volonté de puissance ?

Napoléon a créé la Légion d’honneur, en disant :
« Je sais bien que ces distinctions sont des hochets mais c’est avec des hochets que l’on mène les hommes, civils comme militaires. 
[…] On gouverne mieux les hommes par leurs vices que par leurs vertus. »

Extrait de mon livre Le nouveau paradigme de non-violence, p. 96 :
« En 1962, s’ouvre le procès d’Adolf Eichmann, le haut fonctionnaire nazi chargé de la logistique de la déportation des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Il n’a cessé de proclamer qu’il n’a fait qu’exécuter les ordres. Hannah Arendt tira les leçons politiques de l’« instinct de soumission » qui fait de chacun de nous un tortionnaire en puissance, c’est-à-dire un exécuteur irresponsable des basses besognes commandées par le Pouvoir : « Nous pouvons constater que l’instinct de soumission à un homme fort tient dans la psychologie de l’homme une place au moins aussi importante que la volonté de puissance et, d’un point de vue politique, peut-être plus significative » (ARENDT Hannah, Du mensonge à la violence. Essais de politique contemporaine, Paris, Calmann-Lévy, 1969, p. 148). Tolstoï avait déjà mis en garde contre ce formatage qui fait perdre aux hommes « la liberté raisonnable »  essentielle au discernement : « ils deviennent entre les mains de leurs chefs hiérarchique les armes dociles et machinales de l’assassinat » (TOLSTOÏ Léon, Rayons de l’aube, Paris, Stock, 1901, p. 373).

Je L’avise et Il m’avise

« Dans les premiers temps où je me trouvais à Ars, je voyais un homme qui ne passait jamais devant l’église sans y entrer : le matin quand il allait au travail, le soir quand il en revenait. Il laissait à la porte sa pelle et sa pioche. Et il restait longtemps en adoration devant le Saint Sacrement. J’aimais bien ça. Je lui ai demandé une fois ce qu’il disait à Notre-Seigneur pendant ces longues visites qu’il Lui faisait. Savez-vous ce qu’il m’a répondu ?

« Monsieur le Curé, je ne Lui dis rien, je L’avise et Il m’avise.
Je Le regarde et Il me regarde ».

Ainsi soit-il ! Lorsque nous sommes devant le Saint Sacrement, nous ouvrons notre cœur, le Bon Dieu ouvre le Sien. Nous allons à Lui, Il vient à nous, comme un souffle de l’un à l’autre » (Jean-Marie Vianney, Saint Curé d’Ars, 1786-1859).

Amour infini, dans les yeux des hommes du désert, je te lis

Merci, Abdallah, Ali, Ifa et Ahmed. Pluies de coeurs sur vous…

Merci, Juliette, pour ce chant qui me transporte tout droit au désert, là même où, ensemble, nous avons wagelé (fait des vagues, du style ressort souple d’amortisseur de tram)… Pluie de coeurs sur toi…

Unique prosodie que la tienne : le timbre et la musicalité de ta voix, tes modulations de tons, inflexions et accentuations qui ‘wagelent’ et font ‘wageler’, les colorations de tes intonations, ton débit vocal comme le tempo de tes pauses habitées et nourries… Le rendu de tes émotions et la clarté de tes intentions me plongent dans l’océan de vie que porte en creux le désert. Ta prosodie me fait vibrer et m’ouvre à la générosité de la vie…

Miss-ti-gris âgée

« Un mistigri couleur de charbon trottait sur la balustrade, à la recherche d’une bonne fortune dotée de grandes oreilles roses et d’une queue de rat » (Frédéric Lenormand, Le diable s’habille en Voltaire, Éditions Jean-Claude Lattès, 2013).

Une maison sans mistigri, serait-ce comme un moine sans sa bure ou un Basque sans son béret ?

L’imagination au pouvoir

« L’imagination peut faire voir aux enfants des choses qui n’existent pas, par exemple des monstres sous leur lit. Mais cette même imagination les aide aussi à affronter certaines peurs. Lorsque votre enfant s’imagine être un superhéros capable de combattre tous les méchants de la Terre, il développe sa confiance. Vous pouvez aider votre enfant à développer son imagination et sa créativité. Voici quelques pistes :

Laissez-le jouer librement, sans imposer de règles. S’il veut dessiner des nuages jaunes ou construire un bateau avec ses blocs sans suivre de plan, c’est parfait! Évitez aussi de lui dire des phrases comme: « Ça ne se peut pas! » ou « Ce n’est pas comme ça que ça marche! »

Racontez-lui des histoires à partir de livres, de vos souvenirs ou de votre propre imagination.

Laissez votre tout-petit s’amuser avec des boîtes, des bouts de corde, des contenants vides et des morceaux de tissu. Ils offrent souvent plus de possibilités de création que les jouets à usage unique.

Donnez la chance à votre enfant de s’ennuyer à l’occasion pour activer son imagination. Lorsque vous ne répondez pas immédiatement à tous ses désirs (ex.: un jouet, votre présence pour le divertir, etc.), vous lui donnez l’occasion d’inventer un jeu pour s’occuper. Vous finirez par le trouver en train de rêvasser dans son lit ou de parler avec ses figurines.

Limitez l’utilisation de la télévision et des écrans. Cela peut empêcher votre enfant d’avoir du temps pour s’ennuyer et créer » (Solène Bourque, psychoéducatrice et l’équipe Naître et grandir).