Quand je réalise que je fais une même erreur à répétition, cela m’aide de penser à l’aiguille du tourne-disque de ma jeunesse : pour sortir du sillon où elle est coincée, elle a besoin d’un coup de main vers le haut, avant de retomber sur ses bons rails…
« Va jusqu’au bout de tes erreurs, au moins de quelques-unes, de façon à en bien pouvoir observer le type. Sinon, t’arrêtant à mi-chemin, tu iras toujours aveuglément reprenant le même genre d’erreurs, de bout en bout de ta vie, ce que certains appelleront ta « destinée ». L’ennemi, qui est ta structure, force-le à se découvrir. Si tu n’as pas pu gauchir ta destinée, tu n’auras été qu’un appartement loué » (Henri Michaux).
Rêvons : « Moi, dit la cathédrale, je voudrais être coureur à pied pour pouvoir lâcher mes béquilles. Moi, dit le pont, je voudrais être suspendu pour pouvoir sauter à la corde. Moi, dit l’imagination, je voudrais être riche pour pouvoir emmener l’Anselme en vacances. Moi, dit le Seine, je voudrais être mer pour avoir des enfants qui jouent dans le sable » (Jean L’Anselme, Il fera beau demain, 1952).
Charles 1er nous a déjà tant fait rêver : « Qui a eu cette idée folle un jour d’inventer l’école? C’est ce sacré Charlemagne, sacré Charlemagne, de nous laisser dans la vie, que les dimanches, les jeudis C’est ce sacré Charlemagne, sacré Charlemagne Ce fils de Pépin le Bref nous donne beaucoup d’ennuis Et nous avons cent griefs contre, contre, contre lui… »
Vive le 8 mai, jour férié chez beaucoup qui célèbrent la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Vive le dimanche 7 mai (c’est moi qui offre la tournée !), jour du repos sabbatique.
Vive le 1er mai, la plus haute valeur du travail se célébrant par un jour chômé, histoire de souligner l’importance de se réaliser à travers son travail pour les autres et avec les autres, tout en respectant un rythme ramenant à l’essentiel : une vie familiale, collective et spirituelle. Que Sa volonté soit fête !
« Travailler, c’est réaliser quelque chose par soi-même, une œuvre, une œuvre utile pour soi et pour les autres… » (Michel Boyancé).
« Créer, c’est sublimer le travail. C’est, avec son unicité, apporter une pierre à l’édifice du monde » (Laurence Maron).
« Pour un artiste, la création n’est pas un travail, c’est respirer, c’est exister » (Gilbert Choquette).
« Poser des questions, raconter des histoires, travailler de ses mains : tout cela participe de la création de quelque chose et ce quelque chose, c’est l’âme qui croît à chaque fois que nous la nourrissons » (Clarissa Pinkola Estés).
« Et lentement s’ouvrent, dans mes yeux ouverts, d’autres yeux mieux capables de voir » (Christiane Singer).
40 ans : l’âge dans la Bible du début de la sagesse, au sens de l’âge à partir duquel on se met à pénétrer les Écritures avec sagacité… Je suis né le 7 mai 1965. Porté par 40 ans de maturation, je célèbre donc, en ce jour béni, mes 18 ans ! 18 ans : l’ouverture aux promesses de la vie…
« Ce ne sont pas des contenus qu’il faut transmettre – les Cieux se rient de nos théories –, c’est une manière intense d’être. Ce qui manque le plus à notre vie d’aujourd’hui, c’est cette intensité surgie de l’intérieur. […] Seules les âmes ébranlées jusque dans leurs fondements par la passion ont la chance de voir s’écrouler l’édifice de leur moi, de devenir les chantiers du divin. Tant que tu attendras qu’il t’arrive bonheur et que ce bonheur se tienne devant toi avec ses cadeaux et ses oripeaux, tu n’entendras ni le vent dans les branches dehors, ni en toi le souffle lent qui te visite, son vrai langage et sa petite musique… Rien n’est plus contraire à l’expérience mystique que la routine et la sécurité » (Christiane Singer).
Quelques extraits de Méditer comme une montagne, Exercices spirituels d’attention à la terre et à ceux qui l’habitent de Jean Philippe Pierron :
« Vacance au singulier qui laisse en nous l’espace pour accueillir ce qui vient défier notre perception ordinaire des choses.
La consolation est conscience de faire vivre ce que le philosophe tchèque Jan Patocka nommait la « solidarité des ébranlés », où il s’agit de se projeter dans un mode de relation en partant de nos ébranlements intérieurs ou de nos troubles, sans les masquer, ni les chérir de façon morbide, faisant de nos fractures des ouvertures.
Éteindre le bruit des moteurs pour entendre le souffle d’une brise légère. …Être vivant sur la Terre, relié à d’autres vivants.
…Méditer comme une montagne. Une montagne, ça ne pense pas, ça ne prie pas, dira-t-on. Mais le « comme » suggère autre chose, un exercice spirituel de déplacement en imagination.
…Laisser quelques instants la paume de sa main entrer en contact avec la surface de l’eau pour saluer cette minuscule rencontre.
Comme il y a une gymnastique du corps, il y a une gymnastique de l’âme et un entraînement de l’attention. Les dispositions intérieures se travaillent et nous travaillent.
Expérimenter ce qui nous fait tenir ensemble : ces relations de soin mutuelles.
Se rendre disponible, c’est partir à la recherche de sa consistance intérieure.
Le sensible n’est pas un problème à résoudre mais un mystère à faire exister.
S’écospiritualiser, c’est se tenir là, vivre l’espace comme un « avoir lieu », chantant le là de notre être là : j’y suis, j’en suis, passager d’un passage qui m’excède. »
« L’homme hésitant change d’opinion, même pendant son sommeil » (Adolphe d’Houdetot).
« Le pire de tous les partis est de n’en prendre aucun ou d’hésiter dans l’exécution » (Pierre-Claude-Victor Boiste).
« On bavarde beaucoup sur une affaire, on délibère, on hésite longtemps, et une fâcheuse nécessité donne enfin à la chose une désagréable conclusion » (Johann Wolfgang von Goethe).
« Le doute est l’état d’une âme indécise qui s’arrête prudemment sur le bord d’une résolution, qui refuse ou évite d’embrasser une opinion ou de se déterminer pour un choix. C’est une attente de la lumière au milieu des ténèbres, ou une hésitation craintive en face de l’évidence, ou bien encore, une impassibilité qui défie le monde et ses déceptions, lorsque le cœur n’est plus qu’un cadavre » (Louis-Auguste Martin).
Image : Alireza Karimi Moghaddam illustrant son cher van Gogh…
Jean de La Fontaine propose la fable Les voleurs et l’âne : Pour un âne enlevé deux voleurs se battaient : L’un voulait le garder ; l’autre le voulait vendre. Tandis que coups de poing trottaient, Et que nos champions songeaient à se défendre, Arrive un troisième larron Qui saisit maître Aliboron. L’âne, c’est quelquefois une pauvre province : Les voleurs sont tel ou tel prince, Comme le Transylvain, le Turc et le Hongrois. Au lieu de deux, j’en ai rencontré trois : Il est assez de cette marchandise. De nul d’eux n’est souvent la province conquise : Un quart voleur survient, qui les accorde net En se saisissant du baudet.
« Il n’y a qu’une façon de dire oui : c’est « oui ». Toutes les autres veulent dire non » (Charles Maurice, prince de Talleyrand-Périgord, Mémoires).
« Tergivexer : faire souffrir à force de ne dire ni oui ni non » (Alain Finkielkraut, Le Petit Fictionnaire illustré).
« Oui, oui, oui. Je dis oui à qui veut entendre oui. Au début, ça les rassure, ensuite, ça les énerve. Ils me reprochent de dire oui et de ne tenir aucun compte de leurs conseils » (Christian Bobin, Geai – ou j’ai pas ?).
La voix de Sr Agathe : une pépite tombée du Ciel :
RESTE AVEC NOUS, Ô SEIGNEUR, QUAND LA NUIT VIENT. QUE TA PAIX VIENNE EN NOS COEURS, NE SOIS PAS LOIN. Veille sur ceux que j’aime. Garde-les en ta grâce. Protège chacun de leurs pas. Donne-leur ta paix, ta joie. Préserve ton serviteur, de l’orgueil qui détruit. Que je reste petit, même dans le bonheur.
« Alors j’avais quinze ans. Au sein des nuits sans voiles, Je m’arrêtais pour voir voyager les étoiles Et contemplais trembler, à l’horizon lointain, Des flots où leur clarté jouait jusqu’au matin. Un immense besoin de divine harmonie M’entraînait malgré moi vers la sphère infinie, Tant il est vrai qu’ici cet autre astre immortel, L’âme, gravite aussi vers un centre éternel.
Mais, tandis que la nuit marchait au fond des cieux, Des pensées me venaient, graves, silencieux, D’avenir large et beau, de grande destinée, D’amour à naître encor, de mission donnée, Vague image, pour moi, pareille aux flots lointains De la brume où nageaient mes regards incertains. — Aujourd’hui tout est su ; la destinée austère N’a plus devant mes yeux d’ombre ni de mystère, Et la vie, avant même un lustre révolu, Garde à peine un feuillet qui n’ait pas été lu. Humble et fragile enfant, cachant en moi ma flamme, J’ai tout interrogé dans les choses de l’âme. L’amour, d’abord. Jamais, le cœur endolori, Je n’ai dit ce beau nom sans en avoir souri.
Puis j’ai soudé la gloire, autre rêve enchanté, Dans l’être d’un moment instinct d’éternité ! Mais pour moi sur la terre, où l’âme s’est ternie, Tout s’imprégnait d’un goût d’amertume infinie. Alors, vers le Seigneur me retournant d’effroi, Comme un enfant en pleurs, j’osai crier : « Prends-moi ! Prends-moi, car j’ai besoin, par delà toute chose, D’un grand et saint espoir où mon cœur se repose, D’une idée où mon âme, à qui l’avenir ment, S’enferme et trouve enfin un terme à son tourment » (Louise Ackermann, Élan mystique).
« Le champ d’amour ! Il fait ébranler ces murs Que j’ai construits. Je me retrouve là à nu Devant ce vaste champ fécond Prête à recevoir les semences.
Les peurs se réveillent. Sont-elles prêtes à être mises à l’épreuve ? Pour se trouver, Libre et légère, Et répondre à cette Vie Qui appelle à grands cris » (MJ Céline, Le champ d’amour).
« Qui ne risque rien, n’a rien… »
Au diable le censeur qui avance la prudence et le principe de précaution comme Hitler avançait ses troupes…